Des effets pervers du travail féminin

Incontestablement, le XXe siècle a été marqué par une très nette progression du travail féminin. Si à peine 34% des Françaises âgées de 15 à 64 ans exerçaient en 1965 une activité professionnelle rémunérée, elles sont aujourd’hui 67%, soit près du double, leur taux d’activité dépassant les 80% pour les 25-49 ans.

Si cet apport de main-d’œuvre a bien évidemment contribué ces cinquante dernières années au développement économique de notre pays par une forte élévation de sa population active, il n’est pas anodin que ce demi-siècle ait concomitamment été celui de l’avènement de la contraception (loi Neuwirth, 1967), de l’avortement (loi Veil, 1975) et de la Journée de la femme (fêtée chaque 8 mars depuis son instauration par le président Mitterrand en 1982 et visant, entre autres, à « déconfiner » la femme de l’intérieur du foyer).

Sans bien sûr en épuiser toutes les raisons, ces facteurs éclairent d’un jour nouveau la situation de chômage de masse que connaît notre pays, peu d’attention ayant à ce jour été portée aux nombreux effets pervers du travail féminin depuis cinquante ans, tant au plan économique que social.

Avec un taux de fécondité passé de 2,8 enfants par femme en 1965 à moins de 1,9 en 2015 (avec un creux à 1,6 en 1999), ce qui reste relativement élevé comparé aux autres pays d’Europe, la population française ne se renouvelle plus, son vieillissement s’accélère et le taux d’accroissement des charges liées à la gestion du grand âge (et du petit âge, compte tenu de l’essor du travail féminin) dépasse celui du niveau de vie.

Si la natalité s’est effondrée en France, c’est bien parce que chaque femme a une conscience aiguë de l’investissement personnel important que constitue l’arrivée d’un enfant, dont la société ne cesse de lui rappeler les contraintes en lui offrant tous les moyens de les éviter (remboursement de la pilule contraceptive, gratuité des IVG), tout en survalorisant les bénéfices d’une vie professionnelle dynamique. Sur ce dernier point, la société est d’ailleurs relayée, outre-Atlantique, par des entreprises comme Facebook ou Apple qui proposent à leurs salariées de prendre en charge la congélation de leurs ovocytes. Malgré les apparences, mais en réalité sans surprise, le système fiscal français s’avère par ailleurs très désincitatif à partir du troisième enfant.

“Le travail féminin, qui a contribué à la progression très nette de la population active, ne constitue pas nécessairement un progrès économique et social pour la société.”

Ignorées des statistiques de l’INSEE et oubliées dans le calcul du PIB, les « mères au foyer » dédient pourtant chaque semaine 15 à 27 heures de leur temps au travail domestique, ce qui représentait en 2010, selon les estimations, une à deux fois le temps de travail rémunéré, soit entre 42 et 77 milliards d’heures. Valorisé au SMIC horaire, le travail domestique pèse alors l’équivalent de 19 à 35% du PIB de la France, soit au minimum 500 milliards d’euros annuellement.

Les efforts constants du féminisme pour éloigner les femmes de la maternité ont donc un coût économique et social pour l’ensemble des Français. La mise au travail des deux tiers des Françaises âgées de 15 à 64 ans a, en les privant d’une partie de leur temps libre, rendu nécessaire la collectivisation massive de la petite enfance et celle des personnes âgées (et donc la socialisation des dépenses correspondantes). Un autre coût économique afférent est celui lié au financement des actions de restauration d’un tissu social dégradé, les travaux de psychosociologie les plus sérieux ayant démontré le rôle décisif et irremplaçable de la mère dans l’initiation du tout jeune enfant à la vie morale, sociale, intellectuelle et quotidienne.

Le travail féminin, qui a contribué à la progression très nette de la population active, ne constitue pas nécessairement un progrès économique et social pour la société. La disparition des fratries, dont l’importance éducative comme instance de socialisation a été de plus en plus négligée en Occident, et plus généralement la fragilisation des familles, des couples et des relations intergénérationnelles, menacent autant le financement des retraites (qui pèsera d’ailleurs davantage sur les familles nombreuses que sur les autres, 40% des enfants étant élevés par 20% des familles) que la cohésion sociale dans son ensemble.

