Édouard Martin, candidat PS aux européennes : un petit jaune pour la déroute ?

« L’ambition souvent fait accepter les fonctions les plus basses; c’est ainsi que l’on grimpe dans la même posture que l’on rampe »
Jonathan Swift

Décidément, avec la CFDT, il faut s’attendre à tout.

On avait déjà eu Nicole Notat, l’ex-secrétaire du syndicat qui s’était « recyclée » en devenant PDG de l’agence de notation Vigeo en licenciant au passage la fondatrice de l’entreprise, mais aussi membre du Groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe (un des nombreux outils de propagande du Conseil Européen), médiatrice au sein de la SNCF, membre du conseil d’administration de la Coface, membre du conseil de surveillance du journal Le Monde, et aussi et même surtout présidente depuis 2011 du très peu démocratique et républicain club Le Siècle, le plus important (et opaque) groupe d’influence de l’oligarchie mondialiste à la française, club de nantis et de « gens qui comptent » qui se réunit une fois par mois sous protection policière à l’hôtel de Crillon (1), dans les locaux de l’Automobile Club de France (2).

On avait eu ensuite à la tête du syndicat François Chérèque, fort heureusement nommé, lui par Jean-Marc Ayrault, au début de l’année 2013, inspecteur général des affaires sociales rattaché à l’IGAS en tant que « superviseur du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté ». Une mission qu’il prendra dès son entrée en fonction à bras le corps, et pour des résultats tout à fait spectaculaires… en ce qui le concerne : Chérèque touche en effet pour cette noble mission 7 257,55 euros net par mois. Chapeau l’artiste. Mais comme sa copine Nicole, l’ami François ne s’arrête pas là : il est aussi depuis la même époque le président du fameux think tank Terra Nova (vous savez, celui qui, par cynique calcul électoral, a incité le PS à abandonner définitivement l’électorat prolétaire parti vers le FN pour se recentrer sur celui des bobos citadins et des Français d’origine immigrée). Cumulard en diable, Chérèque est aussi depuis novembre 2013 président de l’Agence du service civique, un comité Théodule chargé d’encadrer le service civique des jeunes mis en place sous Nicolas Sarkozy, qui avait nommé à sa première présidence un autre opportuniste de concours, Martin Hirsch. Un poste rémunéré lui à hauteur de 9 200 euros net par mois. Chérèque gagne donc au grattage et au tirage !

C’est donc aujourd’hui au tour d’Edouard Martin de passer à la caisse. Le charismatique, larmoyant et très médiatique meneur CFDT de la révolte ouvrière des hauts-fourneaux Arcelor-Mittal de Gandrange et Florange, que l’on a vu ces derniers mois crier sa colère et son dégoût de la classe politique, droite et gauche confondues, sur tous les plateaux de télé de France, vient d’annoncer (toujours à la télé, évidemment ! Quand on est une star…) qu’il sera… candidat dans le Grand-Est pour le PS aux élections européennes de 2014 ! Candidat mais surtout tête de liste, seul moyen il est vrai d’assurer son élection dans ce qui pourrait bien être une déroute électorale pour le parti à la rose, repoussant au passage à la seconde place la hiérarque socialiste Catherine Trautmann qui l’a tout de même un peu mauvaise.

Et on peut la comprendre. Car un poste de député européen, c’est au bas mot 6 200 euros net de rémunération mensuelle, plus 4 300 euros d’indemnités de frais généraux (toujours par mois), plus 300 € d’indemnité journalière de « subsistance » par jour de présence ! Un pactole financier, une reconversion professionnelle inespérée pour l’ancien sidérurgiste, qui fera sans doute chaud au cœur de ses anciens collègues.

En novembre 2012, Edouard Martin disait encore vouloir être « le pire cauchemar du gouvernement ». À la même époque, il traitait Jean-Marc Ayrault de « traître » et jugeait Harlem Désir « plat à en mourir d’ennui ». Il ajoutait, désabusé en diable : « Je n’avais jamais pensé faire de la politique. Je porte sur elle un regard très critique. Tant de violence, tant de mauvaise foi ». Tu l’as dit bouffi !

