Des élus de plus en plus dangereux

En France, l’administration fait, tous les jours, d’immenses dégâts et, comme un occupant intérieur, prélève une dîme chaque année plus lourde. Cependant, sa frénésie de tabassage fiscal doit beaucoup à cet esprit ponctionnaire débridé qui souffle au sein de son appareil de direction : chaque jour, à côté d’une inculture économique consternante, nos élus nous font la démonstration d’un état d’esprit totalement vicié.

Et il n’y a guère besoin d’aller chercher bien loin puisque chaque semaine, que dis-je, chaque jour amène son lot d’âneries affolantes proférées par l’un ou l’autre personnage politique d’importance relative.

Ici, il serait facile d’exhiber des exemples particulièrement comiques en tapant dans l’immense vivier de populistes d’extrême-gauche dont la réputation en matière d’inculture économique n’est plus à faire. Dans l’une ou l’autre saillie où le populisme s’y disputera l’indigence du raisonnement sous-jacent, on trouvera toujours une bonne raison d’aller saboter un pan de l’économie sous des prétextes fallacieux mais électoralement vendeurs.

Dois-je réellement m’appesantir sur le dernier tweet de Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il se demande, pas suffisamment in petto, si l’argent fait le bonheur et si, quelque part, il ne faudrait pas arrêter un peu d’accumuler bêtement, oubliant (commodément ou par simple absence de raisonnement) que c’est précisément l’accumulation de capital qui a permis, depuis l’aube des temps, de sortir l’humanité de sa condition animale et du dénouement qui s’y rattache ?

 

Si l’on n’est guère étonné de trouver ce genre de propos chez quelqu’un qui se fait fort de confisquer tout ce qu’il pourra (et d’accumuler pour lui et sa clique – l’accumulation, dans ce cas là, ne le rendant pas morose), on pourra s’inquiéter un peu plus en découvrant les opinions aussi informées que frappées au coin du bon sens avec 3g d’alcool dans le sang d’un certain Guillaume Peltier, occulté jusque-là, dont on a la tristesse d’apprendre qu’il est vice-président des Républicains, poste qu’il aura décroché probablement à la suite d’une épique partie de beer-pong (je ne vois guère d’autre explication possible).

Et pour ce Vice caché jusqu’à présent, il faudrait très clairement augmenter le SMIC de 10, 15 voire 20% : eh oui, puisqu’avec 1100 ou 1200 euros par mois, il est difficile de vivre en France, l’individu propose un électrochoc en augmentant le salaire minimum d’une façon musclée, tout en prétendant rééquilibrer cette hausse par « une baisse des charges drastique » sur ces salaires. Qui sont déjà, très largement, particulièrement allégés de charges.

Autrement dit, outre l’absence assez inquiétante de connaissance du sujet spécifique du salaire minimum en France, le frétillant demi-président nous démontre une méconnaissance dramatique d’une règle de base de l’économie : si vous contraignez artificiellement un prix à la hausse, vous créez, mécaniquement, des frictions dans le marché correspondant et accroîtrez inévitablement les inefficacités. En d’autres termes, le coût de l’emploi augmentant, vous allez créer encore plus de chômeurs.

Mais le politicien n’en a cure. Tout comme Jean-Luc et ses saillies ridicules à faire pousser des dents de travers, le brave Guillaume sait qu’on attrape plus de mouches électorales avec une pinte de populisme qu’avec une goutte de réalisme.

Heureusement, ni le premier ni le second ne sont au pouvoir. Il n’y a rien de plus dangereux qu’un populiste au pouvoir, surtout s’il se double d’un parfait crétin ou d’un inculte chimiquement pur en économie. Le Vénézuéla en fait les frais tous les jours, le Zimbabwe avant lui et la France n’y échappe pour le moment que par la grâce d’un énième concours de circonstances pas trop défavorables.

Mais voilà, la chance finit toujours par tourner.

