Lettre aux morts de Charlie Hebdo

Vous ne lirez jamais cette lettre et pour cause vous n’êtes plus de ce monde. Bien sûr l’effroi m’a saisi lorsque j’ai appris votre atroce décès. Bien sûr la compassion m’habite quand je pense à vos proches et au chagrin que votre disparition suscite. Mais je ne suis pas hypocrite et je ne me joins pas aux cortèges de pleurs qui accompagnent votre assassinat.

Vous avez porté jusqu’au bout une certaine conception de la liberté d’expression et, dans un pays qui bat régulièrement en brèche ce droit si fondamental, il ne s’agissait pas là d’une sinécure. Vous avez choisi d’offenser toutes les religions, dont l’islam que la plupart des groupes pseudo libertaires comme Femen se gardent bien d’attaquer. D’ailleurs, ceux qui vous reprochaient hier vos excès s’indignent aujourd’hui de votre assassinat, à commencer par Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman et désigné comme représentant des musulmans modérés qui, dans une lettre en février 2006, condamnait les caricatures de Mohamed en vous lançant : « Qui sème le vent récolte la tempête ».

Malheureusement, derrière cette posture d’homme libre, il y avait surtout votre appartenance à cette race d’idéologues qui rêve de détruire l’ordre ancien pour en rebâtir un neuf, soi-disant plus heureux. Identité, souveraineté, frontières, famille, autorité, religions, vous haïssiez toutes ces références et vous preniez un plaisir certain à les démolir. Vous étiez de ce fait naturellement des apôtres zélés de l’immigration et du multiculturalisme n’ayant de cesse – et vos successeurs continueront malgré ce tragique évènement – de louer leurs bienfaits. Il fallait toujours plus d’étrangers, toujours plus de brassage, toujours plus de repentance ; surtout, diluer l’identité helléno-latine et chrétienne dont vous sembliez avoir tellement honte au profit d’une nation arc en ciel chimérique et sans consistance.

“En combattant pied à pied tout ce qui touche à nos identités traditionnelles, votre génération a installé le vide.”

En combattant pied à pied tout ce qui touche à nos identités traditionnelles, votre génération a installé le vide. Vous avez cru que votre homme nouveau pourrait briser les frontières et se passer de spiritualité. Mais vous aviez tout faux. Vous étiez d’autant plus dans l’erreur que dans le même temps le pays s’est mis à accueillir des millions d’immigrés arrivant avec leur lot de croyances et de cultures. Vous ne pouviez alors leur opposer que vos discours creux sur des valeurs surannées : progrès, consumérisme, vivre ensemble, tolérance, relativisme et autres foutaises. Démunie de sa propre identité, livrée à vos idéologies perverses, la France n’était plus en mesure d’intégrer ces nouveaux arrivants. Elle a sombré longtemps avant qu’enfin quelques voix, souvent plus censurées que les vôtres, osent crier la douleur de millions de citoyens et mettent des mots sur des débats interdits.

Mais le mal était fait. Ut sementem feceris, ita metes. La nature ayant horreur du vide, l’islam a profité de vos lâchetés pour infiltrer la société et imposer toujours plus ses revendications, amplifiées certes par le militarisme forcené de nos présidents successifs et l’instauration répétée de chaos à travers le monde. Naturellement, vous êtes restés accrochés à vos certitudes sans que les réalités de la vie ne puissent vous faire changer. Ironie du sort, Charb préparait même un livre contre l’islamophobie et vos assassins étaient des repris de justice façonnés par le laxisme judicaire dont vous étiez si friand. Que la vie est cruelle !

“Vous et vos semblables avaient ainsi donné naissance à un monstre.”

Vous et vos semblables avaient ainsi donné naissance à un monstre. Cette hydre aux multiples visages vous a échappé. Elle a frappé à Joué-lès-Tours, à Dijon et à Montrouge. Mais elle a choisi aussi de se retourner contre vous. Je vous plains… Être assassinés par votre propre créature. Malheureusement, demain, d’autres figures émergeront qui feront de nouvelles victimes. Peut être moi ? Ou d’autres. Alors, au nom de notre sécurité, le pouvoir votera de nouvelles lois restreignant un peu plus nos libertés. Même cela, vous n’avez pas su le préserver… Je vous conspue pour ces legs. Dieu ait vos âmes.

