Vers un retour à la guerre froide ?

En mars 1983, le Président Roland Reagan qualifiait pour la première fois l’Union Soviétique d’ « Empire du Mal » et lançait sa « croisade » contre le communisme, opération qui devait se solder par un succès total : chute du Mur de Berlin en 1989 et dislocation de l’URSS deux ans plus tard. Le célèbre mot de Reagan qui inspirait un sourire de mépris à nos intellectuels « compagnons de route » n’était-il pas trop fort ?

Sans doute pas ! L’Union Soviétique, enfant monstrueux de l’idéologie la plus criminelle dans l’histoire de l’humanité, le marxisme-léninisme (mais oui, le communisme a tué environ 200 millions d’êtres humains, trois fois plus que la Seconde Guerre mondiale et il continue de tuer), était fondée sur la terreur et le mensonge.

La seule légitimité du parti au pouvoir en URSS et des hommes qui le dirigeaient était l’idéologie. Et puisque la réalité a très vite démenti l’idéologie, tant pis pour la réalité ! L’Union Soviétique et tous les « pays frères » n’étaient qu’un énorme village Potemkine, un gigantesque théâtre dans lequel tout le monde était censé faire semblant de croire à ce que l’expérience et la raison désignaient comme faux. Ceux qui refusaient de faire semblant se retrouvaient au Goulag où étaient « soignés » dans des hôpitaux psychiatriques.

Le conflit avec le monde libre était inscrit dans la nature même du régime soviétique. Tandis que l’Occident se réjouissait de la « coexistence pacifique » censée durer jusqu’à la fin de l’histoire, les communistes préparaient les plans d’invasion de l’Europe Occidentale. La guerre froide pouvait à tout moment devenir chaude. L’opinion publique ignore largement à quel point nous étions proches de la vraie guerre, une guerre thermonucléaire en Europe, au milieu des années 80.

Ronald Reagan, tout « acteur de série  B »  qu’il était, a joué finement la partie avec les Soviets. Il a fait baisser les cours de pétrole et a entraîné les « rouges » dans une course technologique : la « guerre aux étoiles » qui a fini par épuiser les dernières ressources de l’Empire du Mal. Déjà ébranlée par les claques qu’elle a pris en Afghanistan et par la révolte massive des Polonais, la bête a expiré en décembre 1991.

Aujourd’hui on parle de plus en plus du retour à la guerre froide. Il n’y a rien de plus faux ! Toute analogie par rapport à la situation d’avant 1991 est erronée car depuis 1991 la Russie est redevenue un pays normal. Oui, un pays normal. La normalité a repris la place du délire idéologique.

Les Russes ont retrouvé le droit de réussir dans la vie sans brandir la carte du Parti, uniquement grâce au mérite individuel. Les magasins, vides à l’époque soviétique, se sont remplis d’articles de consommation que « l’homo sovieticus » ne pouvait contempler que dans de rares films américains autorisés par la censure.

Les grandes artères de Moscou et d’autres villes de Russie, réservées dans le passé aux seuls limousines d’apparatchiks et camions militaires, sont aujourd’hui pleines de belles voitures.

L’État russe ne cherche plus à étendre la « révolution prolétarienne » au monde entier mais fait ce que chaque État est censé faire : protéger les intérêts nationaux.

Après une décennie de chaos et d’anarchie dans les années 90, Vladimir Poutine a reconstruit un État fort et moderne, a permis l’apparition de la classe moyenne en Russie et une amélioration très sensible du niveau de vie.

Les Russes sont aujourd’hui fiers de leur pays et soutiennent massivement leur président, démocratiquement élu. Aucun chef d’état occidental ne peut prétendre à la popularité du Président Poutine en Russie.

La Russie, pays le plus grand du monde, est notre voisin à peine sorti d’une maladie gravissime, le communisme, qui a failli la tuer et nous avec.

Arrêtons donc de parler stupidement de « nouvelle guerre froide » et de tourner le dos à la Russie sous le prétexte hypocrite qu’elle a récupéré la Crimée, région incontestablement russe de part sa composition ethnique et son histoire ! Pensons plutôt aux énormes bénéfices économiques, mais aussi culturels et humains que peut apporter à l’Europe la coopération avec la Russie.

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42 Comments

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  • Thierry , 20 mars 2014 @ 13 h 29 min

    C’est pour ce genre d’articles que je lis NDF -à part la faute d’orthographe finale, bien entendu-. Excellente analyse.
    Le terme de guerre froide est de toute façon inapproprié : les US ne sont plus une puissance majeure.

  • V_Parlier , 20 mars 2014 @ 13 h 39 min

    Si les américains ont en effet joué un rôle utile de contre-pouvoir (quels qu’en soient les intérêts premiers) durant la période de l’URSS, aujourd’hui ils sont bien ennuyés de ne plus avoir de faire-valoir.

    C’est pourquoi, plus d’une fois par an il y a une occasion d’essayer de redémarrer la guerre froide: multiples révolutions téléguidées, frictions diverses et variées, et dernière trouvaille: Allumage du pétard ukrainien après plusieurs années de travail patient.

