Des Ben Ali en burnous

Tribune libre de Robert Ménard*

Triste Tunisie. S’il est un domaine où l’on peut juger le comportement d’un pouvoir, d’un nouveau pouvoir, c’est bien celui de la liberté d’expression. Nul besoin d’être prospère, de présenter une balance des paiements excédentaire, ni d’avoir réduit les déficits et le chômage pour accepter les critiques de ses adversaires, fussent-elles excessives, et même injustes. Cela ne coûte rien. Une affaire de volonté. De ce côté-là, la situation en Tunisie est inquiétante.

Radio et télévision publiques sont toujours la chasse gardée des autorités. On nomme à leur tête des copains, dans une opacité digne d’une république bananière. On ne supporte pas la moindre critique. Bref, on se comporte comme Ben Ali. Et quand une tête dérange, on ne prend pas de gants pour la faire taire. Ce qui arrive au directeur de la chaîne Attounissia TV en témoigne.

Sami Fehri, c’est son nom, vient d’être incarcéré pour une affaire de corruption. Officiellement du moins. Parce qu’il est aussi le patron d’une télé qui diffusait une émission satirique, une sorte de « Guignols de l’info » locale, contrainte de mettre la clé sous la porte à la suite de pressions « indirectes » du pouvoir, selon le syndicat des journalistes. Et oui, on n’a pas le droit de rire de tout et surtout pas des dirigeants dans la Tunisie des islamistes.

Sami Fehri n’est pas un saint : associé du frère de l’épouse de Ben Ali, ça aide dans les affaires… Mais cela ne justifie pas son emprisonnement à la va-vite, au mépris des règles de droit, comme s’il s’agissait avant tout de le punir de son impertinence. Des pratiques bien connues des Tunisiens…

Reporters sans frontières a protesté. Mais les autres ? Les démocrates occidentaux, les habituels pétitionnaires, les droits-de-l’hommistes des Deux magots et du Flore, les marcheurs de République à Bastille, les défenseurs d’un islam modéré ? On ne les entend guère. Il ne faudrait pas écorner la légende de la « révolution du jasmin ». Hier, il ne fallait pas désespérer Billancourt… et aujourd’hui ?

*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières.

> Son blog : robertmenard.fr

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11 Comments

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  • 0 / 10
  • Gérard (l'autre) , 10 septembre 2012 @ 13 h 01 min

    Comment peut-on imaginer une seconde qu’un pays musulman ne soit pas dirigé par des dictatures quelles qu’elles soient ???

  • Goupille , 10 septembre 2012 @ 14 h 25 min

    C’est exactement ce qu’il faut dire : le totalitarisme est leur mode de gouvernement vernaculaire.
    Et nos politiciens et les grandes âmes germanopratines, tous abrutis d’inculture et de conformisme, ont contribué, ou applaudi, à la destruction de ce qui était vaguement héritier de notre laïcité et faisait barrage à l’horreur islamiste.

    Chipoti, chipota, faut pas faire d’amalgame, faut pas stigmatiser… Un jour ils vont découvrir que la France est déjà organisée en villahias, comme pendant la guerre d’Algérie, et que la conquête brutale était juste derrière la porte.

    Dormez, braves gens.

  • Rabaa , 10 septembre 2012 @ 15 h 47 min

    Je ne sais pas si c’est l’article ou le commentaire qui soit le plus à vomir. Le fait de parler (journaux, télés tunisiennes) de ces tentatives (vaines) de contrôle de l’information en Tunisie est la preuve même que l’information est bel et bien partagée, non censurée. C’est à travers ces médias là que vous parvenez à avoir l’information non? ou est-ce les journalistes que vous envoyez sur place qui font ce travail d’investigation?
    Bref, pendant que nous on se bat pour un avenir meilleur et qu’on évolue, restez sur vos préjugés 🙂 C’est une force en soi de constater votre incapacité à vous ouvrir et à comprendre que sans l’appui de vos pseudo-démocraties, ces régimes totalitaires n’auraient jamais pris autant de pouvoir. L’universalisme resterait un idéal à jamais avec de tels esprits.

  • Goupille , 10 septembre 2012 @ 23 h 40 min

    Vous avez bien raison : votre combat est de vous battre et d’évoluer.

    Le nôtre est de ne pas régresser sous le poids de vos ressortissants, qui tirent sur nos flics, se torchent dans notre drapeau, nous imposent de manger de la viande égorgée, renverraient bien nos femmes par paquets de quatre à la maison.
    Votre modèle social est un grand bond en arrière que nous ne franchirons pas.

    Nous savons ce qu’il faut penser de notre prétendue démocratie. Nous aussi nous nous battons pour la faire évoluer. Elle est tellement vermoulue que tout risque de s’écrouler si nous y allons trop fort.
    La vôtre a, temporairement sans doute, pour conséquence d’amener les islamistes au pouvoir et les femmes voilées à la télévision, ou le chaos. Irak, Libye,Tunisie, Egypte, Algérie il y a quinze ans, Iran il y a trente ans : les coups d’essai furent des coups de maîtres…

    Au moins, vos régimes totalitaires vous assuraient une apparence de paix sociale qui permettait à nos crétins d’aller étaler leur graisse sur vos plages : le spectacle est choquant, mais il apporte des devises.

    Vous êtes libres maintenant. De tout réaliser. Et de nous impressionner. Ce que cinquante années d’indépendance algérienne n’ont pas su faire.

    Etonnez-nous…

  • Gomez Aguilar , 11 septembre 2012 @ 0 h 31 min

    Wow Goupille… À propos du commentaire que vous venez formuler, une seule formule s’impose : bene omnia dixit… 🙂

  • Stoker , 11 septembre 2012 @ 10 h 35 min

    laissez les gens tranquilles et gérer vos problêmes de la façon qu’elle vous plait: a l’époque de ben ali que la france a beaucoup aider il été intardi de porté hidjab bien que c’est la conviction de tous musulman j’ai dit conviction bien que c’est plus que ca ; cela ressemble a vos prêtre et vos nones qui respecte leurs tenues seulement personne n’a revendiquer le manque de liberté dans un paye democrate et non laique
    aussi si les hommes ont le droit d’épouser 4 femmes ,vos femmes n’ont même pas le prévilage d’étre une de c’est 4 car vous les acceptez comme maitresses et non pas comme épouse et je vous demande de verifier vos sendages sur ce fénomaine qui déchir toutes l’Europe , elle ont souvent un recours a un maghrebin qui leur offre un mariage au lieu d’une invitation temporaire envlopeé par un charment rubon que vous appellez “liberté” qui disparait avec le temp

  • BUREAU , 14 septembre 2012 @ 11 h 57 min

    Bonjour,
    En parfait accord avec GOUPILLE. Bonne journée
    Bien cordialement

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