Non aux putes ! Oui au cannabis !

Y a-t-il une logique perceptible, un semblant de cohérence, dans la politique de nos actuels gouvernants, ces pathétiques guignols ? D’un côté, ils pénalisent, de l’autre, ils dépénalisent (ou envisagent de le faire) ! D’un côté, ils mettent en avant que la prohibition – c’est bien connu ! – présente plus d’inconvénients que d’avantages : ça c’est pour le cannabis. De l’autre, ils ne craignent pas de mettre aujourd’hui en place une prohibition nouvelle : ça c’est pour la prostitution. Une nouvelle prohibition dont ils semblent incapables de percevoir les effets désastreux, les effets que celle-ci, inévitablement et très logiquement, ne pourra que provoquer.

Est-il en effet possible, quel que soit le jugement moral que l’on porte par ailleurs sur cette réalité, souvent il est vrai peu reluisante, voire carrément sordide, d’interdire pour de bon le « plus vieux métier du monde » ? Y a-t-il des pays où l’on ait jamais réussi à le faire disparaître ? Je suis très loin à l’heure qu’il est d’avoir achevé mon tour du monde mais, d’après les renseignements dont, comme tout un chacun, je puis disposer, il semble bien que non. Même dans les pires dictatures communistes, celui-ci est encore présent ; je ne suis jamais allé en Corée du Nord mais on sait bien qu’en Chine, au Vietnam, il existe, qu’à Cuba il est florissant : une véritable industrie nationale !

Tout au plus peut-on, comme on parvient à dissimuler hypocritement la poussière en la repoussant sous la carpette, forcer le phénomène à se réfugier dans la clandestinité. Mais est-ce vraiment souhaitable ? Cela ne l’est pas en tout cas sur un plan général de santé publique : en les forçant à prendre le maquis, on va éloigner encore plus les prostituées des contrôles sanitaires et des possibilités de soins. Cela avait déjà été le cas lors de la fermeture des bordels, cela ne fera qu’aggraver encore le problème.

Cela ne l’est pas non plus sur un plan individuel, celui des nouvelles « conditions de travail » que vont maintenant devoir affronter ces malheureuses. Même si celles-ci ne sont pas elles-mêmes directement menacées de lourdes amendes (mais, étant donné que leurs clients, eux, désormais vont l’être, cela revient strictement au même) les voilà impérativement contraintes de « travailler » dans l’ombre et dans l’isolement, dans des lieux où elles courront de grands risques d’être agressées par des malfrats ou des malades. Pour tenter de se protéger, elles tomberont plus encore sous la coupe des mafias de proxénètes et seront plus encore exposées à l’arbitraire et aux chantages de policiers peu scrupuleux (car il n’en manque pas).

Et puis les policiers n’ont-ils pas mieux à faire que de mener la chasse aux amateurs de plaisirs tarifés ? N’y aurait-il pas, par hasard, dans ce pays de dangereux islamistes à surveiller, des chauffards imbibés à mettre hors d’état d’assassiner les autres usagers de le route et d’autres catégories de criminels plus nuisibles à la société qu’il faudrait traquer en priorité plutôt que ces malheureux réduits à se tourner vers des femmes mercenaires qui, contre un peu d’argent, consentent à les accueillir et à soulager leur libido insatisfaite ? A qui font-ils du mal ces nouveaux hors-la-loi ? Ils ne posent pourtant pas de bombe pour au nom d’Allah assassiner les mécréants, ils ne menacent pourtant ni les biens, ni l’intégrité physique de leurs concitoyens, bref, il est clair qu’en fait ils ne font de mal à personne !

Tournons-nous maintenant vers la « légalisation » du cannabis, envisagée notamment par Jean-Marie Le Guen porte-parole du gouvernement. Notre irresponsable dépénalisateur met en avant que, c’est le seul moyen pour tuer le trafic et assécher la délinquance qui y est associée. Peut-être mais ce n’est même pas sûr. Ce qui, en tout cas, est sûr et certain, c’est que légaliser le cannabis serait donner un signal tout-à-fait calamiteux à notre jeunesse, laquelle se trouve être déjà une des plus infectée du monde par cette drogue prétendue douce. Ce ne pourrait en effet être perçu par celle-ci que comme un nouvel encouragement à consommer, de façon encore plus massive, ce poison véritable, ce poison rendu plus facile à se procurer et proposé à un prix plus abordable.

