Tuerie de Newtown : la nécessité de se poser les bonnes questions

Tribune libre de Manuel Rojos

Les meurtres horribles de 27 personnes, dont 20 enfants, à l’école primaire Sandy Hook de Newton (Connecticut) ont brisé le cœur de millions d’Américains et – selon les médias français – appellent à une réforme du contrôle des armes aux États-Unis.

Il est dans la nature humaine de vouloir trouver un responsable ou quelque chose à blâmer, devant une telle tragédie. Tous les parents se mettent à la place des familles endeuillées par la perte d’un enfant. La folie d’un homme tellement dérangé qu’il a été capable de tirer sur de jeunes enfants est absolument incompréhensible et inacceptable pour chacun de nous. Cependant, ceux qui récupèrent ce drame pour appeler à l’interdiction de la détention d’armes aux États-Unis sont bien malavisés.

L’école se trouvait dans une « gun free zone », ce qui signifie qu’Adam Lanza savait pertinemment qu’il ne rencontrerait aucune résistance armée quand il pénétra dans l’enceinte de l’établissement. La tuerie d’Aurora (Colorado) qui fut perpétrée en juillet dernier, eu lieu dans un cinéma situé également dans une zone où les armes sont interdites. Les « tueurs fous » qui ponctuent malheureusement trop souvent l’actualité de leurs crimes s’attaquent toujours à des personnes faibles, désarmées. Une école, un cinéma, un campus universitaire ou bien encore – comme ce fut le cas en 2011 en Norvège – un camp de jeunes isolé. Les tueurs impliqués ont toujours en commun la folie et la lâcheté, et c’est d’ailleurs ce qui leur permet de commettre ces ignominies. La folie les y conduisant et la lâcheté les facilitant.

Un homme qui veut tuer s’en donnera toujours les moyens. Il trouvera une arme quoi que l’État fasse. La meilleure solution pour réduire les risques de passage à l’acte de ces individus incontrôlables consisterait à mettre le doigt là où ça fait mal : sur leur lâcheté. Une société armée, formée à l’autodéfense citoyenne, est une société qui réduit ces risques. Les statistiques de la sécurité aux Etats-Unis montrent très clairement que les zones les plus sécurisées sont les quartiers où les foyers sont le plus armés. La crainte de s’en prendre à des personnes qui sont potentiellement armées, prêtes à se défendre, pousse naturellement les agresseurs en puissance à renoncer. C’est le cas pour les petits délinquants, mais également pour ces tueurs fous.

Au lieu de remettre en cause les droits protégés par le Second Amendement de la constitution américaine – c’est-à-dire le droit à l’autodéfense citoyenne et le droit pour les citoyens de se constituer en milice – peut-être la classe politique américaine devrait-elle débattre de la pertinence de ces zones d’interdiction. Pourquoi les vigiles du cinéma d’Aurora n’étaient-ils pas ostensiblement armés de manière à défier un éventuel tueur fou ? Pourquoi le gardien de l’école primaire de Newtown n’était-il pas en mesure de répliquer ? Rien que l’idée de rencontrer une opposition aurait peut-être pu éviter ces tueries si on avait poussé ces criminels à envisager ce risque.

Nous aurions beau retiré les 300 millions d’armes à feu qui circulent aujourd’hui aux États-Unis, nous aurions beau les cacher ou les détruire, il y aurait toujours des criminels. L’insécurité est favorisée par le sentiment d’impunité et surtout d’invulnérabilité qu’on laisse prospérer. Seule la peur d’un échec de son plan, et la peur de mourir sans qu’il en ait décidé, pourra faire renoncer un individu qui veut faire couler le sang de l’Homme.

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27 Comments

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  • Denis Merlin , 16 décembre 2012 @ 12 h 48 min

    Les voyous et les fous trouveront toujours les moyens de se procurer des armes, les gens respectueux des règlements, non. Chaque Suisse a chacun son arme d’infanterie à la maison. C’est le pays ou un des pays les plus calme du monde.

  • Gérard (l'autre) , 16 décembre 2012 @ 14 h 26 min

    “La nécessité de poser les bonnes questions” ?

    Une bande de “racailles” tue un adolescent gratuitement de plusieurs coups de couteau. Ils sont RELAXES !

    Un bon patriote fait fuir cette bande de “racaille” à l’aide d’une carabine à plombs en tirant en l’air : Il écope de 4 ans de prison FERME !

    La “Légitime Défense” n’existe plus.
    Il faut être mort d’abord, pour avoir le droit de se défendre … ensuite !

