11 janvier – 21 janvier : qu’en est-il du suicide français ?

« Le jour où la France coupa la tête de son roi, elle commit un suicide » écrivait Ernest Renan dans La Réforme Intellectuelle et Morale de la France, qu’il publia au lendemain du désastre de 1870. « Il y a deux catégories de Français qui ne comprendront jamais rien à l’Histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la Fête de la Fédération » affirmait, quant à lui, Marc Bloch, dans L’Etrange Défaite, qu’il rédigea après l’effondrement de 1940. Les dates sont éloquentes. C’est un 21 Janvier, en 1993, que la France se suicida selon le mot de Renan. Tous les ans, nous fêtons le 14 Juillet, qui n’est pas la commémoration de la prise de la Bastille, ce « désordre » qui « emporterait tout plus tard », disait encore Renan, mais celle de la Fête de la Fédération, le 14 Juillet 1790, où sous la présidence de Louis XVI, le peuple célébrait la réconciliation nationale par une messe dite par Talleyrand entouré de 300 prêtres au Champ de Mars. 1870, 1940, deux dates noires, marquées par des catastrophes militaires font se rencontrer ces deux penseurs dans un même appel à l’unité nationale et au redressement du pays. Le premier est un catholique breton devenu libre penseur, patriote et monarchiste de raison. Le second d’origine juive est un républicain profondément patriote qui rejoindra la résistance gaulliste et sera fusillé en 1944 par la milice. Tous deux se situent au plus haut niveau de l’intelligence. Leur patriotisme et leur agnosticisme sont ouverts. Renan enseigne l’Hébreu et se passionne intellectuellement pour le Christianisme. Bloch est un historien qui analyse positivement le rôle de la foi catholique dans l’histoire de France, à travers, par exemple, les Rois Thaumaturges, les rois faiseurs de miracles. Ces deux intellectuels français prestigieux sont une leçon à beaucoup d’esprits étroits et rabougris qui peuplent notre microcosme politico-médiatique. Ils montrent que l’identité française et l’affirmation de la continuité de l’Histoire de France peuvent être défendues par des esprits de dimension universelle. Peu de temps après le succès du Suicide Français, et après la « communion nationale » du 11 Janvier, c’est à leur lumière qu’il faut éclairer les événements.

Face à une agression ignoble, les Français ont affirmé leur unité et leur volonté de résistance. Ils ont retrouvé leur fierté nationale dans les opérations réussies des forces de l’ordre, dans la présence à Paris, le 11 Janvier, des responsables politiques du monde entier, et dans le retentissement international des événements. Le Chef de l’Etat a, paraît-il, su pour la première fois revêtir les habits de la fonction. Le Premier Ministre, par sa fermeté, plaît au-delà de son camp. Il est, toutefois, paradoxal qu’une semaine de rôles bien joués puisse effacer des décennies de fautes politiques majeures et assumées. Devant les conséquences politiques intérieures et extérieures du slogan « Je suis Charlie », les fissures entre l’idéologie constante et les postures récentes se font jour. Le rétropédalage est amorcé. Très rapidement sont réapparus les réflexes politiciens. La naturalisation du malien Lassana Bathily, dont le comportement a été exemplaire durant la prise d’otages commise par Coulibaly, est justifiée. Mais lors de la cérémonie, c’est lui qui a eu les mots justes et non le Ministre Cazeneuve. « Je ne suis pas un héros ; j’ai écouté mon coeur ; je regrette mon ami assassiné ; je pense à ma famille, à mon foyer. La communauté n’y est pour rien. » Le Ministre a voulu, au contraire, en faire le « symbole d’un Islam de paix et de tolérance ». Avec son français mal assuré, Lassana a donné une leçon à la langue de bois ministérielle. Il n’a pas agi comme Musulman, comme membre d’une communauté. Il a agi en tant qu’homme à qui sa conscience dicte de porter assistance à son prochain, un homme inscrit dans des « communautés » naturelles ou réelles que sont la famille, le foyer, l’entreprise et non dans une communauté qui divise celle à laquelle son mérite lui donne le droit d’appartenir, la communauté nationale. Que de nombreuses familles musulmanes enseignent le devoir auquel il a obéi est plus que probable. Mais les paroles du Ministre n’étaient pas destinées à Lassana. Elles allaient vers les représentants de la « communauté musulmane » qui pèse électoralement alors qu’elle est parfois liée à des Etats ou à des intérêts étrangers. Elles allaient vers ces pays à majorité musulmane où des manifestations antifrançaises violentes se déroulent. Celles-ci suffiraient à rendre ridicule la formule rituelle du Ministre, si les exactions quotidiennes des islamistes ne lui ôtaient le moindre crédit. En donnant un livre de Renan à celui qui devenait français par le mérite, Bernard Cazeneuve, ne se rendait-il pas compte qu’il condamnait la conception socialiste de l’immigration, celle qui ouvre trop grand les portes et favorise le communautarisme, celle qui prétend donner le droit de vote simplement parce « qu’on est là », qui attribue la nationalité automatiquement, et qui empêche qu’on la retire à celui qui a démérité ?

Si la France est « un plébiscite quotidien » comme le dit encore Renan, c’est un choix de participer à l’avenir d’une Nation dont la plus large majorité doit se souvenir de ses racines pour assumer un destin avec ceux qui la rejoignent. En employant le mot scandaleux d’apartheid, Manuel Valls a une fois de plus condamné les Français à la repentance. L’apartheid est une ségrégation légale imposée par un Etat. Ce mot est une insulte à la France et aux Français. Il revient à leur reprocher des regroupements sociaux et culturels, spontanés dans toutes les sociétés humaines, qui sont le résultat d’une politique de l’immigration idéologiquement aveugle. L’unité nationale dans le temps et dans l’espace, de ce royaume chrétien, devenu république, son identité, doivent être assumées pour assimiler ceux qui veulent bâtir son futur. C’est à mon sens le message de Renan et de Bloch, en ce 21 Janvier.

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26 Comments

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  • 0 / 10
  • mouillac philippe , 22 janvier 2015 @ 14 h 28 min

    Je pense que notre clic politique est en cours de finission de la “révolution” (comme dit M. Peillon) Roi décapité, séparation Eglise de l’Etat, les Femmes au boulots cela vous libèrera (cela me rappelle aussi l’entrée des camps de concentration) la campagne à la ville (il faut des ouvriers!!!!!) il ne reste plus que de mettre un religion “intolérante” envers laquelle ns ne pouvons rien dire sinon d’être taxé de raciste (tout est dit) et nous y sommes……..allons enfants de la Patrie!

  • montecristo , 22 janvier 2015 @ 15 h 48 min

    Comme lui vous ne voyez pas plus loin que la visière de votre képi !
    Tout ce que nous récoltons aujourd’hui est précisément le résultat de sa politique d’abandon.

  • a , 24 janvier 2015 @ 17 h 41 min

    Ce Monsieur gagnerait à devenir Président de la République Française, rien , mais alors rien du tout à voir avec notre guignol national, la risée du monde enteir, et la honte de la France !

  • Jean-Patrick , 26 janvier 2015 @ 16 h 50 min

    Ne doit – on pas lire (supra) que la France s’est suicidée le 21 janvier 1793 plutôt que le (21 janvier) 1993 ?

  • Jean-Patrick , 26 janvier 2015 @ 16 h 52 min

    Ne faut-il pas lire (supra) que la France s’est suicidée le 21 janvier 1793 plutôt que (le 21 janvier) 1993

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