Pour une cohérence de l’opposition au mariage homosexuel, à travers la demande de la suppression catégorique du projet de loi !

 

Dans cet article, nous mettons en garde les opposants à la loi sur le “mariage” homosexuel qui n’exigent qu’un débat et un referendum au lieu d’exiger sa suppression pure et simple. Nous insistons surtout sur  le manque de cohérence des opposants du peuple (ou du clergé) catholique qui demeurent dans cette configuration. Malgré un combat non-confessionnel, les catholiques sont quand même une bonne majorité dans l’opposition, aussi nous a-t-il  paru pertinent de nous focaliser sur eux.
 
Nous voyons actuellement une bonne partie des opposants au “mariage” homosexuel  proposer un grand débat sur la question, voire un referendum. Si cette prise de position est mieux que le soutien à la loi ou l’indifférence, elle reste dangereuse, dans la mesure où demander un débat signifie déjà que toutes les opinions se vaudraient, et que nous pourrions  espérer un terrain d’entente.

Commencer à discuter sur la question revient à s’engager sur la pente et commencer à glisser, pour deux raisons :

  • Une fois que le débat sera lancé, nous savons que les media ne seront pas impartiaux, et qu’un rien suffira pour que le vote de l’éventuel referendum soit biaisé, à cause de l’esprit droit-de-l’hommiste qui est la règle : notons qu’il ne s’agit d’ailleurs plus du « mariage homosexuel », mais du « mariage pour tous » : habile ! Qui pourrait oser s’opposer à ce « droit pour tous » ? Cette personne serait nécessairement méchante, nazie et mangerait à coup sûr des enfants ! Par sentimentalisme, et parce qu’il faudra être gentil et laisser les personnes homosexuelles « libres de faire ce qu’elles veulent » (la définition commune et erronée de la démocratie pour beaucoup d’individus), la société se tirera une balle dans la tête. Si le peuple vote pour cette supercherie, que pourrons-nous dire ? Non seulement nous ne pourrons plus rien objecter, mais la moindre objection sera prise comme une attaque anti-démocratique, anti-républicaine, anti-liberté et anti-égalité, ce qui sera gravé sera gravé et ne pourra être modifié.
  • Plus profondément, vouloir un débat,  même si c’est dans le but de convaincre que l’on a raison, c’est espérer s’en sortir par la dialectique : c’est tenter de trouver un compromis, alors que nous savons qu’il n’y en a pas. Le mariage n’est pas un produit s’expliquant par les différentes phases de l’histoire, les différentes opinions de chacun. Le mariage est, tout simplement : il est l’union entre un homme et une femme, conçus pour ne faire qu’un par ce sacrement institué par Dieu dans la Genèse.

La République, non contente d’avoir transformé le mariage originel en « contrat de prostitution légalisé » comme le disait Balzac dans son roman La femme de trente ans, s’apprête à achever de déconnecter le mariage de la seule réalité concrète qui le caractérise encore : l’union d’une femme et d’un homme. La République, experte en matière de dénaturation, va continuer à évacuer l’être du mariage,  à en faire un produit de l’imagination moderne. Nous n’aurons plus que le « mariage dialectique » : une structure de base de la société dans laquelle personne n’est, mais chacun est devenir, chacun se définit par le mouvement de soi en lien avec son environnement, par les rapports de forces qui agissent au sein du monde post-moderne. Le mariage reste une des dernières antiquités (bien altérée !) témoignant encore de la réalité de l’être, parce qu’il engendre l’individu dans un cadre stable qui lui permet de grandir, et d’affirmer pleinement son être. Comment être heureux alors, si l’on n’a plus ce cadre stable et donc si l’on ne peut pleinement épanouir son être, et si, de ce fait, on n’est plus un être, mais une multitude de devenirs ?

Ne s’arrêter qu’à la demande du débat nous parait donc être une grave erreur, et l’issue est presque connue d’avance.  Nous ne pouvons être vrais et rester intègres si nous nous plions aux armes de nos adversaires, qui sont la dialectique matérialiste et le refus de l’être. Que pouvons-nous faire alors ?

Il semble que la seule voie possible soit la résistance et le refus du compromis : depuis trop longtemps, les catholiques, en particulier, se sont laissé oppresser par la République qui méprise complètement le pays réel en l’écrasant sous l’imposition, les lourdeurs administratives et les principes progressistes. La Liberté et l’Égalité jacobines n’ont fait que tuer les libertés  et les complémentarités réelles en vendant du rêve, celui de l’orgueil de s’en tirer par soi-même et par l’imagination, alors que ces libertés et complémentarités réelles ont toujours été, tant bien que mal, encouragées par la civilisation chrétienne.

