Kippa ou pas ?

Pour le symbole, il est évidemment très dommageable que certains soient obligés de renoncer à une tradition par crainte de représailles. Après des agressions antisémites à répétition, légitimement, la question du port de la kippa peut se poser. Mais, dans le même temps, par un effet pervers, une autre polémique nous interroge : la kippa n’est-elle pas un signe religieux ostentatoire et un accoutrement communautaire ? Dans un pays laïc qui réclame la neutralité pour tous et même pour ceux qui ne croient pas, indiquer son appartenance religieuse en portant un indice visible, dans l’espace public, n’est-ce pas de la provocation ? Dans l’esprit des belligérants d’en face, c’est sûr ! Même si, en cette période trouble, le débat n’est peut-être pas approprié, en tout cas, il pourrait s’imposer, au-delà de la kippa et de la liberté de s’accoutrer comme on le souhaite…

D’autant qu’il n’est pas nécessairement judicieux, à n’importe quelle occasion, de vouloir affirmer coûte que coûte : je suis juif, je suis musulman, je suis chrétien ou toute autre appartenance. Organiser un concours pour savoir qui sera le plus apparent, n’est pas indispensable. Pas plus que se stigmatiser soi-même, n’est probablement pas la meilleure façon de s’exprimer : le plus souvent, s’afficher en se singularisant révèle plutôt un manque d’assurance ou de maturité. Quelquefois, c’est l’inverse… quand on a un ego démesuré ! Quoi qu’il en soit, par les temps qui courent, tous ceux qui se complaisent à certifier leurs différences ne devraient pas avoir d’autres préoccupations que la paix civile. Parce que notre pays est en guerre ! C’est Manuel Valls qui le dit ! S’il le dit…

Guerre ou pas, le communautarisme exponentiel qui s’installe en France, depuis quelques décennies, devrait nous questionner sur notre fameux “vivre ensemble” et notre modèle d’intégration. Qui a du plomb dans l’aile, c’est le moins que l’on puisse dire ! Les accoutrements des uns et des autres, qui en temps normal ne nous intéressent pas plus que ça, vont nous obliger à repositionner sérieusement notre laïcité. Car, c’est bien ce système qui nous a permis, en toutes circonstances, de faire bloc, au-delà de nos opinions et de nos croyances. Cette neutralité républicaine a l’avantage de définir l’individu, avant tout, et quelle que soit son origine, comme un citoyen appartenant au même peuple et à la même nation. Où, certes, les communautés ont le droit d’exister, mais sans avoir le droit de représenter un quelconque contre-pouvoir législatif ; elles ne peuvent, en aucune façon, s’arroger la moindre représentativité constitutionnelle ! Pourtant, elles réclament, en tant que telles, de plus en plus de passe-droits et de prébendes. Par calcul électoral, par lâcheté ou par inconscience, des élus imbéciles se prosternent et les courtisent en les laissant abîmer notre façon de vivre. En abandonnant leurs prérogatives, ces élus se rendent complices, délibérément ou indirectement, de tous les conflits communautaires qui nous secouent. Ce n’est pas parce que quelques-uns, en signe de soutien, portent la kippa dans les couloirs de l’Assemblée nationale que les autres pourront s’exonérer de leur responsabilité.

Notre “vivre ensemble” exige une parfaite maîtrise de nos lois et une fermeté à toute épreuve. Le corollaire de ce concept, la laïcité, ne peut souffrir d’aucune dérogation et mérite un sans-faute exemplaire. Sinon, c’est l’anarchie annoncée. Les actes répétés, de la simple incivilité jusqu’aux crimes terroristes, que nous subissons depuis trop longtemps, auraient dû nous alerter, mais surtout, quand c’est nécessaire pour notre sécurité, faire réfléchir nos législateurs sur les aménagements à apporter à notre constitution. Envisager la déchéance de nationalité contre les apprentis terroristes, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant, si dans le même temps, les parlementaires ne font pas appliquer ou respecter la plupart des lois qu’ils votent. C’est là où le bât blesse !

Et ce sont ces deux inconséquences, l’irresponsabilité patente de nos élus et l’incompétence de nos dirigeants, qui provoquent la désintégration de nos institutions et le malheur de la France. Avec cette histoire de kippa, nous touchons (presque) le fond de l’indicible !

