Cohérence

Tribune libre d’Éric Martin*

Alors que le Gouvernement a décidé l’accélération du calendrier parlementaire et l’examen en seconde lecture par l’Assemblée nationale dès le 17 avril, que l’adoption définitive par le Parlement pourrait donc, finalement, avoir lieu bien avant la Manif pour Tous du 26 mai, l’ambiance se tend. « Hollande veut du sang, il en aura !” a réagi Frigide Barjot peu après l’annonce, “au bord des larmes”, précise l’AFP. Le député Philippe Gosselin se demande sur Twitter si le gouvernement veut une “guerre civile”. Quant au chef de file des députés UMP, Christian Jacob, il estime vendredi que “le président de la République prend le risque d’une confrontation violente avec les Français”.

Pour ma part, et j’en suis le premier étonné, je suis calme. Je ne place aucun espoir dans un renonciation de François Hollande à promulguer le texte ou dans une saisine du Conseil constitutionnel. Je pense maintenant que le texte de la loi Taubira va passer. Je me suis battu et je vais continuer de me battre, mais de mon modeste point de vue, sauf intervention divine, c’est plié. Ne serait-ce que vu le peu d’intérêt provoqué par des initiatives simples, légales mais radicales et vraiment gênantes pour le pouvoir en place comme le vidage du Livret A à plusieurs centaines de milliers en simultané. Sans doute, le combat était-il d’ailleurs perdu depuis longtemps, la “culture”, notamment celle servie à haute dose aux jeunes, étant presque totalement acquise aux revendications homosexuelles. Entre autres.

Au fond, j’ai presque de la peine pour les militants LGBT qui croient sincèrement qu’ils vont pouvoir se marier cet été. Comme si l’existence du mariage ne précédait pas celle de l’État, comme si le mariage avait besoin de l’État pour exister. Le mariage est, point. Sa définition ne dépend pas de l’État. Jamais des personnes du même sexe pourront se marier. Elles auront tout au plus l’illusion de se marier, illusion donnée par l’État, certains médias, les proches, etc. Comme dans Matrix. Illusion presque parfaite. Des parodies homosexuelles (en attendant les polygames et ce qui suivra !) de mariage seront organisées et vous, chers lecteurs, vous aurez la chance de savoir que c’est faux. Comme dans la caverne de Platon, il ne fait pas bon avoir vu l’extérieur et en parler, il sera socialement de plus en plus complexe de partager ce que vous savez. Dangereux, même ! En effet, les militants LGBT se protègent de la vérité avec des mécanisme proches de la paranoïa : si vous ne reconnaissez ce qu’ils croiront être leur “mariage”, vous serez jugés “homophobes”, ils penseront que vous leur voulez du mal, que vous voulez les brûler ou les tuer. Vous tuer (au moins socialement, économiquement, politiquement…) relèvera donc quasiment de la légitime défense.

Il n’empêche que le vote de ce texte va avoir, pour moi, des conséquences graves. Je vous le dis franchement, je ne me vois pas vivre dans la “France” de l’après loi Taubira. En effet, je considère n’avoir aucun point commun avec un partisan de la dénaturation du mariage, donc de la PMA, donc de la GPA donc du grand n’importe quoi, de la défaite de la pensée et de la destruction de ma civilisation. Je le mets sur le même plan qu’un djihadiste musulman qui veut imposer la charia à mon pays. Clairement, je ne pense pas pouvoir cohabiter avec lui. Comprenez-moi : bien qu’il n’en a peut-être pas conscience, il veut détruire ce que mes ancêtres ont patiemment construit au nom de concepts fumeux comme la théorie du genre ou le sens de l’Histoire, m’ont transmis et que je tente modestement de ne pas trop abîmer… avec mon argent, en mon nom et en m’impliquant parfois de force – si je suis maire par exemple ! Au contraire, Internet me permet de me sentir très proche d’Américains, de Russes, de Polonais, d’Italiens conservateurs, qui affrontent les mêmes problématiques et la même oligarchie mondialiste.

