Jusqu’où descendra la politique ?

Le sommet de l’État convoqué par une jeune immigrée clandestine, un Président, un Premier ministre, un ministre de l’Intérieur contraints de s’interroger sur une mesure d’expulsion parfaitement légale à l’encontre d’une famille de fraudeurs, des élus et même des ministres exigeant qu’une loi ne soit pas appliquée, des élèves mobilisés autour d’une revendication absurde et les expulsés n’hésitant pas à dire que de toutes manières, ils reviendront : le spectacle offert par la politique de notre pays nous plonge dans la stupeur et l’hébétude. On n’en croit pas ses yeux. On a envie de se pincer pour se sortir d’un mauvais rêve. Certes, tous ceux qui se souviennent de la France du Général de Gaulle n’en ont pas forcément un bon souvenir. Je pense aux rapatriés d’Afrique du Nord ou aux harkis, par exemple. Mais, lorsqu’on évoquait l’État, l’autorité, la légitimité ou la France, ces mots avaient un contenu et une force dont ils sont aujourd’hui vidés. De Gaulle jouissait de l’autorité du fondateur, de cette autorité romaine qu’a si bien soulignée Hannah Arendt. En 1940, en 1958, il avait fondé à nouveau la République et en avait tiré une légitimité qui dépassait la simple expression des suffrages à laquelle il s’est pourtant toujours plié. C’est en 1968 que tout s’est joué. Tous les ingrédients de notre décadence ont brusquement fait surface dans un pays libéré des guerres, rendu effervescent par l’arrivée à l’âge adulte des enfants du baby-boom, et croyant que tout était possible dans un pays prospère à la croissance continue. L’agitation stérile et puérile des étudiants, la subversion politique et syndicale ont failli emporter les institutions. Le Peuple a résisté, en défilant d’abord et en votant ensuite. Les conditions d’une réaction salutaire étaient réunies et elle ne s’est pas produite. Elle ne s’est jamais produite. Petit à petit, le virus de 1968 a contaminé un pays qui en est aujourd’hui ravagé.

Lorsque le journal Le Monde évoque « des élus en baisse de régime », le premier qui est cité pour juger l’abaissement du niveau de nos représentants est Cohn-Bendit. L’activiste allemand de 1968, né en France, mais Allemand pour ne pas faire son service militaire, néanmoins représentant de notre pays au Parlement européen, libertaire, mondialiste, fédéraliste et parfois interpellé sur des propos scandaleux touchant à la sexualité des enfants, est à l’évidence le meilleur des juges… En fait, c’est plutôt un symptôme. Le Monde est le journal dans lequel Pierre Viansson-Ponté écrivait  » La France s’ennuie » en 1968, témoignant assez de cette légèreté journalistique qui se réjouit des échecs, des difficultés qui donnent de la matière et qui font vendre. La direction des médias, les salles de rédaction sont aujourd’hui envahies par les soixante-huitards, leurs disciples et leurs enfants. La vie politique est désertée par le courage, la réflexion et la hauteur de pensée. Après les professeurs, il y a eu les énarques et maintenant nous vivons sous la République des apparatchiks, des assistants parlementaires qui auront fait de la politique un métier que l’on fait toute sa vie, à l’abri du monde réel, sans la moindre compétence, sans la plus petite expérience, avec pour seul savoir-faire, l’art de complaire aux médias, afin que la France ne s’ennuie pas. La dictature de l’urgence et de l’éphémère, la démagogie du « jeunisme » triomphent.

La primaire socialiste de Marseille est caricaturale sur ce plan. Vous aurez beaucoup de mal à trouver chez Samia Ghali comme chez Patrick Menucci, une activité rémunérée qui ne soit pas en rapport avec leur adhésion au parti socialiste, avec le passage, obligé à Marseille, par la case Guérini. Beaucoup de Français qui connaissent les affres du chômage ou de l’insécurité, le bijoutier de Nice, obligé de quitter son quartier, parce que victime de la délinquance, l’ouvrier de Marcq-en-Baroeul, qui perd son emploi, se disent que le monde des copains et des coquins est protégé de ces réalités. On doit s’interroger sur le sens du mot « représentant ». Les élus peuvent représenter la population parce qu’ils lui ressemblent, parce qu’ils projettent dans les instances du pouvoir la diversité géographique ou sociale du pays. La question du sexe sur laquelle on insiste beaucoup est-elle si importante ? Y a-t-il une différence entre l’assistant et l’assistante parlementaires ? Tous deux font de la politique une profession fondée sur la carrière et l’arrivisme. Ils ne représentent qu’eux-mêmes. Les élus peuvent aussi constituer une aristocratie élective. Le peuple désignerait les plus capables, les plus compétents, pourquoi pas les plus vertueux pour assurer la réalisation du bien commun. Cette proposition, lorsqu’on observe le niveau du débat et des échanges entre une sénatrice et un député socialistes qui veulent devenir, avant tout au service de leur parti, le Maire de la seconde ville de France est, à l’évidence, une galéjade.

Les Français prennent de plus en plus conscience que ça ne peut plus durer, qu’il est grand temps de nettoyer les écuries d’Augias. Bien sûr, nous n’avons plus de Général de Gaulle en réserve. Mais le Peuple est toujours là, et les manifestations contre l’absurde mariage unisexe, cette victoire posthume de 1968, ont montré qu’il possédait encore du ressort. Il reste à savoir si celui-ci sera suffisant pour expulser, non quelques Roms, mais une classe politique pitoyable.

