Léthargie parlementeuse

Tribune libre d’Aristide Leucate*

Ce mardi 12 février, l’Assemblée nationale aura adopté le projet de loi relatif au « mariage » dit « pour tous », sans même que les députés de la soi-disant opposition UMP-UDI n’y aient fait obstacle d’une quelconque manière que ce soit. La plupart des députés se sont dérobés devant leur responsabilité, soit en ayant déserté le débat, soit par leur abstention le jour du vote de la loi. Que penser d’Hervé Mariton qui, lors d’un un entretien au magazine homosexualiste du lobby LGBT Têtu (mais qu’allait-il faire sur ce char ?) a déclaré que « le débat homo a sa place. Je dis que pour ces familles homoparentales, l’union civile est plus adaptée (…) » et de rajouter, angélique ou stupide (ou les deux à la fois) : « On a beaucoup parlé de mes pulls. Cela m’a amusé. Si quelqu’un veut m’offrir un pull arc-en-ciel, je promets de le porter en séance ! (…) ». Christine Boutin peut bien s’étrangler, qui acceptera encore demain de rentrer dans des jeux d’alliance boutiquiers avec les syndics de faillite précités, quand elle s’exaspère (nonobstant avec raison) de ce que « l’union civile est une contorsion de la droite par crainte d’être taxée d’homophobie. (…) Il faut avoir le courage de ses opinions : soit on est pour, soit on est contre, il n’y a pas de milieu dans cette affaire. (…) Céder sur ce terrain, c’est accepter inéluctablement aujourd’hui ou demain le “mariage pour tous ». Certes, quelques représentants de la Nation, tels Jean-Frédéric Poisson (député des Yvelines), Philippe Gosselin (député de La Manche) ou Marc Le Fur (député des Côtes-d’Armor) n’ont pas hésité à braver le politiquement correct en ramant à contre-courant et en proclamant haut et fort leurs désaccords quant à ce monstrueux projet de loi. Et les autres ? Jean-François Copé, François Fillon et leurs épigones, lavettes parlementaires du même tabac ne se sont pas bousculés pour provoquer des incidents d’audience. Quant aux Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, Pierre Lellouche et autres Édouard Philippe (député UMP de la Seine-Maritime et maire du Havre), ils s’abstiendront lâchement, tandis que voteront hardiment pour, des invertis faisant fièrement profession de l’être (après un « coming out » de bon aloi) comme Franck Riester (député de Seine-et-Marne) ou des soutiens d’iceux comme Benoist Apparu (député de la Marne), rejoints par des centristes mous (pléonasme) tels Jean-Louis Borloo (président de l’UDI), Jean-Christophe Lagarde (député de Seine-Saint-Denis) ou l’ancien ministre Yves Jégo (député de Seine-et-Marne). Les quelques 226 députés de l’opposition (sans compter les non inscrits comme Marion Le Pen, Jacques Bompard ou Gilbert Collard) n’ont manifestement pas pris la mesure des enjeux et conséquences d’un tel projet. Concours d’éloquence parlementaire pour quelques uns, les débats furent cacophoniques, à entendre les piailleries de basse-cour de tous les autres qui s’essayaient vainement de se bâtir une renommée de rhéteur. À regarder ces pitres qui émargent, tout de même, mensuellement à 7 100,15 € brut (en sus de l’« indemnité représentative de frais de mandat » dont le montant, revalorisé comme les traitements de la fonction publique, s’élevait au 1er janvier 2013 à 5 770 € brut), on se dit que leur agitation sur les 5 000 amendements qu’ils ont déposés, relève de l’imposture, si on la compare au quasi-million de manifestants issus du pays réel qui on battu le sol parisien, le 13 janvier dernier. « Qui n’a pas été député ne saurait se faire une idée du vide humain ». Ces mots de Léon Daudet, autre parlementaire d’une autre trempe que nos actuels quêteurs de suffrages, et qui connaissaient intimement les mœurs de la chambre basse, sonnent encore comme une implacable vérité. Ce député de l’Action française s’était éreinté à vouloir comprendre et redresser les torts de ce parlement qui, selon l’expression de Victor Hugo, « parle et ment ». Notre pauvre Léon voyait donc dans cette basse chambre, un « baroque dépotoir de lâchetés, d’incapacités et d’idées fausses ».