En tant que chrétien, je hais le péché, c’est-à-dire les actes que ma conscience n’approuve pas. Sans doute pas assez pour prétendre à la sainteté mais mes parents m’ont appris à aimer mon prochain comme je déteste le péché. J’essaye donc de détester le plus possible le péché pour aimer du mieux que je peux le pécheur (que je suis également et à qui je ne nie pas le droit de pécher, attention, je ne préconise pas la théocratie !). Mais, en 2013, je vis dans une société qui me force à payer l’avortement de ma voisine, qui élit des représentants qui décident que le ciel est rouge et pas bleu, ou plutôt qui décident que le mariage peut unir deux personnes du même sexe, qui utilise mes impôts pour financer le lobby homosexuel, etc. Bref, une société qui légalise le péché. L’institutionnalise. Et, comble de la perversion, me force à payer pour les péchés des autres et mon voisin pour les miens. Cela ne devrait malheureusement pas s’améliorer : ainsi, Romero veut que je paye ses capotes. Pour l’instant. Demain, ça sera peut-être sa vaseline et son poppers. Jean-Luc fait ce qu’il veut avec qui il veut (tant qu’il est majeur, consentant et que ça n’a pas lieu chez moi ou à ma vue) mais me demander d’y participer (même financièrement) donc d’approuver, c’est quelque chose que je ne peux pas accepter. Malheureusement, l’État-providence ne me laisse pas le choix. Par cohérence avec mes convictions, je pense donc devoir quitter l’État-providence. Le problème, c’est que je n’ai pas le droit sans quitter le territoire de la France. Ou plutôt de l’entité qui porte (abusivement, jugeront certains) ce nom. Il se trouve que je suis loin d’être le seul. Avec une amie, j’ai donc décidé de présenter ce week-end aux lecteurs de Nouvelles de France un projet complètement fou mais parfaitement sérieux. J’attends vos critiques avec impatience !

*Éric Martin est le rédacteur en chef des Nouvelles de France.

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109 Comments

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  • 0 / 10
  • Le Cornec , 12 avril 2013 @ 21 h 06 min

    Cher Monsieur Martin,

    Comme je vous comprends ! J’approuve entièrement ce que vous écrivez et je sais que vous irez au bout de vos convictions. C’est vrai que nous vivons des temps extrêmement ténébreux et vous avez
    raison de haïr le pêché, tout en aimant le pêcheur. Heureuse de vous l’entendre proclamer haut et fort.
    J’attends avec un grand intérêt de connaître votre projet.

  • Luc Ruy , 12 avril 2013 @ 21 h 09 min

    Moi aussi !

  • Charles , 12 avril 2013 @ 21 h 11 min

    Eric ,je vous comprend.
    Votre position ne me choque pas.

    je pense qu’il faut considerer 2 reponses a cette nouvelle dictature
    qui ne fera que s’aggraver dans les années a venir:

    Reponse no1: Pour les moins de 50 ans;PARTIR.
    Partir meme loin,tel que le Canada.
    Vous resterez en contact avec les autres par votre blog

    Reponse no 2 : Pour ceux qui reste,passer en autarcie.
    Se coopter en résistant en dehors des grandes villes.

    Ces 2 reponses se completent.

    En 2014,il y aura les elections municipales et europeennes.
    Ce sera la derniere chance.

    Si les bullots qui votent encore UMPS (ou blanc ou s’abstiennent)
    refusent d’ouvrir les yeux alors,il y aura une seconde vague de departs

  • alain , 12 avril 2013 @ 21 h 16 min

    Dans l’article du monde de samedi il y a 2 semaines la page 3 sur la radicalisation des militants UMP

    Des députés UMP sous pression.

    “Un climat forcément propice aux dérives vers les extrêmes et qui inquiète les élus”

    Les militants UMP demandent chaque jour à Philippe Gosselin – UMP Manche -d’être plus offensif, de tirer dans le tas (ils causent comme moi les bougres (c’est cela la radicalisation)

    Aujourd’hui Le député Philippe Gosselin se demande sur Twitter si le gouvernement veut une « guerre civile ». (voir plus haut)

    Est-ce qu’il aurait écrit cela il y a 3 mois ? il y a 1 mois ?

    La radicalisation est un processus dynamique ! qui est loin d’être fini

    Ce qui est presque impensable aujourd’hui le sera demain.

  • Dogann , 12 avril 2013 @ 21 h 17 min

    Votre projet m’intéresse. Je suis impatient. J’étais déjà en train de regarder la liste des pays où je pourrais me voir vivre, mais je suis sûr qu’il y a d’autres moyens. Nous sommes nombreux à vouloir une autre France. Ne pouvons nous pas constituer un Etat français… hors-sol ? En mutualisant nos moyens et ressources ?
    Je me souviens d’amis mormons, très militants, qui me disaient que leur Eglise remplaçait (et donc se substituait) à la sécu ou aux mutuelles gouvernementales. Sur la force de leurs convictions, il se passait de l’Etat.

  • alain , 12 avril 2013 @ 21 h 22 min

    quitter la France c’est juste un fantasme.

    concrètement c’est parfaitement inutile tous les pays occidentaux sont logés à la même enseigne.

    c’est cela aussi le résultat de la mondialisation et de la prise de pouvoir de l’hyperclasse mondiale qui applique partout la même politique car elle a les mêmes “valeurs”

  • Telplit , 12 avril 2013 @ 21 h 22 min

    Bonsoir Charles,

    “Les bulots qui votent UMPS, blanc ou s’abstiennent”. Mais alors pour qui votent ceux qui ne sont pas des bulots? Vous ne croyez quand même pas que le salut viendra du FN?

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