Pour une République à la gomme ?

Le 21 janvier 1793, comme le pensait Renan, la France s’est suicidée en coupant la tête de son Roi. Elle venait de manquer l’instauration d’une monarchie constitutionnelle apaisée qui a si bien réussi au Royaume-Uni, notre grand rival victorieux du XVIIIe siècle. Depuis elle reste prisonnière d’un schéma historique fondé sur des révolutions violentes et des changements de régime plus ou moins déterminés par des guerres perdues. A défaut de réaliser les réformes nécessaires, certains imaginent une bien inutile VIe République. La gauche demeure inconsciemment animée par le mouvement qui a agité le pays entre 1789 et 1794 : toujours plus à gauche. La droite trouve dans le marais son meilleur modèle du passé : ne rien faire au pouvoir et survivre dans l’opposition. Mais, comme les faits sont têtus, la gauche, rappelée à la réalité sur le terrain économique, continue sa marche de somnambule là où l’idéologie se heurte moins vite et moins clairement au réel : la société et les moeurs. Le progrès a ainsi pris la forme de la transgression des valeurs traditionnelles, héritées notamment de la religion catholique qui a joué un rôle considérable dans l’identité de notre pays. Mais cette identité évidente, inscrite dans notre patrimoine, la gauche la nie parce qu’elle s’accroche farouchement à sa furie destructrice des identités. Paradoxalement, c’est justement la seule identité qui lui reste.

On connaît la mésaventure révolutionnaire du marquis de Saint-Janvier, privé de son titre, de son saint, et de son mois et devenu le citoyen Nivôse avant de perdre la tête. Il y a dans cette anecdote teintée d’humour noir une illustration du progrès tel que la gauche le conçoit plus ou moins consciemment : une égalité apparente dont l’instrument est la gomme. La théorie du genre abolit les différences physiologiques et hormonales, notamment, qui distinguent l’homme de la femme et les rendent complémentaires. Prétendant contre tout bon sens que cette identité sexuée est issue d’un conditionnement social, elle conduit à conditionner les enfants à abandonner leur identité de garçon ou de fille. De même, la destruction systématique du modèle familial monogame, constitué d’un père, d’une mère et de leurs enfants, nié par la loi et par l’exemple jusqu’au plus haut niveau de l’État, fait advenir des générations d’individus flottant entre des solidarités incertaines, entre des noms livrés au hasard et à l’arbitraire et des prénoms sortis des séries américaines en vogue. Jean ou Marie, fils ou fille « de » étaient plus à même d’asseoir chez une personne le sentiment de son identité. Multicarte des nationalités, citoyen de résidence, sans patrie que ni l’école ni le service national ne lui auront enseignée, le petit « français » sera soumis à toutes les tentations, du départ vers les paradis fiscaux jusqu’à celui vers les enfers djihadistes, « national » de nulle part et de partout, pratiquant un sabir vaguement francophone et baragouinant au moins l’anglais. Venu en France par hasard ou par intérêt, l’étranger sera davantage chez lui dans sa communauté de quartier que dans cet espace national en voie de dislocation entre grandes régions et Europe fédérale. Il y retrouvera éventuellement mosquée et minaret. Mais la laïcité à la gomme aura interdit la crèche dans les lieux publics et jusqu’au nom de Noël pour la fête de l’hiver. Lorsque le Souverain-Pontife recevra le Président de la République, il s’agira de la rencontre de deux chefs d’État, dont le second veut oublier que son pays a été bâti comme un royaume chrétien, que le baptême de Clovis avait voué à être le glaive, parfois encombrant, du Pape.

Le progrès consiste donc à arracher une à une les racines chrétiennes de notre mode de vie. A commencer par le respect pour la Vie comme valeur, si l’on excepte celle des criminels. Au nom de l’égalité entre l’homme et femme, on va considérer que cette dernière a un droit de vie et de mort sur la personne en devenir qu’elle porte, qui n’est pas un « morceau » d’elle mais le fruit de deux personnes dont l’une est exclue. Curieuse égalité ! La notion de détresse était la dernière marque de respect pour la vie. L’Assemblée va l’abolir. À l’autre bout de l’existence, le droit de tuer, sauf les criminels, sera établi. Entre deux, le mariage aura été réduit à la reconnaissance sociale d’un sentiment plus ou moins passager et pas forcément univoque, qui ne possédera même plus d’intérêt patrimonial, et laissera donc la place à d’autres situations. L’exemple nous en est donné au sommet, sous la protection d’une vie privée payée par l’argent public, notamment dans ce haut lieu de la République qu’est Versailles. Est-ce parce que le vin est attaché au rite catholique ? La gauche lui préfère le cannabis, qui fait des ravages chez les jeunes de notre pays, les plus gros consommateurs européens, ainsi exposés aux risques pour leur santé, leur travail scolaire, et les accidents de circulation. Mais rien ne vaut ce plaisir iconoclaste de gommer les images de notre pays, les frontières  et les limites qui permettent à une personne d’être quelqu’un de quelque part plutôt qu’un client anonyme. Client de l’État ? Client des multinationales ou des « machins » fédéraux, peu importe, citoyen à la gomme, en tout cas.

