L’avant-garde

Jeudi dernier, à l’espace Bernanos, près de la gare Saint-Lazare, Charles Millon, Charles Beigbeder et moi lancions « l’Avant-Garde » sur Paris. Il ne s’agit pas d’un parti de plus en vue des prochaines échéances électorales. C’est même le contraire. Nous faisons le constat que plus la politique est devenue un métier, plus l’âpreté des ambitions et les rivalités de carrière s’y déploient, plus les convictions se font rares, plus la pensée s’anémie. Le parti socialiste hésite entre son lourd passé marxiste et une social-démocratie qui tangue sur les bords du libéralisme. Il ne se retrouve que pour renoncer aux valeurs de notre culture, à celles de la famille en particulier, ou pour gommer avec soin toute trace d’identité nationale. Le Front National qui incarnait la droite dure semble obéir à un « à gauche toute », qui rend ses propositions économiques peu crédibles. Quant aux « Républicains »qui viennent de changer de marque, il y a longtemps qu’ils confondent politique et marché : c’est le désert des idées et le trop-plein des ambitieux. Nous ne voulons pas participer à cette course aux vanités qui tourne à la débandade. Nous voulons redonner du contenu et du coeur à la politique et nous appelons tous ceux qui souhaitent lui insuffler une vigueur nouvelle, riche de réflexions et de propositions, à nous rejoindre, pour peser sur les choix et les orientations de notre pays.

Charles Millon a eu l’occasion de rappeler ce qui nous réunit. Les mots qu’il a employés n’appartiennent pas au vocabulaire éculé des politiciens. On n’a entendu ni gauche, ni droite, ni républicain, ni progressiste. Nous sommes d’abord enracinés. Cette référence à Simone Weil est essentielle : « un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. » L’homme n’est pas un voyageur sans bagage. C’est un héritier et un bâtisseur au sein d’une nation dont il doit préserver l’identité pour avoir encore une richesse à offrir au reste du monde, une nation à l’histoire de laquelle il ne peut être étranger, et qui est le cadre naturel du service des autres, de la solidarité.

Nous sommes personnalistes. L’homme n’est pas un individu, un consommateur statistique, un atome d’humanité. Non, c’est un être à la fois unique et pluriel. Plus il participe à la vie sociale, sans rien renier de son autonomie, ni de sa responsabilité, plus il enrichit sa personnalité à mesure qu’il l’engage auprès des autres. La famille, la commune, l’entreprise, la nation sont les lieux privilégiés où un individu devient une personne car il y enracine sa liberté dans un destin collectif, où donner et recevoir sont un seul et même mouvement.

Charles Millon évoque alors un concept plus rare, « ordo-libéral ». Nous ne sommes pas des libéraux-libertaires. Nous ne pensons pas que la transgression systématique des valeurs et des traditions soit un progrès. Nous ne croyons pas que le désordre de la compétition généralisée et sans frein entre les égoïsmes et les narcissismes puisse générer une humanité digne et durable. Si la libre entreprise à taille humaine est celle qui assure le mieux la prospérité d’un pays parce qu’elle libère les énergies et les talents au lieu de les écraser sous le poids des Etats ou de les décourager par le jeu abstrait des marchés financiers, elle suppose des règles qui mettent la personne au premier rang de ses obligations. Jamais la liberté n’est plus menacée que lorsque règne l’anarchie. Il n’y a de vraie liberté que dans l’ordre, celui précisément auquel on obéit parce qu’on l’a choisi ou approuvé.

C’est pourquoi nous sommes démocrates, comme le sont les Suisses, qui régulièrement se prononcent dans le calme et en laissant le temps de la réflexion pour définir, préciser ou remettre en cause l’ordre auquel ils se soumettent librement. Comme les Suisses aussi, nous pensons que la proximité et le pouvoir doivent être équilibrés afin que le pouvoir soit service plus que puissance.

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7 Comments

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  • Janvier , 11 juillet 2015 @ 8 h 38 min

    Encore un canalisât dur ! Un de plus !

  • penelope , 11 juillet 2015 @ 10 h 52 min

    nos hommes politique n’ont qu’un mot à la bouche”la mondialisation”,sans vouloir se rendre compte que nous perdons notre culture et notre âme;jamais les étrangers arrivés chez nous et s’étant intégrés facilement n’ont posé de problèmes comme cela se fait actuellement;le mélange des cultures peut être une bonne chose,à condition qu’en arrivant chez nous ils s’intègrent et vivent,mangent,étudient et pensent français.

