L’insoutenable légèreté des politiciens…

Bien sûr, on accusera Twitter d’obliger les politiciens à s’exprimer en moins de 140 signes, ce qui ne laisse guère de place pour l’approfondissement. Bien sûr, on appellera Mac Luhan à la rescousse pour souligner que le média produit le message et que la dimension limite le contenu. Bien sûr, on excusera nos élus de penser peu parce qu’ils sont condamnés aux petites phrases des réseaux sociaux et au ping-pong incessant qui laisse peu de temps pour réfléchir. Bien sûr on pardonnera la facilité à laquelle s’abandonnent les journalistes tant la nécessité de l’information à flux tendu les conduit à préférer les commentaires de tweets à la fastidieuse analyse des dossiers brûlants. Mais le paysage politique est aujourd’hui dispersé « façon puzzle » comme disait Audiard. Une situation internationale mouvante et explosive, une action gouvernementale confuse et disparate, une opposition qui se cherche au lieu de s’opposer donnent le tournis à une population mécontente mais loin encore de pouvoir canaliser sa colère dans une direction précise.

Tout concourt, en effet, à brouiller le regard. Du côté du pouvoir, le Président continue à gérer la France comme le Parti socialiste, naguère, par petits bouts, par petites séquences, sans vision à long terme, sans plan d’ensemble. Par une curieuse inversion du principe stoïcien suivant lequel la liberté n’existe que dans la sphère des choses qui dépendent de soi, François Hollande montre une grande détermination dans le dossier syrien alors que chaque jour fait apparaître davantage l’évidence que les Etats-Unis et la Russie sont maîtres d’un jeu dans lequel la France est ravalée au rang de pion américain. En revanche, il se mue d’acteur en spectateur lorsqu’il évoque les questions nationales. Le bijoutier de Nice, c’est-à-dire la question de la montée de l’insécurité, cela concerne la justice. Certes, mais qui décide de la politique judiciaire ? L’étranglement des Français par la pression fiscale lui fait constater l’inventivité fiscale et lui permet l’un de ces mots désinvoltes qu’il affectionne : le « concours Lépine » des impôts, comme s’il n’y était pour rien. Dans le même temps, il annonce le remplacement d’une taxe sur le diesel par un crédit d’impôt sur la rénovation thermique, qui mériterait une récompense au dit-concours, même si le but en est de faire plaisir aux verts. Entre le cadeau de la diminution de l’augmentation et celui du renoncement partiel aux annonces de hausse habilement « fuitées » auparavant, il espère faire oublier, dans ce brouillard opaque, les 11,5 milliards d’impôts supplémentaires, à travers un augmentation de la TVA qui n’a rien de social et  des mesures dont la cible est la famille : quotient familial, suppression de la défiscalisation pour frais de scolarité et fiscalisation de la majoration familiale des retraites. Cette manie de s’en prendre à la famille est bien la seule note de cohérence. Enfin, jetant un regard souverain sur le désordre de l’UMP, il rappelle son soutien à Chirac contre Le Pen, mais bien sûr, il ne veut pas s’immiscer dans la vie des partis…

Du côté de l’opposition, c’est la cacophonie. Chacun y va de sa petite phrase assassine sur la petite phrase pas innocente de Fillon. Emphatique, Raffarin, la main posée sur le pacte fondateur, parle de fracture. Le Maire, sentencieux, se réfère à une histoire qu’il maîtrise mal. Juppé, l’ancien, rappelle le piège tendu depuis 20 ans et dans lequel il n’a pas manqué de tomber en divisant l’électorat de droite. Bertrand, en praticien, parle de calculs politiques. Pourtant, les choses sont simples : chacun des deux concurrents a sa recette pour échapper un peu à la trappe de l’UMPS. Copé dit qu’il faut prendre les idées sans les hommes. Fillon dit qu’il faut prendre certains hommes mais pas tous. Le bon sens devrait pourtant leur dire d’aller au-delà pour trois raisons : d’abord, il est plus facile à un parti de gauche qui s’allie avec son extrême-gauche communiste de préférer la droite modérée contre la droite dure qu’à la droite de soutenir une gauche avec laquelle elle n’a aucun point d’accord contre sa propre droite avec laquelle elle est susceptible de partager des électeurs ; ensuite, ce type d’alliance à droite a lieu dans de nombreux pays, comme en Norvège récemment ou en Italie de manière habituelle ; enfin, la fracture ne se fait nullement sur la République que le Front national ne menace en rien, mais sur la Nation. Le refus du vote des étrangers, la maîtrise de l’immigration, la fin des avantages sociaux accordés aux étrangers sans contre-partie sont des questions sur lesquelles tous les électeurs de droite partagent la même sensibilité. Encore faut-il avoir le courage de le dire et ne pas s’exposer au piège socialiste de la diabolisation en acceptant la bouillie idéologique et anesthésiante de l’adversaire, ce mélange de mauvaise conscience, d’égalitarisme et de mondialisme suicidaires que de prétendus politiciens de droite ingurgitent stupidement.