  • passim , 16 décembre 2012 @ 14 h 58 min

    Les bonnes âmes et les journaleux qui, statistiques-bidon en main, récupèrent un drame comme celui-ci pour dénoncer la possibilité qui est offerte aux US de détenir une arme de poing, ne trouvent jamais le contradicteur qui leur ferait remarquer une chose très simple, que voici.
    S’il s’était trouvé, dans le RER où Anne-Lorraine Schmitt a trouvé une mort atroce, en se défendant de toutes ses forces contre son agresseur, s’il s’était trouvé un seul homme portant une arme, Anne-Lorraine Schmitt serait toujours vivante.
    On peut multiplier les exemples.
    Qu’il y ait de nombreuses armes en circulation ne peut que faire grossir l’éventualité qu’elles soient employées à des fins criminelles, c’est évident. Mais ce que les statistiques biaisées ne mettent pas en avant, et pour cause, c’est le nombre d’agressions, parfois mortelles, que ces armes évitent. Ce chiffre, impossible à calculer, le simple bon sens permet de l’évaluer, à un niveau élevé. La simple dissuasion que représente, pour un voyou, l’éventualité que la vieille dame au volant de sa voiture ait un 9mm dans sa boîte à gants doit en faire reculer plus d’un.
    Je suis favorable au port d’armes, sous des conditions strictes, pour que les honnêtes citoyens puissent se défendre, eux, leur famille et les autres honnêtes citoyens qui vivent dans un monde de plus en plus dangereux, pour des raisons sur lesquelles il est superflu de s’étendre.
    On évoquera bien sûr les “bavures” possibles. Là encore, une Justice sévère et juste peut sanctionner, avec tout l’effet dissuasif que comporterait de lourdes sanctions, ceux qui auraient la gâchette trop facile, tandis qu’en amont, la délivrance d’un permis de port d’arme pourrait être entourée de toutes les précautions possibles, notamment en matière de formation. De même que le permis de conduire n’est pas un permis de tuer, le permis de port d’armes serait encadré de façon stricte, mais pas seulement délivré comme c’est le cas actuellement, au compte-goutte.
    Je vis dans un pays où la criminalité est l’une des plus élevée au monde. L’achat d’une arme de poing y est très facile, de façon officielle. Il est exact qu’ici, une simple altercation entre automobilistes peut se sanctionner par une mort violente. Le laxisme, dans ce cas, est évident. Mais il y a l’autre face de la médaille, celle où l’on voit, dans un bus attaqué par deux malendrins armés (c’est vraiment le far-west, et l’attaque de la diligence !), l’on voit un passager faire feu sur les voyous et les mettre en fuite, au grand soulagement des pauvres obreros qui allaient être délestés de leur petit pécune, on ne peut s’empêcher d’applaudir.
    Comme le faisait remarque un intervenant, les voyous sont avant tout des lâches, qui s’attaquent aux faibles et aux désarmés. On souligne par ailleurs, à juste titre, que la racaille n’a pas besoin de permis pour être armée.
    Il est temps de rééquilibrer les « forces » en présence, et de ne pas laisser aux seuls voyous l’exclusivité du port d’armes, dans un pays où l’Etat, visiblement, n’a plus la possibilité de protéger le citoyen qui lui a confié le soin de sa sécurité.

  • passim , 16 décembre 2012 @ 15 h 00 min

    “Remarquer”, et non “remarque”.

  • Gérard (l'autre) , 16 décembre 2012 @ 15 h 48 min

    Que voilà un exposé de bon sens !

  • Henri , 16 décembre 2012 @ 16 h 54 min

    Il ya deux catégories de gens, ceux qui pensent et ceux qui ne e pensent pas ou ont une pensée faible ou la non pensée. Merci de les démasquer
    A gauche effectivement on ne pense pas ou on préfère les slogans simplificateurs. A défaut de couper les têtes, on diabolise ; S‘il ya des gens de gauche qui sont parfois de qualité, c’est parce qu’ils sont en dehors des clous de l’idéologie appauvrissante et qu’ils prennent des distances
    A droite, malheureusement sur les problèmes de société, il y a souvent un mimétisme qui fait pencher à gauche , alors que l’honneur d e la droite devrait être de ne pas être de gauche, non sa conservation, c’est-à-dire refuser cette démission d e l’intelligence et de l’honneur sur les problèmes de société . Il ya aussi à droite une difficulté à penser la « common decency « chère à Orwell , maïs c’est bien à droite qu’on trouve ceux qui peuvent être des rocs de la pensée et des esprits libres ou libérateurs ;
    Il semble qu’à Nouvelles de France , on soit libéral, mais on pense. Bienvenu au club

  • Robert , 16 décembre 2012 @ 17 h 15 min

    Effectivement, les agresseurs sont des lâches, comme les “frappés de démence” qui massacrent ou violent redeviennent subitement raisonnables quand ils ont en face quelqu’un de déterminé, pas forcément armé. On le vérifie quand un mec vous chauffe, mais que devant votre calme déterminé, il part voir ailleurs. Beaucoup d’agresseurs sont des opportunistes.
    Dans le cas d’Anne-Lorraine, l’expert psychiatre Roland Coutanceau avait convaincu le tribunal lors de la première condamnation de Deve-Oglu, son assassin, qu’il était “accessible à la peine” et réinsérable. Résultat, un an après sa sortie, il se charge avec de l’alcool, regarde un film porno et repars à la chasse au même lieu et même heure que la première fois.
    Mais cette fois-là, ne voulant plus être arrêté, il prend un couteau et devant la détermination d’Anne-Lorraine à préserver sa vertu, il lui assène plus de trente coups de couteau et s’enfuit. Parce qu’elle avait réussi à le blesser gravement à l’aine, elle était courageuse, il a été vite arrêté.
    Mais il ressortira et recommencera.
    L’individualisme, la peur des coups, mais aussi d’être accusé à son tour si l’agresseur est blessé, rend les contemporains peureux. Si une personne avait simplement réagi et crié ou tiré la sonnette d’alarme, il se serait sauvé. Mais il était tôt le dimanche matin sur une ligne déserte et dans le premier wagon, il n’y avait personne.

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