Mais tout ça, c’était « avant ». Avant que le « plat » Harlem Désir ne lui propose de rejoindre la grande (et fort généreuse) famille socialiste. « Il a beaucoup insisté », précise innocemment Martin. Qui de son côté n’a pas longtemps résisté. Pas plus gêné que cela aux entournures syndicales, notre gaillard s’est empressé d’affirmer sur le plateau du journal de France 2 qu’il « ne renie rien de ce qu’il a fait ou dit », et que « le combat continue, pour l’industrie ». C’est beau comme de l’antique, on en pleurerait, tiens.

Toujours aussi déconnecté des réalités du terrain, croyant avoir réussi un joli coup médiatique, le PS s’est aussitôt déclaré « fier » de ce pathétique débauchage, supposé sans doute permettre de renouer contact avec une classe ouvrière partie depuis un moment grossir, et pour une très large partie d’entre elle, comme on l’a dit plus haut, le rang des électeurs du Front National. « Je ne suis pas dupe. J’imagine que c’est dans cet esprit qu’ils ont pensé à moi » a d’ailleurs osé déclarer l’ami Martin, qu’une telle instrumentalisation n’empêche apparemment pas de dormir.

Mais patatras ! Les premières réactions à la trahison d’Edouard Martin (si l’on met de côté celles de ses proches collègues de la CFDT, bien sûr !) sont catastrophiques. Sur les réseaux sociaux, c’est la curée. Colère, dégoût… le roi est nu, l’idole est à terre. « On ressent un certain malaise, on se sent vraiment trahis » a d’abord confié l’ancien secrétaire local de FO à Florange, Walter Broccoli, l’autre meneur médiatisé de la révolte des sidérurgistes d’Arcelor-Mittal. Avant d’ajouter, mardi sur Europe 1 : « On a l’impression d’être cocus. Il nous avait dit : je ne ferai jamais de la politique ». Il y a fort à parier que la cynique, l’obscène et supposée juteuse opération « réussie » par le Parti socialiste ne tourne au final et encore un peu plus à la Bérézina électorale. Et c’est bien tout le mal qu’on leur souhaite.

« Je ne suis pas dupe… ». Pas dupe, mais volontaire tout de même, donc, monsieur Martin. L’argent n’a définitivement pas d’odeur, même pour un ancien « héros de la cause ouvrière ». Surtout lorsqu’il vient de la CFDT.

« Syndicat, caca » disait en son temps le regretté Coluche. Il disait également « on est cerné par les cons. Mais on ne sait pas à quel point ». Par les jaunes aussi, d’ailleurs… On ne prend jamais les comiques assez au sérieux.

> Marc Leroy anime le blog « La Plume à gratter ».

1. L’hôtel de Crillon est un des plus anciens et des plus luxueux hôtels au monde. Il est situé au pied des Champs-Élysées, place de la Concorde. Il est propriété depuis 2010 de la famille royale saoudienne.
2. L’Automobile Club de France (ACF) est un club privé français de luxe, réservé exclusivement aux hommes.

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10 Comments

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  • xrayzoulou , 19 décembre 2013 @ 16 h 38 min

    Ce ne sera pas le dernier à écouter le chant des sirènes, et n’oublions pas que Désir a été artiste (mauvais c’est sûr mais quand même il s’est dit artiste). et les autres socialopathes ont, en faisant briller l’argent de la renégation, ont facilement troubler l’esprit de ce Judas.
    L’honnêteté est vite balayée quand on n’a pas de principe !!!!

  • antonini , 19 décembre 2013 @ 21 h 11 min

    c’est que le syndicalisme ça doit commencer a sentir le roussi ,et là on voit vraiment quel sont ces gens que des ” bouffe Merde ” a moi le jakpot aux européennes ! Tous des pourris …..

