Génération de m… !

Les jeunes qui font partie de la génération Y (prononcer “Why”) en ont conscience, quand ils posent leur iPhone 4S et réfléchissent deux minutes sur le sens de la vie (ils sont nombreux, ceux à qui cela arrive et qui partagent leur envie de dégueuler sur Internet) : ils sont une génération de m…, LA génération de m… par excellence. La première à ce point surinvestie dans le présent et par conséquent agnostique en matière de futur – rien à voir avec l’honorable “No Future… for you” (les bien-pensants) de la fin des années 70, à visée révolutionnaire.

La première totalement incapable de transmettre la moindre valeur ou ersatz de valeur. Matériellement, c’est pareil. Les dizaines de livres numériques et films/tubes achetés sur Amazon.fr ou Fnac.com ? Ils ne lui appartiennent pas et ne sont par conséquent pas transmissibles. Pas sûr que leurs descendants en auraient eu envie, de toute façon. Les meubles tendance Ikéa achetés pour meubler en toute hâte son premier appartement quitte à ce qu’il ressemble à un décor de sitcom bas de gamme (le jeune de la génération W veut tout tout de suite) ? Ils finiront dans les encombrants dans quelques années, abîmés par les déménagements ou démodés, remplacés par de nouveaux meubles Ikéa, puis Habitat, puis Roche Bobois au fur et à mesure de l’embourgeoisement. De l’aggloméré pour tout le monde, de la mauvaise qualité pour tous !

“Le jeune de la génération Y ne “fait” pas la Croatie en quatre jours comme ses aînés, il nique en Croatie et il nique la Croatie.”

Récapitulons sans capituler : pas de valeurs, pas de livres, pas de meubles à transmettre. Reste l’immobilier ? Le jeune de la génération Y est un hédoniste incapable du moindre sacrifice sur le moyen ou long terme pour atteindre un objectif, qu’il lui est d’ailleurs difficile de fixer – il ne sait pas ce qu’il veut car il veut tout et ne sait pas faire de choix ni prendre d’engagement. Avec les 500 euros de vêtements qu’il porte aujourd’hui, attablé dans un restaurant où l’on ne déjeune pas pour moins de 20 euros (aller chez Brioche Dorée à midi, vous n’imaginez pas !) il vous explique l’air déprimé qu’il ne sait pas comment faire pour acheter un appart’ à Paris, malgré son salaire d’actuaire. Se serrer la ceinture, comme les anciens, peut-être ? Cela ne lui traverse même pas l’esprit, trop occupé qu’il est à ficeler ses week-ends entre amis et autre springbreaks entre jeunes ploucs et salopes décadents de tous les pays réputés développés du monde.

Le jeune de la génération Y ne “fait” pas la Croatie en quatre jours comme ses aînés, il nique en Croatie et il nique la Croatie en poussant les promoteurs, par son comportement de mouton, à saccager l’un des plus beaux littoraux méditerrannéens pour répondre à ses désirs.

Life is a game, comme il dit sur son tee-shirt. Et quand c’est Game over ? La génération Y, tout particulièrement sa partie pétée de thunes, compte plus que tout sur l’État : elle se dit qu’elle lui “donne” beaucoup et qu’en échange, elle a bien le droit à son assistance assistanat. Elle ne met donc rien de côté, son placement, son assurance vie, c’est l’État. Qui pourrait d’ailleurs bien lui payer ses capotes et ses coktails, à ce prix-là, non mais ! Quelqu’un se dévoue pour lui dire que c’est un placement de m…, l’État ?

“Le jeune de la génération Y est un démuni. Sur tous les plans : matériel et immatériel. Il n’a rien à transmettre et ne peut donc pas, par définition, être conservateur.”

