Prévention de la récidive : encore une loi idéologique

Un rapide commentaire, en trois points, du projet de loi sur l’individualisation des peines et le renforcement de l’efficacité des sanctions pénales. Rien n’est laissé au hasard en socialie, vous l’allez voir.

Un faux combat, les “sorties sèches”
Cette loi vise à éviter la récidive, et sa pédagogie est basée sur des transitions “harmonieuses”, entre les peines d’enfermement, les peines de substitution et les autres peines. Ce faisant, le législateur mélange la peine et l’après peine, diluant par là même la portée de la peine initiale. En effet, la peine d’enfermement initiale sera amendée par divers mécanismes, le but étant d’éviter des “sorties sèches”. C’est toute la pédagogie de l’enfermement qui est ainsi dénaturée. La personne condamnée n’exécutant finalement la peine initiale que partiellement. Le garde des sceaux s’est trompée de combat, c’est l’après prison, la sortie mal encadrée, qui provoque la récidive. Le détenu fraîchement libéré, sans emploi, sans lien familial ou si peu, va retrouver d’autres détenus dans les centres de post-détention, et rechuter. Cela peut être fait sans “aménager” la peine, qui à force, n’est plus guère pénible. C’est sur l’après peine qu’il faut donc travailler.

Des transgressions désormais relatives
Les peines devront être individualisées. La politique pénale, déjà hétérogène à loisir d’un parquet à l’autre, il y a fort à parier qu’en fonction de la “-phobie” du moment (islamophobie, homo ou lesbophobie, etc.) et de la personnalité de l’incriminé ou de la victime, que la peine soit d’une manière conjoncturelle adaptée. Plus grave, c’est le principe même de la transgression et de ses conséquences -jusqu’alors non relatif – qui est sacrifié sur l’autel de l’individualisme. La transgression sera désormais plus ou moins punie selon l’humeur du moment. Ainsi le message de ce qui est grave et à ce titre interdit est brouillé. Une “transgression de récidive” qui revêtait jusqu’alors un caractère aggravé – par le biais des peines planchers- rentre désormais dans la norme.

L’excuse de minorité
A l’heure où la petite délinquance commence à 10 ou 12 ans, Christiane Taubira ressort “l’excuse de minorité” ! Un mineur commentant un délit verra sa peine réduite de moitié… C’est une sorte d’invitation à se lâcher ! Une fois de plus, l’incohérence caractérise le législateur socialiste. Il y a peu, celui-ci envisageait d’abaisser la majorité à 16 ans (la “pré-majorité” de Dominique Bertinotti) et associe un an plus tard la minorité à un facteur minorant… Il s’agissait, à l’aide de la pré-majorité, d’éviter un effet de seuil, permettre une douce transition. Il convient ici de faire le lien avec la loi APIE qui tend à mettre parents et enfants sur le même plan, là encore le relativisme sévit.

Ce texte arrive alors que les récents événements ont montré l’inutilité des bracelets électroniques – seuls 10% sont géolocalisés – en matière de contrôle. La capacité à mettre en place un contrôle efficace en substitution d’une peine d’enfermement questionne alors. Une note positive toutefois, l’encouragement à la lecture en prison – l’illetrisme y atteint 30% – mesure adoptée suite à un amendement de Jean-Frédéric Poisson, député et président du Parti Chrétien Démocrate.

Au total, la déconstruction des repères continue son bonhomme de chemin ! Ici, c’est la privation de liberté comme conséquence d’un acte réprouvé et plus encore l’individualisme qui prime sur le bien commun.

> Marc de Fubi anime un blog.

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6 Comments

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  • Alainpsy , 15 septembre 2014 @ 9 h 29 min

    Là encore, il faut adapter les peines et la prison à notre époque.
    D’abord il convient d’effectuer sa peine en totalité, il faut supprimer la notion de remise de peine, elle brouille les repères des victimes comme des coupables, ça sert à quoi de plaider, de demander une peine, d’en imposer une autre après de longs débats pour finalement effectuer un séjour en prison qui ne correspond pas aux conclusions du jugement ?
    Ensuite, la récidive est le mauvais fruit du séjour en prison et la preuve que le contenu du séjour est à revoir. Il faut supprimer les séjours à plusieurs, une cellule=un détenu. Il faut supprimer la TV, pourvoyeur de désinformation et de violence. Seuls les documentaires éducatifs, de temps en temps, y seront acceptés. Le réveil se fait avec de la musique classique pour tout le monde (adoucit les mœurs). Les repas se prennent en cellule après les avoir demandé poliment à celle qui passe déposer les plateaux (le rapport au féminin est souvent lié à la violence, il faut imposer cette rééducation de politesse et de respect des femmes ). Il faut imposer un uniforme en prison, de préférence de couleur rose, il est nécessaire d’avoir ce début d’humiliation afin de déconstruire les protections viriles et violentes, pour tenter d’installer un début de réflexion. On supprime les salles de musculation, la prison n’est pas un séjour de détente, c’est un espace de méditation sur ses actes, sur sa vie et sur le respect de l’autre. Le seul loisir autorisé c’est la lecture. La formation professionnelle y est obligatoire, du premier au dernier jour, qu’elle soit manuelle ou intellectuelle. Enfin, la prison c’est la république et ça n’est pas la mosquée, par conséquent pas de nourriture halal et encore moins de coran ou de prosélytisme, on y fait l’expérience du remords. Et quand ce travail sur soi fonctionne on ne récidive pas, sachant que certains relèvent de la Psychiatrie qui devrait prendre le relais dans de nombreux cas.
    Pour ce qui est des jeunes mineurs, être délinquant à 10 ou 12 ans, c’est la preuve indiscutable que le milieu familial est pathogène, au sens de défaillant, et s’ajoute à cela le milieu de la rue. Par conséquent, il faut la création de centres spécialisés où l’enfant séjournera pour se reconstruire et où il recevra la visite de sa famille, mais il ne faut pas qu’il sorte sans accompagnement, et il est nécessaire d’avoir plusieurs années pour restructurer ces individus autour de valeurs solides. Bien entendu ils ne retournent pas là où ils ont appris la délinquance.
    Dans tous les cas, la prison doit être l’expérience de règles très strictes, d’interdits qui restructurent et d’un rapport au respect des femmes sans cesse éprouvé, c’est indispensable car il y a un manque destructeur dans ce domaine.

  • Antoine , 15 septembre 2014 @ 10 h 51 min

    Je me demande comment elle peut avoir des idées pareilles ?

  • Pascal63 , 15 septembre 2014 @ 18 h 55 min

    Là où j entends le terme ” république” , rien de bon arrive ! Au contraire la rep nous montre aujourd hui son véritable visage ! Quand comprendrons nous qu il faille changer de système ? Mais peut-être n en n avons nous pas assez !

  • MdF , 15 septembre 2014 @ 21 h 56 min

    Merci pour votre excellente analyse qui complète, d’une manière concrète, mon topo

  • labolisbiotifool , 16 septembre 2014 @ 14 h 40 min

    ” Cette loi vise à éviter la récidive, et sa pédagogie est basée, pour se faire, sur des transitions ” ,
    ” Se faisant, le législateur mélange la ” : désolé , mais là , moi , ça me suffit !

    A votre prochain billet , faites marcher votre correcteur …

  • MdF , 16 septembre 2014 @ 22 h 14 min

    Vous avez certes raison. Je veillerai à l’orthographe de mes productions nocturnes.
    Ceci dit, que pensez vous de ce billet ?

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