Manifeste de lancement de l’opération « 800 jours pour convaincre »

La France est à un tournant de son histoire, elle doit faire face à des défis inédits qui conditionnent son existence en tant que nation et déterminent le modèle de civilisation qu’elle entend promouvoir. Si rien n’est fait pour endiguer la situation où elle se trouve, la France pourrait, dans les décennies qui viennent, sortir de l’histoire et basculer dans le chaos.

Notre pays doit d’abord affronter une vague migratoire sans précédent dans son histoire. Terre d’accueil, la France a toujours constitué un carrefour culturel entre l’Europe du Nord et le bassin méditerranéen, et son identité s’est forgée au cours de l’histoire, par de multiples apports successifs, qu’il s’agisse des invasions vikings en Normandie, de l’occupation anglaise du Sud-Ouest pendant la guerre de Cent ans, ou encore de la Renaissance italienne qui a laissé de profondes traces dans notre patrimoine culturel.

Mais, à chaque fois, ces influences successives finissaient par s’incorporer à l’héritage national en lui apportant le meilleur d’elles-mêmes. D’abord parce que le fonds culturel était le même, l’immigration provenant avant tout du monde indo-européen. Ensuite parce que nos gouvernants, qu’ils fussent rois ou présidents, ont toujours eu à cœur l’unification politique et culturelle de notre territoire qui, sans eux, n’aurait jamais constitué une nation. Ce fut la lente et saine obstination des Capétiens, poursuivi et accéléré jusqu’à nos jours par les Républicains. Enfin, parce que le nombre de migrants n’avait, jusqu’alors, jamais bouleversé les équilibres démographiques de notre pays, au point de compromettre sérieusement le succès de toute entreprise d’assimilation.

Aujourd’hui, l’immigration extra-européenne amène sur notre pays un nombre de plus en plus important de personnes ne partageant pas le fonds judéo-chrétien de notre nation. Le phénomène s’accélère au point de n’être plus contrôlé par les pouvoirs publics. Victimes d’une idéologie mondialiste les conduisant à perdre le sens de la nation, nos dirigeants ont renoncé à vouloir assimiler les minorités à nos cultures et nos traditions, pour se complaire dans un « vivre ensemble » incantatoire, artificiel et vide de sens. Ce renoncement mortifère, qui conduit tout droit au multiculturalisme, prend une tournure d’autant plus grave que notre pays, profondément divisé depuis 1789, ne s’est toujours pas réconcilié avec son histoire et n’arrive pas à assumer une identité traumatisée par l’hécatombe de la Première guerre mondiale et culpabilisée par le régime de Vichy et l’héritage colonial.

À terme, c’est l’existence même de notre nation qui pourrait se trouver en péril si l’on continue à ignorer ces tensions culturelles et à invoquer, pour seul rempart, une laïcité devenue le sombre visage du nihilisme. Car, dans son acception actuelle, la laïcité ne signifie plus la non-immixtion de l’État dans les affaires des cultes, elle est devenue une religion négative prohibant tout héritage religieux dans l’espace public. Ce faisant, elle devient un facteur de déculturation qui accroît le malaise identitaire des Français qui ont le sentiment d’être dépossédés de leur histoire au profit d’un grand magma culturel informe.

Au-delà même de notre identité, c’est l’héritage de notre civilisation qui est en jeu, et avec elle, les principes universels qu’elle tire du Christianisme : l’égale dignité de toute personne humaine, le sens de l’altérité conjugale, la monogamie familiale, la liberté de conscience et d’éducation des enfants, la défense des plus fragiles, le sens du sacré et la recherche de la vérité. C’est ce socle commun, foulé aux pieds par l’actuelle majorité, qui doit être préservé et sauvé.

Le deuxième défi est d’ordre institutionnel. Notre pays doit retrouver des pans entiers de sa souveraineté trop facilement cédés à une Europe technocratique vidée de sa substance, et assumer pleinement les tâches d’un État régalien : diplomatie et défense à l’extérieur, sécurité et justice à l’intérieur. Cela suppose de respecter rigoureusement un principe de bon sens qui veut qu’une décision se prenne au plus proche des personnes auxquelles elle a vocation à s’appliquer. C’est ce principe de subsidiarité qui doit guider la réforme de l’État dans son rapport avec les régions, départements et communes d’un côté, et avec l’Europe de l’autre côté. De même, l’État doit cesser de s’appeler “Providence” en voulant pourvoir à tous les besoins, pour se recentrer sur ses missions régaliennes, ce qui permettra d’alléger le poids de la dépense publique.