Je voudrais sur ce point apporter mon témoignage de professeur de lycée. Au cours de ma carrière, j’ai pu vérifier cent fois, mille fois, que la consommation de « teushi » quotidienne, parfois plusieurs fois par jour, matin, midi et soir (je ne parle bien évidemment pas du joint fumé occasionnellement, de temps en temps, le samedi soir), est absolument incompatible avec toute poursuite d’études sérieuses. Depuis vingt ans, je n’ai pas le souvenir d’avoir été en face d’une seule classe où il n’ait eu un noyau plus ou moins consistant de consommateurs assidus, évoluant selon les heures de la torpeur à l’excitation débridée, perturbant de façon quelquefois considérable le déroulement de mon cours. Oui, le cannabis est bien un fléau et ceux qui en ont fait et continuent d’en faire la promotion sont des malfaisants qui mériteraient d’être sévèrement châtiés !

Signalons pour finir à nos socialos décidément sans vergogne ni scrupules, visiblement prêts à tout, en ces temps de sévère disette, pour grappiller quelques malheureux électeurs égarés que, même d’un point de vue strictement électoraliste, il n’est pas sûr que cette dépénalisation en définitive soit pour eux vraiment payante. D’après un sondage assez réconfortant qui vient d’être effectué, une majorité de Français (59%, soit presque six Français sur dix) y sont en effet opposés. Ce sont ceux qui penchent à droite (à 64%) et même les sympathisants du P.S. (à 58%). Pour trouver des gens qui soient favorables à cette dangereuse évolution, il faut aller les chercher (on n’en sera guère surpris !) chez les zécolos (64%) et les mélenchoniens (63%). C’est une opposition qui, contrairement à ce que l’on aurait pu croire (ou craindre), se retrouve dans toutes les catégories d’âge de la population française, y compris les plus jeunes ; ainsi les 18-24 ans y sont opposés à 50%, les 25-34 ans à 54%, les 35-49 ans à 56%, les 50-64 ans à 57% et les 65 ans et plus à 71%.

Mon lecteur aura peut-être remarqué que, mine de rien, je viens de fournir clé-en-main deux beaux et graves sujets de réflexionnement, lesquels pourraient utilement alimenter les débats de nos réflexionneurs aujourd’hui à la mode, je veux bien sûr parler des désormais célèbres dormeurs debout !

Related Articles

12 Comments

Avarage Rating:
  • 0 / 10
  • André Pouchet , 19 avril 2016 @ 12 h 41 min

    L’argumentation du professeur Tournesol (et plus encore celle du Cercle Poincaré dont elle semble s’inspirer) m’impressionne. Effectivement, celle-ci ne manque pas de cohérence et de logique et je serais très tenté d’y souscrire. Cependant quelque chose en moi, malgré tout, s’obstine à vouloir résister à ces captieuses propositions. Voici les différentes objections qui me viennent à l’esprit.

    1) “Le taux d’expérimentation du cannabis à 17 ans a doublé entre 1993 et 2008 selon une étude de l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie, et ce malgré une répression soutenue sur toute la période.” est-il avancé. Je ne récuse pas le fait que la toxicomanie ait effectivement progressé ces dernières décennies, mais je conteste que la répression ait été “soutenue” comme le prétend le texte. Pour ce que je puis en savoir, c’est plutôt l’épithète laxiste qu’il conviendrait de lui appliquer. Certes les lieux où s’effectue le trafic sont surveillés et la police y fait parfois des descentes afin d’arrêter les trafiquants mais on ne fait jamais ce qu’il faut pour éradiquer définitivement le trafic et l’empêcher de renaître un peu plus tard. Surtout la justice s’interdit de “matraquer” comme elle le devrait les trafiquants petits et gros et elle se montre même à leur égard d’une indulgence révoltante. Enfin, au niveau du consommateur, en tant que professeur je suis hélas bien placé pour le savoir, ce que l’on observe c’est une dépénalisation de fait. Depuis longtemps, on ne poursuit plus, ni sur le plan pénal ni sur le plan disciplinaire, l’élève qui se trouve être un consommateur notoire ; on ne se soucie pas de lui prescrire une contrainte thérapeutique en vue d’une désintoxication. Pourtant, celui-ci, par la force des choses (il lui faut bien trouver un financement pour sa consommation personnelle), est le plus souvent aussi un détaillant qui “deale” autour de lui et contribue ainsi à répandre le poison dans l’établissement qu’il fréquente.

    2) Imaginons que, comme le préconise le Cercle Poincaré, l’on en vienne à dépénaliser effectivement le cannabis, il faudra dans la foulée en faire autant pour la cocaïne et l’héroïne. Quid alors du crack et d’autres drogues chimiques nouvelles qui, parait-il, rendent fou et transforment ceux qui les consomment en bêtes fauves ? Va-t-on aussi, au nom du libéralisme et de la responsabilisation du citoyen, ce “grand garçon” qui sait ce qui est bon et mauvais pour lui, laisser ces produits dangereux en libre accès, au risque que ne prolifèrent parmi nous les “bêtes fauves” en qui toute inhibition ou retenue aura été abolie ?

