C’était salle Wagram, mais c’était Waterloo

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Hollande a tenu devant le dernier carré de ses fidèles un discours qui n’a été qu’une morne plaine de lieux communs et d’idées creuses dont il nous rebat les oreilles depuis plus de quatre ans. Cette manifestation était à nouveau une opération de relance pour un mandat qui est allé d’échec en échec pour le Président, mais aussi et surtout pour la France. On y chercherait en vain un moment éclairé par le soleil d’Austerlitz. Bamako, peut-être ? Mais la récente prise de la ville malienne de Boni par les islamistes montre que, là aussi, le succès n’aura pas été définitif. Le Président a déçu les uns qui, au mépris de la laïcité, croyaient encore au miracle. Il a amené les cireurs de bottes patentés, qui, comme on le sait, ont leurs entrées à l’Elysée, à célébrer un événement pour ne pas dire un réveil. Bref, dans le meilleur des cas, à leurs yeux, il aurait réussi très tardivement à trouver le ton pour tracer une route juste avant qu’elle ne s’achève dans le ravin prévisible puisque neuf Français sur 10 souhaitent qu’il ne se présente pas. Dans le pire, il a aligné des platitudes conceptuelles pour justifier une politique médiocre alors que les Français attendent, en désespérant, un sursaut énergique pour une France réelle, la leur. Objectivement, et certains journalistes, sur les chaînes d’information, ont été ravis que la politique s’engage dans le spectacle à laquelle ils la réduisent, il a parlé d’élection, et a rappelé, l’oeil en coin, que c’était lui qui avait l’onction du suffrage universel. Il a bien fait car on a tellement de mal à s’y faire qu’on finit par l’oublier. Il a, donc, sans doute lancé sa campagne présidentielle. Wagram est une belle victoire qui n’a pas servi à grand chose. Hollande n’aura servi à rien. Ses campagnes n’ont été qu’électorales et il a donné à la France la dimension de l’Île d’Elbe sans précéder ce repli de la moindre épopée.

De Gaulle voyait la France comme une personne dont on pouvait avoir une certaine idée inséparable de la grandeur. Hollande réduit au contraire la France à n’être qu’une idée, un concept plus important que son identité, que sa réalité charnelle. Il évoque vaguement l’histoire, mais il préfère le droit abstrait et l’ambition, le vide du futur, sans s’apercevoir que les principes sur lesquels il s’appuie ne sont pas nationaux et que, dans tous les domaines, la France recule. Où est l’ambition d’un pays qui suit les Etats-Unis dans le monde et l’Allemagne en Europe ? Ce discours n’a d’autre portée que de le situer face à ses concurrents de droite lors des présidentielles auxquelles il a bien l’intention de participer en espérant que le jeu des primaires et des divisions lui réserve un adversaire moins difficile à battre et surtout le miracle d’une présence au second tour. Les applaudissements de quelques grognards naguère frondeurs s’expliquent par cette perspective, cette bouée à laquelle ils peuvent espérer accrocher leur circonscription. Le sujet était apparemment la France face au terrorisme. En fait, c’était Hollande face à ses concurrents, ceux de gauche peu présents sur le thème de la sécurité, et ceux de droite particulièrement ciblés. Pour convaincre, d’abord quelques poncifs éculés qui s’imposent aux distraits à force d’être rabâchés : « La démocratie est plus forte que la barbarie… d’ailleurs, les démocraties gagnent toujours les guerres… » S’il pensait à la dernière guerre mondiale, la victoire de l’Allemagne sur la France en 1940 ne lui donne pas raison, et le fait que la guerre n’aurait pas été gagnée sans l’URSS, lui donne définitivement tort. Il était récemment au Viet-Nam sous un gigantesque buste du dictateur Ho-Chi-Minh qui a remporté deux victoires contre de grandes démocraties et qui a coûté la vie à beaucoup de Français, notamment dans d’innommables camps de prisonniers. Sa présence était indigne. François Hollande préfère l’idéologie à l’histoire. Hier, il a ressemblé, sans même s’en apercevoir, à Paul Reynaud et à sa grotesque déclaration de 1939 : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Le cancer islamiste atteint sévèrement notre pays et ce n’est pas l’illusion communautariste et l’incantation selon laquelle la majorité des bons musulmans vont le résorber qui apporteront une solution.

Le candidat Hollande a dit que c’était la démocratie, son droit, son respect de la liberté qui allaient l’emporter. Mais, ce disant, ils visait ceux qui dans l’opposition estiment qu’une guerre ne peut être gagnée contre le terrorisme qu’en adaptant le droit au combat à mener. Certes, il a raison pour les longues privations de liberté sans décision judiciaire. Mais il a le grand tort de mettre sur le même plan le droit du sol, le regroupement familial, l’expulsion des étrangers. Le premier principe correspond à un fondement du droit qu’on peut considérer comme universel, l’habeas corpus. Les autres sont des droits que la pression des modes juridiques internationales impose au peuple français dans son accueil des étrangers. Un changement radical sur ces questions est non seulement possible, il est nécessaire et ne remettrait nullement en cause l’Etat de droit. Quant à la condamnation d’individus ayant un contact avec l’ennemi, elle est également possible, mais il faut que la loi soit renforcée pour que les tribunaux puissent intervenir efficacement. Une loi des suspects comme celle qui exista sous la Terreur est effectivement à proscrire dans notre pays. Mais un Président qui mène une guerre doit exprimer une volonté de vaincre et vouloir les conséquences de ce qu’il veut. Un discours de campagne n’est pas un ordre du jour pour une bataille.

Un grand journal du soir a parlé du rebond ou du plongeon. Un petit « plouf » a été entendu aux abords de la salle Wagram.

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