Où est passée la Justice ?

Le mois de juillet est arrivé et avec lui, les résultats du bac qui auront fait croire à toujours plus de naïfs que le niveau monte. S’il n’y avait pas la Grèce, le pays pourrait presque se laisser couler comme un vieux camembert amolli par une canicule finalement banale en cette saison. Cependant, alors que le farniente s’installe durablement dans tous les organes de la République, on doit dresser un amer constat.

Oh, je ne vais pas dévoiler ici le moindre secret. Peut-être vais-je même en barber plus d’un en rappelant ce qui est maintenant une évidence à laquelle il faudra ajouter beaucoup de petites vignettes animées de chats faisant les cons pour la rendre moins ennuyeuse. Et parce que ce billet est, par nature, limité, je ne pourrai pas citer tous les cas, innombrables, renforçant ce constat.

Mais il sera pourtant le même : la Justice (avec un grand J) n’existe plus en France.

Il n’y règne qu’une petite justice (avec un petit j, tout petit) au jour le jour, faite d’expédients (ses moyens sont étiques), d’expériences (sociétales notamment) et d’expiations (des fautes, des très grandes fautes de l’homme blanc solvable). Oui, la Justice n’existe plus et il n’y a plus qu’une justice qui se contente de servir quelques intérêts particuliers. Par la force des choses, depuis l’abandon des politiciens en rase campagne, parce qu’électoralement, ça rapporte plus, jusqu’aux citoyens qui, finalement, s’en foutent tant qu’ils peuvent, en passant par les forces de l’ordre, toutes au courant mais sans plus la moindre illusion, plus personne n’attend que Justice soit rendue, mais, vaguement, qu’un verdict soit prononcé, et encore, seulement aux heures d’ouvertures, s’il fait beau.

La Justice, dégagée de tout devoir de morale, d’équité ou de légitimité, est allée se rhabiller.

Caricatural ? Allons.

Où était-elle, cette Justice, sinon au vestiaire, lorsque le gouvernement a tout fait pour embastiller des chauffeurs UberPOP sur la base de textes inexistants, d’infractions jamais constatées ? Ou s’était-elle planquée lorsque les chauffeurs de taxis, bénéficiant d’un favoritisme policier assez hallucinant, ont retourné et brûlé certaines voitures, ont agressé des individus ?

Où était-elle lorsqu’il aurait fallu qu’elle agisse pour déboucher le tunnel sous la manche, encore une fois bloquée par une petite poignée d’excités syndicalisés jusqu’au trognon et décidés à mettre dans l’embarras un nombre invraisemblable de camionneurs européens ? Oh, vous n’en avez pas entendu parler (la presse grand public, cette autre vieille prostituée de la République, lourdement alcoolisée sous de sulfureuses subventions, aura oublié d’évoquer la question) mais l’ »action syndicale » a pourtant généréplus que des tensions entre les camionneurs étrangers et notre beau pays, son absence d’ordre et sa culture du chaos. Qu’a-t-elle fait, la Justice, lorsqu’elle aurait dû demander aux forces de l’ordre d’agir pour éviter de tels débordements ?

Rien.

Ni là, ni lorsqu’il s’agit d’arrêter les dérives d’une société qui sait qu’elle ne peut plus compter sur elle, ces myriades de « petits tracas », « d’incivilités », ces petits vols, petites escroqueries, petites filouteries qui s’accumulent dans le paysage quotidien des Français. Pas étonnant qu’il n’y ait personne pour arrêter le vandalisme récent des bouches à incendies, ouvertes en grand sous prétexte de canicule. Apparemment, elles ne débitent pas assez d’eau (ou dans des endroits pas assez glamour, je suppose) pour s’attirer les foudres des écologistes de combat, ni celles des forces de l’ordre…

Il faut dire que la police, débordée par les tâches subalternes risibles, par la traque des conducteurs financièrement rentables, par une gestion de l’immigration clandestine calamiteuse, par ces mille-et-un VIP à protéger contre la plèbe qui les a élus, n’a plus le temps de jouer à être le bras armé de quiconque, si ce n’est de l’État. La justice, elle, n’a plus qu’un bras décharné, qui lui sert, de temps en temps, à cogner sur ceux qui ne pourront pas répliquer.

Le mal est profond et son impact est fort.

Comme la Justice n’est plus que vaste blague, il devient de plus en plus dur de conserver les uns et les autres dans les bornes que la morale, le bon sens et la société avaient placées. Même médiatisé à grand coup de happenings festifs bidons, d’éléments de langage minutieusement préparés par des équipes de communicants frétillants pour des politiciens cyniques, le Vivrensemble a bien du mal à résister devant l’accumulation de problèmes qui demandent, impérieusement, le retour de l’ordre au travers d’une Justice efficace, équitable et surtout légitime.

Petit-à-petit, tout le monde trouve la situation sinon normale, au moins parfaitement logique, sans se préoccuper de l’impact catastrophique que ces dérives entraînent. La Justice évanouie, ce sont des scandales qui s’installent, des comportements illégitimes qui perdurent, des magouilles qui continuent et par voie de conséquence, des commerces qui ferment, une économie qui part en sucette, une pauvreté qui grandit, des malaises sociaux qui s’accumulent, et une police sans effet.

Une police sans effet, c’est le chaos qui s’installe, doucement, lentement, mais sûrement, en toute impunité.