L’erreur du personnalisme
 
Le catholique moyen n’est cependant pas prêt à entrer en résistance, parce qu’il a tendance à être personnaliste. Cela est favorisé par l’individualisme moderne, en réaction face aux oppressions des pouvoirs. Être personnaliste, c’est adhérer à l’adage (non particulièrement confessionnel car désignant l’esprit) : « spirituel d’abord », en s’imaginant que son propre intérêt spirituel aura pour finalité spontanée l’intérêt de tous, et que l’économie et la société seront en conséquence meilleures. Le personnalisme catholique s’appuie notamment sur l’idée que le Christ aurait inventé le principe de laïcité, ce qui lui permet de justifier son « spirituel d’abord » face à un prétendu « temporel d’abord », mais cela est un faux problème qui repose sur une mauvaise interprétation des Écritures comme nous allons le voir.

Le personnalisme est une illusion, car le bien de tous ne peut s’obtenir que par le travail en vue du bien commun. Charles de Koninck démontre cela dans De la primauté du bien commun contre les personnalistes, dont voici un extrait de l’introduction :

« Le bien est ce que toutes choses désirent en tant qu’elles désirent leur perfection. Donc, le bien a raison de cause finale. Donc, il est la première des causes, et par conséquent, diffusif de soi. Or, « plus une cause est élevée, plus sa causalité s’étend à des êtres nombreux. En effet, une cause plus élevée a un effet propre plus élevé, lequel est plus commun et se rencontre en plusieurs choses.»  « D’où il suit que le bien, qui a raison de cause finale, est d’autant plus efficace qu’il se communique à des êtres plus nombreux. Et c’est pourquoi, si la même chose est un bien pour chaque individu et pour la cité, il est clair qu’il est beaucoup plus grand et plus parfait d’avoir à coeur, c’est-à-dire de procurer et de défendre, ce qui est le bien de toute la cité que ce qui est le bien d’un seul homme. Certes, l’amour qui doit exister entre les hommes a pour fin de conserver le bien, même de l’individu. Mais il est bien meilleur et plus divin de témoigner cet amour à toute la nation et aux cités. Ou, s’il est certes désirable quelquefois de témoigner son amour à une seule cité, il est beaucoup plus divin de le faire pour toute la nation, qui contient plusieurs cités. Nous disons que cela est plus ‘divin’ parce que cela est plus semblable à Dieu, qui est la cause ultime de tous les biens. »

Ce n’est pas pour autant qu’il faut faire du « politique d’abord » un absolu. L’absolu recherché pour le catholique doit être Dieu, par le chemin de la sainteté, mais il ne doit pas oublier que la sainteté n’est possible que dans les actes, et qu’elle est par définition le sacrifice de soi (1) en vue du bien commun. Obéissance oui, mais pas si le bien commun s’en trouverait corrompu. Or ici, c’est bien une attaque envers le bien commun dont il s’agit, puisque l’application de cette loi finirait définitivement de détruire l’être du mariage et donc de la famille, et par conséquent l’être de chaque individu. La sainteté consiste ici en la glorification en Dieu de la cellule de base de la société, cellule qu’Il a voulu, et laisser cette loi de dégradation de la famille s’accomplir sans entrer en résistance et en n’exigeant qu’un débat relève du manquement à l’appel à la sainteté.

Il est certain que, vu le rythme de dégradation de la société, les catholiques deviendront de facto résistants un jour, mais il sera peut-être alors trop tard pour que cette résistance soit pacifique, et l’issue sera alors sans doute malheureusement vraiment dramatique.

Notre devoir est donc de combattre en vue du bien commun, mais combattre sans haine et avec justice. N’ayons pas peur, demandons donc catégoriquement la suppression de ce projet de loi, criminel pour le bien commun.

L’argument de la laïcité
 
On nous objectera sûrement : « Oui, mais le principe de la laïcité ? Le Christ l’a inventé ! Donc le temporel au temporel, et le spirituel au spirituel ! »

Premièrement, la sainteté n’est pas exclusivement de l’ordre du spirituel. Étant des êtres de chair et d’esprit, nous ne pouvons être purement spirituels. La sainteté est le chemin de la réalisation de la plénitude de l’être dans le spirituel et le temporel, conjointement : la séparation des deux n’a pas de sens. Tous les saints agissent en vue du bien commun : ils n’ont cure de leur bien propre, celui-ci leur revient éventuellement par le bien qu’ils font à tous, et en conséquence, à Dieu.

