La foi de Nicolas et de François

Commentaires sur le discours du Bourget de François HOLLANDE, par Jean-Marc SERGENT, ancien secrétaire général de Démocratie Chrétienne, Président de « Laïcité ouverte ».

C’est François HOLLANDE qui a lancé dans la campagne présidentielle le débat sur les croyances et les religions dans son discours  du Bourget, le 15 Janvier 2012, en particulier dans cette phrase nichée à la fin du texte :

« Le rêve français,  c’est la confiance dans la démocratie, la démocratie qui sera plus forte que les marchés, plus forte que l’argent, plus forte que les croyances, plus forte que les religions ! ».    

A-t-on jamais vu un candidat aller si loin sur les problèmes de conscience ? Car ce n’est pas d’institutions religieuses dont on parle ici, comme c’était le cas dans la loi de 1905, mais c’est sur ce qui il y a de plus intime et personnel dans chaque individu,  ses croyances, que l’on se concentre.

Beaucoup seront aussi choqués, de voir un candidat faire étalage de ses convictions dans le domaine spirituel car on n’a cessé de leur répéter que dans la France laïque ce genre de propos ne se tenaient ni à table dans un repas de famille, ni dans un meeting électoral.

UNE PHRASE PLEINE D’ERREURS ET DE MENACES :

Corrigeons tout de suite les 3 premiers mots de cette phrase : on n’est pas en présence « du rêve français », comme on a pu être en présence d’un « rêve américain » massif et consensuel. Les Français ne veulent pas d’une nouvelle guerre scolaire ou d’une nouvelle guerre de religions. Les Français, eux, sont vraiment LAÏQUES, c’est-à-dire qu’ils respectent les religions et les croyances des autres. Il ne s’agit ici que du rêve hollandien basé sur ses propres croyances.

Dans cette phrase, François HOLLANDE reproduit l’erreur classique qui pollue notre laïcité : Il y aurait d’un côté ceux qui ne croient pas, les gens intelligents, rationnels, scientifiques, athées, rationalistes, matérialistes… et de l’autres, les attardés, ceux qui croient en un DIEU ou en de multiples divinités ou à des esprits ou au moins à l’immortalité de l’âme ou à un au-delà ou qui se posent des questions comme les agnostiques ou qui croient à des phénomènes cachés et surnaturels comme les superstitieux, les fans de l’astrologie.

Il se trompe aussi quand il croit  avec ses amis de la mouvance rationaliste, être les seuls  défenseurs, les nobles gardiens de la laïcité. Ils se trompent quand il croit détenir la définition de la laïcité et connaître la loi de 1905 concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat.

François HOLLANDE est en décalage avec l’Histoire quand il se croit à la veille de la disparition des religions en France (et dans le monde) : « Le rêve …., c’est la confiance dans la démocratie qui sera plus forte que…. les croyances, plus forte que les religions ! ».           

François HOLLANDE à tort de vouloir  entraîner  la démocratie française dans une opposition, un rapport de force avec les religions.

Il a tort de vouloir s’attaquer, dans un même combat, aux marchés, à l’argent mais aussi aux croyances et aux religions.

Il a tort de partir en croisade contre les religions et de casser le fragile équilibre établi depuis la loi de 1905. François MITTERAND avait choisi  de placer la force tranquille sur une affiche comportant un clocher bien visible en arrière plan. François HOLLANDE, lui,  déclare d’emblée,  la guerre au statu quo établi entre les religions et la République française depuis un siècle, avec les confessions chrétiennes et juives plus particulièrement en 1905 et avec la confession musulmane plus particulièrement ces dernières années avec la création du conseil français du  culte musulman

TOUT EST FAUX DANS CETTE PHRASE :

Tout cela est faux. L’Humanité n’est pas divisée en 2 groupes : les raisonnables incroyants et les attardés croyants. Nous sommes tous des croyants. François HOLLANDE est un croyant qui s’ignore. Il a foi dans un progrès infini de notre société (ce n’est pourtant pas évident, la décadence cela existe), il a confiance dans la démocratie, il est optimiste sur l’Homme. Manifestement il croit en l’inexistence de DIEU.