Comme par hasard, l’État et les collectivités vont dans son sens. En effet, être proprio revient aujourd’hui presque à louer, vu le niveau des impôts locaux et leur accroissement prévisible (il n’y a qu’à constater la hausse de l’endettement des communautés de communes pour comprendre que la tendance n’est pas prête de s’inverser), puisque l’État se mêle de plus en plus de la gestion des biens – Duflot n’a-t-elle pas osé mettre sur le même plan le droit à la propriété privée et le droit opposable au logement ?, puisque l’État spolie quand il est question de transmettre, même à ses proches…

Non, le jeune de la génération Y est un démuni. Sur tous les plans : matériel et immatériel. Il n’a rien à transmettre et ne peut donc pas, par définition, être conservateur. En ce sens, il est à plaindre. On me dira que la génération suivante n’est pas mieux. Je n’en suis pas sûr : une telle médiocrité ne peut pas ne pas faire réagir, y compris, malheureusement, violemment. De plus, on ne voit pas comment la partie de la génération Z qui continuera dans cette voie stérile (sans doute la majorité, ne nous leurrons pas) pourrait être davantage repliée sur le présent que l’actuelle. Les nextgens, trop occupées par le présent, éviterons au maximum l’affrontement (pour quoi ? Le futur ? Pouah !), pour le plus grand bonheur du système et de l’État-providence. Voilà, ça, c’est pour la génération Y/Why.

Mais, Dieu merci, cette vie de m…, ce monde de m… ne font pas envie à tous. Certains, une minorité, ont l’idée de se prendre en main, d’avertir, de convaincre. Appelons cette catégorie de personnes les “Wyoming”, ceux qui veulent bâtir dans “la grande prairie” : fonder une famille, apprendre à se défendre et à la défendre, à s’autosuffire, réapprendre la solidarité choisie (avec qui on veut et quand on veut), à cultiver la terre, retrouver la foi des ancêtres, leurs traditions. La technologie permet déjà à certains de tenter l’aventure, libres qu’ils sont de vivre à la campagne tant que la connection Internet fonctionne.

“Certains, une minorité, ont l’idée de se prendre en main, d’avertir, de convaincre. Appelons cette catégorie de personnes les ‘Wyoming’, ceux qui veulent bâtir dans ‘la grande prairie’.”

Leurs meubles ? Des pièces anciennes en bois, eux, restaurables, chacune presque unique, pas forcément de grande valeur mais utiles, fonctionnels, pleins de charme et transmissibles ou cessibles. Quand ils lisent dans le journal que le prix de l’électricité va monter, ils ont de la peine… pour les autres. En effet, leur électricité, ils la produisent eux-même (éolienne, etc.). Leur énergie aussi. Comme leurs fruits et légumes. Il leur manque des pommes pour la tarte de ce soir ? Ils vont voir un voisin de la communauté qui en a justement trop et les échangent contre des poires (dont ils ne savent plus quoi faire cette année). Ce troc, l’État, les banques ne savent même pas qu’il a eu lieu, pas de risque donc qu’ils réclament un centime.

La hausse des prix des fruits et des légumes ? Le made in their own country ? En fait, toutes ces questions ne les concernent plus vraiment. Autosuffisants dans de nombreux domaines, ils sont devenus, parce qu’il n’est pas possible de faire confiance aux zozos irresponsables restés dans les 25% de HLM exigés par l’État dans toutes les villes de plus de 3 500 habitants et qui vendraient leur âme ou, plus prosaïquement, feraient passer des melons espagnols pour des français en échange d’un iPhone.

La liberté et la responsabilité, voici le credo de ces résistants. Pas sûr que le fiscalisme ambiant, l’histoire des Juifs ou des Mennonites et la jalousie de tous les frustrés conscients de leur existence de m… mais trop profondément dedans pour en changer, ne leur donnent pas rapidement envie d’avoir un pays à eux. Eux seront prêts à de nombreux et longs sacrifices pour arriver à leurs fins. En face, outre la volonté, il manquera les convictions. Mais ils auront avec eux la force et notre argent à tous. Etc. Tout cela pour vous donner envie de vous extraire de cette fichue matrice pour renouer avec le réel, avec ce qui ne ment pas, avec ce qui irrigue et donne envie d’avancer, pas de regretter un passé certes foireux mais toujours moins que le présent et le futur. De vivre. De survivre. De vous battre. De vaincre. D’aimer.