Après tout, nous avons Bruno Le Maire comme ministre de l’Économie, et ce type n’a manifestement jamais été équipé pour en parler, l’analyser et à plus forte raison, la comprendre.

En témoigne la dernière enfilade d’imbécilités qu’il a proférées avec un aplomb que seuls peuvent afficher les innocents aux mains pleines et aux crânes vides.

Ainsi, pour ce minustre, aucun doute : il faut taxer Amazon, il faut taxer leurs livraisons, et puis c’est tout.

En cela, il rejoint donc avec une belle vigueur de vainqueur le train des sénateurs parti un peu avant lui qui ont décidé de fusiller ce qui restait de commerce en France, et de réintroduire une forme pas du tout subtile d’octroi dans nos villes et nos campagnes. On attend avec gourmandise les subventions aux troubadours et autres jongleurs que la République réintroduira pour ce nouveau Moyen-Âge festif, citoyen et un tantinet rigoureux que nous dessinent Bruno et sa brochette de déconautes de l’économie.

Pour entrer en politique, il faut une confiance en soi absolument inoxydable. Ce trait permet de sélectionner les plus obstinés, et la frontière est fine avec les plus bornés. Frontière que Bruno franchit allègrement, tel un réfugié de l’économie alternative franchissant une véritable Méditerranée de concepts foireux sur le petit pédalo de son intelligence : non content de vouloir fusiller Amazon et l’e-commerce français dans le même pédalage vigoureux, le voilà qui s’en prend avec finesse à la rémunération de l’ex-PDG de Carrefour.

Eh oui : alors même que Bruno Le Maire n’a jamais été bénévole toutes ces années où il a sévi en politique (ce qui aurait mis son salaire à la hauteur de ses réussites), voilà celui qui est parvenu 5ème sur 7 candidats de la Primaire républicaine avec un imposant 2.36% distribuer des bons et des mauvais points à quelqu’un dont la rémunération dépend, au final, du bon vouloir d’actionnaires dont Bruno n’est normalement pas responsable.

N’en déplaise à Bruno, les rémunérations octroyées par Carrefour à ses dirigeants ne le regardent en rien et ne regardent que les propriétaires légitimes de cette entreprise privée qui finirait, magie du marché, par une faillite méritée si elle persistait à payer n’importe qui n’importe comment.

Faillite que Bruno n’envisage même pas, ce concept ayant été soigneusement gommé tant dans les administrations où il a laissé ses traces que dans toutes les boîtes où l’État met ses doigts boudinés et qui sont devenues littéralement impérissables, par la force des interventions catastrophiques de Bruno et de types de son « calibre » avant lui.

Ce faisant, le ministre de l’Économie intervient, encore une fois, dans un domaine qu’il ne maîtrise en rien, ce qui ne manquera pas de déclencher, un jour ou l’autre, des effets indésirables. Eh oui : un incompétent au pouvoir, c’est toujours dangereux.

Et ici, je ne parle malheureusement pas de prospective ou d’hypothétiques dérapages malencontreux, mais bien de faits certains et de conséquences inéluctables avec lesquels nous devrons vivre des décennies durant, de la même façon que nous vivons, ici et maintenant, avec les conséquences catastrophiques des colliers de nouilleries que les brillants prédécesseurs de Bruno ont enfilées avant lui.

Il me suffira, pour illustrer ce propos et conclure cet article, d’exhiber la dernière trouvaille du Conseil Constitutionnel dégotée par un Laurent Alexandre effaré (et il n’est pas le seul), et de constater que oui, décidément, avec ce genre d’olibrius aux commandes, ce pays est foutu.

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1 Comment

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  • Lilou35 , 25 juin 2018 @ 8 h 28 min

    deep learning kesaco encore ? le vocabulaire Français est pauvre à ce point pour aller chercher dans le vocable anglais ! Pauvre de nous !!!

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