Le chaos qui s’installe, c’est une bien mauvaise publicité pour le tourisme. C’est une très mauvaise idée pour faire des affaires. C’est un handicap fort gênant pour assurer la sécurité des citoyens. Et une police sans effet, c’est l’annonce, claire et nette, d’une armée sans dents munie de couteau sans manche auquel il manque la lame. (Un vol de détonateurs et d’explosifs, dans ce contexte, tient presque de la routine, et on en vient à souhaiter qu’il fut le fait de braqueurs ou de bandits plutôt que de terroristes religieux).

Non, décidément, la Justice n’existe plus en France. Et notez qu’elle disparaît, petit à petit, à mesure que toutes nos libertés s’effacent.

Ce n’est pas un hasard.

> H16 anime un blog.

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10 Comments

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  • 0 / 10
  • lulub , 11 juillet 2015 @ 19 h 16 min

    Tout est vrai dans les commentaires , c’est que les Français moyen nous devons regarder , observer et ne rien dire
    Oui ou va la France que nous aimions

  • Gisèle , 11 juillet 2015 @ 20 h 27 min

    La justice s’encanaille avec la ripoublique ….et se prostitue avec les partis politiques .

  • Où est passée la Justice ? , 14 juillet 2015 @ 16 h 34 min

    J’aime les exemples concrets. Voici comment ladite justice met le couvercle sur des extorsions de fonds initialisées par des notaires. Et cela fait des décennies que cela dure.

    >>> Les notaires ont parfois à faire rechercher des héritiers par des généalogistes successoraux. Il faut dire que ces officiers ministériels sont censés régler des dévolutions successorales jusqu’au 6° degré. Que l’État ne leur fournit pas l’accès aux fichiers d’état-civil comportant les informations qui leur manquent alors. Ce n’est pas un hasard et n’a rien à voir avec la loi de 1978 sur la protection des données personnelles. Ce n’est pas non plus un hasard si nos parlementaires, si affairés à nous produire une multitude de textes, le légifèrent pas pour leur fournir cet accès aux archives existantes.

    Ce n’est pas un hasard, puisque les sommes annuellement détournées par cet appel à des généalogistes se montent à environ 150 millions d’euros. Ce n’est pas un hasard quand la presse relaie la corruption de la FIFA, quelque chose qui se monterait à 150 M€ sur 20 ans. Pas de hasard pour qu’elle reste coite sur le fait que l’extorsion de fonds sur des héritiers produise les mêmes effets en France, mais par an ! Au nom de la liberté de la presse, peut être ? Pas de hasard non plus quand Laurence de Charrette avance dans son ivre « Les Notaires » qu’ils auraient perçu jusqu’à 15 % du C.A. de ces généalogistes ainsi employés…

    Et pourquoi ce scandale perdure-t-il ? Tout simplement parce que la justice a produit une quantité notables de jurisprudences hors du Droit dans ce secteur, dont une belle série en Cassation, pour le plus grand profit des notaires et des généalogistes dont les méthodes de spoliation sont ainsi pérennisées. Que font ces cours de justice lorsqu’un tel cas leur est soumis ? Elles ignorent délibérément le droit de l’espèce, et s’il leur est présenté un peu trop rigoureusement, elles le censurent, Cassation incluse ! Au nom de l’indépendance de la justice à l’égard des lois ?

    C’est vrai qu’il existe des héritiers récalcitrants à se faire enfumer de mauvais conseils notariaux leur recommandant de se faire plumer par le moyen d’un fumeux contrat « de révélation » présenté par leur généalogiste de service. Contrat parfaitement illégal au regard du Code de la Consommation, mais également du fait des infractions qui l’accompagnent nécessairement. Professionnels pour lesquels un traitement de faveur est alors fourni par nos si indépendants magistrats, ici au profit d’une caste d’officiers ministériels influents.
    Que ne feraient-ils pas pour que ne soit pas révélé le marigot de juristes qui ont anciennement élaboré la coutume mafieuse de spolier des héritiers vulnérables ? Plutôt de réformer d’anciennes jurisprudences et de nuire ainsi au C.A. de ces « présumés innocents », ils persistent et signent. Ici, fi de leur prestation de serment, des codes de procédure, et même des atteintes à la Constitution que cela suppose.

    Mais comment est-ce réalisé par le notaire ? Il apporte une lucrative affaire de succession à son généalogiste, lequel va réaliser la prestation de service qu’il attend. Lui se contente de se soustraire à son obligation contractuelle légale née de sa demande. Mais également d’enfreindre son secret professionnel en fournissant le montant de l’héritage à son prestataire de services (de rien, voyons, c’est tout naturel !). Lequel abordera les héritiers en exigeant 30 %, en moyenne et sans limite de montant, de leur succession nette. Cela à l’aide de ce soi-disant légal « contrat de révélation ».

    Il vous faut un dessin ? Non, alors j’abrège. Je vous laisse déterminer les statuts et qualités des membres de l’institution judiciaire nécessairement impliqués dans ce scandale. Vous pouvez même, sans risque d’erreur, remonter du côté de la Chancellerie. Attendu que les branches pourries remontent toutes à cet honorable Ministère.

    Il s’agit donc bien ici de corruption institutionnelle. Classement récent de la France par Transparency à la 26ème place en matière de corruption. Ah, encore un détail, je dispose des pièces probantes relatives à ces malversations, et ne suis pas le seul. À bon entendeur…

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