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36 Comments

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  • Lapalice , 19 janvier 2016 @ 9 h 17 min

    C’est dommage que dans ces commentaires on parle de sionisme, d’affreuse calotte…
    En effet, lorsque l’on parle de sionisme au lieu de dire juivisme, c’est qu’on est anti juif.
    Lorsque l’on parle de calotte c’est que cela fait mal de dire un mot en hébreu Kippa.
    Pour ceux qui aimerait que les juifs quittent la kippa, pour lequel je ne suis pas hostile, il faudrait savoir que le port de la kippa n’est pas un acte politique mais un acte de respect, c’est une relation entre l’homme et le sacré, il ne faut pas mettre la kippa uniquement à la synagogue, mais chaque fois que l’on fait une bénédiction ou que l’on se rapproche du livre saint ou seulement lorsque l’on parle seulement du sacré.
    Par contre dans l’islam se couvrir la tête ou le corps est fait pour ne pas tenter autrui, donc c’est une action de l’homme pour l’homme, il n’y a aucune relation entre l’homme et le sacré.
    Quant aux interdits de porter tous signes extérieurs d’appartenance à une religion il faut accepter que les saints n’existent plus dans les calendriers, dans le nom des villes, que les crèches soient interdites dans les lieux publiques, etc etc,
    On ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et la fermière.

  • françois pignon , 19 janvier 2016 @ 9 h 28 min

    @jsg; Bonjour vous ne semblez pas trop maitriser l’histoire de France , mais ne voulant pas refaire vatican 2 , je resterais sur le sujet de la Kipa!
    il faut parer au plus urgent! le rapport de force n’étant pas favorable à nos concitoyens Français de confession juive, il me semble raisonnable comme le conseille le responsable de la communauté juive de Marseille d’éviter le port de la Kipa dans l’espace public. pour l’instant .un reportage récent me semble répondre à cette question. il s’agit d’une maman juive Marseillaise qui s’inquiète comme toutes le mamans du monde pour son fils de 16 ans . qui lui n’a pas peur de porter fièrement la kipa! cet ado respectueux de sa mère et qui à reçu une bonne éducation ,ne veut pas se voir interdire du port de la kipa! tout est là.
    mais dans le contexte de pré-guerre civile où certains voudraient nous amener avec les musulmans . pour ma part je ne souhaites pas apprendre que ce jeune homme est mort parsqu’il portait une kipa sur la tête! donc je soutiens cette Maman qui a le courage de ne pas mettre de l’huile sur le feu!

  • Saint-Surge , 19 janvier 2016 @ 9 h 45 min

    Effectivement, à mon avis, Eric Zemmour a dit ce qu’il fallait dire. J’ajouterai que la France est un pays de tradition catholique, ce qui implique que les autres religions doivent être discrètes. D’ailleurs, le port de la kippa dans l’espace public est un phénomène récent qui révèle une ostentation de mauvais aloi.

  • languedocien , 19 janvier 2016 @ 9 h 45 min

    Le voile islamique n’est pas interdit en France. Comme la kippa, il l’est seulement dans certains lieux régis par une conception rigide de la laïcité.
    Porter la kippa n’est pas un signe religieux ostentatoire pour un juif observant, c’est une obligation religieuse. Le devoir de la porter ne dépend en rien du fait qu’il se trouve dans l’espace public ou non. Bien différent en cela du voile, qui manifeste à la société la soumission de la femme à son mari. Il n’a d’autre existence que publique : à la maison, la femme le retire sans problème. Le voile islamique est donc bien un instrument d’occupation de l’espace public, ce que n’est pas la kippa. La porter est un droit tout comme celui de pratiquer librement sa religion. On doit y regarder de plus près avant d’accepter d’un coeur si léger les restrictions à la liberté religieuse.

  • Pascal , 19 janvier 2016 @ 11 h 34 min

    Et même l’emploi du mot « kippa » est récent. Nos compatriotes juifs utilisaient le mot français de « calotte ».

  • Pascal , 19 janvier 2016 @ 12 h 26 min

    Vous avez raison de distinguer voile et kippa. Le voile devrait être interdit partout, entre autres parce qu’il est un signe de discrimination matrimonial qui signifie que la femme qui le porte est réservée à un mahométan et interdite à tout autre.

    Ce n’est pas la kippa qui est obligatoire pour un observant juif, c’est le fait de se couvrir la tête. En rupture de kippa j’ai vu des hommes dans une synagogue se couvrir d’un mouchoir en papier (kleenex). N’importe quel couvre-chef peut faire l’affaire. Les juifs (observants) portaient plutôt la casquette ou le chapeau avant que la France ne se balkanise. Avec la kippa se superpose une dimension identitaire à la dimension religieuse. Et une insulte à l’esthétique, mais il s’agit là d’une question de goût…

  • Geneviève , 19 janvier 2016 @ 13 h 08 min

    Non, Madame, nous ne sommes pas “de tradition JUDEO Chrétienne”, mais simplement Chrétienne! La fable que vous gobez est une des modalités de la tchuzpah sioniste infiltrant le catholicisme depuis la première hérésie (protestante) afin de diviser (catholicisme et islam) pour mieux régner en instaurant le noachisme, religion universelle vectrice du nouvel ordre mondial..
    De grâce, informez vous…

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