C’est enfin sur le plan économique et social que des décisions doivent être prises. Dans ce domaine, il n’y a plus de place pour des demi-mesures car le besoin de réformes se fait cruellement sentir. Certes, nous n’affirmons pas, comme les penseurs matérialistes, que l’économie constitue l’unique clé du redressement national. La réforme est d’abord « intellectuelle et morale » pour paraphraser Renan ; elle est même spirituelle, si l’on part du principe que l’homme, – n’en déplaise à Marx -, ne se réduit pas à 80 kg de matière. Cependant, on ne pourra pas garantir les conditions d’une authentique renaissance sans mettre en œuvre un certain nombre de réformes clés permettant de retrouver le chemin de la prospérité et de garantir le plein-emploi. Cela passe par une réforme fiscale de grande envergure, un assouplissement du code du travail, une maîtrise des dépenses publiques, ainsi qu’une plus grande liberté accordée à tous les corps intermédiaires (entreprises, associations, etc…) dans lesquels se déploient la singularité de chacun et le génie collectif de tous.

Héritière d’une civilisation, la France doit donc aussi être capable de se réformer en profondeur : le progrès doit se déployer dans le respect de nos traditions, et l’initiative s’enraciner dans la fidélité à nos valeurs.

Il est malheureusement à craindre que ces réformes, que la France attend depuis 40 ans, ne seront pas menées à leur terme, sans une initiative de notre part pour les promouvoir. Victimes de leur consanguinité intellectuelle, les élites politiques s’enferment en effet dans une pensée qui, faute d’être nourrie par une vision spirituelle de l’homme et de la société, en est réduite à promouvoir des arrangements de court terme, fruits des rapports de force électoraux, qui ne parviennent pas élever le débat public au niveau où le requiert le bien commun de la nation. Or, plus que jamais, la France a besoin de réformes cohérentes qui s’inscrivent dans une vision de long terme et transcendent les clivages politiques et les compromis d’hémicycle.

C’est pourquoi, nous voulons peser sur les futurs candidats à la Présidentielle en publiant, chaque mois jusqu’en 2017, les contours d’une réforme-clé dont la France aurait besoin pour se redresser. Près de 800 jours nous séparent de l’élection présidentielle. C’est à la fois beaucoup et rien du tout. Nous voulons utiliser au mieux ce temps pour participer à la bataille des idées et rallier un maximum de nos concitoyens à nos thèses. Tel est le sens de l’opération « 800 jours pour convaincre » que nous lançons aujourd’hui.

Réunis au sein du collectif Phénix, issus de la société civile comme du monde politique, nous sommes animés par la volonté de faire sortir la France de sa léthargie actuelle, comme le Phénix renaît de ses cendres. C’est l’amour seul de la France qui est le moteur de notre engagement et explique l’espérance confiante que nous plaçons dans sa destinée. « L’avenir est quelque chose qui se surmonte » disait Bernanos. « On ne subit pas l’avenir, on le fait ». Tel est le sens de notre action.

Charles Beigbeder
Charles Millon
Julie Graziani
Anne Lorne

> le site du collectif Phénix

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16 Comments

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  • Jean Dutrueil , 12 mars 2015 @ 11 h 34 min

    @ collectif Phénix,

    Superbe déclaration, il n’y a absolument rien à redire sur le fond, et cela fait vraiment plaisir de voir des gens composant ce collectif être animés par une très grande lucidité et d’enfin parler vrai…

    De simples petits détails:

    – le mariage monogame, la distinction homme-femme, etc existaient déjà sous la Rome antique, le christianisme naissant reprendra ces belles valeurs et les diffusera notamment dans la partie nord de la France (et de l’Europe) mais elles existaient déjà.

    Rappeler que nos racines sont aussi gréco-romaines me semble important.(cf la fameuse phrase de De Gaulle sur l’identité française qui est judéo-chrétienne mais aussi gréco-romaine)

    – le collectif semble dénoncer uniquement la gauche au pouvoir, pourtant le mandat de Sarko a aussi été catastrophique, depuis 40 tous les politiques sont nuls, Marine Le Pen compris, (pour cette dernière n’arrivant pas à capter l’abstention qui est le premier parti de France)

    – il est me semble-t-il crucial de rappeler le choc démographique pour pouvoir y répondre.

    Les françaises de souche ne font plus que 1,6 par femme, insuffisant pour le renouvellement des générations qui requiert au minimum 2,1 enfants par femmes.

    Or c’est ce manque d’enfant qui est la première cause du chômage et de l’impôt et non l’état providence (bien qu’il n’aide pas non plus)

    Pourquoi?

    Tout simplement car nous avons trop de vieux à la retraite (majoritairement français de souche à soutenir) qui est le premier budget social (300 milliard d’euros par an) devant l’immigration (84 milliards) puisqu’il n’y a pas suffisamment de jeunes blancs pour les remplacer dans le tissu économique.

    A ce problème, comment les politicards réagissent?