    3) Si l’on autorise la libre consommation du cannabis, on ne pourra pas empêcher, vue la durée de vie de la molécule de THC, que, ce qui est déjà trop souvent le cas, des consommateurs ne prennent le volant dans état d’imprégnation qui ne leur permet pas de conduire sans danger. Ce risque vaut pour les particuliers et plus encore pour ceux dont la profession est de conduire des camions, des bus, des cars ou des trains. Monterez-vous sans appréhension dans votre bus s’y vous pouvez suspecter le chauffeur d’être sous effet parce que quelques heures avant il aura fumé un joint ?

    4) Ce principe de responsabilité que, dans une optique libérale, on veut ériger en principe souverain ne devrait-il pas conduire aussi à supprimer les limitations de vitesse sur les routes, sous prétexte que le citoyen responsable n’aurait pas besoin que l’état le contraigne pour être à même d’apprécier par lui-même, tout seul comme un grand, à quelle vitesse il devient, pour lui et pour les autres, dangereux de rouler ?

  • betimmonde , 19 avril 2016 @ 13 h 50 min

    Prenez garde,professeur Tournesol . On s’accoutume à tout . Autrefois les petits lycéens se droguaient en cachette et avec ce gout du fruit défendu .Aujourd’hui je vois les collégiens les rejoindre.Se droguer est devenu convivial .On se drogue en public,on s’assemble sur un banc ,au porche d’une maison,dans une chambre . Papa maman ne disent plus rien .Ils n’ont plus rien à dire du moment que leurs enfants sont semblables aux autres et qu’ils vivent dans la normalité . La conscience du danger encouru sur l’intellect ou la force morale a disparu .Ils ignorent sans doute qu’il fut un temps où les occidentaux se livrèrent en Chine à une guerre de la drogue . Il s’agissait alors de faire de l’argent et d ‘affaiblir l’ame chinoise pour mieux dominer ;J’imagine parfois que les pays du Maghreb gros fournisseurs de Cannabis agissent dans la meme optique .Cette jeunesse qui dans son innocence fume et se drogue le samedi soir puis se met au volant devient danger public .

  • Cap2006 , 19 avril 2016 @ 14 h 02 min

    vous pourriez etre contre toute forme de prohibition par esprit libéral, plutot de d’attendre des autres que l’on vous dise ce qui est bon ou pas bon pour vous.

    Vous pourriez aussi l’être par la préoccupation d’aider les victimes des addictions, et commencer par les décriminaliser facilite grandement l’approche thérapeutique, la prévention…

    Vous pourriez aussi l’être par pragmatisme : parcequ’ interdire le cannabis avec une rigueur sans faille : exclusion du droit de se présenter à un examen, retrait de permis définitif, prison ferme étc… supprimera t il pour autant les causes réelles qui poussent les jeunes et moins jeunes à consommer ces produits… Ils prendront autres choses…

    Vous pourriez aussi l’être par volonté de cesser de gaspiller en pure perte, les centaines de millions € que coûte la prohibition… L’économie de la repression, pourrait même fournir des revenus supplémentaires à notre etat affamé de taxes…

    Vous êtes pour la prohibition qui n’a jamais fonctionnée quelque part… Je peux le comprendre… Mais cela n’a rien à voir avec un quelquconque raisonnement.

  • Eric Martin , 21 avril 2016 @ 10 h 40 min

    Il me semble que sur la route, le consommateur de cannabis est dangereux pour les autres. Et dans le cadre de l’Etat providence, la santé des autres est aussi notre affaires.

  • Tom , 21 avril 2016 @ 11 h 52 min

    C’est vrai. Mais, sans pour autant cautionner la conduite sous emprise de cannabis, il est bon de savoir qu’elle multiplie par deux le risque d’accident, c’est à dire autant que l’alcoolémie légale. Une légalisation ne l’autorisera de toute façon jamais et c’est tant mieux. D’autre part, la prohibition n’empêche pas certains de conduire sous emprise. Il en va de même pour toute les autres activité à risque et notamment pour certaines professions. En fait, comme pour l’alcool, il faut encadrer et poser certaines limites. Jusqu’où ira l’état providence? Nous imposera-t’il une certaine dose de sucre, de sel, d’alcool à ne pas dépasser? Nous imposera-t’il un menu spécial et de l’activité physique pour protéger notre santé? Qu’en est-il de notre responsabilité et de notre liberté? Pour moi, la loi actuelle n’est ni plus ni moins que du totalitarisme.

Comments are closed.