La Socialie et son curieux sens des priorités

Qu’il est doux de vivre en Socialie ! Tout est prévu, tout est planifié, tous les coins aigus de la vie sont recouverts d’une épaisse mousse protectrice étatique et bientôt, plus personne n’aura jamais de problèmes. Et pour arriver à ces lendemains qui chantent en cœur, avec des orchestres philharmoniques et des distributions de fleurs et de bisous, il faudra faire des choix de société. Aujourd’hui, je vous en présente deux, d’autant plus intéressants qu’ils sont concomitants.

Il y a, tout d’abord, l’affaire, parfaitement entendue, du tabac. Ce tabac qui pollue, ce tabac qui encombre les bronches, qui attaque activement le fumeur et passivement les gens alentours tel un ninja du cancer furtif, ce tabac qu’on fume dans de crasseuses fumées grises, ce tabac est, progressivement, repoussé dans les sphères les plus privées de l’individu. À force de hausses, parfois carabinées (la prochaine sur la liste, pour cet été, devrait se monter de 30 à 40 centimes par paquet de cigarettes), les gouvernements successifs (autant ceux de droite que ceux de gauche, d’ailleurs, pour ce que cette différence politique veuille dire encore de nos jours) seront parvenus à réduire la consommation officielle. Le marché noir, bien sûr, a explosé.

Le nombre de maladies liées au tabac ne semble pas s’être réduit tant que ça, et comme les progrès de la médecine ne s’arrêtent pas non plus, le bilan est, pour le moins, difficile à faire. Du reste, il apparaît à chaque taxation supplémentaire que les gouvernements recherchent surtout une manne financière plutôt qu’un objectif sanitaire public, affiché pour des raisons de propagande bisou-compatible mais qui ne berne plus grand monde.

À ces hausses, il faut bien sûr ajouter la traque sociale, ponctuée de spots publicitaires et de campagnes culpabilisantes dans les écoles visant à faire passer les fumeurs pour des dégénérés, notamment lorsqu’ils sont en présence d’enfants. Pédophiles ou fumeurs, même combat ! Et si la prison attend certainement les premiers à plus ou moins court terme, il en ira de même pour les seconds, à plus ou moins long terme.

Bien évidemment, cette traque sociale s’additionne du harcèlement légal qui permet à chaque citoyen soucieux du respect des lois de jouer son petit kapo, par exemple en dénonçant à la Komandantur la plus proche ceux dans ses connaissances qui ont fumé sur une terrasse fermée, par exemple ; en effet, elles sont à présent interdites aux nicotinomanes et autres grilleurs de Havane, de pipe ou de cigarette. Bien sûr, la cigarette reste autorisée en plein air : on est en France, après tout, pays de liberté !

Mais on comprend que le but est bien de pourchasser ces dérangés compulsifs de la fumette, cette lie si étrange de l’Humanité, qui persistent à s’injecter dans les poumons des nuages toxiques, des produits excitants et des goudrons dégueulasses. Sans compter qu’une cigarette doit avoir un bilan carbone désastreux, qui ajoute le délit d’anti-écologisme au fumeur invétéré…

Dès lors, il est logique que tout geste qui évoque, même de loin, les actes nauséeux du fumeur dans son addiction doivent être bannis. Il n’apparaît qu’évident qu’on fasse ce qu’il faut pour éviter que des enfants, âmes innocentes s’il en est, ne puissent voir ces zombies de la fumette, une tige au bec, tirer dessus négligemment et relâcher de coupables volutes ! Partant de là, on interdira aussi la cigarette électronique, notamment dans les lieux publics, et précisément pour éviter que des enfants ne sombrent à leur tour dans l’ignoble habitude tabagique !

Maintenant, oh là mes petits amis, n’allons pas trop vite en besogne.

