Pollution parisienne ? N’oubliez pas le guide !

Quand Paris s’enrhume, la France toute entière tousse. Et quand Paris tousse, la France s’arrête. C’est ce qu’on pourrait croire à lire les grands titres de la presse tant la pollution qui stagne sur la moitié nord et notamment la région parisienne semble occuper toutes les préoccupations des journalistes et des politiciens de la capitale.

Il devient même difficile, alors que Paris a accumulé quelques jours de pollution, de trouver d’autres sujets de préoccupations qui ne manquent pourtant pas. Entre une nouvelle montebourderie grotesque, une disparition mystérieuse d’avion, et la situation internationale tendue en Crimée, il y aurait de quoi dire. Mais non : ce qui interpelle, finalement, c’est logiquement ce qui se passe directement autour de nous, au-dessus de nos têtes.

Ou plus précisément, au-dessus des têtes des journalistes dont les articles affûtés comme du beurre chaud ont continuellement dégringolé dans la presse du week-end pour annoncer la terrible nouvelle : la pollution étant ce qu’elle est, Gouvernemaman a pris la décision courageuse de discriminer les méchants automobilistes et notamment ceux qui ont le mauvais goût d’arborer fièrement une plaque d’immatriculation paire, en leur interdisant de se déplacer. On cognera sur les vilains automobilistes qui ont une plaque impaire dans quelques heures, ne vous inquiétez pas.

Et moyennant un peu d’alarmisme à base de photos dramatiques montrant Paris avec et sans un filtre photoshop gris, on va pouvoir affoler tout le monde et faire passer la mesure sans problème. Peu importe qu’au moment où sont présentées les images d’un Paris enfumé, on trouve sur internet les images pareillement grises d’autres points emblématiques (comme le Viaduc de Millau, par exemple) : il sera facile d’expliquer que la pollution n’est pas la même et puis que c’est de toute façon la fotovoitures si Paris est englué dans le gris.

Au passage, cette solution prônée de circulation alternée promet d’ores et déjà quelque moments croustillants puisqu’il va falloir mobiliser plusieurs centaines de fonctionnaires des forces de l’ordre afin de s’assurer que la discrimination minéralogique s’opère dans de bonnes conditions. Des contrôles seront menés. Des gens seront admonestés. Des amendes seront distribuées. Des bouchons seront donc inévitablement créés avec leur cortège de ralentissements et … de pollution. Comme c’est efficace…

Et ce qui pose vraiment problème, ce n’est pas que ce soit gris (parce que Paris, depuis quelques années, porte bien le gris et s’est habitué à ses façades sales, ses habitants ronchons et ses perspectives ternes). Non, le vrai souci est connu : ce sont les abominables PM10, puis PM2.5 et maintenant PM1 qui viennent jusque dans nos bras étouffer nos filles et nos compagnes. Les PM10, ce sont les particules de 10 microns ou moins, qui ont la fâcheuse tendance à obturer les bronches et la capacité de réflexion de certains journalistes qui écrivent aussi que ce sont des « micro-organismes », prouvant par là que l’absence totale de toute vérification constitue la base inaltérable de tout article journalistique moderne, citoyen et festif.

Ceci posé, une fois qu’on sait que ce sont ces vilaines particules qui produisent un intéressant brouillard, le lien avec les voitures est évident. Du reste, en 2011, il n’avait pas échappé au bulldozer boboïde actuellement en lice pour une tranche de rigolade aux municipales qui avait proposé de sucrer purement et simplement les méchantes voitures polluantes de la capitale et d’autres villes, faisant ainsi disparaître le problème, pouf, c’est évident.

Sauf que malgré la suppression des autos qui polluent, le ciel est toujours un peu grisâtre, là. Que voulez-vous, comme la production de ces particules n’est pas stoppée, comme la cause initiale est toujours en place, les symptômes s’éternisent. Que font les autorités ? Que proposent NKM ou Hidalgo pour résoudre le problème ? Et si on baissait les seuils d’alertes (pour passer de PM10 à PM2.5 oh zut c’est ce qu’on a fait il y a deux ans — 1er janvier 2012 — bon disons de PM2.5 à PM1 et n’en parlons plus) ? Est-ce que c’est gênant de cogner sur les véhicules personnels même si la contribution du trafic local n’est jamais responsable à elle seule d’un dépassement de 50μg/m3 en PM10 ? Hein ?

Mais au fait, d’où viennent-elles, ces méchantes PM10 pardon PM2.5 pardon « particules de plus en plus fines » ? Essentiellement, des générateurs thermiques, des combustions de bois et des moteurs diesel. On pourrait retracer, d’ailleurs, les provenances de ces particules et une proportion non négligeable serait allemande.

