Pourquoi manifester contre l’avortement ?

La dépénalisation de l’avortement souffle cette année ses quarante bougies. Manifester contre ce qui est devenu, d’après le Parlement, un droit fondamental des femmes ? Manifester contre une loi des plus ordinaires dont toute notion de détresse et d’urgence a été supprimée en 2014 ? Manifester contre une loi qui fait l’unanimité du peuple français ou presque ? Allons ! C’est aussi ridicule que de marcher contre la grippe. On ne marche pas contre une fatale évidence !

Pourtant, la situation française relative à l’avortement est loin d’être une évidence.

Avec 220 000 avortements par an, chaque année, depuis 1975, ce sont plus de 7 millions d’enfants morts avant d’avoir vu le jour, avec la bénédiction de la loi. Un tel chiffre ne devrait pas être une évidence mais la cause d’une stupeur nationale.

D’après un récent sondage, 33% des femmes françaises auraient déjà avorté au moins une fois, et 5% plus de 3 fois. Un tel chiffre devrait susciter notre horreur. Pauvres mères !

Pourquoi ? Parce que chaque enfant qui meurt, tué dans le sein de sa mère, est une défaite collective. Pour chaque avortement c’est la société française qui n’a pas su accueillir la vie et secourir la femme en détresse. Nous en avions déjà parlé par le passé.

Cette année, comme l’an passé, il est donc important de manifester pour faire savoir que l’avortement n’est pas anodin, qu’il ne va pas de lui-même et pourrait être évité au plus grand nombre des femmes, comme en Italie où les IVG sont passées de 240 000 en 1984 à 134 000 en 2010, ou en Slovénie, où elles sont passées de 80 000 en 1989 à 8000 en 2009, ou aux Etats-Unis, où le nombre d’Etats dont la législation protège prioritairement la vie de l’enfant et de la mère va chaque année en augmentant, tandis que le nombre de cliniques pratiquant ces opérations y a reculé de 75%, comme en Russie, enfin, où après avoir été un allant de soit, l’avortement est remis en question au nom de la sauvegarde du peuple russe dont la démographie se remet doucement du désastre que fut pour elle la chute du Mur (propositions de restriction, voire de suppression depuis 2013).

Manifester ? Parce que la politique est l’art du rapport de force et que quelques dizaines de milliers ou centaines de milliers de manifestants déterminés se font plus et mieux entendre des pouvoirs publics que tous les recours administratifs et toutes les actions silencieuses possibles.

Manifester ? Pour se retrouver et se rendre compte que l’on est pas seul, extraterrestre, mais bel et bien ancré dans une réalité éthique et un combat commun pour la dignité des femmes, le respect des familles et la sauvegarde de la vie.

Manifester ? Parce que ce n’est plus seulement la naissance de la vie qui est en danger avec l’avortement, mais aussi son terme avec l’euthanasie qui nous pend au nez.

Manifester ? Si on est opposé à l’avortement comme à une loi mauvaise et que la mort de 600 enfants à naître, chaque jour en France, est insupportable.

Manifester ? Si on veut se battre pour les droits des femmes et le premier étant de véritablement disposer librement de leur corps, ce qui inclut d’être authentiquement informé sur les solutions alternatives à l’avortement, ou sur les risques médicaux et psychologiques que comportent un avortement.

Manifester ? Si on veut défendre la liberté d’expression en France, car le délit d’entrave à l’avortement a été élargi dans de telles proportions par les pouvoirs publics qu’un juge administratif zélé pourrait faire interdire cette manifestation et obtenir la fermeture de tous les sites d’information alternatifs sur cette question.

Manifester ? Même si on est favorable à l’avortement mais que l’on considère que cette solution ne doit être que l’ultime extrémité après avoir usé tous les autres recours, lesquels ne sont plus proposés, ou très rarement.

Manifester ? Si on souhaite défendre le droit des médecins et des sage-femmes à faire valoir un cas de conscience devant ces opérations. Car ce droit est aujourd’hui considérablement restreint dans les faits, comme en témoignaient plusieurs professionnels de la santé dans un magazine hebdomadaire cette semaine.

Manifester ? Parce que l’atteinte portée à la vie naissante est la plus cruelle qui soit contre les libertés humaines.