Tout cela est faux. Nous sommes tous, pas seulement M. François HOLLANDE et ses amis, à notre façon des « laïques » en ce sens que nous tolérons tous, jusqu’à un certain point, des opinions différentes chez les autres et que nous ne faisons pas de discrimination comme le dit l’article 1 de la Constitution : « La France est une république…laïque… Elle assure l’égalité devant la loi de tous… sans distinction… de religion ».

La tolérance n’est ni une invention française, ni une invention de la gauche, ni une invention moderne datée en  1905. Il vaut la peine d’aller voir ailleurs ce qui se pratique. Restons modestes, nous Français, nous Européens qui pendant un millénaire avons été hautement intolérants, nous n’avons rien inventé en matière de cohabitation confessionnelle.

Les grands empires, dans l’Histoire, ont su respecter ou on finit par respecter les croyances des  peuples conquis. On peut prendre en exemple l’empire perse mais même  dans l’empire romain, l’arrêt des persécutions des chrétiens se fera au nom de la tolérance. Il suffit de relire l’édit de Milan de l’an 313, cosigné par les maîtres de Rome : Licinius, païen pour toujours  et Constantin, futur chrétien :

« De longue date, nous avions estimé que la liberté, en matière de religion, ne doit pas être sujette à contraintes, mais qu’il faut permettre à chacun d’obéir, s’agissant des choses divines, à l’inspiration de sa conscience… »

Plus près de nous, le Coran et la Bible ont de belles pages sur la tolérance. Pour ce qui est de l’Islam, je laisse le soin à nos amis musulmans d’en dire plus. Pour l’Ancien Testament je compte sur nos amis  Juifs pour en extraite la quintessence.

Pour ce qui est du Nouveau Testament, je signale que la séparation des églises et de l’Etat est   inscrite dans les Evangiles. Dans l’évangile de Saint Matthieu 22/21 on trouve le fameux : « rendez donc à César ce qui est à César et à DIEU ce qui est à DIEU » et dans l’évangile de Saint  Jean chapitre  18 verset 36 la parole de Jésus : « mon royaume n’est pas de ce monde ».

Tout dans la phrase de François HOLLANDE  est faux. Les religions ne sont pas entrain de disparaître. Elles progressent dans le monde. Un président français a intérêt à le savoir dans le cadre de sa politique étrangère pour ajuster ses comportements.

Les nations qui prospèrent par leur travail sont des nations très religieuses en plein réveil : pour ce qui est de la zone chrétienne signalons : les Etats Unis, l’Allemagne, le Brésil, la Corée du Sud et la Chine qui est la première puissance chrétienne par le nombre de ses fidèles. Hors  zone chrétienne signalons le Japon.

Boris Eltsine et Poutine sont devenus des adeptes de l’église orthodoxe. Quel camouflet pour la famille de pensée de Monsieur HOLLANDE. Les persécutions religieuses n’ont eu aucun effet sur le peuple russe.

Au  Moyen Orient, le fait religieux est  incontournable ; dans le monde, la spiritualité n’a jamais été aussi forte. Des militants communistes français se rappellent soudain qu’ils croient en Dieu.

Il est faux de croire pouvoir mobiliser les peuples et les démocraties  contre les religions. Les démocraties ne sont pas contre les religions et la liberté d’opinion et réciproquement.

Les seules démocraties qui ont lutté contre les religions ont été les démocraties du bloc communiste. Et encore ce n’étaient pas de vraies démocraties. Et encore leur idéologie avait toutes les caractéristiques d’une doctrine religieuse. Et encore la constitution soviétique garantissait officiellement la liberté de culte.

Les prolétaires ne sont pas dépourvus de sentiments religieux ou superstitieux. Ils sont à la limite, indifférents. Ce sont les intellectuels, fils de bourgeois  qui les imaginent ainsi, incrédules : Les Karl MARX, les Emile COMBES,  et tant de notables actuels du Parti Socialiste.