Eh oui : à force de ne pas utiliser d’électricité nucléaire pour se consacrer à l’éolien, les Allemands ont dû, pour des raisons de production constante (impossible avec leurs moulins à vent) se doter de générateurs thermiques qui produisent de vilaines particules dont la capitale française bénéficie directement lorsque s’installent des vents favorables (venant du nord / nord-est). Bien sûr, ce qui est vrai en Allemagne l’est aussi en Belgique et en France où de nombreux champs d’éoliennes sont assujettis à de ronflants moteurs qui participent tous, joyeusement et écologiquement, au bordel indescriptible qu’on enregistre actuellement.

Autrement dit, oui, ce sont bel et bien nos fiers amis écolos qui sont directement responsables de cette pollution. Ils ne sont pas les seuls, rassurez-vous, mais ils ont leur part de responsabilité qu’aucun journaliste ni aucun politicien n’admettra, même pas du bout des lèvres.

Et le problème est plus profond. Ce sont ces mêmes écologistes qui ont, naturellement, poussé à l’utilisation des transports en commun. Le souci du transport en commun est qu’il ne peut, par nature, répondre à 100% des besoins de déplacement dans une métropole comme Paris. On peut tortiller les choses dans tous les sens, la couverture du besoin de transport par leur collectivisation n’est jamais complète, et ne dépasse probablement pas 50% (i.e. : un trajet sur deux ne peut être fait par les transports en commun, parce que ce n’est pas rentable en coût, en temps, ou que sais-je). Cela n’a cependant absolument pas empêché les équipes municipales en place (tant à Paris qu’ailleurs) de continuer à réduire l’espace et les facilités pour les voitures, pour accroître marginalement l’offre de transports publics. L’observation est malheureusement sans appel : l’espace dédié aux voitures diminue plus vite que le trafic ne baisse. La quantité de voitures à Paris a diminué de 24% depuis 2001. Pourtant, le nombre de kilomètres de bouchons a, lui, augmenté chaque trimestre de 6 % entre le début du mois de mars et la fin du mois de décembre 2013 et de 26% aux heures de pointes depuis 4 ans.

On imagine sans mal que cette multiplication des bouchons et, parallèlement, l’accroissement du nombre de bus vides qui crament 52L au 100 (pour les hybrides de dernière génération en situation réelle, et 72L/100 pour les bus ordinaires) dans des couloirs de circulation aménagés n’améliore pas l’atmosphère générale des grandes villes.

Et puis tant qu’on y est, on n’oubliera pas de rappeler que c’est encore les pouvoirs publics qui, avec la lucidité qui les caractérise, ont depuis des décennies favorisé le diesel au détriment de l’essence alors que, hors taxes, le coût du diesel est supérieur à celui de l’essence, et ce au point que la France n’aie maintenant pas les capacités de raffinage nécessaires pour subvenir à la demande de son marché.

Je résume.

Grâce aux bonnes idées énergétiques des écolos, on crame actuellement plus de charbon qu’il y a dix ans ce qui provoque une pollution désagréable. Grâce aux bonnes idées étatiques, on brûle plus de diesel bien chargé en particules que de l’essence qui est normalement un produit moins cher et moins polluant. Grâce aux écologistes, la chasse à la voiture produit un accroissement notable des bouchons en ville. Et enfin, grâce aux écologistes et aux politiciens désemparés devant les gros nuages gris qui puent, une moitié des automobilistes se retrouve punie pour ne pas être massivement passée au vélo, ce qui va provoquer quand même des bouchons pour vérifier que tout le monde respecte bien la mesure.

Tout ceci est superbe.

 

> h16 anime le blog hashtable. Il est l’auteur de Égalité taxes bisous.

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27 Comments

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  • 0 / 10
  • monhugo , 17 mars 2014 @ 20 h 54 min

    @jejomeau. Vous votez samedi prochain, vous ?
    Sur les Municipales, je vais voter “blanc” dimanche (enfin, “nul”, avec un bulletin de mon cru). Car dans ma commune coco, il y a 3 listes : les cocos/écolos/PS sortants, une liste LO, et une liste de baltringues UMP/UDI (dont plus d’un tiers d’allochtones, pour respecter la couleur locale)… Donne pas du tout envie..

  • Gisèle , 18 mars 2014 @ 0 h 00 min

    Ah oui ! les listes : collectif pour la ville de .. ! ces listes qui cachent leur étiquette réelle en mélangeant les *genres * … impossibles à rayer ou à panacher … vicieuse nouvelle stratégie électorale …

  • Gisèle , 18 mars 2014 @ 0 h 03 min

    l’ Haarp est passée par là ….

  • Smarties , 18 mars 2014 @ 0 h 44 min

    Les partis écologistes refusent de participer au gouvernement allemand, justement parce que l’Allemagne refuse d’arrêter le charbon.

