L’État va aider les départements à dépenser plus…

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé lundi le déblocage d’une aide exceptionnelle de 170 millions d’euros destinée à une trentaine de départements en difficultés financières.

Les mêmes fausses solutions que Fillon

C’est exactement ce que François Fillon avait fait l’an dernier avec un fonds d’urgence de 150 millions d’euros. Enfin, presque la même chose. Car si l’an passé, l’aide était pour moitié automatique sur des critères établis et pour moitié sur acte de candidature, nos gouvernants socialistes ont décidé que, cette année, pour recevoir une aide, les départements devront écrire au préfet, ce qui déclenche une « procédure de débat et d’analyse » de leur situation financière par l’administration. Autrement dit, la mainmise de l’État se renforce, le copinage va jouer à plein. Nous ne le savons que trop, avec les instances politiques, lorsque les critères ne sont pas clairement définis et strictement appliqués, cela tourne toujours à l’avantage des amis.

L’autre grande nouvelle de la réunion de lundi à l’Élysée est l’engagement du Président à créer les conditions de mise en place en 2014 de ressources « pérennes et suffisantes » pour financer les allocations de solidarité. Un « groupe de travail » (avec M. Gallois ?) sera installé avant la fin de l’année pour étudier les moyens d’assurer ce financement. Mais quand donc cessera-t-on dans ce pays de faire fonctionner la machine à rustines ? Si la solidarité est du ressort national, qu’elle soit prise en charge par la Nation, si elle est du ressort local, qu’on laisse les collectivités locales faire selon leurs choix et leurs moyens ! Voilà un État qui transmet aux collectivités une responsabilité dont il veut néanmoins contrôler et imposer les modalités d’application pour finalement se retrouver en situation de devoir faire face au coût… N’importe quoi !

Les départements s’engagent à plomber l’avenir avec les emplois du même nom

Les départements, estimant probablement que la fiscalité locale n’est pas assez lourde ou que leur endettement n’est pas encore suffisant, se sont engagés à favoriser le « recrutement » de 7 000 emplois d’avenir dès 2013 au sein de leurs services. Ils s’engagent à augmenter de 20% le nombre de jeunes en contrats d’apprentissage et en contrats aidés. On se doute bien que cet engagement, avec les élections municipales de 2014, sera tenu… Il est clair que cette mesure clientéliste connait plus d’écho auprès de nos élus locaux que celle qui consisterait à soutenir la création d’emplois productifs dans les TPE de leur zone d’influence !

D’ailleurs, tiens, puisque, tout de même, la problématique de payer tous ces jeunes embauchés sans avenir se pose, plusieurs pistes ont été évoquées, dont une extension de la journée de solidarité à l’ensemble des catégories socio-professionnelles (version moderne de la corvée) et un éventuel déplafonnement des droits de mutation. Une remise à plat des profils de poste dans des collectivités locales qui ont enflé en personnel de manière incroyable depuis quelques années, l’arrêt de subventions à des associations bidons qui ne représentent personne et n’ont aucune activité militante et bénévole, une diminution du train de vie de certains élus, administratifs et services, l’abandon de projets démesurés, tout cela n’a évidemment pas été évoqué…. Tiens, ça ce serait un sujet intéressant d’étude pour les emplois d’avenir. En attendant, vous pouvez toujours acheter le n° spécial du Cri du contribuable sur le sujet, il est en solde, à 3 euros !

*Thibault Doidy de Kerguelen est l’expert fiscaliste des Nouvelles de France. Il anime le site MaVieMonArgent.info.

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2 Comments

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  • Goupille , 24 octobre 2012 @ 16 h 15 min

    L’Etat, le département, les communes, les intercommunalités, les syndicats intercommunaux, les Pays et Dieu sait quoi encore.
    Toutes ces niches à clientélismes, à services administratifs, à indemnités de fonctionnement, de représentation, à voitures de fonction, à création de commissions Théodule et d’emplois plus ou moins fictifs pour le beu-frère de la femme à Jules.

    Et ne pas oublier : la Région. Celle où je vis, voyant ses ressources diminuer, a décidé, plutôt que de restreindre ses dépenses, d’augmenter la part régionale des taxes sur les carburants.
    Les ménages ruraux qui transhument pour aller travailler se priveront d’autre chose.

  • TRIVIDIC , 24 octobre 2012 @ 18 h 41 min

    Excellent article

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