Le clown de la République

Provocateur par tempérament, grande gueule, Jean-Marie Le Pen est devenu, en vieillissant, une caricature de lui-même. Continuellement dans l’hyperbole, incapable de contrôler son intelligence du bon mot, ne sachant pas tourner trois fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir, il renvoie l’image d’un politicien irrémédiablement incontrôlable. Attirant encore un public avide de spontanéité, dégoûté par la langue de bois en vigueur dans les hautes sphères du pouvoir, Jean-Marie Le Pen croit obstinément avoir trouvé le bon créneau. Et en se complaisant dans le rôle du diablotin qu’on lui fait jouer, il en rajoute toujours une couche en bondissant au moment où on l’attend le moins.

Au fil des années, comme un vieil acteur qui ne veut pas quitter la scène alors que l’heure est passée, n’étant même plus le metteur en scène du mouvement qu’il avait créé à sa mesure, il s’accroche encore plus à ses gloires passées et à ses fantasmes, sans se rendre compte que le vent a tourné. Devenu maladroit, acculé et prêt à tout pour exister, il est capable du pire : contraindre le Front National – sa création, sa chose – à rester un parti d’opposition, et même peut-être, obliger sa fille, Marine, à démissionner (au profit de sa petite-fille, Marion ?) et surtout à ne jamais devenir Présidente de la République. La vengeance est tenace chez les Le Pen !

Jean-Marie Le Pen avait fait de la vraie politique à ses débuts et plutôt bien. Et il avait ouvert des pistes intéressantes sur des sujets considérés comme tabous par une classe politique hors-sol, déconnectée des réalités du pays. Mais il s’est laissé assez vite emporté dans l’outrance verbale ; par nature, ou parce qu’il trouva aussitôt un public qui en redemandait ? Dommage que sa perspicacité ne lui ait pas permis de voir l’impasse qui s’ouvrait devant lui. Car c’est bien dans un hasardeux cul-de-sac que son public l’a amené.

A contrario, Marine Le Pen, pratiquant réellement et magistralement la politique, avec sang-froid et passant sur des considérations sentimentales, n’a pas eu d’autres choix que d’écarter son père devenu un clown de la politique, un clown… Triste !

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81 Comments

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  • champoiseau , 13 mai 2015 @ 12 h 25 min

    Quel article minable.
    Je vois qu’il restera quelques personnes qui voteront pour cette minable de Marine Aliot ( Le Pen, qui aurait dû avoir la décence, après avoir trahi son père poussée par son “conseiller minet Phillipot de changer aussi de nom) dont vous certainement Mr. Picard . Peut-être faites-vous partie de ses minets ou de ses trois points dont les jours sont comptés à plus ou moins brève échéance.
    “Vieil acteur”, les membres de cette profession montrent qu’il est une évidence de garder sa valeur malgré le nombre de ses années. Nombreux sont les acteurs qui l’ont prouvé et le prouvent aujourd’hui. Vous n’êtes même pas un clown vous-même!, mais simplement un triste sire au (dé)goût du jour.

  • Pascal , 13 mai 2015 @ 13 h 29 min

    En 1984 le « coup de génie » de François Mitterrand consista à faire introniser Jean-Marie Le Pen par l’émission L’heure de vérité en faisant le nécessaire auprès de François-Henri de Virieux. Quadruple avantage, tétaniser la droite qui ne pouvait passer alliance avec un parti diabolisé, mobiliser la gauche sur la voie de garage qu’est l’anti-fascisme (un os à ronger, une raison d’exister et de se sentir de gauche, du « théâtre » dixit Lionel Jospin) et pendant ce temps faire passer en toute impunité et tranquillité le train monstrueux de la mondialisation libérale – « L’anti-fascisme sans fascisme au service du grand capital » dira Alain Soral dans une de ses formules lapidaires dont il a le secret – et par dessus tout rendre inaudible toute expression patriotique et plus tard anti-libérale et critique sur la construction européenne parce que définitivement caricaturée par Jean-Marie Le Pen.

  • V_Parlier , 13 mai 2015 @ 13 h 49 min

    Il y a certes du vrai là-dedans. Après, c’est difficile de deviner exactement quel était et quel est le but final poursuivi par JMLP. Finalement n’aimerait-il pas rester un personnage controversé jusqu’à la fin? (Ce que l’auteur désigne par le terme “clown”, on y adhère ou pas). JMLP semble n’avoir jamais réellement visé le pouvoir alors que sa fille, si. Ceci peut expliquer cette dernière brouille interne qui éclate au grand jour et qui semble être une manoeuvre moins stratégique pour le parti qu’on n’aurait pu le croire au début. Stratégiquement parlant, quelles que soient les préférences de chacun, JMLP se fout de la réussite de son parti. Sinon le linge sale se serait lavé en famille.

  • nauticat , 13 mai 2015 @ 14 h 04 min

    bonjour hermeneias , même s’il en rajoute pas forcément utilement ,merci de soutenir quelque peu le vieux briscard !
    Et puis qui est donc ce Monsieur Picard pour bramer son mépris ?
    Pfuit ! Pissa de Bourri ! dixit mon grand-père !!

  • C , 13 mai 2015 @ 14 h 20 min

    Personne n’est malheureusement parfait surtout dans le domaine cruel de la politique et des politiciens. Mais certains aveuglés par des petites victoires proches oublient les véritables enjeux. Celui qui est à courte vue n’est pas forcément celui que l’on croit.

  • le réel , 13 mai 2015 @ 14 h 28 min

    les copains d’abord! on ne défendra pas la France en méprisant, le problème de Marine n’est pas son père mais son manque de convictions chrétiennes!

    elle veut défendre le France mais sans en garder les valeurs et l’essence, c’est une opportuniste qui veut le pouvoir à n’importe quel prix

  • ranguin , 13 mai 2015 @ 14 h 45 min

    Sacré bonhomme, le vieux lion. Il a de la verve et de la répartie. Il est ainsi et c’est rafraichissant d’avoir en face de soi quelqu’un qui ne triche pas.

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