  • monhugo , 19 décembre 2013 @ 21 h 25 min

    Tiens….. encore un Espagnol, sans un gramme de sang français dans les veines, lui non plus (parents espagnols, né en Espagne – Andalousie), en vedette au PS….. Un nommé MARTÍN, Eduardo.
    Au printemps dernier, voilà ce qu’en disait “Le Point”, à l’occasion de la sortie du “Ne lâchons rien !” signé par lui (écrit par ses 2 “coauteurs) : “Dans l’océan de l’hypocrisie politique, il est la voix qui réveille”.
    Il disait alors : “La seule solution serait que des gens comme nous disent qu’ils en ont marre et se présentent aux élections. Mais il n’y a encore jamais eu d’ouvrier à l’Assemblée nationale”.
    Il “captivait” aussi 2 millions de spectateurs chez Ruquier (même promo).
    http://www.lepoint.fr/invites-du-point/claire-gallois/edouard-martin-ne-lachons-rien-08-04-2013-1651345_1445.php
    L’intéressé n’aura pas à chercher en lui motivation et courage pour se présenter en 2017 aux législatives. Désigné comme tête de liste pour les Européennes de 2014 (Grand-Est) par le pouvoir (qui fait quand même assez peu pour la classe ouvrière), Martin est sûr d’avoir son ticket d’entrée (hautement lucratif) à Strasbourg – sans mener aucune lutte. Le grand confort.
    Espérons qu’il ira siéger – Strasbourg, c’est la porte à côté de chez lui, le veinard (même pas 1 h 30 d’autoroute). Vraiment le grand confort. Même s’il va se retrouver de l’autre côté de la barrière – à la première manif de ses ex-potes sidérurgistes devant le Parlement européen, cela risque d’être récréatif…

  • Robert , 19 décembre 2013 @ 21 h 43 min

    Arrêtons de jouer les étonnés !
    La CGT depuis le congrès de Tours en 1921 est un instrument politique du parti communiste.
    La CFDT, issue de la CFTC, est socialiste depuis 1961.
    FO a été créé pour contrebalancer à la Libération l’influence énorme à l’époque de la CGT, et est noyauté par les trotskistes.
    Qu’un élu CFDT soit candidat socialiste est un non évènement. Le vrai scandale, c’est plutôt le silence sur cette réalité d’un syndicalisme qui ne représente rien mais monopolise les subventions et le pouvoir et trahit la fonction syndicale en servant d’instrument à un combat politique.
    Les cocus du syndicalisme le sont depuis déjà longtemps.
    Ce qui est comique pour qui savait ça, c’est d’avoir vu ce guignol jouer les durs devant les élus FN venus à Gandrange. Il éructait comme un maquereau défendant ses putes ou un dealer son business.
    Mais il n’est rien de pire que l’aveuglement volontaire. Le syndicalisme est tenu par une maffia qui ne représente plus rien depuis des décennies et ne sert qu’à engraisser des permanents au profit de partis politiques. Les seuls travailleurs dont ils se préoccupent, ce sont leurs permanents qui finiront députés ou casés à des postes de fainéants surpayés comme Nicole Notat, voire femme et enfants de Thibault émargeant au CE de la SNCF avec des salaires conséquents.

  • GV , 20 décembre 2013 @ 8 h 49 min

    La M…. reste et se complait dans la M….
    Je vote CONTRE n’importe pour qui, pour celui qui sera CONTRE

  • Tirebouchon , 20 décembre 2013 @ 19 h 37 min

    Et si tout simplement il avait été choisi uniquement pour assumer la débandade du PS dans la Région ? Croyez vous que, si le morceau de fromage était GROS & BON, les rats d’égouts auraient laissé la délicieuse gourmandise à une petite souris blanche de laboratoire ?

  • claude34 , 20 décembre 2013 @ 19 h 40 min

    C’était évident…
    Ce type ne roulait que pour lui.Beau parleur,accrocheur,comédien,il captivait les foules et le parti socialiste.
    Ses anciens copains cherchent encore du boulot,lui,le syndicaliste en a trouvé…
    Quoi de plus normal dans notre monde qui marche sur la tête.

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