Pourquoi 2013 ?

Oui, pourquoi 2013 ? Telle est la question qu’on se pose, quand, observateur de la vie politique et sociale française depuis des lustres, ce que l’on appelait de ses vœux en vain, les analyses que l’on faisait, les livres et les articles publiés, ne suscitaient qu’une adhésion lointaine si ce n’est un nez pincé des gens bien qui, maintenant, serrent les fesses et rejoignent le camp de la contestation. Levez-vous vite, orages désirés, pouvait-on dire en détournant Chateaubriand ! Mais ces orages ne venaient pas. Certes, la situation du pays se dégradait, l’opinion bougeait quelque peu, la parole se libérait un peu et la toile (Internet) frémissait, rare bénéfice de la présidence fébrile de Sarkozy. Un signe qui ne trompait pas non plus : les intellectuels allaient décidément à l’encontre de la pensée unique, de Philippe Muray à Alain Finkielkraut, de Max Gallo à Franz-Olivier Giesbert, tout ce petit monde prenait une tangente assez nette ! Même les Unes des magazines faisaient dans le politiquement incorrect, Le Point, Valeurs Actuelles et même L’Express déclenchaient l’ire des « mutins de Panurge », la critique n’était plus sous contrôle. Et puis vint 2013, l’accélération de l’Histoire, le changement de rythme, la manifestation de l’anomie au point d’être même surpris d’avoir eu à ce point raison et, plus encore, que l’annonce des maux annoncés donne bien ce qui se passe aujourd’hui. Cette fois, peut-on se dire, la masse critique est là pour la réaction, la mèche a déjà pris d’autres sont allumées qui vont provoquer l’explosion. Quant à l’issue… La prévision est une chose difficile surtout lorsqu’il s’agit de l’avenir disait Churchill pour se moquer de la presse le pressant de questions en 1940. Soit, donc, 2013.

“Un grand merci à M. Hollande, l’énarque grassouillet d’allure bonhomme mais de fond sectaire, sans doute peu taillé pour le job.”

D’abord, un grand merci à M. Hollande, l’énarque grassouillet d’allure bonhomme mais de fond sectaire, sans doute peu taillé pour le job. Il a fait exploser ce qui restait de socialisme en France, il a, comme disent ses camarades marxistes, poussé les contradictions du système, entendez aussi le modèle français et, qui sait, les institutions de la Ve République, à l’extrême et le roi est nu ! Il y eut d’abord, non pas le social, puisque à l’amélioration du sort des Français tout s’opposait : Bruxelles, la mondialisation, BHL, bref tout le monde. On fit donc du sociétal et l’on eut le mariage gay et la réaction inattendue du pays, un million et demi de personnes dans la rue, et les accueils de ministres et les Veilleurs, bref ce qui n’aurait dû être qu’un pet foireux de lobbyistes invertis déclencha un grand souffle spirituel identitaire et enraciné. Or depuis des décennies, on avait à peu près tout retiré au peuple français :

– sa souveraineté avec l’euro et Bruxelles, et le démantèlement de son armée,
– sa liberté d’expression avec une presse aux ordres et l’unilatéralisme de l’information,
– sa liberté de circuler avec l’insécurité de nos rues et de nos transports en commun et de nos quartiers et, en revanche, une féroce répression avec arrière-pensées fiscales sur les automobilistes.
– son identité avec le cauchemar multiculturel,
– sa justice avec des magistrats inféodés à des syndicats arc-boutés sur la culture de l’excuse,
– son école, invraisemblable lieu de bourrage de crânes, le gender en prime, la baisse du niveau général. Celle-ci n’est plus “cet asile inviolable et sacré où la querelle des hommes ne pénètre pas” (Jean Zay).
– Même l’offre politique était peu différenciée, cohabitation, alternance, non-reconnaissance du vote blanc, sous-représentation des partis dès lors qu’ils sont décrétés populistes.
– On lui a pris encore sa liberté économique, pouvoir d’achat en berne, impôts, taxes, découragement des entrepreneurs et le travail qui se fait rare.

“Malgré les souffrances et les difficultés, l’année 2013 aura été comme une divine surprise.”

Bref, on lui avait déjà presque tout pris sans qu’il en fût révolté et puis, dans les tréfonds de son être, il a commencé par dire non au mariage homosexuel, non par détestation des homosexuels, mais il a senti qu’on allait lui prendre ce qui lui restait la filiation, le nom, la famille, son humanité, et qu’en échange on allait marchandiser la femme, l’enfant, ce qui était encore une façon de lui prendre ce qu’il croyait imprenable, la gratuité des sentiments filiaux. Cette fois, il a dit non, non à la dépossession de soi-même non à un État qui n’avait pas besoin de ressembler à Big Brother pour être totalitaire, en l’occurrence il avait le visage de Big Sister Taubira. Même ceux qui ne s’y opposaient pas s’étonnaient, au regard de l’acuité des problèmes, que l’on fît tant d’efforts politiques pour une cause si « futile ». Puis, ce fut le déferlement : affaire Cahuzac, les hausses d’impôts, les déficits publics aggravés, les destructions massives d’emplois, les fermetures d’usines, le grand sinistre industriel de la France, les assassinats en série à Marseille ou ailleurs, l’affaire du bijoutier de Nice, Leonarda, l’écotaxe et le blocus de Paris ! C’est alors que ce peuple si étrangement passif au regard de son passé, se réveilla, qui en Bretagne, qui avec les routiers, les entrepreneurs pigeons et dindons et poussins, aux élections la défaite du PS éliminé dès le premier tour et Hollande, dont la cote de popularité à force de descendre, va trouver du gaz de schiste. Il ne restait désormais plus au pouvoir que la bonne vieille rhétorique de l’antiracisme, Taubira étant instrumentalisée à l’insu de son plein gré. Las ! Le pétard qui servit si souvent est mouillé, ça ne marche plus, tout cela sent fort la diversion ! Oui, décidément malgré les souffrances et les difficultés, l’année 2013 aura été comme une divine surprise.

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23 Comments

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  • 0 / 10
  • de Kercohan , 22 novembre 2013 @ 15 h 11 min

    Ce doit être la raison pour laquelle vous voulez quitter ce pays, la France…?!

  • o.icaros , 14 décembre 2013 @ 1 h 20 min

    “l’énarque grassouillet d’allure bonhomme mais de fond sectaire, sans doute peu taillé pour le job.”
    Peu taillé pour le job, sûr. Il suffit de le voir assis sur le trône, les jambes croisées. C’est d’un vulgaire mais que pouvions-nous attendre de l’homme qui se disait normal, c’est à dire banal et ordinaire.
    A l’époque de Sarkozy, BHL nous avait sorti un texte où il était question des “deux corps du roi”.
    “Grossièrement résumée, elle consiste à dire qu’un souverain (voire un président) n’a pas un corps mais deux”.
    D’un côté un corps ordinaire, qui ingurgite et élimine, et un corps sacré, mystique, mystérieux, immatériel de la même étoffe que l’institution, plus grande que lui et qu’il incarne.
    Vous voyez, vous, Louis XIV sur son trône dans la même position que Hollande, les jambes croisées et les mains qui démontre le malaise de l’homme. Oh, évidemment, il a redressé la tête, serré les lèvres et pris un air absent pour prendre de la hauteur… mais les jambes croisées montre qu’il ne connaît pas très bien les codes.

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