Réformophobie des Français ou incompétence des politiques ?

Suivant la géniale expression de Philippe Muray, la France est devenue une cage, une « cage aux phobes » où tout devient insupportable à tous. Les Français sont mécontents de la situation du pays et souvent de la leur, mais furieux lorsqu’on tente de réformer. Des majorités ont été élues au nom du changement et battues pour la même raison. Entre temps, elles avaient voulu réformer et avaient dû y renoncer sous la pression de la rue ou elles n’avaient rien fait et déçu par leur immobilisme. Quant aux réformes réalisées, elles allaient toutes dans le sens d’une pente, celle de la facilité toujours prisée par les politiciens démagogues. La gauche s’est fait une spécialité de cette descente et c’est pourquoi « ses » réformes sont plus visibles : adoucir les peines lorsque la criminalité s’accroît, faciliter l’immigration lorsque celle-ci s’intègre moins bien et même plus du tout, prendre sa retraite le plus tôt possible en dépit de la démographie, travailler de moins en moins longtemps notamment dans les services dits publics alors que la croissance s’étiole, marier des gens de même sexe alors que ceux de deux sexes différents se marient de moins en moins et divorcent de plus en plus : tout cela vous a un parfum de modernisme et de progrès, c’est comme une marche vers un paradis au son des fanfares de la générosité, de l’ouverture et de l’humanisme. Comme le lendemain, les Français se réveillent en enfer avec la gueule de bois, ils font appel à la « droite ». Elle, c’est la spécialiste de la réforme en douce, sans le dire vraiment, la championne de la réformette honteuse. Soit elle a l’idée, en place depuis 25 ans au Danemark, de baisser le coût du travail avec la TVA sociale et elle remballe aussi sec parce qu’un ministre n’est même pas foutu d’expliquer la chose sur un plateau de télévision, soit elle compense la réforme de gauche par une mesurette de « droite », comme la défiscalisation des heures supplémentaires pour ne pas s’attaquer aux calamiteuses « 35 heures », soit encore elle donne un gage à la gauche pour faire passer son texte en contrebande, comme en supprimant la « double peine » pour durcir un tantinet la loi sur l’immigration. Alors dans le chaos des réformes qui ne marchent pas et des mesures qu’on ne prend pas, la France ressemble de plus en plus à une maison de fous.

A force d’employer le mot à tort et à travers pour culpabiliser les Français, on a fini par oublier que la phobie est une maladie, une peur panique de quelque chose. On croit en déceler la présence latente et on appelle à la lutte contre l’épidémie. La loi prolongée par la pédagogie doit éradiquer les phobies françaises. L’idée que celles-ci puissent n’être que la résistance d’un peuple fatigué qu’on le ballotte de réforme inutile en réforme nuisible sans jamais procéder à celles qui sont nécessaires ne semble pas venir aux « Diafoirus » politiciens qui nous gouvernent. Alors, on assiste à cet étrange spectacle des contestations diverses qui s’élèvent partout et vont peut-être converger dans une immense vague de ras-le-bol. En 2002, on votait des milliers de policiers en plus. En 2003, la « droite » leur appliquait « en douce » les 35 heures et à la fin de la décennie diminuait les effectifs. Avec des moyens insuffisants, des heures supplémentaires non payées, mais depuis peu refiscalisées, les policiers sont dans la rue. Le yoyo de la TVA par petits coups, tantôt sur un taux tantôt sur l’autre, au mépris comptable de tout bon sens n’aide pas notre industrie mais pénalise les commerçants et les artisans. On se demande quels ministres paresseux conseillés par quels fonctionnaires aveugles ont pu prendre de pareilles décisions. Chacun sait aujourd’hui que la France n’a pas procédé à temps aux réformes structurelles indispensables, qu’elle a même, au contraire, réformé à contre-temps et à contre-sens. Quand apparaît une lueur de bons sens, quand on songe à rapprocher l’entreprise et l’école pour enrayer le chômage des jeunes ou qu’on se décide à modifier des rythmes scolaires absurdes imposés par les exigences syndicales et les intérêts du tourisme, c’est avec les pesanteurs nationales habituelles : d’un côté on crée un conseil national avec 5 représentants des entreprises, mais autant de syndicalistes, de professeurs, de membres des administrations et d’élus des collectivités. Il ne manque à ce « machin » qui se réunira deux fois par an que des ratons laveurs. Quant aux rythmes, faute de moyens, dans la confusion et l’étalement, la réforme mal expliquée, mal encadrée, bricolée dans un ministère, doit s’imposer face à l’éventuelle « délinquance civique » aux 36 000 communes du pays.

L’idée que de vraies réformes, la régionalisation de l’ enseignement, la suppression des départements, la TVA sociale par exemple puissent être clairement mises en œuvre avec une explication cohérente de leur intérêt et le choix des Français par des référendums comme en font les Suisses est étrangère à l’oligarchie qui nous gouverne. Les Français sont malades : ils n’ont pas la phobie des réformes ni des impôts, mais une simple indigestion due à l’incompétence des cuisiniers.

Related Articles

18 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • Aymard Jean , 15 novembre 2013 @ 10 h 17 min

    Merci Monsieur Vanneste.
    Vous avez cent fois raison. vos constatations sont exactes.
    Puissiez-vous être entendu et écouté.
    Cependant il est maintenant temps de passer à l’action, disserter n’est plus suffisant.
    Il nous faut des solutions pour rendre au citoyen sa liberté et à la France son vivre ensemble.
    Le changement c’est maintenant!

