J-Y Le Gallou : “Le défilé du 11 janvier 2015, c’était un peu comme une marche silencieuse pour le droit des enfants, avec au premier rang Marc Dutroux, Emile Louis et Patrick Henry”

Le défilé du 11 janvier fut ainsi un éloquent symbole de l’unanimisme cosmopolite de la superclasse mondiale servie par les médias de propagande.

Hollande est un grand président. Il va remonter dans les sondages. L’attaque contre Charlie Hebdo et l’hyper casher de Vincennes sont des aubaines pour lui. Le voici devenu père de la nation, l’artisan d’un nouveau consensus français : « Ensemble », et le président autour duquel la planète se presse. Mieux que l’Union nationale, l’Union mondiale ! Chapeau, l’artiste !

Et pourtant les événements de Paris, Dammartin-en-Goële et Vincennes sont la conséquence de quarante ans de politique migratoire (depuis le regroupement familial décidé par Chirac en 1976) : une politique à laquelle toute la classe politique défilante a pris sa part :

– L’immigration galopante, d’abord, s’accélérant à chaque pseudo alternance : du RPR ou de l’UMP vers le PS, mais aussi du PS vers l’UMP.

– La folle politique de la nationalité, consistant à donner le titre de Français à des Coulibaly ou des Kouachi qui ne le sont ni par l’origine, ni par la culture, ni par leur cœur.

– L’échec des politiques d’intégration poussant à choyer et à présenter comme modèles des voyous de banlieue : les frères Kouachi invités par France 2 (chaîne de service public) comme rappeurs, puis pour l’un d’entre eux bénéficiant d’un emploi aidé à la mairie de Paris comme « ambassadeur du tri » (sic !). Coulibaly était reçu en 2009 par le président Nicolas Sarkozy à l’Elysée : l’occasion d’obtenir un portrait flatteur dans Le Parisien. Coulibaly et Kouachi n’étaient pas considérés comme des marginaux mais comme des exemples.

Des « exemples » dont la place aurait été en prison si nous n’avions pas une folle politique judiciaire.

Car c’est aussi la politique sécuritaire des gouvernements successifs qui a été mise en échec : 10 lois liberticides contre le terrorisme, pour quels résultats ? Un manque de jugeote des services consistant à alléger le dispositif de protection de Charlie Hebdo… à l’automne 2014 : bravo Cazeneuve, bravo Boucault !

Et c’est au moment où les gouvernants ont laissé s’implanter une immigration musulmane de peuplement en France qu’ils ont déstabilisé les gouvernements arabes laïcs en Irak, en Egypte, en Libye et en Syrie, et qu’ils ont encouragé la fabrication du monstre islamiste. Pourtant deux acteurs du chaos syrien, le Turc Erdogan et l’Israélien Netanyahou ont été invités à défiler à Paris…

A vrai dire, ce fut le défilé des incendiaires : politiques de Sarkozy à Hollande, internationaux de Cameron à Merkel, associatifs de SOS-Racisme à l’UOIF qui avait réclamé l’interdiction des dessins sur Mahomet.

Le défilé du 11 janvier fut ainsi un éloquent symbole de l’unanimisme cosmopolite de la superclasse mondiale servie par les médias de propagande.

Le défilé du 11 janvier 2015, c’était un peu comme une marche silencieuse pour le droit des enfants, avec au premier rang Marc Dutroux, Emile Louis et Patrick Henry.

Propagande univoque et silence du FN

Ce qui est le plus sidérant – au sens propre du terme – c’est l’absence totale de prise de recul et de réflexion critique de la part des médias mainstream.

Le Front national lui-même semble avoir été réduit au silence : soit parce qu’il n’a pas eu la parole ; soit parce que ses principaux dirigeants ont fait profil bas. A l’image de ce premier tweet de Florian Philippot : « Horreur, infinie tristesse » ; ou de la « déclaration solennelle » de Marine Le Pen évoquant le « Pas d’amalgame » ou « les Français de toutes origines » et appelant à « l’Union nationale ». Pas un mot sur les causes, pas un mot sur les responsabilités.

Devenu littéralement inaudible, le Front national semble avoir payé le prix fort de la pasteurisation, sans recueillir pour autant le bénéfice de la dédiabolisation car il est resté totalement marginalisé et pestiféré. Il y a là incontestablement une double limite au discours « national-républicain » : on n’a pas besoin du FN pour dire « tout le monde il est français » et confondre Français administratif et Français de civilisation ; la réalité c’est que la « conception citoyenne de la nation » n’est que le cache-sexe du communautarisme. La réalité, c’est aussi que le mot « républicain » est devenu un mot de novlangue pour signifier « politiquement correct », et que, tant qu’il ne sera pas totalement aligné sur le conformisme dominant, le FN ne rejoindra pas (quels que soient les désirs de ses dirigeants médiatiques) « l’arc républicain ».

