Les cinq mirages de 2013

Un vent d’optimisme souffle chez tous ceux qui depuis des années espèrent un profond changement en France. Les faits s’accumulent. Un million de manifestants contre le mariage pour tous. Hollande qui teste chaque semaine de nouveaux points bas dans les sondages. Le ras-le-bol fiscal qui ne cesse d’enfler avec les pigeons, les moineaux ou les moutons. Des symboles publics vandalisés. Une parole qui s’est quelque peu libérée sur l’immigration, l’assistanat et autres totems de la « bien-pensance ». Le mouvement de la quenelle qui fait plusieurs centaines de milliers d’adeptes à travers tout le pays. Un FN désormais premier parti de France dans les enquêtes d’opinion.

Dans cet environnement en apparente ébullition, chacun y va de sa prévision sur la date du début de la grève de l’impôt, du départ de Hollande, voire de la prochaine révolution. Mon petit doigt me dit pourtant que nous sommes bien loin de tout cela et qu’au milieu du désert français, les mirages sont rois.

Premier mirage, depuis son arrivée à la tête du pays et malgré son impopularité croissante, la gauche n’a aucunement amorcé la moindre inflexion politique. Dans le domaine sociétal, après s’être moquée de plus d’un million de manifestants et de leurs ballons roses, elle s’emploie à faire avancer les dossiers de la GPA et de l’euthanasie. Dans le domaine du logement, la loi Duflot vient tranquillement achever le marché immobilier et punir les propriétaires avec la garantie des loyers et autres délires. En matière de justice, les folies de Taubira continuent de défiler avec l’amnistie de tous les délinquants et la pénalisation de tous les gens honnêtes. Sur la fiscalité enfin, Moscovici ne sait plus quel impôt inventer ou quelle taxe alourdir pour rassasier une sphère publique toujours plus affamée.

Deuxième mirage, face à ce pouvoir sans scrupule, certains s’attachent à relever tout guillerets les revendications qui fleurissent dans le pays. Malheureusement, tous ces mouvements doivent être ramenés à leur stricte valeur. Il s’agit encore et toujours de revendications catégorielles et nullement d’une contestation de l’État obèse. Il n’y a aucune différence entre un cheminot de la SNCF défilant pour sa retraite à 60 ans, un céréalier exigeant le maintien de ses subventions ou un directeur de centre équestre réclamant la conservation de sa TVA à 7%. Tous s’accrochent à leurs avantages financés par l’impôt. Aucun ne souhaite une remise en cause des dépenses publiques pléthoriques et de notre si cher modèle social.

Plus globalement, le Français moyen est encore bien trop moyen pour mériter de sortir de son déclin. Et ce Français est partout, attaché à son petit pavillon, à son écran plat, à ses subsides publics et à ses pseudo-libertés (loisirs et sexe en priorité). Tant que l’État assurera le service minimum des allocations (j’ai déjà démontré à plusieurs reprises qu’il en avait encore la faculté pour longtemps) et que TF1 ou Canal Plus retransmettront les matches de foot, le Français moyen se complaira dans ce système.

Troisième mirage, il n’existe pas de force politique susceptible de relever ce pays. Les deux partis de gouvernement – UMP et PS – et leurs rabatteurs que sont l’UDI et les Verts ont d’une part prouvé leur incompétence depuis 40 ans, mais surtout partagent une même vision du monde qui consiste en la suppression des libertés individuelles et économiques, la promotion de l’internationalisme (immigration et disparition de la nation), enfin l’arrachement de l’homme à toutes ses lois naturelles (respect de la vie, filiation et altérité). Évidemment, il reste de bon ton de s’étriper sur les plateaux de télévision pour savoir s’il faut cotiser 42 ou 43 ans pour sa retraite, s’il faut renvoyer 20 000 ou 30 000 clandestins par an, s’il faut rembourser la pilule à 100% ou 90%, s’il faut condamner les délinquants au bout de la deuxième ou de la troisième récidive. Pour faire simple, la gauche prend l’autoroute pour détruire ce pays quand la droite se contente d’une départementale.

Reste le FN, considéré par certains comme l’espoir absolu. Je vais briser leurs rêves, voire faire sortir de leurs gonds les autres. Mais Marine Le Pen n’est qu’une boutiquière, avec un peu de talent, certes. Elle a hérité du nom de Papa, de la maison de Papa et du parti de Papa. Comme tous ses congénères politiques, son image et son petit confort comptent bien trop pour se salir les mains. Elle préfèrerait mille fois être élue maire dans un arrondissement bobo de Paris que dans une ville de ploucs comme Hénin-Beaumont ! Malheureusement pour elle, son électeur n’est pas homosexuel branché mais ouvrier ringard. Surtout, Marine Le Pen reste dans la demi-mesure et n’a nullement l’étoffe et le courage d’une femme d’État comme Margaret Thatcher, l’exemple parfait du dirigeant qui affronta son peuple pour relever son pays ! En 2012, elle devait renverser la table avec sa stratégie de dédiabolisation. Elle a péniblement atteint les 18%, score similaire à son père dix ans plus tôt. Et même si demain elle atteignait 30% des voix, ce qui serait un vrai succès pour son parti, elle ne gouvernera jamais, sauf à dénaturer les quelques mesures ambitieuses de son programme !

Quatrième mirage, contrairement à ce que beaucoup pensent, Hollande est malin pour servir ses ambitions. En bon Chirac de gauche, il sait précisément ce qu’il doit faire pour sauver sa peau. À moins d’une reprise miraculeuse de la croissance venue de l’extérieur, le pays va poursuivre son lent décrochage et ce n’est pas la danse du ventre d’Ayrault sur la fiscalité qui changera quoi que ce soit. Les Français mécontents sanctionneront le PS dans les urnes en 2014. Il ne restera plus à Hollande qu’à cueillir le fruit mûr, c’est-à-dire dissoudre l’Assemblée nationale en invoquant une rupture de confiance avec le peuple. Il devra certes encaisser la déroute de son camp aux législatives mais il pourra se poser en homme responsable, se faire oublier durant trois ans, envoyer l’UMP sans programme et sans leader au pouvoir, tuer dans l’œuf le retour de Sarkozy et surtout assurer sa réélection en 2017.

Cinquième et dernier mirage, la caste de nos dirigeants est consanguine et défendra jusqu’à la mort ses postes et prébendes. Tous ont ainsi à cœur de s’entraider et de s’échanger les places ou les occasions. Quel plus bel exemple que le dîner du Siècle où tout ce que la France compte d’élites se retrouve pour discuter de la marche du monde et surtout de la sauvegarde de leurs intérêts. Pour ceux qui n’auraient pu être présents, il reste les loges maçonniques pour copiner avec un élu, un technocrate, un journaliste, un intellectuel, un artiste, un chef d’entreprise ou un syndicaliste. Quel membre de cette caste serait assez fou pour remettre en cause un système qui l’enrichit et lui donne le pouvoir ?

2013 s’achève sur des mirages de renouveau et il est fort à parier que 2014 sera la pâle copie de cette année écoulée. Ainsi va la vie en France !

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64 Comments

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  • 0 / 10
  • Psyché , 16 décembre 2013 @ 22 h 58 min

    Son ombre plane effectivement sur nous … Pensez-vous qu’une majorité de votants vont se positionner sur ses propositions ?

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