Les pères fondateurs de la République française étaient majoritairement croyants et cela a laissé des traces indélébiles dans notre Constitution (voir plus loin). Leurs convictions sont encore écrites aux frontons de plusieurs monuments. Ainsi sur le tympan de l’église Saint Pierre et Saint Paul de Gonesse en Parisis on peut lire :

« Le peuple français reconnaît l’existence de l’Être suprême et l’immortalité de l’âme »

OBLITERATION N’EST PAS NEUTRALITE :

L’essentiel de la laïcité est dans l’article 1 de la Constitution : « l’égalité…sans distinction… de religion ».

Le but premier de la laïcité n’est pas d’abord de créer un environnement d’où les références à DIEU sont toutes exclues. Si on le fait, c’est en partie pour limiter les conflits entre communautés différentes et pour pousser chacun à se tourner vers l’autre sans à priori. C’est un choix français depuis plus d’un siècle. Il n’y a pas de raisons de remettre cela en cause même si dans d’autres pays on peut faire appliquer la même loi pour tous par des agents publics porteurs de signes religieux divers (exemple : le turban sikh de certains policiers anglais).

Mais ce choix français s’il est  raisonnable n’est pas neutre vis-à-vis des croyances, si l’on considère que l’athéisme est une croyance et peut-être même une religion. L’athéisme est favorisé dans un contexte dit neutre. On le ressent en particulier dans les cours de philosophie où l’on passe trop sous silence le fait que la plupart des grands philosophes était croyants : Platon, Aristote, Descartes,….et où des géants comme l’apôtre Paul ou Saint Augustin sont écartés des manuels d’enseignement pour cause de connotations religieuses.  Mais laissons là cette question qui n’est pas un enjeu intellectuel ou électoral du moment.

François HOLLANDE semble considérer et d’autres voix dans son entourage aussi, que l’on doit casser l’équilibre actuel de notre laïcité à la française et aller plus loin dans l’extirpation des religions.

Il pourrait vouloir que  demain, le président de la République française ne puisse plus  rendre visite au Pape (des critiques ont été émises à ce sujet) ou qu’il ne puisse pas recevoir le Dalaï lama. Il ne faudrait plus qu’il assiste à des funérailles dans un édifice religieux. Et pourquoi pas  il faudrait supprimer les aumôneries dans les armées pour envoyer nos soldats comme en  1914 (pas d’aumôniers en 1914) mourir au champ d’honneur sans l’assistance d’un prêtre, d’un rabbin ou d’un imam.

Peut-être le Président de la République, juste après son élection pourra-t-il encore aller se cacher ridiculement  dans un tombeau, le Panthéon, symbole de gloire, de mort et de néant.

Les nations qui viennent de se libérer par le printemps arabe sont plus sensées que nous. Elles savent que la laïcité passe par le respect de l’autre et la reconnaissance de sa différence.

C’est ainsi qu’au Caire, les autorités égyptiennes et les leaders des frères musulmans viennent d’assister à la messe de Noël des coptes.

QUELLE ALTERNATIVE A LA DISPARITION DES RELIGIONS ?

Dans son rêve François HOLLANDE voit après son élection, une confrontation avec les religions, amenant sans doute à terme leur disparition. Vous avez bien lu il s’agira d’une force qui s’exercera sur les « croyances et les religions », pas seulement sur les Églises et autres institutions religieuses (comme ce fut le cas en 1905). Cette force exercée sur les consciences ne sera pas seulement morale, car elle pourrait déjà s’exercer aujourd’hui. Elle s’exercera demain avec les moyens de l’État.

Au  début du XX° siècle on pouvait encore disserter avec assurance sur l’opposition entre le rationalisme pacificateur et les religions accusées d’exciter les haines comme à la Renaissance en France.

Aujourd’hui la prudence,  le relativisme et le respect des opinions divergentes sont de mise sur de tels sujets.