Votre serviteur a eu l’occasion, par le passé, de montrer qu’il n’était pas sourd à une détresse, qu’étant homme, il ne peut pas complètement comprendre. Mais étant époux et père, il ne peut rester sourd non plus à la muette terreur des enfants hachés menu dans les entrailles de celle qu’il fallait aimer et préserver et qui fut livrée aux bêtes par mépris de l’amour.

Alors allons-y, le 25 janvier !

> Gabriel Privat anime un blog.

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12 Comments

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  • Régis , 21 janvier 2015 @ 23 h 34 min

    Pour faire simple sur des considérations aussi complexes, partons d’abord de la conscience; comment la définissez vous? Que disent les philosophes à propos de la conscience? Ce que les Chrétiens savent, en espérant que vous ne les mettez pas dans l’ensemble des obscurantistes dont vous parlez, ils l’ont appris par notre Créateur, peut-être par « les vibrations atemporelles de l’espace temps » dont vous parlez, et qui ont ce Créateur comme origine. Les Chrétiens savent qu’en joignant leur volonté à celle du Créateur ils expérimentent, au sens de l’expérimentation scientifique, une immense paix intérieure et une très grande joie. Toutes ces expériences de paix et de joie ont permis aux croyants au Dieu unique, depuis Abraham, de professer une somme colossale de connaissances sur Dieu et l’univers. Chaque croyant est conscient de la présence de Dieu dans l’univers, au-delà de tout ce que l’on apprend par les livres.
    De sorte qu’aujourd’hui, les religions disent en choeur: l’avortement fait plus de mal que de bien; il est bon pour tout le monde de le limiter à sa plus simple expression, et de l’abolir si possible. Pourquoi ne pas vouloir les écouter?

  • Alex , 22 janvier 2015 @ 11 h 56 min

    @Régis :

    Comment évoquer la physique quantique sans tomber dans le religieux, le sectarisme ou l’obscurantisme ?

    Je n’ai pas la réponse.

    Mais mon commentaire n’était ni religieux ni philosophique, mais purement matérialiste.

    Je crois qu’au regard des hypothèses de la physique quantique, on peut aujourd’hui développer un argument purement matérialiste et non religieux, contre l’avortement lorsqu’il y a activité cérébrale du bébé en gestation.

    Le christianisme, la croyance, dieu (sans majuscule), Abraham, Jésus, Mahomet, Bouddha, Krishna etc. rien de tout cela ne relève de la physique quantique ou de mon propre argument qui n’était que purement matérialiste.

    Si dieu existe il est en dehors de tous les paradoxes, il ne sera donc jamais démontrable scientifiquement, bien qu’il soit paradoxalement aussi une théorie.

    Dieu est innommable.

    Finalement les musulmans avaient une bonne intuition depuis qu’ils prétendent qu’il ne faut pas représenter dieu, mais une bonne intuition seulement.

    Il y a certainement des extraterrestres partout dans l’univers, il sera intéressant à l’avenir de découvrir chacune de leurs formidables divergences sur les questions religieuses et philosophiques…

    L’Humanité terrienne gagnerait peut-être à se confronter à des civilisations extraterrestres qui n’ont pas de concept divin ou à d’autres qui au contraire, ont des concepts divins totalement dissemblables des nôtres.

    Une présence extraterrestre plus concrète sur terre, serait peut-être une solution par la confrontation de ces idées, à tous les obscurantismes religieux qu’il y a sur terre.