  • Daniel PIGNARD , 11 juillet 2015 @ 15 h 49 min
  • Manuel Atréide , 11 juillet 2015 @ 17 h 49 min

    ” Il ne s’agit pas d’un parti de plus en vue des prochaines échéances électorales” En fait si. Ces trois hommes ne rêvent que d’une chose : retrouver un mandat électoral et le confort afférent pour continuer, sans se fouler à gagner sa vie, à clamer leurs idées dont personne ne veut.

    Ce dont nous parle C. Vanneste, c’est simplement d’un énième club des aigris de l’histoire.

  • Nicolas , 11 juillet 2015 @ 23 h 48 min

    Oui Manuel! Rien de plus qu’un joli mandat bien dodu. Et si on est agent de l’étranger , cerise sur le gâteau ! Et que des europathes, attention ! Trop minable!

  • Tite , 13 juillet 2015 @ 15 h 27 min

    C’est une belle et bonne initiative.
    La reconquête se fera par la société civile. Il n’y a pas d’autre moyen.
    Au lieu de râler dans son coin, il faut agir, même avec nos pauvres petits moyens.
    Merci à messieurs Vanneste, Millon et Beigbeder de cette tentative de fédération de “tous les hommes de bonne volonté”.
    L’union fait la force…
    Adhérez :
    http://lavant-garde.fr/

  • MarcAurèle , 16 juillet 2015 @ 5 h 26 min

    Encore une initiative venue « d’en haut » et vouée à une audience lilliputienne. Il y a pléthore de micro-partis et d’associations de pétitionnaires et de « manifesteurs »; en voici une de plus. Et, comme les autres, elle est vouée à l’échec. Aucun de nos grands chefs à plumes ne daigne s’intéresser aux initiatives venues d’en bas. Tous veulent « réunir sur [leur] nom ». Il est très décevant de constater que Charles Million et Christian Vanneste ne résistent pas à ce penchant. Réveillez-vous, Messieurs : vous n’êtes pas Henri IV. Et il est fini, le temps où les Français étaient prêts à suivre tout grand chef à plumes qui leur dit « Ralliez-vous à mon panache blanc ! » ou « Je vous ai compris ! »

    L’européiste-atlantiste Sarkozy a foutu la France dans la m… ; son alter ego Hollande l’y a enfoncée ; et ce n’est sûrement pas le tandem Marine Le Pen-Philippot qui l’en sortira : voilà ce que pensent les Français ! Les Français ne veulent pas de l’union sacrée prétexte au recyclage de ceux qui, de gauche ou de la fausse droite ump, ont participé au naufrage. Alors, Millon et Vanneste – qui ont depuis longtemps pris leurs distances avec les fossoyeurs ump – ensemble, avec d’autres, beaucoup d’autres, pour ressusciter la France, on peut le comprendre. Mais les voir associés au poussin Beigbeder nourri à la mamelle sarkoziste, ça me paraît très limite. Mais peut-être est-ce lui qui les finance grâce à l’argent vite gagné en Ukraine ?

    La France a ses indignés, comme la Grèce et comme l’Espagne. La différence est que, contrairement à ce qu’une information subventionnée et aux ordres veut nous faire croire, les Indignés français sont DE DROITE (sinon, Mélenchon serait déjà Président de la République). Ils veulent non seulement vivre mieux mais vivre dans le cadre d’une Nation, forte, souveraine, basée sur les valeurs bimillénaires de la civilisation romaine-chrétienne. Et, ça, ce n’est pas de gauche ; et c’est le contraire de l’Europe des grandes régions transnationales inféodée à l’Amérique. Or, c’est la Nation que l’UMP et toute la Gauche combattent au quotidien, tout en faisant semblant de s’y référer. L’UMP (et Beigbeder) n’a-t-elle pas dit qu’elle ne reviendrait pas sur les lois dites « sociétales » qui sapent littéralement les bases de cette civilisation ?

    C’est sur ces bases que les Français veulent voir réaliser une union ou, au minimum, une fédération des mouvements patriotes, nationistes et souverainistes. Et voici que, comme Dupont-Aignan, comme Chevènement, comme Carl Lang, comme Bompard et comme d’autres plus anonymes, MM. Millon et Vanneste appellent les Français à soutenir leur initiative. Puisque c’est la même que les précédentes, pourquoi, au moins, tout ce beau monde ne se concerte-t-il pas ? Mais, surtout, pourquoi persistent-ils dans cette démarche personnelle, isolée et vouée à l’échec, plutôt que d’entendre ce que les Français trompés par Sarkozy leur disent et de le traduire en projet politique, ? Pourquoi n’écoutent-ils pas le Peuple ?

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