Devenez co-producteur de Karol Wojtyla

On s’est beaucoup lamenté, indigné, déchiré, pendant des mois, sur la programmation de certains théâtres parisiens. La gauche désormais au pouvoir, il faut s’attendre à ce que Mitterrand à la Culture soit bientôt pour nous un presque bon souvenir – le pire étant toujours presque certain avec notre gauche française actuelle.

Tandis que Libé nous vend régulièrement des spectacles grotesques (voir leur critique de Gólgota Picnic, décrit comme « l’un des plus beaux spectacles de Rodrigo García, une méditation souriante et implacable » – SIC !), des troupes de théâtre non-subventionnées peinent et rament pour financer des projets rares et universels : exemple-type, la compagnie du Théâtre de l’Aiguillon avec sa Boutique de l’Orfèvre.

Il est vrai que ces gens-là ne font aucune effort pour s’intégrer : non seulement ils ne se roulent pas dans des hamburgers, mais ils poussent la provocation jusqu’à mettre en scène des couples banalement hétérosexuels, mais ils osent jouer une pièce de Karol Wojtyla. C’est dire s’ils font tout pour être aimés.

Une fois de plus, donc, et peut-être est-ce heureux pour l’indépendance du théâtre français, c’est à la base, aux spectateurs, que revient la possibilité de financer une œuvre dure et splendide, un texte écrit par un Jean-Paul II jeune s’interrogeant sur la possibilité d’aimer jusqu’au bout. Thérèse a perdu André, mort à la guerre. Anna et Stéphane sont devenus indifférents l’un à l’autre. Christophe et Monique s’interrogent avec angoisse : réussiront-ils, malgré tout leur amour, là où leurs parents ont tragiquement échoué ? Trois couples, trois situations, une question éternelle : peut-on aimer quelqu’un toute sa vie ?

Avantage de taille : pour une fois, on échappe à l’amateurisme de trop nombreuses pièces à la sauce kermesse. Michael Lonsdale (qu’on ne présente pas), Alain Pochet, Damien Ricour, qui, de Mnouchkine à Hadjaj en passant par ses propres créations (notamment l’excellent Pourquoi j’ai mangé mon père) attire un public de fidèles scotchés par sa présence exceptionnelle, Pierre Fesquet, qui travaille régulièrement avec Marie-Christiner Barrault, et Marie Lussignol, récemment découverte au Théâtre du Nord-Ouest dans La grande route de Strindberg et La Poudre aux yeux de Labiche.

La jeune comédienne, qui joue la Montespan dans Les Amants magnifiques de Molière, pour le mois Molière, à Versailles, ne cache pas sa foi chrétienne. Elle s’amuse d’ailleurs beaucoup d’avoir joué Jeanne d’Arc dans un documentaire fiction pour la chaîne américaine EWTN. Mais elle refuse de croire que, sous prétexte que La Boutique de l’Orfèvre a été écrite par Karol Wojtyla, elle ne puisse toucher qu’un public exclusivement chrétien. Sentiment partagé par Marie-Valentine Maistre, metteur en scène : « Il y est avant tout question de la possibilité de passer au-delà des différences, des désaccords, des difficultés, pour faire route commune et dépasser les souffrances. Mais il est aussi question, malgré cette envie, de la possibilité de l’échec, dont on ne comprend pas toujours les raisons, qui peut être vécue comme une injustice, une fatalité, une absence de sens, une expérience à priori impossible à surmonter. Karol Wojtyla, loin de tout dogmatisme, nous offre, dans chacun des trois couples, le magnifique exemple d’un long chemin de guérison et d’abandon. »

Jean-Louis Barrault, qui fut un des interprètes de la pièce, dans une version radiophonique, pour France-Culture, en 1979, la décrivait déjà comme « le reflet de l’existence absolue et de l’amour. Composée à la fois comme un oratorio et une symphonie, il s’en dégage une poésie profonde : entendons cette espèce de buée mystérieuse qui entourent ceux qui se donnent tout entier. » Marie Lussignol appuie ces mots, avec chaleur : « Cette pièce est l’une des plus belles dans laquelle il m’a été donné de jouer. Je désespère qu’un texte aussi sublime ne puisse pas être entendu pour des raisons financières. »

Concrètement, la Compagnie du Théâtre de l’Aiguillon a besoin, pour couvrir ses 47 représentations (25 dans la crypte Saint Sulpice à Paris, et 22 au Festival Off d’Avignon) de 80 000 euros. Si 8 000 âmes bien intentionnées donnent chacune 10 euros, ou si un généreux mécène renonce à s’offrir quelques Rolex ou un mini yacht, La Boutique de l’Orfèvre sera sauvée.

En un mot : si 80 000 personnes, dans ce pays, en ayant assez de subir des spectacles abscons sur les scènes parisiennes ou de savoir que ce soir, sur TF1, il y a encore Joséphine Ange Gardien, et, rêvant d’entendre ce texte brûlant, donnent un euro chacun, tout ne sera pas complètement perdu.

Il reste donc trois semaines aux spectateurs français pour devenir co-producteurs de Karol Wojtyla. A bon entendeur…

Informations : [email protected]

Vous pouvez faire un don en numéraires par chèque ou virement à l’Association Marie de Nazareth, association non lucrative d’intérêt général, pour compte de la Compagnie du Théâtre de l’Aiguillon. Ce don ouvre droit à une réduction d’impôt de 66 % de son mon tant, dans la limite de 20% du revenu imposable (article 200 du C.G.I.).

Don par chèque : votre chèque est à rédiger à l’ordre de « ASSOCIATION MARIE DE NAZARETH pour le compte de la Compagnie du Théâtre de l’Aiguillon ». Votre don par chèque est à joindre dans une enveloppe à l’adresse suivante :

ASSOCIATION MARIE DE NAZARETH

59, avenue de la Bourdonnais

75007 PARIS

Don par virement : le virement doit être à l’ordre de « ASSOCIATION MARIE DE NAZARETH ». Objet : Don pour compte de la Compagnie du Théâtre de l’Aiguillon. Coordonnées bancaires :

Banque Transatlantique

RIB : Banque 30568 / guichet 19905 / N° compte 00023330501 / clé 09

Pour recevoir un reçu fiscal, veillez à bien indiquer votre adresse postale.

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2 Comments

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  • 0 / 10
  • Fikmonskov , 11 mai 2012 @ 13 h 13 min

    Alors là, je soutiens et je partage !

  • Tara , 11 mai 2012 @ 16 h 21 min

    merci de relayer ce message ! Ce n’est pas tout de critiquer les mauvaises pièces, il faut d’abord promouvoir des oeuvres comme celle-ci et aider ceux qui les mettent en scène !
    alors moi aussi, je soutiens et je partage 😉

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