Défense de Lorànt Deutsch

Tribune libre de Super Résistant pour Nouvelles de France

« Ceux qui ne frissonnent pas à l’évocation du baptême de Clovis et de la fête de la fédération de 1790 ne comprendront jamais l’histoire de la France. »

Marc Bloch

Un journaliste de Rue89 crie à la contre-révolution en lisant le brûlot réactionnaire et antirépublicain du maurassien Lorànt Deutsch. Heureusement qu’il est là. Le réseau catho-monarchiste avait déjà fait son œuvre : on lisait dans l’hebdomadaire ultramonarchiste Téléréma que ce livre était une “prouesse”, qu’il était même “ultra-pédagogique”; rapidement le journal des partisans du Comte de Chambord, Libération, disait du pamphlet qu’il est “un récit enlevé de l’histoire de France vue de Paris, entre vulgarisation et effluves d’une réelle érudition”. Le sommet était atteint lorsque Le Nouvel Obs, porte-parole quasi-officiel du tout-Paris légitimiste, juge que le Métronome était “un pavé d’une science impressionnante”. Rue89 se devait de réagir, alors que ce livre de propagande était adapté à la télévision par le service public, pour sauvegarder les acquis de la Révolution comme il le fait à chaque fois que l’occasion se présente (préservation de la souveraineté populaire et nationale, lutte contre les communautarismes, défense du principe de laïcité ou de la liberté d’expression,etc…). Car oui, l’heure est grave, un ouvrage traite d’histoire, de la nôtre, et a l’effronterie d’être plusieurs fois best-seller. On se croyait pourtant bien débarrassé de cette manie qu’a ce peuple imbécile d’être passionné par son Histoire. On nous avez pourtant bien dit qu’elle était répugnante, misogyne, antidémocratique, antiégalitaire, esclavagiste, génocidaire, collaborationniste… On ne devait plus aimer l’Histoire de France, ne plus jamais en être fier. On devait présenter cette histoire de manière terne, morte et stérile, de manière scientifique, pour réserver son apprentissage à des germanopratins gauchistes, peu suspects d’amitiés contre-révolutionnaires. Et ce Deutsch, fils d’immigré hongrois, osait nous refaire le coup de Michelet ! Le coup du roman national ! Intolérable.

“Ce qui est mis à bas, c’est l’action patiente des historiens de terrain et des éducateurs populaires qui, depuis des décennies, interviennent en milieux scolaire” nous dit William Blanc, historien. Certes, mais une action qui a rapporté quoi ? Une haine de la France (à force de dire aux populations immigrés que la France fut esclavagiste, au lieu de rappeler les marchands d’esclaves musulmans ou d’évoquer le fait que durant le Moyen Âge l’esclavage fut prohibé dans cet horripilant pays dont je suis fier d’appartenir) ? Au mieux un désintérêt pour elle.

Rue89 nous rappelle que ce livre est rempli de fautes et manque de rigueur historique. Des exemples ? Attention, on va vous en donner. Lorànt écrit dans le Métronome illustré ceci : « Quand Childéric s’envola pour le paradis des guerriers germains, son fils Clovis acheva [le Louvre]. ». Ah ah ah ! Rue89 pouffe ! C’est une grossière erreur : « Le Louvre aurait été construit par le père de Clovis, alors qu’il l’a été par Philippe Auguste, sept siècles plus tard, en 1190. » D’autres exemples? Non.

“Lorànt Deutsch a une particularité : il ne parle pratiquement que des saints, des empereurs, des chefs, des rois. Et les encense.” Le pleutre est réactionnaire ! Ce sacripant est en plus un lefebvriste convaincu ! Les saints ! Vestige de l’obscurantisme qui a pourri 2000 ans de notre histoire ! Les empereurs ! Des autocrates mégalomane ! Les chefs ! Olalala, c’est beurk ! Et les rois ! Catholiques, étatistes, islamophobes ! Selon ce Deutsch, ils auraient fait l’Histoire de France… Laissez nous rire…. Eux ? Ils ne connaissaient même pas la théorie des genres, alors faire l’histoire ? Ils étaient trop occupés à discriminer et à stigmatiser. Et puis regardez comment il en parle de ces rois : prenons l’exemple d’Henri IV, il l’appelle le bon roi Henri… Bien sûr, il n’ose pas préciser l’extrême intolérance envers les minorités religieuses de ce dernier, ou sa politique agricole désastreuse et ses réformes financières inefficaces, et son premier ministre feignant !

Rue89 pointe également les adjectifs grandiloquents que l’auteur utilise : “Le vocabulaire de l’écrivain est parfois exagéré lorsqu’il s’agit de décrire ces lieux avec objectivité : « grandeur de notre patrimoine » ; « symbolique » ; « émouvant » ; etc.”. Songez seulement que ce cagoulard néo-pétainiste est bon pour aller à l’hôpital psychiatrique : “Lorànt Deutsch raconte aussi l’histoire du serrurier Biscornet à Notre-Dame qui signe un pacte avec le diable. Tout cela est raconté au présent, sans aucune précision ou mise en garde.” Bien sûr le téléspectateur crédule croira tout de suite en l’extrême véracité de cette légende de bonne femme. Aucun message pour nous rappeler que ce n’est pas vrai, que c’est une légende. Mais Rue89 ne tombe pas dans le panneau, on ne la fait pas à Rue89 !