    Le travail patient était le suivant: soutien à Timochenko qui réhabilite Bandera et ses sbires, qui persuade les ukrainiens que les russophones d’Ukraine n’existaient pas avant l’URSS, puis attente patiente de quelques années durant l’immobilisme corrompu de Ianoukovitch (ce qui ne différait pas de la situation précédente) afin que les ukrainiens rejettent leurs propres problèmes sur les russes. Le financement d’une opposition peu recommandable a fait partie aussi de ce plan.

    L’allumage du pétard, c’est le soutien massif au coup d’Etat que tout le monde connaît, en profitant des sentiments exacerbés. Aujourd’hui même des gamines de 18 ans sont prêtes à soutenir n’importe quelle bande de fous furieux au pouvoir, tant que c’est pour faire la guerre aux russes. Le prétexte de la Crimée (autonome mais reprise illicitement par l’Ukraine en 93 après sa sortie de l’URSS en 91) n’est bien entendu qu’une excuse. On s’en rend encore plus compte, pour ceux qui ont l’occasion de discuter avec des ukrainiens (exemple tout frais) même avec un but d’apaisement et de discussion calme. Rien n’y fait: Ils sont prêts à exterminer tous les criméens si nécessaire, pourvu qu’ils récupèrent la presqu’île. Jour après jour, je me rend compte que c’est encore bien pire que ce que je pensais! Il est clair que les USA ont bien bossé. Ce sont des pros dans ce domaine.

    Après, bien sûr, le service après vente ne fait pas partie de la prestation. Ce n’est d’ailleurs pas le but, puisqu’il leur faut une guerre, chaude ou froide.

  • V_Parlier , 20 mars 2014 @ 13 h 44 min

    Une petite illustration du travail de préparation (date de l’année dernière):
    http://www.youtube.com/watch?v=kVEC435gGL4

  • Jo , 20 mars 2014 @ 13 h 56 min

    interview du 17 mars, intéressante de l’ambassadeur russe en France. En dehors du journaliste qui bien sûr ne laisse pas parler !
    http://www.france2.fr/emissions/telematin/actu/alexandre-orlov_221813

  • Daniel , 20 mars 2014 @ 14 h 10 min

    Tu aurais préféré une version techno de la vidéo ?

  • Jo , 20 mars 2014 @ 14 h 11 min

    Pourquoi croyez-vous que l’Amérique et ses sbires veulent posséder toutes les richesses pétrolières et gazières du monde ? Pour influer sur les prix à leur guise ! Ils auraient ainsi le monde à leurs bottes !

    Combien de temps cette situation va t-elle durée ? Car l’Ukraine est a genou ! Et il faut croire qu’ils ont bien été bernés !!!!! Pensent-ils intégrer immédiatement l’Europe ? Leur a t-on fait croire ? Si c’est le cas, c’est criminel. Car la seule préoccupation des américains FMI et UE est de les endetter et de les contraindre à effectuer des “réformes” -mot très en vogue dans cette europe- pour leur faire intégrer l’OTAN ! Mais pas dans l’immédiat de les intégrer dans l’Europe ! Il y a des conditions pour cela !

    Voici un article fort documenté :

    “Ukraine: autopsie d’un coup d’état”

    “Contrairement aux vœux pieux de Timochenko clamés au Maïdan, il serait utopique de penser que l’Ukraine fasse partie de l’Union « dans un avenir proche » [90], au vu de la situation désastreuse de certains pays européens comme la Grèce, par exemple. La « Marianne aux tresses » n’a probablement pas entendu le ministre français des Affaires européennes, Thierry Repentin. « Dans toutes les négociations pour offrir à l’Ukraine un accord d’association, nous avons bataillé ferme pour retirer toute allusion à une adhésion à l’UE. Pas question de changer de position » a-t-il déclaré dans un article publié le 3 février dernier [91].

    Si l’Ukraine ne peut prétendre à une adhésion à l’Union Européenne et que les défenseurs occidentaux de sa « révolution » ne mettent pas la main à la poche, tout semble indiquer que ce pays n’est qu’un « cheval de Troie » pour gêner la Russie qui prend trop de place et beaucoup d’aisance dans les enjeux internationaux, à l’instar de son rôle dans le conflit syrien. Une façon comme une autre d’ouvrir une nouvelle ère de guerre froide. Les troubles en Crimée et les menaces de l’exclusion de la Russie du G8 [92] n’en sont que les prémices.

    Les Ukrainiens doivent savoir qu’ils sont condamnés à vivre en bon voisinage avec la Russie avec laquelle ils ont une frontière commune et des liens historiques, commerciaux, culturels et linguistiques.

    Une chose est sûre, cependant: le réveil « postrévolutionnaire » sera douloureux pour les Ukrainiens.”
    http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=257:ukraine-autopsie-dun-coup-detat&catid=48:orientoccident&Itemid=120

  • Jo , 20 mars 2014 @ 14 h 12 min

    Pardon pour la faute : Combien de temps cette situation va t-elle durer !!

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