Aymeric Caron et le marxisme animalier

Alors que certains somnambules s’encroûtent bêtement, au milieu de la place de la République, à Dormir Debout pour réclamer un monde nouveau à base de marxisme ancien, d’autres ont découvert le marxisme nouveau du XXIème siècle. Et pour Aymeric Caron, il s’agit évidemment de la protection animale.

Aymeric Caron, pour ceux qui auraient l’excellente idée de l’ignorer, est ce chroniqueur du Camp du Bien qui jusqu’à récemment s’illustrait dans l’émission de Laurent Ruquier par une agressivité que les cuistres n’hésitent jamais à déployer. Depuis, il n’hésite pas à utiliser sa renommée essentiellement cathodique pour pousser son dernier « essai ». Ici, le terme d’essai est tout à fait adapté concernant la production de notre hyène herbivore, d’autant que c’est un mot facilement associé à l’idée d’échec.

Et c’est bien d’échec qu’il s’agit ici puisque notre écrivaillon s’est décidé à nous narrer sa vision du monde. Or, cette dernière s’appuie sur le marxisme et l’écologie, comme un cancéreux en phase terminale sur une canne en carton humide, car pour notre homme, aucun doute n’est possible : la société actuelle, pourtant baignée d’un écologisme éreintant de niaiserie et de stupidité coûteuse, ne va pas assez loin dans sa démarche.

Cela permet d’ailleurs à Caron de se payer Nicolas Hulot, l’hélicomane shampoïnophile, qu’il trouve bien trop mou dans ses démarches, et de réclamer dans la foulée qu’on s’attaque sérieusement à l’écologie profonde, forcément de gauche selon notre chroniqueur télévisuel, seule écologie qui pourra combattre l’affreux système ultra-libéral dominant et ultra-productiviste qui exploite l’homme, l’animal et l’autorise même, avec un cycnisme qu’Aymeric n’évoque même pas (la pudeur, sans doute), à écrire ses amusants pamphlets, de les imprimer sur du papier (recyclé) en un nombre assez consternant d’exemplaires et même d’en vendre quelques uns à des salauds de consommateurs pas assez conscientisés, et surtout franchement vivants donc a priori polluants.

Mais en définitive, le vrai combat d’Aymeric, c’est celui de l’antispécisme, c’est-à-dire le refus vigoureux, courageux et surtout très buzzable de l’introduction d’une différence de traitement entre les espèces, cette exploitation de l’animal par l’homme. Car Aymeric l’a bien compris : il faut à tout prix combattre le spécisme, cette idéologie qui soutient sottement qu’il existerait une hiérarchie entre les espèces vivantes et que l’espèce humaine se situerait au sommet de cette hiérarchie de manière «naturelle».

Ici, mes lecteurs attentifs et habituels hausseront un sourcil (on dira que le sourcilomètre atteint facilement 1.0). Et lorsqu’en guise de conclusion, notre brave Aymeric, le bourrichon tout remonté d’être en pleine campagne de placement produit pour son pensum, nous expliquera sans rire qu’un ver de terre, comme un cheval ou un toucan, doit tout de même en posséder quelques droits, là, sans doute possible, ces mêmes lecteurs hausseront le deuxième, bien haut (le sourcilomètre atteignant alors au moins 2.0).

L’action ayant eu lieu un peu vite, je vous propose de la repasser au ralenti.

D’une part, Caron le Penseur nous assène qu’il existerait donc une idéologie spéciste. C’est là qu’intervient le premier passage du sourcilomètre en zone positive, puisqu’en réalité, cette affirmation n’est guère étayée. De manière naturelle, tout prouve que l’homme n’est pas du tout en haut de la hiérarchie ; omnivore efficace et intelligent, disons qu’il se débrouille et que ses aptitudes intellectuelles et sociales lui ont permis d’éviter de disparaître quelque part dans la grande histoire du monde entre -2.000.000 BC et maintenant, mais il s’en est très certainement fallu de peu, à plusieurs reprises. Du reste, jetez le brave Aymeric en pleine jongle, et la Nature lui rappellera assez vite, comme le savent les zoologues et autre écologues (des scientifiques, des vrais, ceux-là), que l’Homme n’est pas du tout en haut de la hiérarchie animale, pour la simple raison qu’il n’existe pas de hiérarchie.

D’autre part, dévalant sa pente glissante comme un adolescent sur sa planche de skate pour tenter un 900 dont on sait qu’il va très mal se terminer, Caron le Jeune nous explique ensuite qu’un ver devrait posséder quelques droits et c’est donc là que le sourcilomètre pète facilement le 2.0. Il faut dire qu’il y a, pour tout être doué de raison (non, les vers de terre n’en font pas partie) quelques difficultés conceptuelles que le petit Aymeric semble vouloir balayer rapidement d’un geste auguste de semeur de trouble : oui, bien sûr, il va être compliqué de déterminer quel animal a quels droits, mais bah, tout ceci est accessoire, nos amis scientifiques sauront répondre à la question.

Dommage. Parce que finalement la question n’est pas une question scientifique, mais une question philosophique de droit. Si des droits sont donnés aux animaux, des devoirs, penchants logiques et philosophiquement face opposée d’une même pièce conceptuelle, doivent y être attachés. Quels devoirs pourra-t-on attacher à un animal, en plus d’être éventuellement goûtu ?

> H16 anime le blog Hashtable.

Related Articles

9 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • Robert , 12 avril 2016 @ 17 h 45 min

    À force de descendre toujours plus bas dans la bêtise, on devrait trouver du pétrole.

  • bernique , 12 avril 2016 @ 19 h 38 min

    C’est bien, Kebir, tu es cohérent avec toi-même et quand un djihadiste t’auras expliqué le fond de sa pensée, tout le monde sera content !

Comments are closed.