Geoffroy Didier : Pour une droite forte…de gauche ?

Tribune libre de Pierre de Sutter

On aurait pu croire que le secrétaire national de l’UMP en charge de la protection des riverains et de la lutte contre les nuisances aéroportuaires n’était plus à présenter. C’eût été une grave erreur. Geoffroy Didier est un homme complexe à l’intelligence galopante, à l’instar de son acolyte du moment, ce cher Guillaume Peltier. La supériorité intellectuelle du premier sur le second est cependant manifeste, Sciences-Po Paris, l’ESSEC, Harvard… l’ont conduit jusqu’aux ors du conseil régional d’Île-de-France, si bien que son ascension vers l’Élysée semble désormais irrémédiable aux yeux du Tout-Paris. Il nous l’a d’ailleurs brillamment confirmé l’autre soir sur le plateau de Laurent Ruquier en direct sur France 2. Quel homme superbe. Et que dire de cette rhétorique, ce sens de la formule si délicat qui témoigne d’une grande profondeur d’esprit ?

La figure de proue de la « Droite forte : génération Sarkozy », un courant supposément droitier de l’UMP, n’aimerait pas qu’on le traite de « réac ». Et il aurait bien raison de s’en offusquer, car ce serait un mensonge de le dire. Si Geoffroy Didier a, lui, toujours été sarkozyste, un passé dont ne peut se targuer M. Peltier, il n’a néanmoins pas toujours été de droite. Décidément, les faits sont têtus.

« C’est à l’UMP que le débat est en train de se faire. Je veux aider le président à imposer sa modernité au sein de son camp, où il y a encore beaucoup de conservateurs », déclarait le jeune Geoffroy en septembre 2006, alors âgé de 31 ans, qui était encore à cette époque dans les jupes de Brice Hortefeux, sa maman en politique. Le jeune homme était alors le porte-parole du club « La Diagonale » qui se présentait comme le rassemblement des sarkozystes de gauche, ou plutôt les « sarkozystes progressistes », notamment dans la perspective de la présidentielle de 2007. D’abord lié au lendemain de l’élection à « La Gauche moderne » de Jean-Marie Bockel, le club s’est ensuite rallié en 2008 au Parti radical, deux partis associés à l’UMP en ces temps de majorité présidentielle à droite. Portant fièrement la parole progressiste au sein de l’UMP, le louveteau de Brice Hortefeux – qui contrairement à une légende n’est pas vraiment une personnalité droitière – affirmait que ce club serait « une passerelle sur les thèmes de société ». Ainsi, les membres de la Diagonale n’hésitaient pas à se revendiquer favorables au « mariage » homosexuel et à l’adoption par les couples de même sexe, ou bien encore au droit de vote des étrangers. Des idées qui semblent bien loin du programme actuel de l’UMP et encore davantage des propositions de la « Droite forte ».

Comme le révélait une précédente tribune publiée dans Nouvelles de France, l’imposture que constitue cette motion de la Droite forte n’est plus franchement à démontrer. La crédibilité de ses deux principaux animateurs est sévèrement écornée à la fois de par leurs parcours respectifs mais également de par leurs mesures démagogiques. La vacuité idéologique de ce courant est quant à elle dramatiquement évidente, on ne saurait dire quelles sont véritablement les valeurs de ses leaders – respectivement conseiller régional et non-élu – si ce n’est l’opportunisme et l’infidélité.

> L’hebdomadaire Minute du mercredi 24 octobre consacre un article de fond au passé de Geoffroy Didier.

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