La petite phrase qui arrive à point

En politique, il suffit parfois d’une petite phrase maladroite, inepte ou tout simplement provocatrice prononcée par Jean-Marie Le Pen pour que sortent du bois la meute des bien-pensants de toutes obédiences qui oublient trop vite (à dessein ?) qu’il est le roi du calembour facile. Ayant l’intelligence de ceux qui connaissent parfaitement la langue française, il ne peut s’empêcher des facéties et des boutades de potache pour provoquer l’adversaire : c’était sa force pour exister dans un monde politico-médiatique qui lui était férocement hostile mais ça devient sa faiblesse quand sa propre fille prouve, en dirigeant le parti qu’il avait fondé, qu’elle peut vivre par elle-même, avec un discours politique clair et limpide, sans besoin de « com. people » ou de provocation stérile. Et qu’elle n’apprécie plus, mais alors plus du tout, les audaces verbales de son père.

Les saillies et les blagues de Jean-Marie Le Pen sont évidemment du niveau d’un corps de garde. C’est tellement énorme qu’il est étonnant de voir à quel point elles font mouche et surtout étonnant de voir la manipulation s’organiser de part et d’autre. C’est à croire que certains ne pourraient pas subsister sans Jean-Marie Le Pen et que lui-même ne pourrait continuer sans la malveillance des organisations antiracistes ou « droits-de-l’hommistes » toujours prêtent à sauter sur la moindre virgule mal placée. Personne n’est dupe.

 

Marine se débrouille très bien toute seule et il faut que Jean-Marie lui laisse l’espace vital nécessaire pour qu’elle puisse appliquer sereinement sa stratégie de conquête.”

Il n’en reste pas moins que dans le contexte actuel où le FN est en pleine ascension et devient un recours pour des millions de Français, pratiquer encore des aphorismes douteux est une faute politique. Il y a encore trop de gens incapables de manier le deuxième degré (ceux qui ont souvent d’autres préoccupations, mais ceux aussi qui font semblant de ne pas comprendre) qu’il est imprudent de jouer avec les mots. Marine Le Pen l’a bien compris et son staff également : il faut se focaliser sur l’essentiel, c’est-à-dire la situation désastreuse de la France et des Français. Le temps des petites phrases assassines pour exister médiatiquement, c’est fini. Il reste bien suffisamment d’espace pour utiliser à bon escient de vraies petites phrases politiques très habiles, qui feront bien plus de dégâts dans le champ des idées que des jeux de mots pour salons parisiens.

Personne ne fera taire Jean-Marie Le Pen, même pas sa fille ou sa petite-fille. C’est une « grande gueule » et c’est surtout le patriarche d’une famille qui grâce à lui, c’est sûr, est maintenant définitivement ancrée dans la vie politique. Mais il faudra bien qu’il se rende compte un jour que son rôle devient marginal. Marine se débrouille très bien toute seule et il faut qu’il lui laisse l’espace vital nécessaire pour qu’elle puisse appliquer sereinement sa stratégie de conquête. Donc Jean-Marie, on se calme ; en tout cas, ‘faut essayer…

Que des politiques en mal de discours profitent de petites phrases pour faire de la « politique », c’est décevant, mais cela montre bien à quel point le fossé s’est creusé entre la préoccupation des Français et les fantasmagories d’une classe politique hors-sol qui fonctionne toujours avec un logiciel des années 80. Quand prendra-t-elle conscience cette classe d’amateurs que crier encore : « Le fascisme ne passera pas » ne sert strictement à rien, que plus personne n’y croit et que c’est même contre-productif ?

D’autant que le totalitarisme n’est peut-être pas là où l’on croit…

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24 Comments

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  • Pierre , 10 juin 2014 @ 10 h 29 min

    Merci pour cette analyse dépassionnée et respectueuse des uns comme des autres.
    A lire par tous pour ne pas oublier qu’ “unis les Français sont invincibles” :-)

  • jsg , 10 juin 2014 @ 10 h 54 min

    JMLP me semble être qqun de trop cultivé pour se laisser dépasser par ses “petites phrases”
    Comme par hasard, elles arrivent toujours, lorsque le parti prend une importance trop grande à ses yeux.
    Craint-il que sa fille se laisse déborder ?
    Souhaiterait-il rester dans une opposition sulfureuse, qui rapporte à la famille assez de finances pour vivre bien ?
    Ce que je redoutais depuis un certain temps, c’était ce genre de “petite phrase”.
    Arrive-t-elle à point nommé ? et pour qui ? Le FN aurait-il atteint des limites à ne pas dépasser ?
    Toutes ces questions méritent à mon avis d’être soulevées, car en politique il est des choses qui se passent en toute discrétion.