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39 Comments

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  • Charles , 22 janvier 2014 @ 11 h 03 min

    Monsieur Vanneste vous nous surprenez en bien.
    Attention quand même,car on voit poindre en vous des “tendances “royalisantes.
    Tendance la plus nauséabonde qui soit.

    Attendez vous à voir venir chez vous des tractions avant roses en pleine nuit.

  • jejomau , 22 janvier 2014 @ 11 h 11 min

    l’info sur RMC ce matin à 11h05 :Valérie Trierweiller a pété les plombs et, dans son hystérie , a détruit du mobilier National à l’Elysée pour 3 millions d’euros !!!!!!

    Mais pour qui elle se prend cette journaleuse LGBT !?

    Il faut EXIGER que Hollande PAYE avec SES sous et pas avec les nôtres !! Mais y en a marre de cette clique socialo merdeuse qui se croit tout permis !!!!

    SUS aux LGBT pourris d’argent et qui pète notre patrimoine !!

  • David , 22 janvier 2014 @ 11 h 38 min

    Vos premières phrases sont déjà entachés de mensonge.

    1789: en plus des émeute à Paris vers la fin du mois dans toute la France il se produit des massacres principalement dirigés contre les nobles, des cas de cannibalisme ce sont passé, certain massacreurs ont tué une famille entières, nobles, clergé et juifs dans l’Est de la France sont particulièrement touchés, on brûle, des châteaux, des maisons et des archives, période de terreur ou chacun peut être victime de la haine de son voisin ou d’un vieux règlement de compte, . Du 4 au 11 août c”est l’abolition des privilèges, c’est à dire des droits particulier fruit du temps que ce soit pour les personnes, fonction ou ville ou pays (pays d’Etat naturellement). Et à ne pas oublier la persécution de l’église dès 1789 et la saisie de ses bien.

    1790: 4 janvier on impose à la France des département fait sur mesure rayant tout ce qui existe, l’avenir ne doit plus être le fruit du future, l’aléatoire (je n’aime pas employer péjorativement le mot d’arbitraire, vous devinerez pourquoi) est roi, on reconstruit ni plus ni moins la France sur des vision idéologique. Mutinerie à Nancy.

    Et je vais m’arrêter là, il n’y a jamais eu d’apaisement la Révolution n’était qu’une lutte, je ne pense pas que 1789 ait été un modèle en soit, je ne vois pas une personne, y compris dans les archives parlementaires de cette année là qui dit fin 1789 c’est bon tout est très bien qu’on n’enlève plus rien ni ne rajoutons plus rien, il y avait ceux qui considéraient ce moment comme une transition à leurs modèles et ceux qui s’y opposaient.

    Les valeurs chrétiennes qui sont celle de la France, et qui sont respectable ne sont elle pas tout autant attaqué quand des personnes dont certain se disent prétendument chrétienne font faire à des enfants des geste proche de la discophilie?

    C’est gens qui joue sur les deux tableaux, sont ils de vrais chrétiens, ou bien joue il les chrétiens pour gauchiser insidieusement des Chrétiens.

    En tout cas pour moi monsieur Vanneste a déjà été classé.

  • Tite , 22 janvier 2014 @ 11 h 41 min

    Réponse à Charles :

    Vous déclarez péremptoirement et avec suffisance (ce qui souvent est un signe d’ignorance et d’inculture chez un interlocuteur imbu de l’importance de son jugement), que les “tendances royalisantes” (tiens! ceci confirme cela, emploi du néologisme par manque de pensée et de vocabulaire) seraient hautement nauséabondes…

    Pincez- vous bien le nez bien fort cher monsieur car je crains que la puanteur que vous percevez vienne de votre propre personne.

    Et prenez du temps pour étudier dans les livres rédigés par de vrais historiens et non par des idéologues, l’histoire de France et de ses rois qui ont érigé, maintenu pendant des siècles un royaume, une société qui faisaient l’admiration du monde et un modèle pour tous.
    C’est pourquoi, de petits sans-culottes de votre espèce se sont donné le mal de le détruire.