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161 Comments

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  • monhugo , 15 août 2013 @ 16 h 18 min

    L’enseigne de fripier pour ceux qui ne la connaissent pas est “Guerrisol” (site web : guerrisol.com). S’adresse aux Parisiens et banlieusards, éventuellement. Pourquoi ? Parce que les stocks sont renouvelés en permanence – arrivant en ballots. Il faut donc être à l’affût – en habitant Paris, c’est plus facile. J’ai une amie qui habite en-dessous de la Butte, et qui va au moins 3 fois par semaine au Guerrisol du 17 bis bvd Rochechouart, à 2 pas de chez elle. C’est d’ailleurs pour elle une vraie drogue, et elle revend ce qu’elle ne porte pas (ou quand elle s’en est lassée). On peut même s’y chausser. Pour ma part, j’y ai trouvé des sacs à main – ma seule addiction (para)vestimentaire. On peut y croiser des stylistes et même des “people” – Valérie Lemercier il y a quelques années y venait régulièrement. Tout n’est pas d’emblée à 1 euro (les prix baissent, jusqu’à disparition des articles exposés – sur cintre, ou en bacs). Le prix moyen est 5 euros, aussi bien pour un manteau qu’une robe, un chemisier ou un pantalon… Il y en a pour tous les goûts, et pour femme, homme et enfant. Tout est passé à l’autoclave, mais je déconseille quand même les sous-vêtements… Et bien sûr, comme tout le monde tripote, voire essaie (cabines d’essayage), prévoir lavage ou pressing. Les articles les plus intéressants, selon critères des employés qui mettent en place, sont mis à part (maroquinerie en particulier) et à prix plus élevé, mais encore abordable. Le meilleur est disputé souvent, mais pas plus qu’un jour de soldes dans un magasin “classique”. Paiement CB à partir de 15 euros. Les “Guerrisol” Paris sont ouverts 7 jours/7.
    Il y a aussi un magasin (vu sur le site web) à Fontainebleau.

  • monhugo , 15 août 2013 @ 16 h 22 min

    @Sébastien. Demandez-la en “off” à M.Martin (formulaire de contact), qui en dispose, puisque je suis abonnée à la version-papier de NdF.

  • mariedefrance , 15 août 2013 @ 16 h 23 min

    J’ai 22 ans et dans ma bibliothèque plus de livres que la plupart de vos congénères, mes grands parents m’en ont cédés, j’en donnerais à mes enfants !

    OUF !
    c’est ce que je disais.

  • monhugo , 15 août 2013 @ 16 h 38 min

    “leboncoin.fr” est à éviter. Nombreuses arnaques, et même la semaine dernière une annonce glauque : “Bébé de 6 mois à vendre” – par un père s’étant convaincu que l’enfant n’était pas de lui… Humour noir, on l’espère – enquête en cours. Mais quand même…

  • bingo , 15 août 2013 @ 16 h 39 min

    Totalement, exactement….

  • bingo , 15 août 2013 @ 16 h 43 min

    Ah, l’affectif !
    Depuis l’entrée à l’école, il est fustigé ! Séparer les amis sur les bancs de l’école, puis plus tard, éloigner l’étudiant de sa famille et de ses amis, car les écoles très loin sont tellement mieux, puis la mobilité géographique, les couples longue distance, et enfin les maisons de retraite……… Tout pour couper l’homme de ses racines et de ses sentiments…………

  • Fidele Gastro , 15 août 2013 @ 17 h 01 min

    bonjour j’ai reconnu mon neveu 22 ans qui a mis en justice son pére pour avoir 30 E de plus tout les mois pour partir un semestre à l’etranger via Erasmus et qui parle de fric à longueur de temps

    pour l’autonomie effectivement c’est pas facile mais c’est possible cela demande de l’imagination et de bonne recherches sur le net
    hors des mirages énergie libres bien sur

    très bon article qui parle d’une partie de la jeunesse qui désespère ses proches le lecteur qui a crue que le seul critère était l’age et ikéa me fait sourire

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