    Par l’immigration africaine dont la démographie explose passant de plus de 200 millions dans les années 60 à 1 milliard aujourd’hui et à 3 milliards en 2030.

    Or le remplacement de population ne fonctionne pas car il part du postulat que tous les hommes sont similaires alors que la réalité nous montre que “les africains ne sont pas des pauvres petits européens à la peau noir mais des peuples autres” (Bernard Lugan)

    Donc la majorité de ces migrants de l’aveu même de l’Insee n’arrivent pas à intégrer le tissu économique français: 6 sur 10 en age de travailler ne travaillent pas, devenant un poids colossal supplémentaire pour la France (84 milliards d’euros par an! chiffre qui ne fait que croitre avec l’immigration)

    La raison du chômage et de la hausse des impôts se trouvent dans ce choc démographique et ethnoculturel structurel, cause majeur de l’effondrement de notre pays, cause majeur aussi de l’islamisme et du communautarisme.

    Donc quelles solutions?

    1) revigorer la démographie des français de souche en a) reconsolidant les mariages b) en interdisant l’avortement

    2) en enclenchant des politiques de remigrations ( le trop plein d’immigré devant revenir en Afrique) :

    a) en coupant les allocs, sources premières de leur venue et de leur maintient

    b) en privilégiant systématiquement les français de souche aux extra-européens pour les emplois (les élites immigrées doivent ouvrer d’abord dans leur pays et non dans le notre ou il y a par exemple plus de médecins gabonnais qu’au Gabon, vrai cause, entre autre, de la tragédie Ebola)

    c) en démantelant toutes les structures étatiques trop chères dans les zones à trop fortes immigration

    Toutes ces mesures créant un étranglement financier des migrants qui permettra le retour.

    3) Puis via notre diplomatie, nos armées et nos services secrets: imposer au dirigeant africains des politiques d’implosion démographiques à leurs population à l’instar de la Chine qui a su briser sa courbe exponentielle.

    Nous comprenons que ces mesures de bon sens ne se feront pas avec des bisous mais avec le temps (ces mesures doivent être appliquées sur une durée constante d’au moins 40 ans), la force, la puissance et une certaine dose d’impérialisme que nous devront assumer sans aucun état d’âme.

    Pour finir le constat du collectif est, je le répète, extrêmement bon, et cela fait du bien de lire des gens aussi lucides animés par le bien commun.

    Néanmoins ce constat beaucoup l’ont déjà fait, je pense entre autre à l’économiste Gérard Pince, à africaniste Bernard Lugan, au haut fonctionnaire Maxime Tandonnet, au géopoliticien Aymeric Chauprade, à l’historien Philippe Conrad, au chroniqueur Eric Zemmour…

    Maintenant plusieurs d’entre nous doivent passer au stade supérieur, mettre sa peau de ce constat sur la table en se sacrifiant, en faisant tout pour arriver au pouvoir et imposer les solutions de bon sens.

    Influencer comme le souhaite le collectif Phoenix est extrêmement louable, et aucun acte même de peu d’importance à l’instar d’écrire un commentaire 🙂 n’est anodin contre le Système.

    Mais cela devient insuffisant.

    Désormais il nous faudra des hommes et des femmes qui veulent imposer par tout moyens ces solutions, les concrétiser politiquement, animés par une grandeur d’âme imprégnée du fameux adage de César: “vaincre ou mourir”.

  • François2 , 12 mars 2015 @ 11 h 54 min

    Il faut d’abord supprimer toute notion d’immigration. c’est possible avec “Remplacer les immigrés par des expatriés” sous-titre du petit livre “Les politiques doivent sauver la France” aux Editions des Cimes (tapez et vous verrez la 4e de couverture). Ce livre dont aucun journal (de droite comprise) ne veut parler et que le FN ignore. Après 2017 ce sera trop tard.

  • Jean Dutrueil , 12 mars 2015 @ 13 h 23 min

    @ François2,

    Merci beaucoup pour l’indication de votre livre dont j’ai lu sa fiche sur internet et qui semble absolument intéressant.

    1) A titre personnel je ne se suis pas pour que tous les expatriés reviennent pour la simple et bonne raison qui sont les relais de notre puissance et de nos intérêts économiques et stratégiques.

    2) Néanmoins si nous souhaitons que tout ou partie d’entre reviennent, il faut comprendre qui ils sont et pourquoi ils partent.

    100 000 expatriés quittent définitivement le pays. 20 000 sont des retraités et 80 000 sont des jeunes élites surtout des mâles blancs très diplômés.

    Ces derniers sont les plus précieux pour la nation car ils incarnent l’élite.

    Leur motivation est d’abord économique visant à fuir un impôt colossal et une économie sclérosée puisque les premières destinations sont Londres et les USA mais aussi identitaire car les secondes sont l’Europe de l’ est (surtout la Hongrie), l’Australie et la Nouvelle Zélande.