Certes, Marine Le Pen a tenté de reprendre la main en manifestant à Beaucaire. Et Marion Maréchal Le Pen a pu dire des choses pleines de sens sur BFM-TV : « Il y a deux problèmes qui ressortent : la montée du fondamentalisme islamiste et “l’inassimilation” de ces Français (…) Comment ont-ils pu obtenir la nationalité française alors qu’ils n’ont strictement rien de Français ? (…) Au-delà de la République c’est la civilisation française qui est attaquée. (…) Nous avons quand même voulu participer, mais pas aux côtés de ceux qui sont responsables. » Le philosophe Michel Onfray, de plus en plus au bord de la dissidence, a même déclaré : « Marine Le Pen est l’une des rares à dire que le réel a bien eu lieu. »

Restent que les événements de janvier 2015 montrent l’extraordinaire capacité du Système à rebondir grâce à un contrôle médiatique sans faille. Ils montrent aussi qu’il est aussi vain que naïf de penser parvenir au pouvoir par une entreprise de séduction des médias. Ils montrent enfin la nécessité de structurer et de former sans concessions les acteurs de la France de demain. Ils montrent surtout le rôle déterminant des médias alternatifs et des réseaux sociaux, seules possibilités d’émission d’un autre discours.

Le combat ne fait que commencer. Et ce n’est pas une stratégie bisounours qui permettra de le gagner.

>Jean-Yves Le Gallou préside la Fondation Polémia.

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39 Comments

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  • 0 / 10
  • bataille de Tourtour , 14 janvier 2015 @ 0 h 47 min

    Il n’a jamais rien compris, mais cela lui a rapporté de fructueuses prébendes.

  • domluc , 14 janvier 2015 @ 8 h 21 min

    Eh oui c’est bien triste… je parle de ce monde politique qui ne tient que par un fil !!! composé de nullités toutes catégories confondues. Le gros Hollande qui ne cessait de regarder en l’air lors du défilé, non pas pour saluer les gens sur leur balcon, mais parce qu’il craignait de recevoir un pruneau entre les deux yeux !!! je suis à peu près certain qu’il a fait de” l’huile dans sont caleçon “. Tous ces faux culs de la politique française ont eu une chance incroyable… de ne pas se prendre une bombe ce jour là. Et Valls, roquet de la République plus que jamais!!! il n’aura jamais autant aboyé dans le vide. Ce qui donne envie de pleurer vraiment, ce sont les quelques français qui croient encore en ces gens là. Une évidence se précise, il va se passer des choses graves à court terme. Si vraiment le peuple français est décidé pour le changement, c’est maintenant ou jamais qu’il faut se rassembler…

  • castillo , 14 janvier 2015 @ 19 h 09 min

    C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je vous regarde dans l’émission i-média, depuis presque un an, je suis un fidèle de TV Libertés et je fais la même analyse qui consiste à dire que ce qui s’est passé, était prévisible et il est certain que cela va recommencer, plus de 3500 tweets en faveur des terroristes, des classes dont les élèves refusent la minute de silence ou approuvent les actes des djihadistes mais apparemment, çà n’interpellent pas parce qu’il faudrait revoir la politique d’immigration et çà ne plait pas au grand patronat, voilà, à mon sens, ceux qui sont les vrais responsable de cette politique suicidaire.

  • Apt , 15 janvier 2015 @ 23 h 57 min

    Moïse Ostrogorski faisait remarquer (il y a 110 ans déjà !) que lorsque le paysage politique se fige, c’est toute la société qui finit par reproduire ses divisions à tous les étages. Ainsi les postes de fonctionnaires, des juges, les conseils de direction, les médias, etc., ne sont plus distribués sur le mérite ou sur l’adhérence à un projet, mais sur le fait d’être encarté dans un parti représentant. C’était criant en Belgique et aux Pays-Bas, avec la “pillarisation”. Et vous trouvez cela une bonne chose !

    Pourtant, les accords de non agression entre partis opposés sont le meilleur moyen de permettre la gangrène, les arrangements de couloir et la rupture finale d’avec le corps constituant : “le poisson pourrit par la tête”. Ce qui fait que même la RP intégrale peut produire un paysage politique où les dissensions ne sont pas représentées (ce que nous voulons si nous sommes démocrates). Ce qui ne laisse en effet que la stratégie non-parlementaire…

    Le biotope de la terre ne sera pas sauvé par la RP ou autre chose, mais par un système politique qui affirme que tous les hommes sont pécheurs, et qui, par le pouvoir des mots, exige des serviteurs de l’État qu’ils transcendent les partis.

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