Les massacres communistes et les enfermements de croyants en hôpital psychiatrique sont de même nature idéologique que les exactions religieuses. En fait c’est l’Homme, quelques soient ses convictions, qui est enclin à la discrimination et à la violence sectaire. On doit avoir aujourd’hui plus d’humilité qu’en 1900.

On sait aujourd’hui que le rationalisme ne génère pas nécessairement la paix et qu’il est lui-même une religion. (Robespierre en fit d’ailleurs brièvement un culte). Il faut intégrer l’échec  du communisme athée qui nous laisse sans modèle alternatif de société (il reste la Corée du Nord. Ne parlons pas de la Chine en pleine transition qui derrière un paravent communiste nous cache son ultra libéralisme et sa religiosité).

Le XX°  siècle a vu un développement  sans précédent puis une décroissance brutale  de l’athéisme d’Etat. On peut observer que pendant sa période de prédominance à l’échelle mondiale, l’athéisme a été la cause principale des méfaits commis contre les personnes à cause de leurs convictions. Par ailleurs l’athéisme au pouvoir n’a pas fait la preuve de sa capacité à améliorer l’Humanité ou à respecter les droits de l’Homme mieux qu’un autre système de pensées.

Avant de souhaiter détruire toutes les religions, il  faudrait nous trouver  un nouveau projet de société.

Les propositions de François HOLLANDE sont plus que vagues à ce sujet dans la conclusion de son discours.

« Le rêve français, c’est l’achèvement de la promesse républicaine autour de l’école, de la laïcité, de la dignité humaine, de l’intérêt général. »

A l’aube du XXI° siècle, On aurait pu croire, que tirant les leçons du passé, toute personne cultivée et ouverte aux autres, aurait su  relativiser son assurance d’avoir la Vérité. On aurait pu croire que plus personne n’oserait nous ressortir la fable (ou du moins l’hypothèse non confirmée) du bonheur des peuples par la victoire de  la Raison sur toutes les croyances.

On aurait pu croire que plus personne n’oserait se référer au climat politique délétère du début du XX° siècle, à l’heure où s’est écrite  une des plus tristes pages de notre histoire. Car en effet la loi de 1905 a été accouchée dans la douleur du scandale du fichage des fonctionnaires par les pseudo-laïques, par les anti-religions, par les rationalistes. « VLM » pour « Va à La Messe » telle était l’abréviation inscrite sur les fiches du Ministre de la Guerre qui cassait   la carrière d’un officier. VLMAL résumait « Va à la Messe Avec un Livre ».

L’INTERFACE ENTRE LE FAIT RELIGIEUX ET LE FAIT LAÏQUE :

C’est comme l’indépendance des juges, la séparation du profane  et du religieux a ses limites. Les juges sont payés par l’Etat et ils jugent au nom du peuple français. Ce n’est pas de l’indépendance absolue. De même pour le phénomène religieux, il ne suffit pas de dire qu’il relève de la sphère privée, comme vient de le déclarer à Strasbourg Marine Le Pen.

Même en séparant profane et laïque, il reste une interface. Le comportement d’un individu dans sa vie publique est conditionné par les préceptes religieux qu’il a reçu et qui pour les grandes religions (christianisme, judaïsme, islam, bouddhisme…) sont fort louables. Bien entendu, des religions qui prônent des pratiques contraires à nos valeurs seraient combattues.

Un ministère (de l’intérieur pour la France, de la culture pour l’Angleterre) gère l’interface avec les confessions. La séparation stricte exclurait le dialogue.

Dans une cour de récréation, 2 enfants ont bien le droit de se dire les convictions partagées avec leurs parents et de porter des signes non-ostentatoires. Tout individu a le droit d’être reconnu dans sa totalité culturelle.

Il est légitime qu’un croyant musulman se demande comment sa foi peut être active dans la

vie de son pays. Il est légitime qu’un croyant qui se nourrit chaque jour des préceptes du Coran se demande comment ils s’appliquent dans la cité. Les révolutions arabes ont besoin d’un dialogue ouvert avec la France. C’est fini, la laïcité étroite pour faire plaisir à l’Occident et pour justifier la dictature.