  • Charles , 22 janvier 2015 @ 15 h 06 min

    Descendons sur terre.
    1.Participer à des manifestation est une chose qui a ses limites.
    2.Les manifestations anti Abortives ont lieu depuis 40 ans sans aucun résultat probant.
    3.La marche pour la vie existe depuis 10 ans ,je crois: Quels résultats concrets ?.
    4.Avec la GPA-PMA et les faux mariages,le cercle se referme sur nous tous.
    5.Une stratégie sans débouché sur une offre élective centré sur l’enfant est inutile.
    6.Il faut donc pousser sur un seul point de l’huître, la charnière du droit de l’enfant.
    7.Il faut utiliser la force de l’empire contre lui même comme au judo (effet 180 degré)
    8.La force de l’empire consiste a invoquer le droit de choisir sur le destin de l’enfant.
    9.La faiblesse de l’empire (l’huître); c’est d’avoir refusé les moyens de choisir l’option B.
    10. Un droit de choisir (entre A & B) n’a de sens que si les moyens de choisir existent.
    11.Les moyens de choisir l’option A (Avortement) ont été mis en place par l’empire.
    12.En revanche, rien n’a été fait pour la principale tranche d’âge des 15/25 (50% des A)
    13.Les moyens requis en choix B sont constitués par une offre de mixité Bébé/Etudes.
    14.A savoir la création de lycées résidentiels mamans bébés (LMB) ouverts aux 15/25.
    15.Ceci étant une simple option offerte et non une obligation imposée aux JF enceintes.
    16.Donc des classes de 2nde, 1ere , terminales et post bac pour JF avec Bébés.
    17.L’option résidence étant valable avant, pendant et après la naissance des Bébés.
    18.Imaginons les 13 nouvelles régions chacune avec son nouveau Lycèe LMB.
    19. Des salles de cours et des salles de crèches voisines au meme étage.
    20.Des rythmes de cours et pédagogies adaptés aux contraintes “bébés” des JF mères.
    21. Ce concept LMB n’ayant RIEN à voir avec les options actuelles pour cas sociaux.
    22. Le site de la MPLV devrait contenir un descriptif de projet “Lycées LMB”
    23. Les slogans MPLV devraient mentionner “Ouvrons des Lycées ouverts aux bébés”.
    24.Dénoncer la perversion de fond liée à la “liberté d’avorter” ne sert strictement à RIEN.
    25.Il faut procéder d’une autre manière en contournant l’obstacle de cette loi forteresse.
    26.En image, ceci est la différence entre une porte centrale blindée et une porte latérale.
    27. Le fait de pousser ensemble sur la porte centrale ne fait que la RENFORCER.
    28. Il faut donc se diriger vers la porte latérale des Lycées résidentiels LMB régionaux.

  • Chouk , 13 mars 2015 @ 14 h 59 min

    J’ai avorté. Ouioui. A 17 ans. Ouioui.
    J’assume très bien.
    C’est quoi le mieux ? Enlever de mon ventre un début de quelque chose qui ne pense pas, ne souffre pas et faisait 1 cm de long ?
    Ou faire naitre un enfant. Qui me fera abandonner mes études. Que je ne pourrais pas élever, faute de temps et d’argent.
    Un enfant qui grandira sous la tutelle d’une jeune femme immature ? Une enfant dont les grands parents sauraient mieux s’occuper que la propre mere ?
    Un enfant que je serais peut etre obligée d’abandonner ?

    C’est beau la mentalité. Mieux vaut créer un enfant qui souffrira de manque d’éducation et qui aura grandit mal et dans la pauvreté toute sa vie, plutot qu’empecher ceci.
    C’est beau, VOTRE mentalité.

    Savez vous aussi que l’un des plus grands problemes de notre monde actuelle est considéré comme étant la démographie croissante ? Plus assez d’espace/de nourriture, on tue petit à petit la Terre, pour que nous vivions bien.
    Et sans avortement, le baby boom vous l’imaginez ?
    Vous voulez vraiment offrir un tel avenir à vos enfants ?

    Réfléchissez y, la prochaine fois que vous irez voter.

    Moi, étudiante, sans enfant pour le moment et heureuse. parce que je considere que je prefere avoir une situation stable et pouvoir elever mon enfant, plutot que de pleurer tous les soirs sans pouvoir rien lui offrir.

  • Eric Martin , 13 mars 2015 @ 16 h 08 min

    Ce “début de quelque chose”, c’était votre enfant… Par contre, je suis d’accord sur le fait qu’il aurait fallu vous aider afin de vous permettre de finir vos études. Bien que la loi dise le contraire, vous n’avez pas, comme le pater familias à Rome avant l’avènement du christianisme, le droit de vie ou de mort sur votre enfant, même caché dans votre sein (infans = “qui ne fait pas de bruit”, un enfant n’est jamais autant “infans” que dans le ventre de sa maman). Si vous avez un problème avec la démographie, soyez cohérente, suicidez vous. Mais je ne vous invite pas à ça, hein ! Je vous invite juste à ne pas avoir l’être humain comme un virus qui prolifère et se répand.

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