Baroud d’honneur… ou bras d’honneur ?!?

Tribune libre de Christian Vanneste*

Un journaliste à qui je confiais que c’était l’honneur qui m’avait conduit à me présenter à l’élection législative parut étonné : « mais n’est-ce pas pour gagner ? » me demandait-il.

Bien sûr, on préfère l’emporter et agir, faire passer les idées que l’on a travaillées depuis des années. Mais, pourquoi ne pas l’avouer ? J’ai accueilli ma spectaculaire défaite comme une libération, et c’est pourquoi je ne l’ai accompagnée que d’un communiqué préparé depuis plusieurs jours, et sans commentaire : « seul le silence est grand », comme disait Alfred.

Dimanche prochain, je n’irai pas voter. Je goûterai aux joies de l’urne buissonnière, histoire de ne pas mêler ma voix à celles de ces chers concitoyens qui ont accordé plus d’importance à trois lettres dénuées de sens et de valeurs qu’à des années de présence, d’attention, d’écoute et de réponses : deux personnes sauvées des geôles tunisiennes et marocaines, ces derniers mois, par exemple.

Si l’un de nos chers anciens ministres vient à passer pour le second tour, je n’irai pas l’accueillir. C’est vrai qu’ils ne se sont pas pressés dans ma circonscription ces dernières années : « on ne va pas chez Vanneste, celui qui ne manque pas une occasion de rappeler qu’on est mauvais, qu’on n’a pas fait les réformes nécessaires et qu’on en a fait un tas d’inutiles. On ne va pas chez Vanneste, cet ‘homophobe’, encore plus insupportable quand il a raison, qui nous brouille avec nos généreux donateurs et tant de nos amis ».

Franchement, ce n’est pas parce que la gauche française est totalement à côté de la plaque pour rétablir notre économie et assurer notre sécurité qu’il faut crier au génie après les 5 ans qui viennent de s’écouler.

Notre industrie s’est effondrée. Notre commerce extérieur bat la chamade. On n’a pas osé la TVA Sociale !

Notre sécurité n’est pas mieux assurée aujourd’hui qu’hier malgré d’audacieuses jongleries statistiques. Les effectifs de police et de gendarmerie diminuent alors qu’on avait clamé leur augmentation en 2002 !

Notre éducation perd sa moyenne faute de moyens, après le passage d’un ministre assez incompétent pour prendre la théorie du « genre » pour une thèse scientifique.

Nos retraites ne seront plus assurées à l’horizon 2017, faute d’une véritable réforme structurelle comme celle des comptes notionnels suédois.

Nos dépenses publiques représentent 56% du PIB, signe évident d’un état socialiste après 10 ans de droite ! Les prélèvements obligatoires, la dette et le chômage sont à la hausse après 10 ans de majorité libérale ou prétendue telle.

Notre maîtrise de l’immigration à coups de trompette et de sabre de bois se révèle une passoire arbitraire et aléatoire, entre polémiques stériles et décisions contradictoires : chacun peut constater à chaque feu rouge que tous les chemins des Roms mènent chez nous et que l’État est totalement impuissant.

Quant à l’Europe, paradis des fonctionnaires inutiles et cauchemar des peuples, elle ne cesse de vieillir et de s’affaiblir. Entre fourmis du nord et cigales du sud, à la fois atelier de luxe et marché ouvert à tous les vents, elle oublie sa culture et son histoire, elle substitue à l’idéal politique et moral du lendemain de la guerre, le tableau désenchanté des chiffres et des euros. Elle va de crise en crise chercher un avenir qui est derrière elle et ne lui appartient plus.

5 ans d’immobilisme, façon Chirac et 5 ans de gesticulation brouillonne, façon Sarkozy sous le regard étrangement vide et les propos parfois réprobateurs du collaborateur-Premier ministre Fillon : qui oserait dire que le résultat est mirobolant ?

La seule chose qui sauve cette droite qui n’en est pas une, c’est la crainte que suscitent chez ceux qui « ont travaillé plus pour gagner plus », et qui ont quelques biens à défendre, l’irréalisme et la démagogie de la gauche.

Quel beau pays que celui où l’on préfère Charybde pour ne pas tomber en Sylla, terreurs des Grecs de l’antiquité… Tiens, déjà les Grecs ?!?

Dimanche prochain, je ne choisirai ni l’un, ni l’autre, ni l’apparatchik socialiste du conseil général, ni l’apparatchik UMP que j’ai installé à Tourcoing et présenté à Xavier Bertrand. J’ai trop de respect pour la politique d’abord et pour ceux qui exercent un vrai métier et possèdent une véritable expérience ensuite, pour accorder ma voix à l’un ou à l’autre. Dimanche dernier, c’était le baroud. Dimanche prochain, ce sera le bras !

*Christian Vanneste est l’ancien député de la 10e circonscription du Nord. Il a été battu au premier tour.

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7 Comments

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  • 0 / 10
  • Catholique & Français , 12 juin 2012 @ 12 h 24 min

    Bravo et merci, monsieur Vanneste, vous avez été l’un des très rares députés courageux, dignes et honorables de ce début de XXI° siècle; je ne partage probablement pas beaucoup de vos convictions mais je vous respecte profondément. Je vous souhaite un bon repos, en espérant toutefois vivement que vous serez présent au premier rang lorsqu’il s’agira de reconstruire notre pauvre France.

  • Ah ah ah , 12 juin 2012 @ 13 h 12 min

    Bien sûr, bien sûr.
    Mais vous avez les mêmes arguments que le haife haine ? Rooohhhh, pas bien ça !!
    Mais alors, pourquoi leur avez-vous fait ce même geste du bras pendant des années aux électeurs du haife haine ?
    Ne soyez pas surpris qu’eux-même vous rendent la pareille.

  • Ghalloun , 12 juin 2012 @ 21 h 58 min

    Bravo M. Vanneste. La France a besoin des rares hommes et femmes politiques qui sont dans le réel, ont du courage et sont près du peuple. Vous me manquerez. Au moins, vous aurez le repos du guerrier. Je serai honoré si vous venez sur mon petit blog commençant.

  • Tardiveau , 13 juin 2012 @ 8 h 49 min

    Ouvrez la “troisième voix” de la droite (pour autant que l’UMP défende des valeurs de droite). Je vous assure que nous serons très nombreux à vous suivre. Malheureusement je crains que les médias ne soient trop contents d’aider UMP et PS à vous couper les ailes.
    Merci d’avance de continuer le combat au niveau national.

  • Pierre Decaillet , 13 juin 2012 @ 8 h 55 min

    – La politique est l’ensemble des procédés par lesquels des hommes sans prévoyance mènent des hommes sans mémoire.
    (Jean Mistler, Bon Poids)

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