Grèce : on ne peut plus se taire

Ces lignes sont écrites, à leur date, ce 11 juin, au lendemain de cette réunion de Berlin, paraît-il si cordiale, et où, une fois de plus M. Tsipras, qui n’a toujours pas pris le temps d’acquérir, ou de voler, une cravate, est venu dire à Mme Merkel et à François Hollande le contraire de ce qu’il proclamait encore à la Vouli le 5 juin.

Ces allers retours du double langage ne trompent plus personne. Ils ne lassent même plus l’Europe occidentale, ils l’exaspèrent. Et ils détruisent tout potentiel de sympathie. On s’en est rendu compte avec un Juncker, faisant tout pour maintenir le contact, mais que le sous-ministre gauchiste des affaires étrangères Chountis ose traiter désormais de “philhellène touristique”.

Quand on connaît la réalité et quand on aime la Grèce, vue de l’étranger, quand on aime son histoire millénaire, sa terre et son peuple, non ! on ne peut plus se taire devant le spectacle de son gouvernement actuel et artificiel, gauchiste et démagogique.

Le jour même de sa [demie]victoire électorale si funeste du 25 janvier, je ne m’étais trompé que d’un degré dans ce qu’on pouvait percevoir de la nouvelle catastrophe grecque. (1) Sachant dès 4 heures du matin les résultats déplorables, les 36 % présentés comme un triomphe, on pouvait penser, ou espérer, le choix de l’allié le plus raisonnable, celui du “Potami” de centre gauche.(2)

Non, on l’a su quelques heures plus tard c’est avec la frange poutinienne de la droite, comme par hasard, avec les “Grecs indépendants” : dès lors la boucle était bouclée. C’était avec les adversaires de l’Union européenne que les petits gauchistes allaient constituer leur lamentable cabinet.

Tout devait se passer comme si cette crise-là était destinée à faire, contre l’Europe occidentale, le pendant de la crise ukrainienne, comportant d’ailleurs les mêmes tactiques de pourrissement.

À partir de cela, je résolus de ne plus écrire pendant quelque temps sur ce sujet, me contentant de répondre aux amis Français qui croient que je connais le dossier et m’interrogent depuis bientôt 5 ans. Invariablement je leur ai dit que “la Grèce en a vu d’autres”. Les dégâts d’une crise comme celle-là, c’est à peu près comme ceux d’une guerre.

Sachant aussi que les soi-disant “amis [gauchistes] de la Grèce” sont en France les mêmes ennemis des réformes, ceux-là même qui refusent de voir que la France est “une Grèce qui s’ignore (3), le même combat pour l’assainissement financier et pour la libre entreprise est à faire ici même dans ce pays où je paye mes impôts.

Malheureusement aussi certains dégâts sont irrémédiables. En moins d’un siècle on peut y réfléchir.

On voudrait que l’image internationale du pays ne soit pas définitivement ternie. Et cela ne se limite pas seulement à la note d’évaluation des titres d’État des marchés financiers. Triple C en français cela veut dire aussi triple crétin.

Il se trouve que l’alternative existe bel et bien en Grèce, elle est représentée par ceux qui avaient commencé en 2012 à accomplir un mandat de 4 ans, et dont les résultats avaient commencé à apparaître au cours de l’année 2014. Le scrutin artificiellement anticipé de janvier 2015 l’a court-circuité mais l’opinion européenne ne le sait pas.

Quand l’opinion française croit entendre un écho de ce que sont censés penser “les Grecs” – comme si en Grèce depuis trois mille ans tout le modne pensait pareil – ils entendent les insupportables discours propagandistes d’une Angélique (!?) Kourounis, correspondante à Athènes de deux ou trois feuilles gauchistes bien parisiennes, et ils ne peuvent que s’en détourner, comme ils se détournent d’un Mélenchon indéfectible soutien de “l’espérance Syriza”.(4)

Mediapart a traduit intégralement le discours de Tsipras du 5 juin. À peine les journaux non-gauchistes de Paris et d’ailleurs ont-ils même remarqué la réponse très nette du chef de l’opposition.

Il est tellement plus commode pour les technocrates internationaux d’avoir en face d’eux des pantins caricaturaux que certains les encouragent. Jusqu’au jour où les malappris viennent détruire la maison.

Alors non, on ne peut plus se taire. Et on l’on doit le dire clairement : le cirque doit quitter la ville.

> Jean-Gilles Malliarakis anime le blog L’Insolent.

Apostilles :

1. Cf. L’Insolent du 26 janvier 2015  “Une nouvelle catastrophe grecque”

2. en tout état de cause le vieux KKE, qui connaît bien le personnage dénonce, en Tsipras, ex(?)-communiste, le représentant du “lobby de la drachme” (ont-ils vraiment tort sur ce point nos affreux staliniens ?)

3. cf. ” La France, une Grèce qui s’ignore” par Arnaud Leparmentier in “Le Monde” daté du 9 avril

4. On a pu le constater une fois encore lors de l’émission “C’est dans l’air” du 9 juin “Grèce/Le scénario du pire” au cours de laquelle même le très gauchiste Philippe Frémeaux d’Alternatives Économiques était obligé de se désolidariser des outrances de notre “Angélique”.

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28 Comments

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  • 0 / 10
  • anastasy , 12 juin 2015 @ 12 h 36 min

    préalable indispensable : que l’Allemagne paye ses 300 milliards d’euros de dommages de guerre !

    avec ce fric, ils feront la fête pendant 3 ans

    à l’issue, on reparlera des vrais problèmes !!!!

  • nauticat , 12 juin 2015 @ 13 h 01 min

    bonjour Tonio ,je ne parlais bien sûr que des principes et fondements de la République ,certains aspects des racines de notre langue , sans compter le nombre d’œuvres d’art que nous détenons dans nos propres musées ,indépendamment de celles que nous pouvons admirer sur place .

  • domremy , 12 juin 2015 @ 15 h 26 min

    dans tous les pays ,la GRECE et peut être nous bientôt,, car il parait que nous sommes aussi bien endéttes ce n est pas les peuples qui sont responsables mais les politiques , qui nul part donnent le bon exemple

  • Besson.D , 12 juin 2015 @ 19 h 54 min

    Beaucoup de pipeau pour pas grand chose !!! La Grèce n’aura jamais le courage de quitter l’Europe …

  • nauticat , 12 juin 2015 @ 20 h 19 min

    bonsoir Tonio ,au titre d’anecdote il y avait aussi (du temps où j’étais jeune navigant) l’attrait des filles des classes de dessin qui prenaient modèles au Parthénon , toujours dans le domaine de l’art ,il y avait certains soirs , dans l’amphithéâtre situé aux pieds de l’Acropole des élèves des écoles d’art Dramatiques qui venaient déclamer face à la mer des vers incompréhensibles pour votre serviteur ,mais si beaux à entendre ! Que dire aussi de nos soupers ,accompagnés du vin raisiné dans de petits restaurants en terrasse couverts de vigne ?

  • champoiseau , 13 juin 2015 @ 2 h 01 min

    Félicitations, Mr. Desvignes pour votre commentaire auquel je souscris totalement . Pour arriver jusqu’à lui il ,m’a fallu, hélas, passer par la plupart des autres, minables, erronnés et qui ne devraient pas se trouver sur ce site.

  • champoiseau , 13 juin 2015 @ 2 h 02 min

    “erronés”, avec mes excuses!

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