La politique sentimentale

Si dans les relations humaines les sentiments et une part d’émotion sont souvent indispensables, en politique, il vaut mieux les éviter. Car ils sont de très mauvais conseillers. Ils peuvent même détruire une carrière. Beaucoup de politiciens, qui n’y ont pas pris garde, y ont laissé des plumes. Si l’émotion ne peut s’exclure du champ politique (qu’il ne faut pas confondre, dans ce cas, avec le lyrisme) la réflexion et le discernement restent primordiaux pour assumer n’importe quelle fonction élective. Tous ceux, les plus imminents, qui resteront dans l’histoire ou qui y sont déjà, n’ont soutenu, avec bonheur, les plus lourdes responsabilités qu’en sachant prendre de la hauteur. Le charisme faisant le reste, bien entendu ! On l’a ou pas ! Cela ne s’apprend pas, mais celui-ci n’est rien sans une parfaite maîtrise de soi. Tous les prétendants le savent, beaucoup l’oublient.

L’idéologie qui nous domine, depuis plus de quarante ans, a fait son beurre sur la compassion. Tout notre petit monde politico-médiatique, voulant être dans le vent, a cru que le moment était venu de se laisser aller. Et même d’en rajouter pour la forme ou pour faire le buzz. Cela a marché un temps, mais maintenant plus du tout : les Français en ont soupé de cette exaltation à deux balles, pour tout et n’importe quoi, qui pollue leur quotidien. Et qui fait oublier l’essentiel, en faisant passer par pertes et profits, la rigueur politique que l’on aurait dû apporter si l’on avait été un responsable cohérent. Là est bien le problème : l’impéritie des élus ! Trop laissent faire et disent ou font n’importe quoi sans réfléchir à deux fois des issues et des aboutissants. Pourtant, on apprend tous, depuis notre plus jeune âge, que gouverner, c’est prévoir.

La gauche est championne, toutes catégories, pour “faire pleurer Margot en nous parlant de démocratie” (Benjamin Stora). Elle nous sort constamment de son chapeau, des idées saugrenues, des actions et des propositions qui n’intéressent que quelques cinglés en perpétuelle pâmoison, alors que le peuple, lui, est au bord de la crise de nerfs. Mais la gauche peut-elle encore comprendre le peuple ? Pas plus que la droite, qui n’est pas en reste : l’affect ne la quitte plus. Et on ne sait plus qui est la plus sentimentale des deux. Aussi bien l’une que l’autre, pour pleurnicher sur leurs insuffisances à propos de tout et de rien, ça, elles savent le faire !

Paradoxalement, s’il est vrai que les politiciens doivent toujours garder la tête froide, on sait bien qu’ils ne sont pas pour autant des robots. Ils sont plutôt majoritairement très sensibles. Cela pourrait expliquer ceci : enclins à l’émotion, ils ont couru, tête baissée, dans le piège de l’idéologie compatissante. Grave erreur ! Car, on ne peut faire de la politique sans une attention de tous les instants et une concentration particulière pour évaluer les problèmes et pour y apporter des solutions. Cette vérité de La Palice est difficilement admise par la majorité de notre classe politique. Il y a encore trop d’élus ou de prétendants politiques qui se comportent comme des enfants en pleurant devant le moindre joujou cassé. Qu’ils ont cassé !

La politique doit rester politique, c’est-à-dire une méthode, la plus lucide et la plus consciente possible, pour organiser raisonnablement la société, notre patrie. Qui pour l’instant est bloquée par l’inconséquence d’un gouvernement déficient. Et le spectacle offert par la gauche, en coma dépassé, et par la droite, dans les choux, n’est pas là pour nous rassurer. Non seulement le pays est en plein marasme, mais nos gouvernants et nos élus, abrutis par quarante ans de gauchisme, continuent leur dérive émotionnelle insensée qui nous emmène dans le mur.

Il serait peut-être temps de les recadrer ?