Le discours de François HOLLANDE n’est pas du tout dans l’esprit de la loi de 1905.

L’article 1 de la loi de 1905, article qui est fondamental (le texte se perd plus loin dans des détails d’organisation) ne parle pas de séparation mais de protection des religions : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes…. », ce qui n’est qu’une application de l’article 10 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses… ».

François HOLLANDE a-t-il lu la loi de 1905 ? Ce n’est pas avec la loi de 1905 qu’il pourra accroître la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Cette loi stoppe pour toujours la rétribution des prêtres, pasteurs et rabbins par l’Etat. C’est la grande nouveauté par rapport à la période révolutionnaire.

Pour ce qui est, par contre  du patrimoine immobilier, la loi de 1905 est tout le contraire d’une loi de séparation. L’Etat continue de se mêler de la gestion des édifices religieux. Dans ce domaine la Grande Bretagne est bien plus laïque que la France même si la reine est théoriquement chef de l’église anglicane. Les édifices religieux appartiennent aux communautés religieuses et sont magnifiquement entretenus par les fidèles et le public.

L’oblitération de toutes références à notre diversité n’est pas une solution. Nous venons de sortir le voile féminin  des lycées. Allons-nous aller plus loin, puisque François HOLLANDE n’est pas satisfait de la situation actuelle ? Où est le multiculturalisme des socialistes ? Dans la sphère privée ? C’est beau de dire que toutes les civilisations  se valent (le 3° Reich, la civilisation soviétique, la civilisation aztèques avec ses sacrifices humains…) mais alors, il faut respecter leur coutume, leur culture, leur religion. Comment dans ces conditions annoncer et souhaiter la disparition ou au moins l’abaissement des religions ?

Hyper minoritaires, les  rationalistes prétendument laïques, qui ne se gênent pas pour exposer leurs croyances,  exercent un terrorisme intellectuel étouffant depuis 2 siècles qui rend silencieux l’Eglise de France et qui démange la communauté musulmane récemment introduite aux pratiques métropolitaines.

Les religions aimeraient bien être traitée à égalité avec les croyants rationalistes. La nécessité de témoigner au Monde de sa foi, est une obligation des religions monothéistes que la censure de Gauche voudrait annihiler. La foi musulmane implique des rites explicites visibles pour tous même si on les cache dans des mosquées (prosternation pour la prière, pèlerinage spectaculaire, jeûnes évidents). La foi  chrétienne passe par une obligation absolue donnée par le Christ de témoigner de sa foi et de ne pas avoir honte de Lui. La religion juive qui précède les 2 autres est une religion d’affirmation courageuse.

Il faut saluer le courage de Nicolas SARKOZY d’avoir osé parler d’une laïcité ouverte et d’avoir rétabli un dialogue décomplexé avec les confessions. Il faut saluer le courage de Nicolas SARKOZY d’avoir levé les tabous et la censure de Gauche en participant aux célébrations de Jeanne d’Arc. La reculade en son temps, de nos autorités concernant la célébration de l’anniversaire du baptême de Clovis est lamentable. Ce fut en effet un événement essentiel dans la structuration de la France actuelle. Constatation sans jugement de valeur sur les bienfaits ou non de cette conversion.

GUERRE DE RELIGION OU FRATERNITE REPUBLICAINE

INCITATION GRATUITE A LA HAINE RELIGIEUSE

On respecte  la position de François HOLLANDE qui croit qu’il a raison. Mais cela ne doit pas aller jusqu’à l’agressivité ou la provocation. La présence au Bourget, dans les premiers rangs, soulignée par les caméras, du directeur de théâtre qui présente un spectacle profanatoire est  riche de significations et donne l’impression que l’on est parti en croisade contre les religions impliquant l’existence de DIEU (la croyance de François HOLLANDE étant elle sans Dieu).

Il sera donc tout de suite rappelé que la devise de la République française comporte le principe de FRATERNITÉ qui implique de respecter l’autre dans sa diversité de pensée. L’’incitation à la haine des croyances des autres, confine à la haine religieuse et  peut avoir des conséquences incalculables.