  • Olivier , 10 juin 2014 @ 11 h 11 min

    Beaucoup de bruit pour rien!
    Encore une tempête dans un verre d’eau pour un mot pourtant utilisé à bon escient par JMLP, dans son acception familière. Seuls ceux qui ne connaissent plus la langue française s’offusquent. Les lettrés auront tout de suite compris le sens de la phrase ou font semblant de ne pas comprendre!
    Voici ce qu’en dit le Larousse:
    1. Quantité de pains que l’on fait cuire à la fois dans un four : Le boulanger fait plusieurs fournées.
    2. Familier. Ensemble de personnes appelées aux mêmes fonctions, aux mêmes dignités : Une fournée de sénateurs.
    Ensemble de gens à qui l’on fait subir un même sort ou qui participent à un même mouvement : Une fournée de touristes.

    Il serait temps que les journalistes apprennent les subtilités du Français pour se mettre au niveau du Menhir. Mais ce n’est pas la suppression des études de lettres classiques à la rentrée qui va enrayer cette déculturation…

  • Alainpsy , 10 juin 2014 @ 11 h 25 min

    Il est certain que la lutte féroce, cruelle, injuste, que tous les bien-pensants ont engagés contre JM Le Pen a laissé des traces et des rancoeurs. Je ne suis pas certain que cet homme intelligent et très cultivé, brillant orateur, ait jamais voulu vraiment gouverner, préférant sans doute rendre les coups qu’il avait reçus, on peut comprendre. Mais le temps de l’efficacité est venu, il faut cesser le jeu pour que les coups politiques et démocratiques fassent mouche. Le temps de la provocation, pas toujours de bon goût, est révolu, nous avons une étape à franchir et un espoir à concrétiser. Dans les comptes que nous avons à régler avec les traitres au pays, nous serons mieux armés avec des élus qu’avec des petites phrases et tout le travail mis en place depuis quarante ans va porter ses fruits, il y a des choses urgentes qu’il faut traiter avec sérieux.
    Mais, que dire de ce mrap qui saute sur l’occasion pour porter plainte alors qu’il n’a pas bougé devant les odieuses insultes à la nation, à notre histoire et à notre peuple, et les menaces faites aux blancs par les groupes de rap “j’te nique ta race” et autres saloperies de décérébrées racailleuses prétendant qu’il fallait nous éduquer, les exemples sont multiples et la justice s’écrase…sauf pour JM Le Pen. Le mrap est un mouvement politique aussi pourri et detestable que les autres, plus encore peut-être.
    Et que dire enfin de ces chanteurs qui estiment avoir l’autorité pour oser punir les gens qui ont choisi démocratiquement un élu FN ? Que dire de ces prétentieux qui se croient autorisés à juger la liberté du peuple en le sanctionnant pour avoir été libre….n’Est-ce pas là un sacré point commun avec le fascisme, les masques tombent et l’intolérance crasse de ces prétendus artistes est en train d’apparaître. Vous, les Che Guevara en pyjama, on vous a tellement dit que le fascisme était là et pas ailleurs que vous êtes figés dans cette option définitive, mais réveillez-vous un peu, les Bruel et autres dont on se fout complètement de savoir s’ils sont Juifs ou pas, le fascisme que vous attendez par la grande porte est entré par celle de derrière, sournoisement, insidieusement, et vous ne pouvez déjà plus mettre les pieds dans les banlieues. C’est votre refus maladif de voir la vérité en face qui est fascisant et désespérant.

  • V_Parlier , 10 juin 2014 @ 16 h 24 min

    En effet, il faisait allusion à des gugus qui prétendaient quitter la France si le FN devenait trop populaire. Il les a donc (sans équivoque) invités à joindre le geste à la parole: partir. En là où je travaille, quand ils font un plan social, on appelle çà trivialement “une charrette, une fournée, un lot, etc…”. (Ca n’est pas du dénigrement de notre part envers ceux qui sont licenciés car à chaque fois nous faisons partie de ceux qui pourraient faire partie de la… fournée).

    Après çà, je trouve regrettable que les membres du FN s’engueulent en public. C’est plutôt maladroit (ou alors c’est une communication très subtile…).

  • Franchouillard , 10 juin 2014 @ 16 h 46 min

    “Souhaiterait-il rester dans une opposition sulfureuse, qui rapporte à la famille assez de finances pour vivre bien ?”
    J’ai plutôt l’impression que c’est l’état et les frais de justice qui se portent bien après chaque petite phrase ou petit mot volontairement sortis de leur contexte et définition par le malveillants. Non ?

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