Ensuite, le Christ n’a jamais inventé le principe de laïcité : il a inventé le réalisme pur, qui propose pour un genre de cas de distinguer le temporel et le spirituel. La laïcité est actuellement comprise comme un principe alors qu’elle n’est en réalité, dans le cas du Christ, qu’une conséquence du réalisme. Que nous croyions en lui ou non, à travers les Écritures il nous laisse par son être le modèle de l’Être, le modèle de l’approche du réel, le modèle du comportement face au réel, et donc également face à Dieu, qui est Être éternel (2). Lorsqu’on lui demande s’il est permis de payer le tribut aux romains, alors occupants de la Palestine :

« Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit: Pourquoi me tentez-vous, hypocrites? Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier. Il leur demanda: De qui sont cette effigie et cette inscription? De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »
(Mt, 22,18-21)

Pourquoi voir un principe de laïcité là-dedans ? Jésus déjoue tout simplement par sa doctrine réaliste un piège très subtil ! Il ne pouvait y avoir meilleure réponse. Il est tout simplement réaliste.

Prendre cela comme un principe d’action dans la Cité serait extrêmement grave, car cela imposerait un choix entre deux voies, ce qui serait une imposture car cela interdirait complètement le chemin réel de la sainteté. En ayant la même approche, on pourrait prendre le passage de la femme adultère et en déduire le principe selon lequel il ne faudrait punir personne, parce qu’aucun individu n’est parfait et donc aucun individu ne serait en conséquence autorisé à condamner. Il faudrait alors laisser en liberté les criminels, et cela serait dangereux pour le bien commun. Voilà le danger de faire du réalisme christique des idées déconnectées de leur contexte réel, puis des idéologies. Il est absolument nécessaire de se recentrer sur ce qui va dans le sens du bien commun, au-delà de prétendus principes qui ne sont basés que sur du réalisme pur appliqué à un cas particulier. Or demander le débat ne conduira pas au respect du bien commun, soyons réalistes et ouvrons les yeux sur ce qui se trame ! Laissons plutôt l’État nous proposer un débat en retour, ce qui sera très différent puisque nous pourrons alors imposer nos conditions.

Le seul jugement général que nous pouvons tirer de l’enseignement du Christ durant cet épisode est celui de l’incompatibilité entre ce qui s’éloigne de Dieu et ce qui y ramène. Il n’y a donc pas d’oppositions à chercher entre le spirituel et le temporel, mais il y en a une entre le mauvais et le bon spirituel-temporel. En effet, ici, le matérialisme dialectique à l’œuvre pour justifier le “mariage” homosexuel est fondamentalement incompatible avec le réalisme, et nous constatons de plus que l’Etat actuel, de plus en plus totalitaire et déconnecté du réel, s’éloigne de la même façon de la magnifique glorification de l’être qu’apporte le Christ. La question de la laïcité n’a donc pas du tout le pouvoir de trancher dans ce problème.

Rendons donc à la dégradation ce qui est à la dégradation, et au bien commun ce qui est au bien commun : reconquérons le mariage et la famille, par le temporel et par le spirituel, conjointement ! Ne militons pas pour un débat ni un referendum, militons sans haine ni violences pour la suppression pure et simple de ce projet de loi.

1. Le sacrifice est à l’échelle de chacun : par exemple le sacrifice de la petite Thérèse de l’Enfant Jésus fut de supporter ses sœurs du carmel, de faire chaque jour son devoir, le tout avec amour  et sans manquer à l’obéissance.
2. « Je suis celui qui est », traduction du nom de Dieu en hébreux : YHWH

Du même auteur :
> La contre-révolution absolue

Lire aussi :
> Catholiques, qu’avons-nous fait des promesses de notre baptême ?

Related Articles

25 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • jean fontenille , 19 décembre 2012 @ 10 h 35 min

    tres bien,mais manifester pour le referendum permetrait aux athée de culture judeo chretienne comme moi,et ils sont nombreux a etre evacues du debat,de se manifester enfin.

  • jean fontenille , 19 décembre 2012 @ 10 h 36 min

    erreur,je voulais dire “a ne pas etre evacué du debat”,sinon ce que je dit n’a pas de sens;excuses

  • mylene , 19 décembre 2012 @ 11 h 41 min

    je suis totalement d’accord avec vous, mais il faut voir la réalité en face: entre les laïcards surexcités qui n’écoutent rien, en particulier si on se réfère à Dieu, au Christ, bref à la religion chrétienne et les abrutis lobotomisés par les médias, le public susceptible d’adhérer à cette vision sans concessions sera fortement limité (en gros tous les lecteurs de ndf et autres sites d’information réelle qui sont surement déjà convaincus…)!

  • bernique , 19 décembre 2012 @ 11 h 53 min

    “Est, est; Non, non !”
    Il n’y a pas de débat. Le mariage dans sa seule acception vraie, celle du Christ, ne peut être dénaturé. Les conséquences de son établissement dans la société civile sont favorables à celle-ci, en fait il la fonde. On peut démontrer ses bienfaits, on ne peut ni ne doit les remettre en question, ni s’y risquer.

Comments are closed.