On peut taquiner un ami qui n’a pas les mêmes convictions que soi. On peut dire ou écrire que l’on ne partage pas toutes les affirmations de la Bible, du Coran ou des pensées de Confucius.

Mais quand dans la cour de l’école, les camarades de classe insistent lourdement et de façons répétées sur les convictions particulières d’un des leurs qui ne leur a rien fait, on entre dans une phase de maltraitance. Au minimum on a renoncé à l’idée de camaraderie, de fraternité.

LAÏCITE ET FOI EXPLICITE, DES IMBRICATIONS INSOUPCONNEES :

La laïcité a été inspirée par des croyants en DIEU ou en l’Être Suprême, il est logique de retrouver des traces de leur foi dans les constitutions et les déclarations de droits.

On peut le regretter, mais dans la laïcité, ce qui est important, c’est la non-discrimination, la neutralité pas la négation active de toutes croyances.

Quand ce principe est respecté, des Etats laïques et non des moindres se permettent une coloration légèrement religieuse (y compris la France). Il ne s’agit pas ici de demander d’aller dans ce sens mais de montrer la position  marginale  des pseudo-laïques athées dans la prise en compte des réalités historiques et contemporaines.

Les crucifix dans les écoles de Bavière ou d’Italie, c’est aller un peu loin. Héritage culturel vient de dire la justice européenne.

La référence à DIEU est constante au Royaume-Uni (même si l’habitude et la tradition l’a rend inaudible). Ce pays n’est pas considéré comme laïque au sens de profane. Il est par contre un modèle de non discrimination et de tolérance par exemple dans la préparation de menus spéciaux dans les cantines scolaires ou dans la liberté vestimentaire. Mon esprit français se révolte de ces pratiques mais je dois constater qu’il n’y a pas là bas,  de discrimination.

Les États-Unis dont la laïcité est farouchement défendue par la Cour suprême, se permettent quelques colorations religieuses. La chambre des représentants vient de maintenir par un vote de 396 voix contre 9 sa devise « In God we trust ». Ses pères fondateurs laissent dans la déclaration d’indépendance de 1776, une référence au Créateur. Les présidents jurent sur la Bible.

On ne sait pas toujours que la République française est irrémédiablement liée à « l’Être suprême » par ses pères fondateurs, par les hommes de la grande révolution.

Le préambule de notre constitution renvoie à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui est introduite entre autres par la formule extraordinaire qui suit :

« En conséquence, l’Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’ÊTRE SUPRÊME, les droits suivants de l’homme et du citoyen ».

Cette formule a beau être reléguée au bout de la Constitution actuelle de la France, elle est toujours constitutionnelle.  Je ne vois pas quel révisionniste pourrait toucher ouvertement à ce socle de notre République, à cette conviction des Pères fondateurs. Cette formule est acceptable par les 3 grandes confessions françaises : Juive, musulmane, chrétienne et bien au-delà par les théistes. Elle nous présente un DIEU présent dans le monde qu’il a créé et qu’Il protège.

Beaucoup de lecteurs de cette tribune, entendront parler pour la première fois de la mention de l’Être Suprême. On ne me l’a pas signalé personnellement quand j’ai suivi mon cours de droit constitutionnel. C’est Alfred Coste Floret, président fondateur de la Démocratie Chrétienne Française, conseiller d’État, professeur de droit,  qui me l’a révélée un jour dans son bureau. Depuis cette réalité me travaille et elle ne peut qu’affecter tous ceux qui découvrent cette réalité historique et spirituelle.

LES DROITS DE L’HOMME AU DESSUS DES ETATS, MÊME DEMOCRATIQUES :

François HOLLANDE « rêve » au mauvais sens du terme, quand il place la démocratie, c’est-à-dire le pouvoir du peuple,  au dessus de toutes les valeurs.

Les droits de l’homme sont au dessus des décisions changeantes des peuples, des majorités, des démocraties, des Etats. Ils sont opposables quelque soit le vote qui a pu justifier dans un pays particulier les brimades, les massacres d’une minorité ou d’un seul homme. Ils interpellent  tout  homme quelque soit le système politique auquel il souscrit ; ils protègent tout homme quelque soit le régime politique qu’il subit.