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10 Comments

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  • Alainpsy , 14 janvier 2015 @ 12 h 50 min

    J’avais lu, il y a quelques mois, un petit article dans Charlie Hebdo, où l’auteur parlait de L’islam et disait qu’il ne servait à rien de s’acharner sur l’immigration musulmane, sur l’islam et ses exigences, ses menaces, ses dérives…que de toute façon l’islam ne viendrait pas à bout de la démocratie !! J’ai toujours pensé, comme le dit cet article, que les journalistes de Charlie étaient de doux rêveurs, sympathiques par certains côtés, courageux ou insouciants, un peu adolescents avec un idéal iconoclaste, hédoniste. Il faut des gens comme ça parce qu’on a besoin de désacraliser un certain nombre de choses, et d’abord ce fameux prophète dont personne ne peut être fier tant son histoire est baignée de sang, il va falloir le dire, l’écrire et l’enseigner une fois pour toutes: Cette branche de l’islam, c’est la conquête et la folie violente et meurtrière.
    Mais revenons à Charlie, ils me faisaient penser à un groupe d’amis avec qui, jadis, nous refaisions le monde lors de soirées joyeuses, à la fin il ne reste que de la bonne humeur et rien de plus. En fait, Charlie Hebdo n’était pas réaliste et n’était pas là pour ça, il était là pour tout ridiculiser, tout tourner en dérision, c’est indispensable en démocratie et je m’en accommode, car mes valeurs ne tremblent pas. Par contre,la réalité est bien plus complexe, c’est une autre histoire où ils n’étaient pas, la preuve : l’immigration islamique est bien une menace pour la démocratie et elle peut en venir à bout, directement ou indirectement, par la terreur ou par le vote, ou par les deux, insidieusement, lentement mais inéluctablement, petits bouts par petits bouts. C’est très facile de ridiculiser quelqu’un qui demande la fin de l’immigration, mais la réalité nous a rattrapés, ce que Charlie Hebdo refusait de voir, en parfait représentant et apôtre d’une société suicidaire.

  • sergio , 14 janvier 2015 @ 13 h 46 min

    Des utopistes libertaires rattrapés par une dure , très dure réalité ….
    Cette tragédie ( en attendant les prochaines , sans vouloir jouer les Cassandre …..) aura-t-elle pour effet de les sortir de leurs illusions soporifiques ?…..voire .

  • Alainpsy , 14 janvier 2015 @ 14 h 23 min

    Non, certainement pas, la gauche et une partie de la droite accueillent à bras ouverts sans s’interroger sur le devenir de ces gens sans travail, qui partent dans des quartiers où les islamo-racailles vont se charger de les mettre à la mode du jour. Ce qui arrive aujourd’hui est arrivé parce que tous ces gens sont aveugles, et profondément suicidaires. Ils ne retrouveront pas la raison, il faudra leur imposer ou disparaître.

  • Goupille , 14 janvier 2015 @ 22 h 52 min

    Très bon texte.
    Ces vieux adolescents ne se sont pas rendu compte que leur bac à sable avait changé.
    C’était facile de brocarder une société française homogène qui avait pratiqué ce sport pendant des siècles. Les Mazarinades étaient féroces…
    Ils sont tombés sur l’os dur de la bêtise, étroite, sans art, sans musique, sans amour, sans plaisir, sans joie.

  • Guy Marquais , 15 janvier 2015 @ 9 h 01 min

    Beaucoup de mots pour dire que même dans le malheur un torche “q” ….reste un torche “q”
    Qu’ils reposent en paix si leur Dieu est miséricordieux !

  • jpr , 15 janvier 2015 @ 13 h 54 min

    “Vous avez choisi d’offenser toutes les religions…”
    Ah bon ? il y a eu des caricatures du Grand Orient de France et du GADLU ? Il y a eu des caricatures du laïcisme d’état et de ses grands prêtres ?