  • François Desvignes , 15 novembre 2013 @ 10 h 19 min

    Tout ce que le pays légal aime, le pays reel le déteste
    Tout ce que le pays reel aime, le pays légal le déteste.

    Tout ce que le pays légal considère comme bon, le pays légal le vomit
    Et réciproquement.

    Le pays légal et le pays reel se font face, se détestent.
    Le premier méprise l’autre
    Le second jure la peau du premier.

    Le pays légal devrait cesser de croire qu’il est estimé, aimé, compétent, honnête, vertueux, indispensable.
    Ce n’est pas prudent de s’auto abuser, de s’enfermer dans son orgueil.

    Cest tout le contraire : le pays reel le méprise, lui rend sa haine, le juge incompétent, profiteur,menteur, corrompu, nuisible. Comme les rats.

    En définitive, pays légal et pays reel ont des idéologies inversées, leur dieux et leurs idéaux sont plus que contraires, adversaires :

    Le pays légal veut la société multiraciale
    Le pays reel répond, “Zéro Afrique”, “No Blacks !”

    Le pays légal veut la société multiculturelle*
    le pays reel répond “Zéro islam”, “No Beurs”

    Le pays légal veut l’Europe mondialisée
    Le pays reel répond “Zero technocratie européenne” “No Bruxelles”

    Le pays légal veut la société molle athée et sucrée de la pensée unique
    Le pays reel répond “Zero bien pensance” “No Bobo”

    En définitive, le pays légal ne promeut que le N.O.M, sans histoire, sans race, sans religion, sans culture, où la multitude serait à la merci de quelques uns, LEUR CHOSE.Le stade en deçà de l’esclavage.

    Le pays reel, sachant ce qu’il perd, et comprenant bien qu’il ne fera pas partie de ces quelques uns, dont il ne veut d’ailleurs surtout pas faire partie (on ne se refait pas), n’est pas d’accord.

    Il construit une autre réponse que du haut de sa présomption le pays légal n’a pas encore vu, et ne verra que trop tard :

    L’extermination du pays légal.
    Pour la survie du pays reel.

    La mort de la barbarie
    Pour la continuation de l’Histoire.

    vanneste : revenez au pays reel.
    Reniez le pays légal pendant qu’il en est encore temps.

  • Bernard , 15 novembre 2013 @ 10 h 19 min

    TOUT comme l’UE qui distribue énormément d’argent pour préparer l’arrivée prochaine
    de la TURQUIE – et d’autres pays -, dans la Communauté Européenne !
    Elle dit NON, mais agit contrairement à ses promesses

    Les turcs sont déjà en France, mais avec l’ouverture des frontières……
    Bonjour les dégâts !

  • JSG , 15 novembre 2013 @ 10 h 54 min

    “…Il est évident que la France est à la traine de tout et qu’il faut qu’elle réforme ses dogmes, ses mille-feuilles, ses ambitions….”
    La France est-elle à la traine ou simplement septique aux réformes utopiques et maladroitement mises en oeuvres. Du coup, les gens regardent avec prudence, tout ce qui leur est proposé.
    En résumé, pour envisager des réformes sérieuses, faudrait-il encore qu’elles soient crédibles et proposées par des gens sérieux et honnêtes, tout n’étant qu’une question de confiance.

  • Catoneo , 15 novembre 2013 @ 12 h 12 min

    Les Français ne sont pas un peuple conquérant et leur ADN est celui du rat des champs. On protège son périmètre, on recherche la rente et on s’y retranche. L’encagement urbain n’a pas changé la mentalité, le rêve est toujours le “Sam-Suffi” sur 250m² de sol.
    L’ouverture européenne fut acceptée du bout des lèvres (voir les résultats du référendum sur Maastricht) parce que c’était “tendance”. La mondialisation est autant une chance qu’une menace pour les pays développés, la France n’y voit plus qu’une menace. Toujours le syndrome de la rente “foncière”, les acquits, les titres notariés.
    Le rentier est l’adversaire le plus résolu à toute réforme de son environnement qui peut entamer la sécurité de son avenir tel qu’il l’a imaginé.
    Une majorité de jeunes français désiraient devenir fonctionnaires, rentiers. La proportion a dû baisser depuis qu’on leur a fait comprendre que c’était impossible, voire ultérieurement précaire. Il n’en demeure pas moins qu’un actif sur 5 en France dépend de l’Etat, qu’il considère en plus être sa chose ! Il dispose d’une parcelle de pouvoir tout en étant réfractaire au changement et peut manifester son mécontentement jusqu’à la prise d’otages d’usagers sans rien risquer. Il est organisé pour garnir les hémicycles en défense de ses privilèges.
    Face à ce mur qui ressemble à celui des Francs lors de la bataille de Poitiers, le reste du pays est divisé adroitement entre ceux qui sont ponctionnés pour charger la chaudière du Léviathan et les exempts. Ces derniers ne bougent généralement pas puisque tout redressement du pays les convoque au rôle fiscal. Seuls les ponctionnés sont susceptibles de précipiter en un cocktail explosif. On y vient, on y est.

  • mariedefrance , 15 novembre 2013 @ 12 h 25 min

    Nous connaissons bien les relations de l’Allemagne avec la Turquie.

    La première étant démographiquement en déclin, il est évident qu’elle
    continuera à accepter l’immigration turque à laquelle elle est habituée.

  • mariedefrance , 15 novembre 2013 @ 13 h 19 min

    Je pense qu’il faut surtout de LA CONFIANCE entre les Français et les zélites.

    Or, il n’y en a plus.
    Comme il n’y en a plus envers l’UE, la sorcière.

Comments are closed.