À toi, futur enfant de France…

Tribune libre de Bruno J.

Tu ne le sais pas, tu n’es pas encore né, pas même encore conçu. Avant que tu n’aies la chance de vivre dans ce beau pays de l’égalité des droits, laisse moi te dire ce qui t’attend.

Ta conception d’abord. Naïf, tu pourrais t’imaginer qu’elle est le fruit de l’amour de ton père et de ta mère. En effet, tu as une chance de l’être, et je te le souhaite vivement. Mais tu peux aussi être le fruit de ce qu’on appelle la « libération sexuelle » : ta mère est un bon coup et ton père le mec d’un soir qui n’ont pas pensé que leur envie de baiser pouvait avoir une autre conséquence : toi. Ne te lamente pas, ça pourrait sans doute être pire, tu pourrais être le résultat d’une vente de spermatozoïdes à un ovule dans le ventre d’une porteuse… De quoi te plains-tu ?

Ton développement ensuite. Si, en fin de compte, tu ne corresponds pas aux critères de tes géniteurs, ou que tu n’arrives pas au moment qu’ils ont choisi, tu risques tout bonnement de te retrouver dans une poubelle, avant même d’avoir pu leur montrer que tu es, toi aussi, un être humain. Ne compte pas trop sur leur entourage, il encourage à se débarrasser de toi en cas de doute et paye ton élimination grâce aux cotisations sociales, pour leur éviter d’avoir à se poser des questions. Ça s’appelle une nécessité sanitaire, paraît-il.

Tu es toujours là ? Tant mieux pour toi, tu vois, je te l’avais dit, tu as de la chance ! Ça veut dire que malgré tout l’acharnement de tes futurs contemporains, tu vas avoir droit à la vie. Attends un peu de te réjouir, ce n’est pas gagné.

Ta mère n’a pas le courage de t’élever seule, ou même avec ton père. Oui, ça existe, et c’est bien dommage pour toi, mais dans leur sagesse, plutôt que de te supprimer, ils ont décidé de t’offrir la vie et de te confier à une autre famille qui te permettra d’être élevé mieux que ce qu’ils auraient pu faire. À défaut de pouvoir avoir ton papa et ta maman, tu auras un papa et une maman. Peut-être. Parce que si tu rentres dans les critères d’adoptabilité (il y a une sélection, tu ne crois quand même pas qu’on va refiler n’importe qui ?!), tu auras bientôt peut-être deux parents, c’est-à-dire deux hommes ou deux femmes pour t’élever. Et quand tu verras tes copains aller à la pêche avec leur papa et faire des gâteaux avec leur maman, tu sentiras un grand vide. Non que parent1 ou parent2 ne t’aiment pas, mais tu aurais tellement aimé ressembler aux autres enfants…

Pourquoi n’as-tu pas un papa et une maman comme tous les autres enfants ? Demande à parent1 et parent2 pourquoi ils se sont battus par égoïsme pour te priver de papa et maman ! S’ils ne réussissent pas à te le faire comprendre, l’école laïque de la république essayera de s’en charger à leur place. Si tu as encore un doute, il te suffit de lire les journaux et regarder la télé pour qu’on te montre que c’est merveilleux de ne pas avoir de papa ou de maman.

Je suis désolé pour toi. J’ai grandi dans ce qui s’appelle une « famille » : j’ai un papa et une maman qui se sont mariés et qui s’aiment, j’ai des frères et des sœurs conçus par ce même papa et cette même maman ; et je sais la chance que j’ai : je connais le bonheur. Pour toi, je me bats et je me battrai toujours, pour que la loi ne crée pas un accident de la vie alors qu’ils sont déjà si courants sans qu’elle ne les y aide. Pour toi, je veux le bonheur de vivre avec un papa et une maman !

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24 Comments

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  • mariedefrance , 15 janvier 2013 @ 8 h 00 min

    coquille :

    “””J’ai grandit …””””

    on enlève le “t”

    très beau texte qui relève l’égoïsme absolu de ces revendications !

