Le mal français s’aggrave

Tribune libre de Pierre-François Ghisoni*

En 1977, Alain Peyrefitte publiait Le Mal français, dont la première citation affirmait : « Je suis Français, dont il me pèse. » Elle était signée de François Villon, notre plus célèbre « escholier » dont nous ne savons s’il disparut en quelque querelle meurtrière, en exil, ou en silence affirmé, en quelque sorte s’il combattit, s’il partit, ou s’il courba l’échine à force de coups du sort.

Ce « […] dont il me pèse » mérite notre attention et pourrait bien s’appliquer à notre époque.

J’évoquais précédemment l’atteinte à la liberté d’exercice des biens, de l’esprit, amplifiée par l’atteinte à l’espoir de survie. Autrement dit, la « casse » de tous les besoins de l’homme, des plus immédiats (ceux de la survie) aux plus transcendants (les idéaux).

Je reprends plus loin la lecture de Peyrefitte : « Le peuple ne doit pas être appelé dans le scrutin présidentiel à choisir une majorité de gouvernement, mais à désigner le meilleur homme pour l’unité : le plus capable de surmonter nos divisions, le plus compétent pour dépasser les demi-vérités que nous nous envoyons à la figure, et nous unir dans une unité plus haute. »

Ces phrases sont déjà hautement significatives de notre situation. Mais Peyrefitte accentue la démonstration :

« Le choix populaire de l’autorité suprême […] est un moteur extrêmement efficace : la question est de savoir dans quel sens on le fait tourner. Il peut atténuer et peu à peu guérir la division française dans une dynamique de l’unité. Mais il peut aussi faire éclater la notion même d’État. […] Le président ne saurait être le chef d’une majorité ; sa vocation est d’être le président de tous les Français. »

Favoriser la division au risque de faire éclater la notion même de l’État… Mais n’est-ce pas ce qu’a fait M. Hollande en prévoyant dans son programme une mesure qui n’intéresse qu’une minorité de Français tout en sapant une institution fondamentale de la société tout entière ? N’est-ce pas ce en quoi il s’enferre en maintenant sa décision face à cette manifestation sans précédent qui dépasse les clivages habituels ?

Une faute politique redoublée qui menace de faire éclater la notion même d’État, voilà le tour de force – le coup de force – de M. Hollande dont la première conséquence est la perte de légitimité. Car le plus extraordinaire de cette histoire est que cette double faute lourde est indépendante des personnes sur lesquelles elle s’appuie. La question de l’homo- ou de l’hétérosexualité n’intervient presque plus en tant que telle, car le comportement de double faute est un modèle applicable à toutes les situations équivalentes.

Et nous pouvons affirmer, 35 ans après le livre de M. Peyrefitte, qu’au risque de faire éclater l’État s’est ajouté celui de faire éclater le Nation. Car quoi que l’on refuse de le voir, la population hexagonale a quelque peu changé.

S’enferrer dans cette posture, est-ce vraiment « normal » ? N’est-ce pas une aliénation dangereuse ?

*Pierre-François Ghisoni (blog) est écrivain et éditeur.

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8 Comments

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  • jacques , 24 janvier 2013 @ 15 h 34 min

    F.Hollande n a aucune conviction chevillée au corps, son seul but actuel, se faire réélire en 2017, ce en quoi il n est que le digne successeur du maitre à penser des socialistes, le florentin F. Mitterrand

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