Et puis Lorant Deutsch, “qui a du mal à cacher ses convictions royalistes et catholiques ultra”, s’attaque à la Révolution Française. Ce crypto-fasciste ose nous parler de “fureur révolutionnaire”. Et allons-y ! Pourquoi ne pas nous parler de ce petit massacre pour la bonne cause en Vendée ? Continuons dans la propagande anti-robespierriste primaire ! Ne nous gênons pas, et sur le service public c’est encore mieux ! Et puis quand il nous rapporte que les révolutionnaires “saccagérent” une abbaye bénédictine, il va nous faire pleurer ; et puis le mot est fort, tout du moins bousculèrent-ils l’agencement de l’abbaye mais saccager, c’est excessif. Comme nous le suggère Mathieu Lépine, du Parti de Gauche, il est d’ailleurs du devoir du service public “de défendre la République”. Au diable la vérité historique, qui est du côté des royalistes. Heureusement que des politiques courageux se sont emparés de l’affaire. Au NPA par exemple, on nous révèle après enquête que l’auteur de ce livre est “un royaliste et catholique convaincu” et qu’il est le promoteur d’une “histoire réactionnaire”. Et le NPA, bien placé pour le faire car dépositaire d’une certaine tradition idéologique, s’indigne “de ces auteurs qui réécrivent l’histoire pour la faire correspondre à une certaine idéologie”. Le NPA nous montre les faits, car le NPA a compté les pages, “Saint Denis a droit à huit pages ; Sainte Geneviève, treize ; Pépin le Bref, quinze”. La parité n’est pas respecté! Et où est l’Islam ? Le NPA veut un imam ! 2000 ans d’histoires, et pas un petit d’imam. On rêve.

”(à propos de Lorànt Deutsch) J’aime sa noble révérence envers l’Église et les rois qui, on aura beau dire, ont fait la France, et ses incessantes piques contre la Révolution française dans sa brutalité aveugle.” Basile de Koch

Plus sérieusement, je crois qu’il faut revenir à la citation de Marc Bloch mise en exergue plus haut. Car il ne peut pas être question au final d’aimer la France d’avant 1789 ou celle d’après, c’est se condamner à aimer une moitié de France. Bloch dit que “ceux qui ne frissonnent pas à l’évocation du baptême de Clovis et de la fête de la fédération de 1790 ne comprendront jamais l’histoire de la France”, je dirais plutôt “ne comprendront jamais la France”.

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13 Comments

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  • 0 / 10
  • de leprevier , 13 juillet 2012 @ 19 h 38 min

    Bravo à Lorant Deutsch qui nous fait découvrir l histoire de France d une manière distrayante en
    s adressant à un public de 7 à 99 ans sans arrière-pensées idéologiques mais simplement comme
    il l aime et nous faisant partager cet amour. Merci de nous montrer la beauté de l histoire de France,
    comme on aimerait qu elle soit présentée à tous les jeunes français ; c est d ailleurs comme ça que
    l on fait l unité d un pays, c est en faisant aimer son histoire et donc son pays. Ce que font la plupart des autres pays !!!

  • Isidore , 15 juillet 2012 @ 9 h 03 min

    Certes,l’histoire morale de l’humanité est loin d’être belle ni idéale.Mais ce sont les nations qui l’ont civilisée.Et de ce point de vue,la nation France a plus d’un motif de fierté,depuis ses origines.

  • LECONTE DE PARIS , 15 juillet 2012 @ 9 h 55 min

    Vieux réflexe germanophobe: quand les cocos lisent “Deutsch”, ils voient rouge…

  • Berdol , 15 juillet 2012 @ 13 h 03 min

    Je ne frissonne pas à l’évocation de la fête de la fédération, je dégueule de honte : C’était les prémisses de tous les massacres idéologiques du futur et du ridicule festif de Jack Lang et de la gauche caviar tripatouilleuse de petits garçons.

    Qu’ on cesse donc de citer ce con de Marc Bloch, qui, comme intellectuel de merde de gauche , a eu sa part dans l’étrange défaite.
    Il y a d’autres historien plus complet que celui là …

  • corbu , 17 juillet 2012 @ 13 h 16 min

    Je me permet de venir apporter ma pierre à votre discussion.

    L’intégralité des historiens que je connais fustigent ce livre et pour des raisons factuelles, en aucun cas ideologiques.

    Cet ouvrage tient plus du roman que du récit historique dont il ne respecte rien (puisqu’il ne cite même pas ses sources)

    Je ne parle pas des affabulations étranges telles que :

    Le Louvre Construit par le père de Clovis
    Le gothique inventé qui viendrait des goth (peuple éteint 3 siècles avant émergence du gothique)
    Jeanne d’Arc serait la soeur de Charles VII

    Ah et je me contrefous du débat idéologique autour de l’ouvrage, je ne suis pas communiste et le débat autour de la vision de chacun de la révolution ne m’intéresse pas.

    Je dénonce juste un livre qui se fait passer pour de l’histoire alors qu’il n’en est pas !

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