Manif pour tous : Tugdual Derville VS Pascale Clark

Nouvelles de France a retranscrit la moitié de l’échange tendu, ce matin, entre Pascale Clark et Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita, sur France Inter :

Tugdual Derville, bonjour.

Bonjour Pascale Clark.

Vous êtes délégué général de l’association anti-avortement Alliance Vita et co-organisateur de la Manif pour tous…

Un peu réducteur, hein, “anti-avortement”…

C’est pas vrai ?

On est une association qui travaille pour le respect de la dignité de toute personne, du début à la fin de sa vie, solidaire des plus fragiles…

Mais vous militez contre l’avortement, contre ce droit-là.

Non, nous travaillons avec des femmes…

Association créée par Christine Boutin en 1993, vrai ou faux ?

Oui. Il y a dix ans que Christine Boutin n’est plus notre présidente.

Mais elle l’a créée ?

Oui, elle l’a fondée…

Que les choses soient claires et qu’on sache qui parle… Le Gouvernement ne fera pas marche arrière sur le mariage pour tous. Est-ce que c’était hier une Manif pour tous pour rien ?

Vous affirmez quelque chose, vous êtes peut-être prophète, mais j’ai entendu Thomas Legrand exprimer les sondages d’opinion : 65% des Français, sondage Ifop d’octobre dernier, considèrent qu’il vaut mieux faire droit à un enfant d’être adopté par un père ou une mère plutôt que de faire droit à deux personnes du même sexe d’adopter des enfants.

D’où sort ce sondage ? Il y a quand même une majorité de Français qui sont pour le mariage pour tous…

Non, non, le mariage pour tous, c’est un slogan réducteur et facile qui ne veut pas dire grand chose parce que c’est pas pour tous, vous le savez bien…

Est-ce que c’était une Manif pour tous pour rien hier ?

Le mariage pour tous, c’est la filiation, c’est l’adoption dans le projet de loi, vous n’en disconviendrez pas, donc c’est la question de l’enfant, de la filiation, des repères que notre société va laisser aux générations futures.

Donc c’est contre l’adoption que vous avez marché hier ?

Bien sûr. Nous avons d’abord…

Donc vous êtes pour le mariage ?

Nous avons d’abord marché. Le mariage, en France, c’est la filiation et l’adoption, le mariage entre un homme et une femme qui reconnaît effectivement institutionnellement la famille. Donc, c’est un package, c’est un tout et même si, actuellement, le Gouvernement tente de nous vendre par appartement ce projet en reportant à plus tard la question évoquée de la procréation artificielle, entre guillemets, pour deux hommes et pour deux femmes. Il s’agit, effectivement, d’un tout et c’est sur ce tout que nous avons manifesté.

Tugdual Derville, aujourd’hui en France, plus d’un enfant sur deux naît hors mariage…

Bien sûr.

Ça ne vous trouble pas ?

Non, pas du tout…

C’est la réalité, ça…

Je le sais bien, j’accompagne dans nos services d’aide, des femmes en difficultés… Je dirais, d’ailleurs Pascal Clark…

Donc votre modèle est peut-être un peu dépassé…

que les grandes difficultés des familles que nous accompagnons, au fond, je les synthétise un tout petit peu en deux mots : c’est d’abord l’errance des pères, l’absence des pères, qui est une souffrance sociale très importante dans notre pays. Et c’est deuxièmement la solitude des mères. Et, justement, les enfants à qui il manque cette complémentarité…

Que faites-vous des femmes qui élèvent leurs enfants seuls ? Que faites-vous des couples qui ne veulent pas d’enfant ou qui ne peuvent pas en avoir ?

Eh bien, vous ne m’avez peut-être pas laissé terminer, mais nous constatons, je pense, et je ne suis pas le seul à le dire, que cette complémentarité père-mère en éducation est une des réalités qui manquent le plus aujourd’hui et la société, la politique sociale de la famille est là, justement, pour compenser ces difficultés. Il ne s’agit pas, vous le savez bien, de stigmatiser les enfants ou les familles qui vivent des situations difficiles – il y a des deuils, des séparations, des fractures – mais de ne pas provoquer délibérément ces situations. C’est toute la différence. Pour nous, ne pas stigmatiser les familles existantes ou les enfants qui existent est une chose, mais, délibérément, casser les repères de la filiation, ça en est une autre.

En quoi l’extension d’un droit pour d’autres que vous, vous retire-t-elle quelque chose ?

Je crois qu’il ne vous aura pas échappé que notre mobilisation est une mobilisation qui ne défend aucun intérêt personnel, justement. Et c’est la grande surprise, c’est pour ça que le Gouvernement et peut-être vous même et certains observateurs ont surpris qu’autant de Français, parce qu’essayez d’en mobiliser, sur un autre sujet, autant dans la rue… Parce qu’il y a quand même un million de personne qui sont descendues dans la rue hier et beaucoup d’autres qui sont du même avis. Est-ce que…

Le Figaro est à 670 000… Mais bon… Voilà.

Regardez, voilà, vous avez peut-être vu le Champ-de-Mars entièrement bondé…

On ne va pas perdre du temps sur les chiffres. Il y avait du monde, je vous l’accorde.

