La “concurrence victimaire” est complètement faussée

Face à la haine et à la discrimination, les chrétiens peuvent-ils se défendre comme les autres ? Apparemment non. La lutte contre la haine antichrétienne cache une islamophobie latente, tout comme la lutte contre le racisme anti-blanc cache un racisme profond. Les chrétiens étant dans une position historique et culturelle dominante en Europe, la haine, le racisme et les préjugés ne peuvent venir que d’eux. Dans ce cas, la christianophobie n’existe pas. La lutte des classes a été remplacée par la lutte des races et des religions. C’est une dialectique perverse que nous impose l’ennemi. On la connait, on la dénonce et on la démonte.

Plus insidieuse est la critique de certains chrétiens eux-mêmes. Pour eux, il n’est pas question pour un chrétien de se mobiliser, de se politiser et de se défendre.  Ils dénoncent âprement le « jeu de la concurrence victimaire », et le « mimétisme » avec les organisations communautaires comme le CRIF ou le CCIF. L’Observatoire de la Christianophobie, l‘AGRIF et les autres organisations de défense des chrétiens construisent des « mythes phobiques » comme les autres. C’est une vraie question qui est posée là, et il est important de prendre le temps d’y répondre : joue-t-on au petit jeu pervers de la « concurrence victimaire » lorsqu’on compte, analyse et riposte aux actes antichrétiens ? Doit-on participer au concours de pleurnicheries, au jeu de la concurrence victimaire et à la guerre civile médiatique entre communautés ?

 

La christianophobie français, ou le discrédit public organisé

Les chrétiens ont perdu, depuis 40 ans, toutes les batailles séculières, sur les thèmes les plus capitaux qui touchent à l’humanité : présence et respect de la transcendance, caractère sacré de la vie humaine, solidarité volontaire, conditions de production du beau et du bien, préservation du patrimoine religieux et cultuel. Ces thématiques s’imposent politiquement à mesure que la déchristianisation gagne du terrain. Ceci n’est pas tout à fait fortuit.

Comme l’écrit Michel de Jaeghere dans son Enquête sur la christianophobie de 2005 (éditions Renaissance catholique), les chrétiens font aujourd’hui l’objet d’un triple procédé de mise à l’écart : la marginalisation (« vous êtes une minorité »), le discrédit organisé (suivant une immense campagne de désinformation) et la disqualification de la hiérarchie de l’Église catholique. Mais cela passe aussi par le silence devant les actes antichrétiens : combien de profanations, d’injures publiques ou d’attentats symboliques font l’objet d’une indignation médiatique ou politique ? Qui s’indigne encore, ou s’étonne seulement, d’une campagne de publicité qui détourne la figure du Christ, de la Sainte Vierge ou du pape ?

Si la « –phobie » signifie une « hostilité sociale envers un groupe de personne », et si la discrimination est le « fait de distinguer et de traiter différemment quelqu’un ou un groupe par rapport au reste de la collectivité », le christianisme dans son ensemble – et plus particulièrement le catholicisme, ses symboles, son patrimoine et sa hiérarchie – est bien l’objet d’une discrimination et d’une « –phobie », parce qu’il fait l’objet d’un traitement différencié et d’une hostilité organisée. C’est le fameux « deux poids, deux mesures »  qu’on observe quotidiennement. Ne pas s’en rendre compte, c’est faire le jeu des agresseurs, des idéologues antichrétiens et d’une société pervertie jusqu’à la racine.

 

L’État fausse le marché

La concurrence victimaire, ou autrement dit « concurrence des mémoires », est réelle, mais l’État, comme toujours, fausse le marché.  Comment une République peut-elle être « une et indivisible » quand elle organise une hypertrophie mémorielle pour dénoncer les « crimes » de l’Église (Inquisition, croisades, pédophilie, etc.) et pour mettre en avant l’apport de la culture islamique en Occident ? Comment peut-on croire encore à la “neutralité” de la laïcité républicaine quand elle permet de supprimer une crèche dans un conseil général tout en organisant une soirée ramadan dans la mairie ? Ou encore quand elle opère une sélection des indignations et des subventions ?