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24 Comments

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  • Charles , 19 septembre 2013 @ 6 h 42 min

    Bonjour,MdeF,

    Vous avez la rage ce matin.
    Ceci étant,ce que vous dites n’est pas faux.

    A ceci près que des choses bizarres vont se passer entre maintenant et 2017.

    Quoi ?je ne sais,mais nous entrons dans des temps “prophétiques”.
    Une sorte d’accélération du déroulement de l’Histoire.

    Accrochons nos ceintures.la prière viendra d’elle même ,
    y compris aux incroyants,aux pisse froid ,aux nabots frustrés et aux méchants.

    Même nos évêques conciliaires maçonniques (pléonasme)
    risqueront de retrouver la foi de leur enfance,c’est dire.

  • mariedefrance , 19 septembre 2013 @ 8 h 59 min

    Bonjour Charles

    Et si le FN pouvait se passer de l’UMP ?

    “Comme on dit, il y a une ambiance. Faite de tout petits riens. De signes. De changements de comportements ; que ce soit au zinc des caboulots et sur les plateaux télé. Ou même dans les déclarations de tel ou tel.

    Tenez, le pourtant très réservé François Fillon qui, lorsqu’il était président du conseil régional des Pays de la Loire, interdisait à ses collaborateurs de serrer la main des élus du Front national, vient d’avouer que si un second tour mettait un candidat socialiste en face d’un candidat lepéniste, il faudrait « voter pour le moins sectaire ».

    D’un point de vue sémantique, cela ne veut strictement rien dire. D’un point de vue politique, ou politicien, ça signifie beaucoup…
    D’où le copieux dossier réalisé par notre confrère Valeurs actuelles sur le sujet et intitulé, rien de moins, « La déferlante Marine Le Pen »…

    Constat sondagier, tout d’abord :
    « Un Français sur trois est proche idéologiquement du Front national. » Mazette !
    Et décryptage de l’IFOP à l’appui, ces quelques autres chiffres qui nous disent que Marine Le Pen fait jeu égal chez les garçons comme chez les filles avec, respectivement, 36 % et 33 % d’opinions favorables chez les uns et chez les unes.
    Plus intéressant encore :
    si la présidente du FN conquiert les cœurs et les bulletins de vote de l’UMP (38 %), elle fait de même avec ceux du Front de gauche (21 %).

    Ce « gaucho-lepénisme » n’interpellera que les distraits ayant négligé de lire les passionnantes analyses de Pascal Perrineau (président du CEVIPOF) qui, dès 1995, voyait en la formation fondée par Jean-Marie Le Pen le premier « parti ouvrier de France », ainsi que le plus en pointe chez les « jeunes »…
    D’ailleurs, à en croire Louis Aliot, interrogé par Valeurs actuelles, les futurs candidats
    « marinistes » aux élections municipales de 2014 viendraient « à 60 % de la droite et à 40 % de la gauche ».

    Et qu’en pense le président d’honneur, Jean-Marie Le Pen ?
    « Lorsqu’on dit que Marine serait sur une ligne plus “étatiste” en matière d’économie, c’est faux. Elle défend un État stratège, pas un État fiscaliste.
    Le rééquilibrage doit procéder, non de nouveaux impôts, mais d’une réduction massive des dépenses publiques, à laquelle ni Sarkozy ni Hollande n’ont eu le courage de s’attaquer. »

    Ce « revirement » médiatique pose nombre de questions.
    Et c’est un article de L’Express, daté du 24 avril dernier, qui nous apporte un premier élément de réponse :
    « Le prochain choc n’interviendra pas le jour des municipales, mais quand, au soir des européennes, le Front national sera la première force électorale du pays. Voilà une organisation dont le débouché politique ne passe même pas par une alliance avec l’UMP : elle canalise suffisamment de votes pour s’en passer. »

    Au moins, les intermittents du spectacle politique ne pourront pas prétendre qu’ils n’avaient pas été prévenus.”

    http://www.bvoltaire.fr/nicolasgauthier/et-si-le-fn-pouvait-se-passer-de-lump,35435

  • mariedefrance , 19 septembre 2013 @ 9 h 17 min

    Version presqu’optimiste de qq’un que j’apprécie :

    “”””Fillon est le plus mal placé pour parler du sectarisme ou pas du FN.
    Tous ses dires depuis des années ont été catégoriquement anti FN.