*Aristide Leucate est Docteur en droit, journaliste et essayiste.

>>> Dénaturation du mariage et droit à l’enfant : le détail des votes <<<

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18 Comments

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  • PAD , 13 février 2013 @ 9 h 26 min

    Rien de mieux qu’une bonne dictature (avec un dictateur qui œuvre pour le bien commun évidemment)!!! Tous ces élus nous servent strictement à rien et nous coûtent très cher!

  • JSG , 13 février 2013 @ 10 h 16 min

    A l’époque du tri sélectif, il y aurait du grain à moudre !
    Il parait qu’en mettant des vers(verts) dans un tas d’immondices on peut obtenir du compost.

  • hector galb. , 13 février 2013 @ 10 h 19 min

    Si on considère que l’exemple doit venir d’en haut, on a le droit de s’émouvoir, oui.

    Mais si on considère que le Parlement reflète ce qui l’élit, alors on s’émeut de quoi exactement ici ? De l’impuissance de Léon Daudet ? De l’impuissance d’une analyse légitime devant l’impunité du vice ?

    On résumera cela par :

    « Ils me volent et me spolient MAIS ils s’abritent derrière les murailles d’un château, ô malheur.»

    Remplacez “murailles” par “statut juridique” et vous obtenez la même scène. Eh oui, ça change tout de se cacher derrière ou d’être revêtu d’un vêtement ou statut protecteur (car cela force à réfléchir à la nature d’un tel statut protecteur) [Urne Vs Média http://wp.me/pvPzN-s6%5D

    Se lamenter de l’effet “muraille” est indécent.

    C’est pas d’aujourd’hui que je dis et répète que la clef du problème se situe dans l’interprétation actuelle qui est faite des “Droits de l’homme.” Cette interprétation lacunaire, due au silence béat des Léon Daudet &Cie (et à leur autre grand défaut) ensemence tous les autres aspects délirants de notre société.

    Aussi bien, je ne crois pas que Léon Daudet, Action Française et autres comprennent ce qu’on leur dit dès lors que ça sort de leur conditionnement culturel. Ils ne font pas l’effort car ils voudraient, eux aussi , que le monde obéisse au doigt et à l’oeil à leur baguette magique, cet artefact réactualisé de la trompette de Jéricho. Or voilà le VRAI problème : des gens incapables de sortir de la boite et de considérer le problème autrement sont partie prenante dans la perpétuation du problème [et pas en termes d’activisme].

  • OP , 13 février 2013 @ 10 h 32 min

    Vous oubliez parmi ceux qui se sont mouillé la chemise Henri Guaino, Même s’il était moins présent physiquement dans l’hémicycle que Breton, Gosselin, Mariton et Le Fur, son engagement contre le projet est actif, comme le montrent ses excellentes interventions dans les médias (la dernière en date, 11 février sur Bfmtv). Je vous trouve injuste avec Henri Mariton. Le fait de défendre l’union civile ne l’empêche pas d’être un ardent et véritable défenseur des valeurs de la famille.

  • Tarantik , 13 février 2013 @ 12 h 11 min

    Certes il y a eu des exceptions, mais dans l’ensemble “nos” députés de droite ont encore fait la démonstration de leur insuffisance en regard du problème posé à la Société.
    Finalement l’Assemblée aura voté une loi pour donner satisfaction à un “lobby” qui prend son trou de balle pour le nombril du monde. Et les vrais enjeux dont dépend notre avenir auront disparus pendant plusieurs mois derrière cet écran de fumée.

  • diego , 13 février 2013 @ 19 h 32 min

    (avec un dictateur qui œuvre pour le bien commun évidemment)!!!
    Heureusement que vous avez ajouté cela, car la dictature c’est maintenant. On est en plein dedans.

  • Gisèle , 13 février 2013 @ 23 h 39 min

    Vous avez déjà vu quelqu’un faire semblant pour ne pas contrarier les imbéciles ?? ou naïfs qu’ils supposent que nous devrions être ??

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