Dans le rapport christianophobie 2015, j’avais mis en avant le concept de régulation asymétrique, qui désigne un dispositif du droit économique : lorsqu’un acteur domine un marché, pour des raisons économiques, historiques ou culturelles, il peut se voir imposer des mesures défavorables et un traitement discriminatoire afin que les autres acteurs puissent se trouver dans une situation égale aux autres. Une fois de plus, c’est quand l’État s’introduit dans une situation qu’il vient en chambouler les règles et en pourfendre l’histoire. La mise en pratique de ce concept de “régulation asymétrique” peut expliquer la discrimination institutionnelle des chrétiens. Mais en partie seulement.

 

Mettre les mains dans le réel

Les chrétiens qui dénoncent les actions contre la christianophobie sont comme les kantiens : ils ont les mains pures, mais c’est parce qu’ils n’ont pas de mains. Ils critiquent ceux qui agissent, mais n’agissent pas eux-mêmes. Ils dénoncent un « nombrilisme communautariste », en niant ce que vivent ceux de leur propre communauté. Ils dénoncent publiquement les amis, et passent sous silence les actes des ennemis.  Ils pensent à l’Autre, mais oublient leur prochain. Ils peuvent en arriver jusqu’à s’indigner de l’islamophobie, en niant la réalité de la christianophobie, et rejoindre pleinement la dialectique marxiste de lutte des classes, des races et des religions.

Pis encore, ils méprisent les victimes de la christianophobie : toutes ces victimes qui perdent la foi, ceux qui n’ont plus des conditions d’accès normales au message chrétien, ceux qui sont discriminés, insidieusement et ironiquement, pour leur foi ; le patrimoine culturel et cultuel, les églises de campagne pillées et les calvaires renversés, les cathédrales souillées par des hystériques Femen, ou les symboles sacrés détournés à des fins mercantiles : ce sont aussi les victimes de la christianophobie.

Quand Saint Justin, un des premiers père de l’Église, écrit une Apologie, c’est pour dénoncer publiquement les persécutions antichrétiennes en l’adressant à l’Empereur lui-même : est-il en train de participer à un « concours de pleurnicherie » ? Quand le Christ lui-même apparaît à Saul, lui reprochant de le persécuter, joue-t-il à la « concurrence victimaire » ?

Que ces chrétiens sans mains retrouvent le sens des réalités et descendent de leur nuage. Qu’ils arrêtent de croire en une organisation politique, médiatique et sociale qui nie entièrement l’identité, les racines chrétiennes et l’histoire de la France. Qu’ils arrêtent penser que la communauté chrétienne flotte au-dessus de la société telle la Jérusalem céleste dans le Ciel de l’Apocalypse : les chrétiens doivent mettre les mains dans le tissu complexe du réel, dans les méandres de la politique, dans les couloirs de l’influence communautaire et dans l’art de la vente médiatique. Les chrétiens ne doivent pas s’enfermer dans leurs idées lumineuses sur l’harmonie préétablie entre les communautés et se construire des catacombes de bisounours non-violents et pacifiques. Ils doivent s’ouvrir à la réalité, et cette réalité, c’est celle de la “persécution douce”, qui, peu à peu, organise tranquillement la déchristianisation de notre pays et empêche sa rechristianisation.

Vivien Hoch
Porte-parole de l’AGRIF et de l’Observatoire de la Christianophobie

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42 Comments

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  • André , 17 juillet 2015 @ 17 h 27 min

    Je ne sais si c’est hors sujet, mais la France devient victime de l’islam, alors voici ce que j’ai trouvé:
    Warner Price
    MAIS MOII QUII SUIIS NÉ EN FRANCE JE DOIS ALLER OU? OUI L’ALGERIE A EU SON INDEPENDENCE MAIS AUJOURD’HUI LA FRANCE S’EST MISE A 4 PATTE DEVANT L’ALGERIE POUR QU’ILS LEUR PRETE DE L’ARGENT …..