S’il est entendu que la cigarette, fléau de la Socialie moderne, doit être arrêtée par tous les moyens, ne versons pas dans l’extrémisme idiot. Certes, se droguer à la nicotine en grillant du tabac, c’est très laid. Vapoter négligemment en présence d’enfants peut leur donner de bien tristes idées, qui se transformeront en néfastes habitudes.

Ce n’est cependant pas une raison pour empêcher le développement des salles de shoot, et c’est pourquoi la mairie du dixième arrondissement de Paris envisage très calmement d’introduire une telle salle dans sa municipalité, au 39 boulevard de la Chapelle, au plus grand bonheur de ses habitants. Et c’est bien normal puisque toutes les précautions seront prises ; Nicolas Lerner, représentant de la préfecture de police de Paris, explique ainsi :

« Une de nos priorités sera d’éviter la stagnation des personnes aux abords de la salle. Il n’y aura aucune zone de non-droit dans le Xe. »

Ce message est, bien évidemment un rappel aux salles petits fumeurs de clopes : ceux qui seraient surpris à stagner, la tige au bec, dans une terrasse fermée, seront pourchassés : pas de zone où le droit serait bafoué (comme, par exemple, si piquouser à l’héroïne) dans le dixième arrondissement, le monsieur a dit. Et le fait que la salle de shoot proposée soit plutôt proche d’écoles et de crèches est absolument sans importance parce qu’elle sera le fruit d’une expérimentation, ce qui la classe dans une catégorie différente des expérimentations testées par les indécrottables fumeurs dans les terrasses couvertes, par exemple. On ne peut pas comparer : il y a, en effet, un monde de différences entre le fumeur qui grille une clope et l’héroïnomane qui s’envoie sa dose. Le premier est, à l’évidence, un déchet de la société que l’on combattra avec la dernière des énergies, la plus forte des taxes, la plus solide des répressions morales. Le second est une victime d’un système qui broie les individus.

C’est pourtant simple : la Socialie, ce sont des choix de société mûrement réfléchis. Et dans ces choix, la clope n’est plus à la mode, et la piquouse, si. Simple, net, carré.

Bon. C’est pas tout ça, je vais me siffler un alcool fort, tiens.

Voilà voilà.

> h16 anime le blog hashtable. Il est l’auteur de Égalité taxes bisous.

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25 Comments

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  • pi31416 , 21 juin 2013 @ 1 h 19 min

    Tintin: “Le tabac est un poison et une drogue, qui fut popularisé dans les années 30, avant cela personne ne fumait en Occident”

    Avant les années 30 personne ne fumait en Occident?

    Et Molière faisant dire à Sganarelle: “qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre”?

    Et ce tableau de Mathieu Le Nain (1607-1677)? http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:La_tabagie,_Le_Nain.jpg

    Ce qui est bien, avec les cagots, c’est qu’ils n’ont pas à s’embarrasser de faits. Les faits, ils les fabriquent au fur et à mesure des besoins, à la demande.

  • scaletrans , 21 juin 2013 @ 11 h 49 min

    Il ne faudrait tout de même pas lire l’article de travers. H16 ne méconnaît pas la nocivité du tabac, mais démontre, avec son humour corrosif, le comportement asymétrique de cet état UMPS et sa proportion à vouloir régir jusqu’à la vie privée des gens. Et en ce sens, l’interdiction du vapotage en public est tout à fait typique.

  • Tintin , 21 juin 2013 @ 23 h 15 min

    Je n’ai pas le temps de retrouver toutes les sources et je vous accorde de la plupart des éléments de ce commentaire ne sont pas sourcés.

    Libre à vous de faire ce travail, vous aboutirez logiquement aux mêmes conclusions.

    Les chiffres de la consommation du tabac démontrent effectivement qu’avant les années 30 ans, en volume le tabac était marginal.

    Les femmes elles-mêmes ne fumaient pas, cela était vulgaire.

    Les volumes se mirent à monter à partir de l’avènement de la publicité pour le tabac, puis de la popularisation du tabac au cinéma et à la télévision.