    Il change soudain d’avis ? pas du tout, il réalise simplement qu’il y a une hémoragie de militants UMP.
    Il ne faut pas écouter les dirigeants de l’UMp mais les militants.
    Certains disent ouvertement que beaucoup de sympathisants sont pour un rapprochement avec le FN et que beaucoup ont déjà franchi le pas en changeant de crèmerie.

    Les paroles de Fillon n’ont pas plus de valeur que le ” La France tu l’aime ou tu la quitte” de Sarkozy.
    Slogans de campagnes qui ne marchent plus du tout !
    J’ai déjà dit que j’attachais beaucoup d’importance aux dictons. Des pensées pleines de bon sens, qui ne sont pas si sottes puisqu’elles ont traversé les siècles.
    Pour Fillon, je dirais “chat échaudé craint l’eau froide” . Les chats de droite sont dorénavant très prudents, l’épisode Sarkozy ayant été une douche glacée.

    Actuellement France Inter se déchaine, se régale sur Fillon et le FN.
    Pascale Clark en tête !
    A gerber ! Irrécupérables.

    A propos de France Inter, je pense à la “délicieuse ” Sophia Aram, qui sévit ( il n’y a pas d’autre mot) sur cette antenne et qui vient de se prendre hier sur France2 le bouillon du siècle. Imposée par le politiquement correct sur France Inter, le public de France2 en a décidé autrement hier.
    Émission nulle, piètre prestation de la Sophia, twitter et facebook se déchainent et la mettent en pièce.
    On peut imposer des “artistes” par le haut, mais quel plaisir quand la base , le grand public les rejette !
    La chute d’Aram hier en direct à la télé était finalement un évènement politique, un mini référendum où le public a voté “Non !”

    Autre grand moment hier, cette foule de commerçants à Nice, place Masséna , pour crier leur ras le bol. Après le million et demi de soutiens au bijoutier, ça fait du bien, ça rassure, on se dit que tout n’est peut être pas perdu.

    Alors Fillon, au milieu de tout ça, bof.
    Je pense que pas mal de militant UMP sont déjà passés à autre chose.
    Ceux qui ne sont pas partis déjà au FN vont animer la Droite Forte, la partie droite de l’UMP, les autres, les “humanistes” vont dériver et se perdre dans le trou noir du centrisme, à 4%.

    De toute façon, l’UMP est à la croisée des chemins, les militants sont lassés de toutes ces défaites électorales.
    Le coeur n’y est plus.

    Le temps est venu pour l’UMP de dire si c’est un parti de droite ou non.
    Le temps du mensonge est terminé.
    La France n’a plus les moyens de mentir.
    Ça urge !

    Ça rue dans les brancards.”””””

  • petitjean , 19 septembre 2013 @ 12 h 32 min

    je vous invite à écouter ou re écouter le discours de Marine Le Pen prononcé dimanche à Marseille lors de la cloture de l’Université d’été du FN.

    Ecoutez le bien !…………..

  • mariedefrance , 19 septembre 2013 @ 13 h 18 min

    Je l’ai non seulement écoutée mais regardée…

  • Charles , 19 septembre 2013 @ 14 h 50 min

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/09/13/la-grande-peur-du-front-national-s-empare-des-elites-politiques_3477039_823448.html

    Selon le moudia “le monstre”,il y a un début de panique a 6 mois des municipales au sein de l’UMPS.

    Les remontées du terrain sont franchement mauvaises.
    Ils craignent 4 échéances électives;
    2014 Municipales & Européennes.
    2015 Cantonales & Régionales.

  • Charles , 19 septembre 2013 @ 17 h 23 min

    http://www.liberation.fr/politiques/2013/09/19/nkm-et-dati-en-tournee-securitaire-au-pied-de-la-tour-eiffel_933148

    La branche UMP de l’UMPS a décidé de poser un geste fort
    pour annoncer son plan sécurité auprès des Français.

    NKM & Rachidhaa ,ensemble, n’ont pas eu peur de prendre un café
    dans le 7eme arrondissement pour rassurer les électeurs ayant
    conservé un sentiment d’insécurité….

    Leur démarche citoyenne mérite d’être saluée.
    Comme quoi ,les élus UMP savent vivre dans le réel
    comme tous les Français.

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