    Faire un amalgame entre l’écologie politique (EELV par exemple) et les écologistes, comme si l’écologie était réservée à ces partis politiques et affirmer que ces mouvements sont à l’origine de l’accroissement de la consommation de charbon, est une escroquerie supplémentaire de la part de l’auteur de cet article, qui devrait songer à bien respirer, car sa propagande prométhéenne pour la toute puissance de l’Homme dans les sciences sans conscience et la pollution, ne convainc que les moutons.

    Selon l’Académie des sciences de New York City dans cet ouvrage que je vous invite à lire, Tchernobyl fit en bilan provisoire 1 million de morts :

    http://www.nyas.org/publications/annals/Detail.aspx?cid=f3f3bd16-51ba-4d7b-a086-753f44b3bfc1

    Selon cette étude scientifique publiée dans le journal médical à comité de lecture “International Journal of Health Service”, Fukushima fit 14 000 morts aux USA uniquement et pour la seule année 2011 :

    http://www.prnewswire.com/news-releases/medical-journal-article–14000-us-deaths-tied-to-fukushima-reactor-disaster-fallout-135859288.html

    http://www.radiation.org/

    Selon Andreï Sakharov dans ses mémoires, l’inventeur de la bombe atomique russe, les retombées radioactives de Tsar Bomba firent 4 millions de morts en bilan provisoire.

    A Fukushima, nous avons aujourd’hui un lac radioactif sous la central, dans lequel baignent 3 coriums, les coeurs fondus des réacteurs n°1, n°2 et n°3.

    Ces coriums ne sont pas situés car ils sont inaccessible, peut-être sont-ils à 100 mètres sous terre, nul ne le sait ni ne peut le savoir…

    Toute cette zone fuit de la radioactivité.

    Pour stopper la contamination de l’océan pacifique, un mur de 30 mètres de haut a été bâti, mais il est finalement sans effet car la radioactivité traverse le mur.

    Les Japonais vont donc remplacer le mur par une barrière de glace qu’il faudra réfrigérer pendant 100 000 ans !

    http://french.ruvr.ru/2014_01_31/Une-barriere-de-glace-pour-les-eaux-radioactives-1511/

    Malgré cela, le lac radioactif sous la centrale et maintenant activé par les 3 coriums, contrairement à Tchernobyl ou à Three Miles Island, va continuer à contaminer les terres par le cycle de l’eau pour 100 000 ans et à terme tous les océans de la planète à divers degrés seront contaminés et assurément le Japon tout entier est déjà condamné.

    Dès 2011 le gouvernements japonais demandait de ne plus consommer l’eau du robinet à Tokyo :

    http://www.rts.ch/info/monde/3035275-l-eau-de-tokyo-est-dangereuse-pour-les-bebes.html

  • Smarties , 18 mars 2014 @ 0 h 56 min

    Ils ont eu 30 ans de pluie en Egypte et on bat des records de froid aux USA…

  • ranguin , 18 mars 2014 @ 6 h 37 min

    Ah bon ? vous écrivez ainsi paire et impaire, comme cela se passait à Paris je croyais, naïvement, que la théorie du genre était de sortie et je l’interprétais ainsi : “Père et impère”

  • ranguin , 18 mars 2014 @ 7 h 08 min

    Les écolos sont néfastes à plus d’un titre et utiles à la fois.

    Néfastes parce qu’ils ne devrait pas y avoir un parti politique écologiste. L’écologie ne peut, en aucun cas se reposer sur une idée partisane. La raison en est simple. Aujourd’hui, nous les entendons sans cesse argumenter avec des idées qui ne sont pas les leurs mais celles d’un scientifique (vous remarquerez que je dis un scientifique) nécessairement celui qui va dans leur sens.

    Dès qu’un autre scientifique tente de démontrer le contraire, aussitôt c’est un fou, un irresponsable, un assassin en puissance et j’en passe.

    Le nucléaire est ultra dangereux, on ne peut même pas revenir en arrière parce que se chauffer au charbon ou au bois est encore plus dangereux.

    On veut nous obliger à utiliser le vent, le seul problème est qu’il ne souffle pas partout, pas assez fort et pas tout le temps. De plus le néodine que l’on met dans les éoliennes est dangereux, non seulement à sa production mais également à son recyclage en fin de vie de plus il est très onéreux.

    Alors l’eau ? Il n’y en a pas partout.

    Il ne reste plus qu’à mettre des petits sacs au cul des vaches pour récupérer le méthane.

    Quelle crétinerie de croire que l’homme est responsable de tout.

    Revenir à la bougie ? dangereux on peut mettre le feu.

    Hé oui, le risque zéro n’existe pas. Il faut accepter cela.

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