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30 Comments

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  • 0 / 10
  • ymrpp , 20 octobre 2013 @ 15 h 31 min

    Et alors ?
    Comment fait on pour nettoyer les écuries d’Augias ?
    Quelles procédures pensez vous appliquer ?
    En gardant les procédures actuelles de scrutin ?
    Ce n’est pas nos élus qui vont en changer; la branche est trop confortable et solide depuis 55 ans
    Je répète ici : on ne peut pas renverser un régime légalement par les voies qu’il a instituées
    Une solution est le coup d’état d’un homme providentiel
    De Gaulle : reviens !!

  • MCT. , 20 octobre 2013 @ 15 h 31 min

    Bravo Mr Vanneste, ça fait toujours du bien de vous lire.
    Oui, il faut expulser cette classe politique à vomir.
    Puisse le peuple avoir encore assez de bon sens.

  • xrayzoulou , 20 octobre 2013 @ 15 h 42 min

    En effet, Christian ce ne sont pas que les rom ou les islamistes radicaux (enfin tous ceux qui profitent de notre manne et crachent sur notre Drapeau, qu’il faudrait expulser, mais aussi tous ces énarques ou élus qui sont égaux à ces bandits. Cohn-bandit et tous les soixante huitards Nous ont laissé là un fameux héritage. J’espèère bien qu’ils en souffriront plus que nous.
    Quelle est cette république, qui est menée par une merdeuse de 15 ans aussi feignante que son père (et le reste de la famille je suppose), il ne sont en France que pour le fric qu’on leur donne ! Finalement si ces sinistres et Bidochon arrêtaient de donner des subsides à tous ces parasites, subsides que nous payons et qui nous reviennent. Il y aurait beaucoup moins de monde aux portillons ! >En plus cette gamine, la mère et les frères et sœurs sont nés en Italie : que l’Italie les reprennent.
    Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse : là nous somme au bord de la cassure, et cela fera du mal à tout le monde. Vous êtes prévenus : arrêtez vos conneries ou il y aura au autre 68, mais par fait par des cons anarchistes mais des cols blancs mais aussi vindicatifs sinon plus que ces fils à papa de 68 !

  • Bernard , 20 octobre 2013 @ 15 h 48 min

    >> Il reste à savoir si celui-ci sera suffisant pour expulser, non quelques Roms, mais une classe politique pitoyable. <<
    OUI expulser TOUS ces immigrés et FERMER enfin nos frontières…
    OUI expulser TOUS ces politiques…….

    Le dire ICI nous soulage, nous rend fort et alors ??
    QUI va le faire ? QUI entraînera ce peuple endormi ?
    QUI…. QUI…. elle doit en plus vous plaire, être ceci, cela….

    En exigez vous autant de l'UMPS ?
    Libérez vous……….

  • christiane , 20 octobre 2013 @ 16 h 16 min

    Aujourd’hui, en parlant avec mon boucher, j’ai eu l’agréable surprise, de constater que les Français des campagnes ont compris la situation depuis longtemps et quelle ne fut pas mon étonnement quand il m’a dit : ” s’ils avaient tous voté pour Jean-Marie, on n’en serait pas là !” Comme il a raison !! et oui, monsieur Vanneste, n’étiez-vous pas membre de l’ UMP, parti de l’imposture alors que vous auriez rendu un grand service au pays en rejoignant les rangs de ce parti maudit, le FN ? Il n’est jamais trop tard pour bien faire, soit ! vu le beau travail accompli par ce gouvernement de
    bouffons aussi bien à l’intérieur de notre pays qu’à l’extérieur, on peut espérer que le glas ne tardera pas à sonner.

  • Robert , 20 octobre 2013 @ 17 h 06 min

    “Jusqu’où descendra la politique ?” Ajoutez dans le système républicain pour être complet.
    Elle peut descendre encore plus bas, bien plus bas. Peut-être finira-t-elle par trouver du pétrole !

  • monhugo , 20 octobre 2013 @ 17 h 22 min

    Les Français en colère, le “Château” élyséen s’en émeut. C’est le “Nouvel Obs” qui l’écrit !
    http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20131018.OBS1755/pourquoi-les-francais-sont-en-colere-le-rapport-secret-des-prefets.html
    La synthèse (4 pages) de l’Intérieur, rédigée fin septembre dernier, sur les rapports mensuels des préfets, inquiète le pouvoir. La France n’exprime que peu sa grogne sur le terrain traditionnel, social, se préparant à l’exprimer dans les urnes ! 2014, c’est demain.
    Une seule stratégie : voter FN. J’ai bien écrit “stratégie” – aucune autre possibilité, si l’on veut être efficace, que de voter FN. Ni abstention (laissons-la aux déçus du PS/UMP), ni dispersion (tentation de vote pour quelque groupuscule). Surtout aux Européennes. Il y a en effet de nombreuses villes “perdues”, comme Marseille, ville arabe, ou Paris, ville bobo – Municipales (et le FN ne présente pas partout de liste – évidemment, les Bompard sont à soutenir et reconduire…. même si “Ligue du Sud”!).

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