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7 Comments

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  • Cassandre , 11 juin 2016 @ 6 h 16 min

    Bel article…
    Mais il n’est pas temps de les recadrer: il est temps de changer de gens au pouvoir…

  • Marcus , 11 juin 2016 @ 8 h 45 min

    On est là, à mon avis, au cœur du problème. Je le vois tous les jours. Mes collègues de travail sont pour la grande majorité des jeunes gens de 25/30 ans en moyenne. Quasiment tous sont des gauchistes. Lorsqu’on parvient, rarement, à avoir des conversations intéressantes sur la politique, c’est toujours l’émotionnel, la compassion, les droits de l’homme, etc. qui sortent de leur bouche. Jamais les intérêts de notre pays, l’économie à redresser ou le chômage à combattre. Ils ne savent même pas ce qu’est la géopolitique. Ils ont été endoctrinés dès leur plus jeune âge par l’école socialo-marxiste française, et tout leur monde est manichéen.
    – les méchants Russes contre les pauvres Ukrainiens,
    – les criminels Israéliens contre les pauvres Palestiniens,
    – les enfoirés de patrons contres les salariés esclaves,
    – les blancs colonialistes et pollueurs contre les africains misérables et écologistes,
    – les racistes d’extrême droite contre les minorités opprimées dans les Cités,
    et la liste est longue…
    Ces gens là tiennent à peu près tous le même discours pré enregistré dans leur petite tête. J’ai essayé au début de les ré informer, mais sans succès, alors j’ai renoncé. On pourrait en rire mais en fait c’est très inquiétant car il est très difficile de changer la mentalité des gens. Le travail de sape et d’endoctrinement de l’oligarchie a bien fait son travail depuis 40 ans. Et ce n’est pas rassurant…

  • Babouchka , 11 juin 2016 @ 9 h 21 min

    Oui, nos jeunes sont endoctrinés, c’est clair!
    Depuis 68 l’enseignement à l’école n’a fait que se dégrader lentement mais sûrement, les médias, certains pourris jusqu’à la moelle, déversent journellement leurs poubelles de scoops, les parents de plus en plus démissionnaires et dépassés baissent les bras et le show-biz et les bobos progressistes mènent la danse…
    Du pain, des jeux, des spectacles, “l’euro” et la décadence à la clef…
    C’est vieux comme le monde!

  • ertic-p , 11 juin 2016 @ 12 h 44 min

    Ne pas généraliser.
    Certes, Télé bolcho fait tout ce qu’elle peut pour anesthésier les consciences mais les jeunes vont voir d’autres sources et boudent de plus en plus “la pensée unique”.
    En GB, les partisans du Brexit prennent la tête dans les sondages en dépit des efforts colossaux de l’establishment pour encourager les
    “citoyens” à voter “politically correct”. Alors…

  • Le renard , 11 juin 2016 @ 23 h 19 min

    Marcus, complément à vos remarques :
    “ Que faites-vous donc des milliers de travailleurs, ouvriers et paysans que vous avez appelés à la vie civique, que vous instruisez dans vos écoles et qui agissent désormais directement sur la civilisation de la France ? Avez-vous donc renoncé à leur donner une éducation vraiment française ?
    “ Pour moi, je crois qu’il faut arriver à leur donner une culture classique, c’est-à-dire le sens de la beauté, de la justesse, de l’ordre et de la mesure “
    Jean Jaurès ( Permanences

  • borphi , 12 juin 2016 @ 16 h 07 min

    La vérité est que c’est la politique de l’éducation nationale qui démontre là son échec patent à apprendre aux jeunes citoyens Français par eux-mêmes,de décrypter par eux-mêmes…au mépris de tous les fondamentaux qui restent indispensables pour se construire une pensée et conduire une critique objective et constructive.

    Après et seulement avec ces éléments de connaissances historiques, géographiques et anthropologiques , il est possible d’ordonner son sentiment politique.

    La responsabilité des médias est aussi immense dans ce désastre civique.

  • Ado , 13 juin 2016 @ 10 h 31 min

    D’accord avec Marcus . L’article a vu juste ; Cependant les politiques étant très dépendant des médias , tous deux sont co-responsables . Ils sont les deux faces d’un même pièce . L’émotion sentimentale fait plus vendre que la raison intelligente . la manipulation des masses par ces moyens , sont détestables et dangereux . et la surenchère un système gratifiant .

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