  • F_156 , 15 janvier 2015 @ 15 h 22 min

    Nous sommes meurtris dans nos valeurs à cause de ce qui est arrivé à ces journalistes. Nous avons davantage été touchés par les “dommages collatéraux” qui sont ceux qui protègent. Par contre, on peut ne pas aimer ces journalistes caricaturistes qui sont morts, parce qu’ils étaient vulgaires. On peut évidemment regretter qu’ils soient morts pour les mêmes raisons.
    Mais étaient-ils justes ? Je ne sais pas, je n’ai jamais lu leurs écrits ni acheté jamais aucun de leurs journaux qui ne me manquent pas. Ce qui me blesse au-delà de leur disparition, c’est bien le fait que l’on soit tué pour avoir crayonné des dessins sur un prophète d’une religion, par exemple, c’est un des multiples exemples. Ils ont aussi crayonné des politiciens, des femmes, et autres personnages. La religion touche à quelque chose de bien particulier. Mais dire qu’ils ont sûrement pensé que c’était une manière comme une autre, je ne pense pas que ce soit le cas. Ils y ont touché pour emmerder les gens qui croient ce qu’ils appelaient sûrement en eux-mêmes des âneries. La nouveauté c’est qu’on ne peut apparemment plus le faire, pourtant des décennies, nous comptons des décennies de caricatures sur Jésus, Moïse et d’autres. Et ça n’a jamais posé de problèmes sérieux, on entendait parler de risques de sanctions graves, on voyait alors un dessin largement outrancier et irrespectueux sur le calvaire de Jésus, ou sur Marie, peut-être que le risque était une excommunication (je ne sais pas car je n’ai pas suivi à l’époque et peut-être s’agissait-il plus de rumeurs qu’autre chose) et dans ce cas, ç’aurait été alors un objet de gloire pour ces journaux caricaturistes, obtenir l’excommunication du Pape. Donc, ces journalistes savaient jusqu’où ils allaient et cherchaient quelque part la limite. Le dernier dessin arrive même à nous faire rire, malheureusement après leur mort, car c’est maintenant que nous le découvrons “pas encore d’attentats” et on voit un personnage qui porte un flingue et qui répond “on a tout le mois de janvier pour porter ses vœux”, à peu de choses prêt, c’est le texte. Donc, ces journalistes jouaient avec le feu tous les jours.
    Par contre, si on ne peut plus rire d’une religion, ou l’ouvrir au débat dans tous ses états, dans un pays qui se targue de représenter la liberté d’expression, il faut donc envisager qu’il n’y a plus de liberté d’expression en France. Malgré les discours et les émotions, magnifiques, il reste que nous ne savons comment ce pays va évoluer réellement. Les discours et les émotions appartiennent à l’instant présent. Mais demain ?
    Autre chose, et là aussi, il faut se garder de simplifier : ces journalistes étaient-ils vraiment les défenseurs de la liberté d’expression ? Ont-ils réellement visé toutes les religions et obédiences, tous les partis politiques, très exactement et également ? Peut-être que oui, peut-être que non. Je ne les prends donc pas pour les défenseurs de la liberté d’expression dans son sens total, non pas large mais total.
    Avant tout ça, il y a le gâchis humain qui s’étend donc maintenant à 17 morts, peut-être pour rien, puisque nous n’avons aucune certitude de l’existence d’une divinité omnipotente qui prétendrait avoir des droits sur les humains, de façon d’ailleurs inégalitaire, ce qui fait de cette divinité ou une force obscure, ou un abcès dont l’humanité gagnerait à se libérer. La vérité rend libre. Il est à noter que ceux qui ne veulent s’en libérer sont de deux ordres : les esclaves (chrétiens et autres), et les dominants (juifs et arabes qui prétendent tous deux être le Peuple, ce qui ferait des autres peuples des sous-peuples). J’ai donc jeté le Livre et je conserve très précieusement ma Constitution qui fait de chaque individu un citoyen et un microcosme total qui n’appartient qu’à lui-même, quand il se conforme à des lois générales et universelles.
    Et je ne comprends toujours pas pourquoi il a fallu liquider l’Etat-nation dans lequel étaient reconnus les citoyens et le peuple souverain pour mettre à la place un “pays”, une “région” si vous aimez mieux, instable par nature, où sévissent désormais des communautés religieuses et où les politiciens qui nous gouvernent ramènent les brebis dans chacune de leurs communautés, sans savoir quoi faire d’ailleurs des brebis galeuses qui évidemment prétendent n’appartenir à aucune (statut en suspens pour le moment, nous attendons la case dans laquelle ils rangeront les sceptiques, les agnostiques). Donc le départ pour on ne sait quel avenir est déjà compromis par les premiers cadavres du dogmatisme. Heureusement, il existe encore bien des pays qui n’ont pas foutu en l’air leur Etat-nation et qui comptent bien conserver leur statut politique. Mais en France, nous sommes devant l’Inconnue totale. Le vaisseau est navigué à vue précisément parce que les capitaines ont détruit les instruments de navigation qui préexistaient et ont fait leurs preuves. Donc la France est en pointillés, un pays où tout peut arriver, parfois le “meilleur”, rassemblement après une horreur. Ce qui fait que personne ne souhaite finalement ce “meilleur”, puisqu’il est relatif à un massacre, une horreur, et que donc il faut d’abord en passer par là apparemment. Sinon, hors les rassemblements sportifs, rien ne rassemble les populations, on ne parle même plus de “peuple”, mais de morceaux épars de peuple qu’il faut s’efforcer de rassembler. Si on ne peut parler avec humour de tout et de rien sans se faire du mauvais sang, ou sans se faire tabasser, ou tuer, les Français ne sont pas trop chauds pour les grands rassemblements.
    Ils deviennent donc frileux quand il s’agit de s’exprimer. On va commencer à choisir ses mots en cachant profondément notre pensée. C’est l’exemple de pays où règne un esprit malsain, on protège sa pensée. Dans un pays où règne la gouaille et l’esprit de rire sur tout et tous, on a un esprit où la pensée s’offre sans retenue, se dévoile, ne se croit pas en état de siège. Au bout du compte, les tenants du rire de tout et parler de tout sans crainte et sans entrave, devront bien certainement partir.

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