Ce que doivent faire les hommes libres le 6 mai 2012

Tribune libre de Jacques de Guillebon* pour Nouvelles de France

Si le mot droite a jamais voulu dire quelque chose de noble, il est temps pour les Français qui disent se reconnaître dans ses sonorités de le montrer : et pour cela aucune de leurs voix ne doit aller à Nicolas Sarkozy, car pour ce second tour de l’arnaque quinquennale, c’est l’abstention qui doit gagner.

D’une part, aucune voix catholique ne peut aller à Hollande ni à Sarkozy car il n’y a pas de moindre mal ni d’un côté ni de l’autre dans leurs arrière-programmes dont l’application – qui ne sera que celle de l’air du temps de l’oligarchie – continuera de détricoter cette civilisation, maille après maille. Les cathos qui iront voter récolteront de toute façon contre leurs naïfs suffrages le mariage homosexuel, l’euthanasie, la puissance de la banque et de l’argent, l’immigration destructrice et la vilaine bonne pensée sur leurs ondes.

Pour les catholiques qui aiment encore la gauche, l’alternative est la même : ou l’abstention, ou le vote et le déshonneur. Car ce n’est pas de François Hollande que viendra la justice, c’est même tout le contraire. Les barons de la City et de Wall Street auront les mains toujours aussi libres pour accomplir leur sale besogne quand il trônera à l’Elysée.

Oh, certes, personne n’ira en enfer pour avoir accordé sa voix à l’un ou l’autre, je vous rassure tout de suite. Voter dans ces circonstances ou s’abstenir relève du choix de civilisation et non d’une pureté personnelle. Mais si l’on veut que le mot politique désigne encore quelque chose, si l’on veut que la cité des hommes continue d’exister, le chemin est tout indiqué. Il faut simplement que les deux impétrants réunissent à eux deux moins de la moitié des inscrits. Ce désaveu cinglant donnerait enfin la mesure de leur illégitimité, la mesure de l’illégitimité de cette oligarchie entière à gouverner qui ne sait pas plus se conduire en son privé qu’entendre le cri du bien commun. On va nous faire croire que le destin de la France se jouera sur des ajustements fiscaux ou encore sur la renégociation d’on ne sait quel traité européen, quand c’est une anthropologie qui est en cause. Encore une fois, veut-on des consommateurs ou des citoyens, veut-on des drogués au progrès ou des hommes libres, veut-on une patrie indépendante et amoureuse, universelle et consciente d’elle-même, ou une collection de robots dont le bien-être se mesure à coup d’indices économiques ? Veut-on des familles structurées et ouvertes sur la cité, ou des dividus qui toujours chérissent leur jouissance avant tout ? Veut-on la sueur et la grandeur, ou la machine et l’obésité ?

C’est le moment de faire exploser cette droite libérale perfusée au fric et à la domination qui depuis quarante ans berne l’homme de bonne volonté, et parfois même l’élu local plein de bonnes intentions qui comprend mais un peu tard qu’il n’était qu’un rouage infime de la grande usine partisane qui ne recherche rien d’autre que la vanité du pouvoir dont elle peine à exercer les devoirs les plus élémentaires. C’est le moment de réorganiser de fond en comble cette démocratie en sacrifiant les partis sur l’autel de la patrie et du bien de tous les Français. C’est le moment de montrer que ce n’était pas en vain que la France fut un jour appelée le pays des hommes libres.

Ce sera l’honneur de notre génération, et ça commence maintenant.

*Jacques de Guillebon est un écrivain, essayiste et journaliste français. Il écrit dans La NefPermanences et Témoignage chrétien.

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26 Comments

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  • 0 / 10
  • tancrede , 24 avril 2012 @ 14 h 11 min

    Bel article mais qui relève, à mon sens, davantage de la posture que du choix responsable du citoyen confronté à deux gouvernances pour sa Cité.
    Oh, me direz-vous, Sarkozy a fait bien des erreurs. C’est évident. Qui le nierait ?
    Mais Hollande prône une atteinte généralisée à nos valeurs de civilisation. Le danger est trop essentiel et imminent pour vouloir se réfuger dans une tour d’ivoire telle que l’abstention ou le vote blanc. Pensez-vous que ce choix du “ni-ni” sera audible ? Et quand bien même il serait audible, sera-t-il écouté ? Le bon sens nous fait répondre par la négative.
    Le moindre mal n’est peut-être pas assez noble pour vous; parfois il faut salir un peu sa toge immaculée. En premier lieu, on évite le pire (le 6 mai) et ensuite on construit le mieux, pour la France (et ce, dès les législatives).

  • Komdab , 24 avril 2012 @ 14 h 25 min

    Excellente tribune de notre ami Jacques !

  • Komdab , 24 avril 2012 @ 15 h 01 min

    Bonjour Tancrède, je comprends bien votre position mais Sarkozy n’a pas fait “d’erreurs” il a fait consciemment des choix politiques aberrant pour quelqu’un qui se dit de droite. L’atteinte généralisée à nos valeurs que prône le PS est très inquiétante mais elle a le mérite (si je puis dire) d’être d’être clair et nette. A l’UMP c’est pareil en moins rapide, plus inattendu et plus sournois. Nous n’avons plus le temps d’attendre, la droite doit être reconstruite et cela passera par une explosion de la droite ultra-libérale. Quoi qu’il en soit bon courage bon courage pour les 5 prochaines années 🙂

  • N a t r é p , 24 avril 2012 @ 18 h 02 min

    Opinion qui se défend (malgré la regrettable confusion entre libéralisme et matérialisme).

  • Jessé , 24 avril 2012 @ 19 h 42 min

    Honneur de notre génération ?! Lâche abandon de notre Civilisation.

    Pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien. (Edmund Burke)

  • Emmanuel , 24 avril 2012 @ 20 h 38 min

    Beaucoup, beaucoup de bonnes choses dans cette tribune.

    Sauf vers la fin, notre auteur trébuche de façon magistrale quand il dit “ C’est le moment de faire exploser cette droite libérale”…

    Libérale??!!

    Il est évidemment totalement ahurissant d’accoler à cette droite un tel adjectif.

    L’action du gouvernement Sarkozi ainsi que de chaque gouvernement depuis 40 ans, n’est qu’une politique étatiste, collectiviste et interventionniste. Tout cela est l’exacte contraire de la doctrine libérale classique.

    Pour reprendre deux expressions de l’auteur lui-même, “De la sueur et de la grandeur”: on en a quand on est libre et responsable. Ca, c’est le libéralisme. “La machine et l’obésité”: on en a quand on est assisté. Ca, c’est l’étatisme et l’assistanat qui diminue et asservie l’individu.

    Jacques de Guillebon est sans doute encore un de ces libéraux qui s’ignore: “C’est le moment de montrer que ce n’était pas en vain que la France fut un jour appelée le pays des hommes libres.” En effet, on ne saurait mieux dire.

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