    Effectivement, l’Homme a toujours fumé, il est donc erroné de prendre au pied de la lettre mon précédent mot, mais il est donc exact de dire que les volumes de consommation devinrent majeur après les années 30.

    Concernant les adjuvants mis dans les cigarettes, il y a un avocat aux USA, très connu, qui a risqué sa vie (multiples tentatives de meurtre), qui a produit les preuves… je n’ai pas le temps de retrouver le nom mais il est suffisamment connu pour que vous le retrouviez vous même.

    Enfin, l’Afghanistan est bien le premier producteur mondial de drogue, depuis la guerre.

    Concernant les tests de drogues, on peut débuter par les affaires déclassifiées… la CIA en avait même mis dans le pain en France… dans les années 60 ans… cela est connu, on retrouve même le journal de 20H de l’époque qui en parle sur internet…

    La encore vous pourrez facilement trouver.

    Je crois qu’en se comportant comme un veau on fini à l’abattoir.

  • Tintin , 21 juin 2013 @ 23 h 28 min

    A à juger par les notes de mon précédent commentaire…, je n’ai qu’une chose à dire même si mon commentaire manquait effectivement de sources :

    Pensez très vite par vous même, car d’autres le font déjà à votre place et eux, sont la race des Hommes qui bâtissent des camps de concentration.

    Tout les éléments que j’avance dans mon précédent commentaire sont facilement retrouvables sur internet (rapports déclassifiés librement consultables sur internet sur des sources gouvernementales, rapports d’avocats contre l’industrie du tabac etc.).

    Enfin, vous pouvez étudier la nature des actionnaires de l’industrie du tabac et les connexions avec les filiales (la aussi des avocats firent ce travail dans les procès contre l’industrie du tabac aux USA) et on y retrouve des liens avec la CIA, cette même CIA qui ne cache même plus ses liens dans tous les secteurs désormais (La CIA possède des parts dans pratiquement toutes les grosses sociétés privées de technologies, par l’intermédiaire d’un fonds d’investissement qu’elle ne cache même plus détenir, la encore j’ai plus le nom en tête mais c’est connu et toute la Silicon Valley connait), pour le tabac les connexions sont les mêmes.

    Lorsqu’on se comporte comme un veau, on finit à l’abattoir.

    Fumer n’est pas une liberté, ni un droit, c’est une marginalité honteuse.

  • pi31416 , 22 juin 2013 @ 0 h 18 min

    “la CIA en avait même mis dans le pain en France… dans les années 60 ans… cela est connu…”

    Sauf de vous. Ce fait divers dont les ragots de cagots ont fait leurs choux gras date des années 50, pas 60.

    “…on retrouve même le journal de 20H de l’époque qui en parle sur internet”

    Le journal de 20H des années 1950? Qui en parle sur internet?

    “Effectivement, l’Homme a toujours fumé”.

    Tout-à-l’heure c’était “avant 1930 personne ne fumait en Occident” maintenant c’est “l’Homme a toujours fumé.”

    Comme quoi les cagots, non seulement ça fabrique les faits au fur et à mesure des besoins mais ça les renie aussi vite au fur et à mesure des nouveaux besoins de la Cause (ne pas oublier la majuscule).

  • Cerasella , 22 juin 2013 @ 3 h 23 min

    La cigarette n’a JAMAIS tue personne. Point. C’est just un monsonge de plus.

    Fumer aide à prévenir le cancer du poumon:

    http://evolutionquebec.com/site/sante/tabac.html

  • Milou , 23 juin 2013 @ 14 h 46 min

    “Fumer n’est pas une liberté, ni un droit, c’est une marginalité honteuse”.

    J’ai tout lu de ce que vous avez écrit et….
    C’est d’une redoutable bêtise.
    D’ailleurs, je vous dirais simplement que la bêtise n’est pas une liberté, ni un droit, c’est une marginalité honteuse…. Et vous en êtes la parfaite illustration.
    Allez donc déverser vôtre propagande Gauchiste bien pensante plus loin, merci.

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