    Donc pour qu’ils reviennent, il faut enclencher les politiques de Remigration qui apporteront la sécurité identitaire et l’allégement du poids des allocs.

    3) Pour l’arrêt de l’immigration, il faut s’inspirer de la politique australienne du refoulement systématique des immigrés illégaux en provenance d’Indonésie

    Bien à vous

  • Pascal , 12 mars 2015 @ 14 h 56 min

    « … le fonds judéo-chrétien de notre nation. »

    Pourquoi judéo-chrétien ? Certes le christianisme est cette formidable synthèse qui a adapté le judaïsme à Rome et à Athènes en retenant ce qu’il avait de meilleur dans les trois, mais alors pourquoi pas helléno-chrétien, romano-chrétien, hélléno-romano-chrétien ou helléno-judéo-romano-chrétien ?

    Il me semble que chrétien se suffit à lui-même. On peut pour préciser tel ou tel aspect ajouter l’un des autres épithètes ou l’ensemble si l’on veut être exhaustif, mais ne retenir systématiquement que « judéo » peut faire penser qu’on l’utilise dans le sens d’une opposition à l’hellénisme ou à l’humanisme. Je ne pense pas qu’il s’agit de l’intention des auteurs du texte.

  • Laurent , 12 mars 2015 @ 18 h 01 min

    @ JD : Personnellement, je suis l’un de ces ”mâles blancs très diplômés”, partit pour le Canada (150 000 Francais ici, contre 130 000 aux USA que vous cité comme l’un (le ?) des plus gros).

    Perso, payer des impôts, je m’en fout, ce que je veux d’abord, c’est un boulot. Et j’ai trouvé ici, alors que je trouvais pas en France.
    Je suis jeune, les impôts, je connais pas/peu; donc je m’en tape. Je changerais d’avis certainement dans 10 ans quand je verrais 20-50% de mes revenus partir dedans.
    Et je fuis aussi la démotivation et l’absence d’avenir.

  • Laurent , 12 mars 2015 @ 18 h 15 min

    Je ne crois pas que la différence culturelle soit un soucis. Je pense même qu’avec nos moyens de communication de masse, l’empire culturel Américain, notre histoire, nous avons aujourd’hui énormément en commun avec l’Afrique du Nord. Je crois que le clivage culturel était plus important ces derniers siècles, quand on voyait des vallées voisines parlaient des langues différentes, avoir des rites différents, et ne pas du tout se connaitre, et ne pas voir souvent d’étranger (comprendre des gens vivant à plus de 20 km), voir des Italiens débarquer devait faire un choc culturel bien plus important qu’aujourd’hui avec les Arabes.

    Le gros soucis, c’est le nombre. Si on aurait 6 000 000 d’Allemands ou d’Asiatiques, ça serait pareil. La preuve pour moi, c’est qu’on a eu une immigration importante d’Indochinois, qu’il y a aussi pas mal de Chinois, alors que ces personnes ont une base culturelle bien plus éloignée de nous que celle des Arabes (monothéistes, ayant connu l’empire Romain, mathématiques, croisades, contes, colonisations, guerres mondiales, un AraboFrancais parlé par leurs jeunes chez eux), sans problème majeur.

    Le fait qu’il y ait une communauté si importante qu’il est envisageable de changer l’ordre des choses fait qu’on voit nos différences en gros plan. Ces différences avaient un impact mineur dans les années 60, au tout début, alors que leur nombre était ”raisonnable”.

    Il faut diminuer un peu l’immigration, mais surtout, surtout, diversifier, pour rendre impossible la constitution d’une seconde communauté pouvant contester la communauté Française et donc obliger par ce fait l’intégration des communautés étrangères dans la communauté Française.

  • Parole , 13 mars 2015 @ 9 h 16 min

    Jean Dutrueil

    Excellent ….je suis d’accord avec votre analyse, mais je ne vois pas comment les politiques actuels peuvent changer la donne …c’est pas compliquer .je ne sais plus pour qui voter !

    La 1ère chose à faire c’est de fermer les frontières et ne plus financer les mosquées et même les interdire sur notre sol !

    Quel gouvernement serait capable de le faire ??? Et bien aucun!

    Donc nous allons droit dans le mur et en 2020 la France sera musulmane, avec califat arabe, grasse à la république qui aura permis à un état théocratique d’imposer sa vision.

    C’est un cauchemars en marche que je ne vois plus comment éviter.

    Juppé est allé chercher des voix dans les cartiers sensible il permet aux mosquées de s’établir sur sa circonscription ……Des laïques qui vendent les églises aux musulmans pour en faire des mosquées ….Quand la folie est au pouvoir tout peut arriver ….ça se terminera par une guerre de religion avec beaucoup de sang comme d’ab !

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