C’est pour cela que, dans leur logique imparable, les révolutionnaires de 1789 ont rendu leur déclaration des droits de l’homme et du citoyen, transcendante, au dessus des volontés d’un homme ou d’un groupe. La Vérité (en ce qui concerne les droits de l’homme) ne sort pas d’un vote majoritaire, d’un vote démocratique aléatoire, elle est  universelle et éternelle. La morale et le droit préexistent à la démocratie, ils ne sont pas générés par elle. Il n’y a pas que les dictateurs pour faire le mal, pour attenter aux droits de l’homme. Un peuple, une démocratie, peut, un temps faire des choix abjects.

« En conséquence, l’Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’ÊTRE SUPRÊME, les droits suivants de l’homme et du citoyen ».

LA MYTHOLOGIE DE L’ECOLE

Jusqu’à la chute du mur de Berlin, on nous a abreuvé de la référence mythique au paradis communiste derrière le rideau de fer. Cette illusion s’étant envolée, François HOLLANDE se raccroche à ce qu’il peut pour donner du souffle à son discours.

Il se rabat sur  l’école qu’il donne en exemple. L’école laïque qui va conduire les peuples vers la félicité.

« Le rêve français, c’est l’achèvement de la promesse républicaine autour de l’école, de la laïcité, de la dignité humaine, de l’intérêt général. »

Je n’ai rien à reprocher à mes instituteurs de l’école publique.

Par contre je refuse leur idéalisation ou leur divinisation. L’instituteur d’Albert Camus qui a montré de la bonté, du sens du devoir et de la compétence dans son travail n’a pas  fait plus que beaucoup d’autres héros du quotidien dans les siècles passés. Il n’a pas fait plus que mon arrière grand-mère qui veuve a élevé ses enfants dans une misère digne, que mon arrière grand père mort à la mine, il n’a pas fait plus que la religieuse qui a consacré sa vie aux malades, que le soldat de 14 mort au combat, que la sage femme qui m’a mis au monde.

L’école comme modèle de société ? L’école de Camus peut-être. Mais pas les services de l’éducation  actuels : Éducation Nationale ou Enseignement agricole. L’Education nationale et les autres services d’enseignement ne sont ni un paradis ni un modèle. Comme toutes les autres parties du corps social ils ont leurs qualités et leurs faiblesses.

CONCLUSION :

Comme Napoléon à Sainte Hélène méditant sur la supériorité de l’empire des cœurs du Christ ou les dirigeants communistes à la retraite dans l’ex-bloc de l’Est, François HOLLANDE va pouvoir se rendre compte que sa puissance et ses divisions de militants ne pèsent pas lourd face aux religions ou pour être plus clair et pour sortir des langages codés, face à DIEU qu’il défie sans le nommer.

Le rêve des Français ce n’est pas de relancer une guerre scolaire, ce n’est pas d’interpréter la laïcité comme une action forte contre les croyances ou les religions.

Sur ces questions les  Français ne rêvent pas, ils ont les pieds sur terre, ils veulent que continuent de régner la paix dans  la fraternité républicaine.

La paix pour exercer leur religion pacifiquement et la fraternité exprimée dans le respect des différences de croyances, le respect des différences de couleurs d’idées.

La neutralité à l’égard des convictions et l’égalité dans le traitement des intérêts de chacun.

La liberté enfin des consciences, sans pressions

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2 Comments

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  • diego , 21 février 2012 @ 18 h 40 min

    Quoi attendre d’autre du candidat des francs maçons ????

  • Eryx , 21 février 2012 @ 20 h 00 min

    Peut-être M. Hollande a-t-il une religion secrète qu’il entend placer au dessus de la laïcité ? Religion secrète : à ne confondre ni avec foi – toujours secrète (au moins à sa source) – ni avec pratique secrète – ou discrète – d’une religion ostensible.

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