    C’est intéressant, son commentaire:

    https://youtu.be/u_nxE5FISDQ

  • Tite , 17 juillet 2015 @ 17 h 34 min

    C’est Vatican II qui a vidé les églises…

    Les églises où sont célébrées les messes tridentines ou celles où est appliqué le Motu Proprio de Benoît XVI sont noires de monde…

  • André , 17 juillet 2015 @ 17 h 46 min

    Toujours encore à propos de l’islam, vous pouvez voir les commentaires pour vous faire une opinion, suite à mon billet. Ce sont les français de souche qui sont irrespectueux parce qu’ils ne veulent passe convertir. Les musulmans nous apportent une chance d’être islamisés.

    http://france.libre1.overblog.com/l-islam-et-les-pays-musulmans-les-plus-riches-au-monde

  • Droal , 17 juillet 2015 @ 18 h 49 min

    Toutes les religions sont inspirées par Dieu, et dans chaque religion il demeure un petit reste qui fera lever toute la pâte. On entend souvent que l’Islam est la seconde religion de ce pays. C’est possible. Mais ce qui est certain c’est que la première religion de ce pays, c’est le culte de l’argent : la Civilisation de l’amour de l’argent.

    Le Seigneur Jésus-Christ affirme qu’il n’y a que 2 religions, puisqu’il n’y a que deux maîtres.

    Tout le reste…n’est que littérature.

  • le réel , 17 juillet 2015 @ 19 h 33 min

    trop de catholiques sont plus préoccupé par leur réussite sociale que de l’état de la société.
    nous pouvons tous nous couper du monde et vivre en semi autarcie, on ne participe plus à la vie du village soit car nous en avons été exclu, chassé de nos églises par les modernistes, soit nous n’arrivons plus à trouver un minimum d’intérêt commun!

    notre erreur a été de laisser le champs libre, nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous mêmes

  • Boutté , 18 juillet 2015 @ 7 h 51 min

    Etre victime fait partie de l’essence même du Christianisme . Tendre la joue gauche quand la droite a été frappée est sa marque délétère .

  • Isaie , 18 juillet 2015 @ 9 h 44 min

    Il y a de grandes différences entre le christianisme tel qu’il est enseigné dans la Bible et le catholicisme. Ainsi, le décalogue (les dix commandements) ne sont pas abolis. Le deuxième des dix commandement dit ceci:
    “Tu ne te feras pas d’images taillées, ni de représentations quelconques de ce qui est en haut dans les cieux, de ce qui est en bas sur la terre, de ce qui est dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles et tu ne leur rendra pas de culte, car moi, l’Éternel ton Dieu, je suis un Dieu jaloux qui punit la faute des pères sur les fils jusqu’à la quatrième (génération) de ceux qui me haïssent et qui use de bienveillance envers ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements ( version la Colombe). les commandements ne sont pas abolis. Maintenant, l’apôtre Paul exigeait que les surveillants (anciens/épiscopes/évêques soient mariés (1 Tim.3.1-6). Ainsi la religion catholique qui se dit chrétienne est totalement en opposition ouverte avec les enseignements de la Bible et donc du Christianisme apostolique. Voilà donc pourquoi elle est dans une totale perte de vitesse. Maintenant, l’apôtre Pierre, dans sa première épitre au ch.3 dit que le baptême est un engagement envers Dieu. Comment un nouveau né pourrait-il prendre cet engagement? Je dois dire que le terme “baptême” signifie immersion, trempage. Voyez les hérésies de cette religion qui se prétend chrétienne. C’est donc pour cela qu’elle est en pleine perte de vitesse.

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