Fluctuat nec mergitur

Qu’on envisage la fin du monde ou la fin subite de son emploi, il ne fait jamais de tort de se préparer. C’est une question de bon sens.

Tous les gouvernements occidentaux recommandent à leurs citoyens respectifs de préparer de l’eau, de la nourriture et des aliments pour trois jours. Le message qu’ils envoient est unique et très simple : « pendant les trois premiers jours d’une catastrophe, démerdez-vous tout seul, nous on n’y sera pas. »

Réalisez-vous ? En cas de catastrophe, votre gouvernement ne promet pas de vous aider avant trois jours. D’accord mais après trois jours ?

Après trois jours, rien ne garantit non plus la présence des services d’urgence et d’assistance. Dans les faits, lors des catastrophes majeures le temps de déploiement à grande échelle et pleine capacité des services d’urgence et d’assistance se situait plutôt autour de 5 à 6 jours, à condition que le pays touché ait toujours la capacité de réagir et qu’il ne doive pas attendre d’aide étrangère pour commencer à aider sa population.

C’est à ce moment que le survivalisme et la prévoyance prennent pleinement leur sens d’autonomie. Dans le quotidien et la normalité nous ne sommes pas réellement autonomes : nous dépendons du carburant pour nous déplacer, nous travaillons pour autrui ou encore d’autres travaillent pour nous et sans eux, pas d’activité productive. Le vendeur a besoin de clients, les acheteurs ont besoin de marchandises, les distributeurs ont besoin des transporteurs et ces derniers, de manufacturiers.

Quand ces engrenages cessent de tourner, peu importe la raison de l’arrêt, nous revenons toujours et tous au même point : seul face à soi-même, seul face à ses obligations et par dessus tout seul avec ses seules ressources du moment.

Parfois l’eau courante peut manquer, parfois ce sont les magasins d’alimentation qui ne sont plus approvisionnés, parfois c’est l’électricité qui cesse de courir dans les câbles. Dans tous les cas, ceux qui auront été prévoyants deviennent, dès le moment de la rupture avec la réalité familière, des gens réellement autonomes en ce sens qu’aucun système de support extérieur n’est là pour les soutenir et pourtant ils ne manquent de rien d’essentiel : fluctuat nec mergitur.

Après trois jours sans eau, les gens plus faibles meurent alors que les plus forts entrent dans la zone létale où ils sont susceptibles de commencer à mourir. Ou alors n’y pouvant plus résister les gens sans préparatifs boiront de l’eau contaminée et développeront la dysenterie ou le choléra, potentiellement mortels.

Les impréparés attendent de l’aide, les prévoyants eux, la refusent quand elle se présente. Entre-temps ils vont donner un coup de main à leurs voisins ou à leurs proches et partagent au besoin et si possible leurs ressources. Et qu’est-ce que ça coûte pour préparer trois jours d’autonomie de subsistance? Par personne : douze litres d’eau et neuf repas de fortune. Autrement dit rien.

Dépendance ou prévoyance ? Attente des secours ou autonomie ? Présenté de cette manière l’autonomie recueillera l’adhésion de tous sauf peut-être celle de quelques grognons toujours en opposition : personne n’est contre la tarte aux pommes n’est-ce pas ? Mais voilà : tout ce qui a voix dans la société décourage l’autonomie et pour cause! Parce que voyez vous, les gens en situation d’autonomie n’ont plus besoin de croire aux promesses de jours meilleurs car ils ont en main mieux que des promesses : ils ont des moyens.

Oui, outre des conditions matérielles bien meilleures en cas de pépins d’envergure, les gens prévoyants se sont donnés, par l’autonomie matérielle qu’ils ont développée, une manière de voir qui les rend aussi mentalement et idéologiquement autonomes.

Quand on a les moyens de voir venir, on ne voit plus de la même manière.

Du même auteur :
> Le survivalisme, une déclaration d’indépendance

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28 Comments

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  • Bernard , 21 septembre 2013 @ 18 h 57 min

    j’ai écrit: ” SURVIVRE après une bombe atomique ? “, cela serait une CATASTROPHE !
    Mais celles que vous écoquez ne sont que ” catastrophes ” ; pour celles ci il faut prévoir
    Donc mon ” survivalisme ” est à relativiser, pas vrai ! Les “coups” de la vie on a connu….

  • Craven , 21 septembre 2013 @ 19 h 13 min

    Bon, prenons votre hypothèse de bombe atomique : elle va tomber sur une cible genre base militaire, ville importante etc… Si vous vivez à quelques centaines, ou juste quelques dizaines, de kilomètres, votre problème sera, grosso modo, le même qu’en cas de catastrophe naturel : nourriture, eau propre, chauffage…
    Et, encore une fois, ce n’est pas l’hypothèse de catastrophe la plus probable.
    Je ne suis pas “survivaliste” mais certaines petites précautions me semblent toujours bonnes, même sans aller aussi loin que les gens de ce mouvement.

  • Bernard , 21 septembre 2013 @ 19 h 29 min

    Vous savez, à 71 ans, on a depuis longtemps, pris nos précautions pour ces ennuis
    Et puis, nous dialoguons pour ne rien dire…..QUE SERA DEMAIN ??
    Alors, je reviens à ma SERENITE !
    *** mais pour nos enfants et petits enfants… c’est une autre ” histoire ” !

  • Craven , 21 septembre 2013 @ 19 h 31 min

    Sérénité et prévoyance me semble compatibles : l’un peut venir renforcer l’autre

  • charles-de , 21 septembre 2013 @ 23 h 26 min

    Nos enfants et petits-enfants ?
    Ils se démerderont comme nous l’avons fait pendant la guerre !
    Ils auront assez profité de tout ce que nous leur avons fait !

  • charles-de , 21 septembre 2013 @ 23 h 30 min

    Et pour notre pédalo national, transformé en radeau de la Méduse, il faudra bientôt dire “Fluctuat ET mergitur !”

  • Robert BERTRAND-RIGHI , 22 septembre 2013 @ 6 h 08 min

    Pour votre information, j’ai survecu a 4 tirs nucleaires DE VIVO, sans qu’on ne m’ait donne le moindre abri, ni la moindre information.
    Distance entre 400 et 800 metres
    Altitude: entre 300 et 500 metres
    Puissance: jusqu’a 2.5 Megatonnes ( 2.5 millions tonnes equivalent TNT, un beau petard ).
    J’etais utilise ( et mes congeneres aussi ) comme cobaye, pour les effets immediats et ceux dans le temps… 40 ans d’anteriorite pour l’heure. Evidemment a l’heure ou je vous parle, le cancer a deja peut-etre commence a me ronger…
    Mes compagnons ? J’ai arrete de m’enquerir d’eux il y a plus de 20 ans, lorsqu’a l’appel, trop ne repondaient plus “present “…
    Il y a un truc ? Oui. Je leur ai explique. Personne n’a juge bon de m’imiter… l’auraient-ils fait, je crains que nous aurions alors ete enchaines, pour bien rester tranquilles.

    Bien que depouille, l’environnement presentait des avantages que j’ai su mettre a profit.
    Mon premier conseil est de s’eloigner au maximum des centres urbains, si possible gagner la MER, qui est le meilleur support de survie.
    Les Suisses toutefois ont leurs abris ( une place pour chacun ) creuses dans leurs montagnes…Et approvisionnes pour TROIS ans, pas 3 jours, ce n’est pas un feu d’artifice…
    Car apres 3 jours, vous faites quoi ? Tout est alors grille, vitrifie ou contamine pour des centaines de milliers d’annees. Une maree noire petroliere a cote c’est de la cour de recreation…

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