  • sined59 , 15 janvier 2013 @ 9 h 46 min

    c’est un texte militant, ne pas l’oublier.
    ici il n’est pas question de montrer du doigt chacun cas malheureux qu’il existe bien entendu (on ne parle pas non plus du viol!). c’est compliqué tout ça!
    il faut garder une vision globale.
    de l’autre coté c’est la même chose, un texte militant homo ne dira pas que la grande majorité des gays et lesbiennes ne veulent pas de tout ça.

  • Lach-Comte , 15 janvier 2013 @ 10 h 12 min

    Pour asseoir une règle de grammaire (la généralité), il faut connaître les quelques cas particuliers qui s’en séparent (les exceptions). Ainsi, vous direz avec moi que ce sont justement les exceptions qui permettent de connaître la règle générale. Il est donc inutile, mais malheureusement si commun (et comme par hasard, j’ai remarqué, si féminin) de donner les exceptions pour prouver ce qu’on veut quand ce n’est pas la règle générale (en d’autres termes, ces phrases qui commencent souvent ainsi : “oui, mais moi, je connais un cas …”). Car, contrairement à ce que vous semblez penser, un cas, une exception, ne fait que prouver la nécessité de la règle générale. Ainsi en est-il du mariage tel qu’il est établi par le Code civil actuel. Et je ne parle pas du mariage religieux … !

  • Bruno J , 15 janvier 2013 @ 14 h 00 min

    Ma chère Loka,

    relis le dernier paragraphe je te prie. Tes parents ont divorcé? Ça arrive, en effet. Faut-il le souhaiter à un enfant? Non, il sera toujours plus heureux si ses parents s’aiment et vivent ensemble. Je ne connais pas d’enfant qui soit heureux de voir papa et maman se tirer la gueule. A-t-on créé une loi pour forcer des enfants à vivre selon ce mode de vie ? Non. Certains enfants n’ont plus de papa ou plus de maman, l’un ayant quitté l’autre, ou un décès peut être survenu. Faut-il le souhaiter aux enfants ? Faut-il faire une loi pour que des enfants le vivent ? Non. C’est un accident de la vie, pas un objectif, à moins d’être sacrément tordu.
    De la même manière, il existe des enfants élevés par deux hommes ou par deux femmes, et leur maman ou leur papa ne vit plus avec eux. Faut-il le souhaiter pour un enfant ? Faire une loi pour en forcer à le vivre? NON !

    Pourquoi chercher à vouloir faire du feu sous une averse alors que tu peux l’allumer au sec ?

  • François2 , 15 janvier 2013 @ 16 h 37 min

    Dans le cas de divorce, il y a un changement. Dans un cas d’homo-enfant (c est à dire issu sur le papier dune homoparentalité), il est dès le départ orphelin de père ou de mère. Il sera condamné à l âge adulte à rechercher une trace éventuelle, si on lui en donne la possibilté, son père au milieu d une collection de tubes à essai ; ou sa mère au milieu d un registre de mères porteuses.

  • Jeanbill , 15 janvier 2013 @ 19 h 57 min

    Bonjour,

    Cela soulève une question pour moi :

    Comment un animal, doté de conscience, et sachant que son espèce détruit son propre écosystème, peut-il procréer autrement que par égoïsme?

    La seule réponse que je trouve à cette question, c’est : un manque de lucidité.

    Seules la culture et la religion peuvent aujourd’hui légitimer la procréation comme un but après la naissance.

  • Lach-Comte , 15 janvier 2013 @ 22 h 07 min

    mais tout simplement parce que s’il ne procrée pas il sait que son espèce va mourir, bien avant son environnement (ce que vous appelez pompeusement “écosystème”). C’est une loi, dure sans doute, mais une loi et c’est la NATURE ! Rien à voir avec la culture ou la religion …. !

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