    Pendant que apprendrez plein de choses intéressantes, vous ne répandrez pas votre venin de béotien sur la toile.
    Bien sûr, je ne vous salue pas.

  • Observateur , 22 janvier 2014 @ 11 h 52 min

    Monsieur Vanneste, vous qui avez eu le courage de vous exprimer sur le mariage gay, odieusement rebaptisé “mariage pour tous”, vous n’avez pas votre langue dans votre poche et c’est très bien, mais qu’est-ce qui ne va pas en France ?

    Qu’on ait tranché la tête d’une vieillerie qui vivait sur le dos de son peuple comme les socialistes d’aujourd’hui sur les impôts ? Certainement pas. Nous n’en sommes plus aux vieilles lunes féodales avec entretien à vie de clans, du moins pas officiellement. Bien sûr les politiques font exception et les exemples ne manquent pas, le problème est bien là : 1 tyran mort pour une centaine d’autres parvenus.

    Non monsieur, ce qui ne va pas en France c’est que depuis un certain nombre d’année les électeurs ne votent plus “pour” mais “contre”. Contre Lepen père et non pas “pour” J.Chirac, contre N.Sarkozy et non pas “pour” F.Hollande, et en 2017 les gens voteront “contre” les socialistes mais aussi, et c’est nouveau, “contre” l’UMP à moins que J.F.Copé disparaisse des radars et qu’une personnalité émerge de ce que l’on nomme “la droite forte” sans compromission avec la droite molle ou les centristes. Sans quoi les gens iront voter Front national pour purger l’Etat de ses socialeries et briser le bipartisme antidémocratique.

    La gagnante des élections de demain ce sera l’abstention. Pourquoi ? Parce que beaucoup de citoyens ne veulent plus voter pour des ovnis et des politiciens professionnels. Nos meilleurs hommes politiques en France sous la Vème n’étaient pas des politiciens et pourtant ils avaient la carrure.

    Ce qui ne va pas avec notre démocratie c’est que tous les cinq ans on nous impose un pouvoir malgré le refus explicite des urnes et que l’abstention n’a pas encore la dimension contraignante qu’elle devrait avoir c’est-à-dire la disqualification des politiques présentés et la remise en question profonde et sans concession des partis.

    Ce qui ne va pas avec notre démocratie c’est que tous les partis ne sont pas représentés proportionnellement à ce qu’ils représentent, le FN en tête au Parlement, s’il avait son nombre comme les deux autres mastodontes nous aurions peut-être échappé aux aberrations politiques sociétales de gauche .

    CESSONS impérativement de donner le pouvoir par défaut à des incapables et forcer les partis à se reconnecter aux réalités, il y a urgence ! Ce sera ça ou une boucherie nationale, guerre civile et tout le bataclan, les bonnets rouges à côté c’était peace and love. L’Histoire se répète, quand les français, fier peuple résistant obstinément à toute tentative de domination ou d’avilissement, s’appauvrissent ils n’épargnent jamais leurs élites, c’est notre particularité.

    Les français sont lents à la détente, toujours, lents à réagir, c’est vrai, mais une fois qu’ils sont lancés la machine ne s’arrête pas avant que tous les responsables ne soient mis hors d’état, et elle n’est pas toujours très précise et même si pour l’instant c’est la gauche qui est dans le collimateur, c’est la classe politique dans son ensemble qui est sur la sellette et ça ne date pas d’aujourd’hui.

    Le pouvoir de 2017, si tout va bien, sera sans doute celui sur lequel pèsera le sort du monde politique tel que nous le connaissons, et aussi celui des médias mainstream, quoi que ce dernier soit déjà bien entamé.

  • pi31416 , 22 janvier 2014 @ 11 h 57 min

    Une république à la gomme? Oui, MAIS, à la gomme ARABIQUE. Ça change tout!

  • Catholique & Français , 22 janvier 2014 @ 12 h 16 min

    Le vraie “révolution française” a eu lieu entre juin et août 1789 : tout s’est joué là, à ce moment précis, dans les principes; ce qui est arrivé ensuite, jusqu’au coup d’état et la dictature militaire de Bonaparte (prévus par Edmond Burke dès le début de la révolution) n’étant que la conséquence inéluctable de ce cataclysme majeur. Alors, pleurer sur la mort de Louis XVI sans renier les évènements de 89, c’est se lamenter sur une catastrophe dont on chérit la cause, pour paraphraser cette maxime de Bossuet très à la mode en ce moment. Et que l’on ne me parle pas de la monarchie anglaise et de son évolution : la France est une nation “SINGULIERE”, dans son histoire et dans son destin, qui ne peut être comparée à AUCUNE AUTRE, mis à part, peut-être, le Peuple Juif !

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