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28 Comments

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  • 0 / 10
  • feeloo , 14 janvier 2013 @ 23 h 28 min

    Tu comprends maintenant pourquoi tu as lâché les me(r)dias pour le net??? Connais-tu Alain Soral? Franck Abed? Imran Hosein? Michel Drac? Dupont-Aignan? Laurent Louis? Etc…

  • Grandpapa45 , 15 janvier 2013 @ 13 h 28 min

    Ne pas payer ses impôts est impossible. J’ai envoyé un mail aux organisateurs de la manif proposant comme idée que tous ceux qui son mensualisés (revenus, taxes foncières, taxe habitation) demandent (cest très facile par Internet) à revenir au chèque et au tiers provisionnel. Idem pour la déclaration papier. Si nous sommes des millions, cela paiera!
    Manifester gentiment ne suffira plus, il faut entrer en “résistance civique”.
    .

  • Goupille , 15 janvier 2013 @ 21 h 44 min

    Et qui a reconquis la France pour Charles VII ? Les frères Bureau, artilleurs, qui ont dézingué les forteresses “goddones” l’une après l’autre…
    Méthodiquement, sans haine, mais inexorablement.
    Pour le salut de leur peuple.

  • Goupille , 16 janvier 2013 @ 1 h 38 min

    Robert Ménard, Eric Zemmour, Elizabeth Levy, Yves Tréhard du Figaro.
    A suivre, même emplacement, si d’autres noms surgissent ou me reviennent.

  • Colette Olivier , 31 janvier 2013 @ 7 h 07 min

    Merci à Philippe Thomas qui exprime bien ce que l’on ressent en écoutant cette journaliste, bouffie delle même !

  • Sophie NAUMIAK CHARTRAIN , 20 février 2013 @ 13 h 11 min

    A propos de la télévision :

    On fait croire aux gens depuis des années que la télévision est le reflet de la société. Les gens croient donc, pour beaucoup, que les partis pris à la télé sont ceux du peuple. Les journalistes arrivent ainsi à leur faire croire que leurs propos sont des repères. Sachant que beaucoup de gens souhaitent être juste “normal”, c’est à dire un minimum “comme les autres”, ils prennent tout ce qui est dit à la télé pour parole d’évangile.
    Comme les foyers se sont moins fréquentés depuis l’apparition de la télévision, et qu’au sein même d’une même famille on ne discute plus puisque 1) la télé remplace la discussion et 2) on lit beaucoup moins qu’avant donc on a beaucoup moins de choses à se dire et plus du tout d’idées à développer, du coup les familles ne peuvent plus vérifier que d’autres peuvent ne pas avoir les mêmes idées que celles transmises à la télé. Elles pensent naturellement que ces idées servent le bien.
    C’est dramatique parce que la logique se perd aussi, malheureusement. Lorsque, sur votre lieu de travail, vous sortez un raisonnement logique sur un sujet sur lequel vous avez des idées opposées à celles de la mode, sur 5 personnes vous en avez 4 qui vous attaqueront et 1 peut-être, qui vous répondra par un autre raisonnement.

    J’ai remarqué aussi que les lobotomisés de la télé finissent par appliquer la même méthode que celle de Pascale Clark : ils essaient de vous rendre coupable, en misant sur la honte de ce que vous dites. J’ai un exemple vécu : il y a quelques années, nous parlions avec mes collègues de pourcentages et de télévision. Je disais que les gens interprètent parfois les raisonnements qu’ils entendent à l’envers, aussi je cherchais un exemple pour illustrer ce que je voulais dire. J’ai dit : “Un exemple : admettons que 90% des voyous des banlieues parisiennes soient originaires d’Afrique…” et je n’ai pas pu terminer parce que 3 collègues se sont insurgés : “Ca va pas ? Les voyous sont pas tous des Africains, t’es raciste toi !”
    Je voulais dire que cela ne signifiait pas que 90% des Africains soient des voyous.
    Je voulais prendre cet exemple parce que beaucoup de gens font l’amalgame. Et ce genre d’amalgame peut conduire au racisme gratuit et injustifié.

    Ah ça, à la télé, ils savent très bien ce qu’ils font. Ils font de nous ce qu’ils veulent. Nous sommes leurs marionnettes !

    Mais il y a toujours les droits de l’enfant et les droits de naître à défendre. Il faut aussi montrer l’exemple.
    Maintenant, à la question “pour ou contre l’avortement” (insidieusement appelé “ce droit”, ce qui fait des “contre” des salauds), je réponds “d’accord, mais à condition d’avoir le droit de naître, car pour choisir d’avorter, ou même choisir d’être pour l’avortement, il faut d’abord être né”.
    A la réponse “et la femme violée”, je rappelle bien sûr que l’enfant du viol est rare et aussi rarement avorté, mais je mets sur le tapis le refus obstiné de mes interlocuteurs à combattre le viol. Sinon ils en parleraient. Je dis que tant que personne ne se souciera de trouver une solution efficace pour qu’il n’y ait plus jamais de viol, je choisis d’être pour l’euthanasie du criminel. Le sacrifice d’un innocent contre celui d’un criminel.

    On ne peut pas parler avec certaines personnes. On n’a que très peu de temps, de ce fait. On doit donc être efficace et toujours courtois.

  • ALAIN , 26 mai 2013 @ 20 h 55 min

    Les Derville, famille certes respectable du Nord, est issue de la galaxie Mulliez.
    Pétés de thune, ils représentent assez bien une bien-pensence d’une bourgeoisie aisée de province. Doivent ils être respectés, oui bien entendu, leur famille a contribué à l’emploi de dizaines de milliers de travailleurs. Sont ils crédibles aujourd’hui ? ma foi… Que reste-t’il de ce paternalisme bienveilant ? pas grand chose.

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