UMP : Une réconciliation de façade ?

par Hubert Montmirail

Dissolution du groupe RUMP, ouverture de l’équipe dirigeante de l’UMP, renonciation à tout contentieux judiciaire de l’UMP : a priori, tout semble engagé pour une réconciliation sérieuse. Quelques actes sont là. Mais le hic, c’est que personne n’y croit. Pas même les cadres, tenus à une certaine réserve. Quant aux députés, ils se rangent derrière l’accord, mais n’en pensent pas moins. Logique de groupe oblige. En réalité, on peut se demander si Jean-François Copé et François Fillon y croient eux-mêmes réellement. L’accord de décembre dernier n’a-t-il pas été un moyen de tempérer la crise ? Face au discrédit subi, redoutant l’image désastreuse auprès des électeurs et des militants et poussés par l’épuisement consécutif à toute cette tension, les deux chefs ont préféré mettre un bémol à leur querelle, sans pour autant renoncer à leur version. Enfin, dans toute situation de crise bipolaire, on peut se demander si ces conditions sont propices à l’émergence d’un troisième homme. Après la chienlit, le ni-ni à l’UMP ? Il convient de se pencher sur la situation actuelle.

“La direction de l’UMP est condamnée à être pléthorique, avec un risque évident d’inertie, sans pour autant que les soupçons de verrouillage disparaissent.”

L’organigramme compliqué aux idées pourtant simples. Il faut évidemment intégrer les lieutenants de François Fillon, ce qui constitue un pas considérable, encore inimaginable au début du mois de décembre. Ainsi, Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse font leur entrée, respectivement en tant que Vice-Président et Secrétaire générale adjointe de l’UMP, mais on relève aussi la présence d’Éric Ciotti, nommé aux fédérations, en tandem avec le copéiste Édouard Courtial. Les grands postes sont ainsi dédoublés, selon une parité copéiste-filloniste. À l’exception du projet de l’UMP, confié à un non-aligné, Hervé Mariton, mais prudemment flanqué d’un copéiste et d’un filloniste. Mais là où les choses se compliquent, c’est qu’il faut prendre en compte les ténors, comme Christian Estrosi ou Rachida Dati, que l’on envisage d’intégrer en tant que vice-présidences. En effet, des salves de nominations sont prévues à la fin du mois de janvier, puis au mois de février. Cela fait beaucoup, car la direction de l’UMP est condamnée à être pléthorique, avec un risque évident d’inertie, sans pour autant que les soupçons de verrouillage disparaissent. Pis : la prise en compte des motions suppose tout un savant dosage. On comprend les coups de gueule de Thierry Mariani qui s’appuie sur les 38% des résultats obtenus par la Droite forte et la Droite populaire.

Les autres répartitions : les permanents des groupes et l’UMP. Il faut aussi tenir compte du groupe mort-né, le RUMP, dont les cadres doivent, en principe, être recasés au groupe UMP. Chistian Estrosi serait intervenu sur cette question. Or, ce « recasage » soulève une réelle question : quid de l’avenir des cadres fillonistes, jeunes et sympathiques, militants ou issus des cabinets ministériels ? Au chômage depuis plus de six mois, la crise à l’UMP leur a fermé les portes de la rue de Vaugirard. Or, ils risquent d’être les grands oubliés de la réconciliation, et c’est peut-être chez eux que l’on éprouve le plus d’amertume. Autre question, particulièrement sensible pour ce qui concerne le contrôle sur l’UMP : la répartition s’étend-elle à tous les postes ? Ainsi, les permanents de l’UMP sont-ils concernés par l’application de cette parité ? Cela supposerait que l’UMP, déjà fragilisée par l’endettement et le non-remboursement de la campagne présidentielle, accepte une répartition touchant le moindre employé. On voit mal les partisans de Jean-François Copé, aux commandes, renoncer à cet outil, même si la maison est mal en point…

“On pourrait même imaginer que les velléités d’une personne tierce aboutirait paradoxalement à souder Jean-François Copé et François Fillon. Nicolas Sarkozy, le dindon de la farce ?”

L’amertume des fillonistes. Leurs chefs ont fait la paix, mais les collaborateurs n’y croient pas. Plus on descend dans l’organigramme de la « fillonie », plus son avoue son scepticisme. Les différentes « petites mains » savent qu’elles sont les sacrifiées, mais elles ont aussi plus de liberté de parole. L’accord de décembre dernier a suscité de l’amertume et aussi un doute sur les velléités de François Fillon à l’avenir. Par ailleurs, ils ne croient pas à la parole de Jean-François Copé, lequel se considère comme le Président réellement élu de l’UMP. Enfin, on peut s’interroger sur la sincérité conduisant à cette démarche qui reste fragile à bien des égards. D’ici le printemps de cette année, l’UMP sera-t-elle unie ? Et surtout : apparaîtra-t-elle en ordre de bataille pour les prochaine municipales qui ont lieu dans… 14 mois ?

Les sakozystes purs jus, grands perdants ? Brice Hortefeux pouvait invoquer l’appui de Nicolas Sarkozy, lequel soutint Jean-François Copé à la présidence de l’UMP. Or, il n’a pas été nommé à la commission d’investiture de l’UMP qui sera présidée par… Jean-François Copé et François Fillon. On n’est jamais trop prudent… La crise du 18 novembre 2012 a aussi renforcé les velléités des uns et des autres. Si François Fillon entendait prendre du recul avec Nicolas Sarkozy, revendiquant une méthode qui lui est propre, c’est maintenant au tour de Jean-François Copé de s’émanciper, alors même qu’il avait revendiqué la ligne « buissonienne » et une filiation sarkozyste. C’est désormais sur les chemins de l’autonomie que Jean-François Copé s’oriente. Bref, dans un conflit à deux, il n’y a pas de place pour une troisième personne, ce qui peut rendre difficile toute émergence d’un autre leader. On pourrait même imaginer que les velléités d’une personne tierce aboutirait paradoxalement à souder Jean-François Copé et François Fillon. Nicolas Sarkozy, le dindon de la farce ?

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20 Comments

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  • 0 / 10
  • Lach-Comte , 20 janvier 2013 @ 13 h 26 min

    Monseigneur le Duc d’Anjou

  • xanpur , 21 janvier 2013 @ 8 h 42 min

    Franchement, on s’en fout de ce qu il se passe à la tête de l UMP, c est blanc bonnet et bonnet blanc.
    UMP, Coppe comme Fillon sont responsables de l état de la France

  • PATRIOTE , 21 janvier 2013 @ 9 h 22 min

    Copé- Fillon…Une “belle” brochette de collabo!

  • PETIT , 21 janvier 2013 @ 9 h 22 min

    Dehors, Fillon & Copé! Ils ont prouvé leur inaptitude à ce pôste! Trouvez donc celui qui se soucira plus de l’interet général que de sa ré-élection & de son ego!
    Ecce homo!

  • Charly , 21 janvier 2013 @ 9 h 42 min

    Ajoutez-y Hollande -Ayrault

  • Charly , 21 janvier 2013 @ 9 h 44 min

    Ce sera difficile car du FN au PS tout le monde à l’oeil fixé sur 2017.

  • bernard , 21 janvier 2013 @ 10 h 21 min

    Encore faudrait-il que Louis soit autre chose qu un gentil mondain
    Hélas, lui-même et ceux qu il écoute n ont aucun sens politique d envergure.

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