Pour toutes ces raisons, il faudrait pousser plus loin notre réflexion sur la création d’emplois féminins plus compatibles avec la vie de famille (par exemple en termes de gestion des ressources humaines), sur la réinsertion professionnelle des femmes qui ont décidé de s’arrêter un temps pour élever leurs enfants, ainsi que sur la place des pères, piliers protecteurs du temple familial.

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31 Comments

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  • Pascal , 25 juin 2015 @ 12 h 09 min

    Dans le roman de Michel Houellebecq, Soumission, le chômage est en effet résolu par le retour des femmes au foyer.

    Contraception, IVG, divorce ne sont que des symptômes et non pas des causes. Le nombre d’IVG n’a pas augmenté depuis 1975.

    Partout dans le monde la baisse de la fécondité va de pair avec le niveau d’instruction des femmes. Plus il est élevé et moins elles font d’enfants. Les talibans ont trouvé le remède !

    Idem pour les révolutions, elles adviennent toutes à partir d’un même seuil d’alphabétisation.

    En Allemagne les femmes qui font des enfants ont plus tendance à mettre leur vie professionnelle entre parenthèses. Cela n’empêche pas l’Allemagne d’avoir un taux de fécondité parmi les plus bas.

  • Daniel chaudron , 25 juin 2015 @ 15 h 24 min

    “la natalité s’est effondrée en France…”.
    Pas chez toutes les femmes. Regardez donc la TV à chaque reportage annuel (“marronnier”) sur le sujet: on nous montre un nourrisson bien rose, pour illustrer la natalité française.
    Cherchez l’erreur.

  • zézé , 25 juin 2015 @ 15 h 31 min

    Très bon votre fin de commentaire @dudesert !!!!

    Les politiques de tous bords ont dévalorisé “la mère au foyer” comme ils ont dévalorisé les métiers manuels !!!
    Lorsque je disais que mes enfants n’étaient pas des bacheliers mais avaient un travail et ne connaissaient pas le chômage, les personnes ne comprenaient pas ! ils ont plus de 40 ans aujourd’hui et … les 2 ont connu une période de chômage, après leurs 40 ans mais relativement courte !

    Je remercie le Ciel de m’avoir donné une Maman qui était à la maison ! quel bonheur !
    c’était un autre temps, mais tellement merveilleux !
    J’ai moi-même travaillé ne pouvant faire autrement, c’était Maman qui gardait ses petits enfants. Mais lorsque mes Parents n’ont pu continuer à le faire pour cause de santé, j’ai pris le relais et bien sûr je n’ai pas eu les promotions etc, mais je n’en ai pas souffert puisque j’étais auprès des enfants. C’est cela l’important;
    La femme en voulant avoir SA liberté, veut s’épanouir dans son travail, faire des enfants quand et avec qui elle le souhaite n’a rien gagné puisqu’elle n’est jamais satisfaite !

  • bordemer , 25 juin 2015 @ 15 h 43 min

    eh oui ! avant les femmes travaillaient gratuitement : repas, éducation des enfants, soins des personnes âgées … maintenant il faut payer. C’est l’effet pervers de la disparition du bénévolat des femmes. Ca coûte cher à la société que les femmes travaillent hors de la maison ! Quoique elles sont aussi taxées donc elles font rentrer l’argent dans les caisses… C’est sûr que si elles rentraient à la maison, le taux de chômage baisserait, plus besoin d’envoyer les filles aussi longtemps à l’école, plus besoin de payer des aides soignantes pour s’occuper des anciens, on ferait des économies.. Ah ces femmes qui freinent le progrès économique et social de la société parce qu’elles veulent vivre à la fois au-dehors et au-dedans !
    Les vrais effets pervers du travail rémunéré des femmes, c’est qu’un seul salaire ne suffit plus, double journée de travail, les enfants casés ça et là…oui ce sont de vraies questions.
    Et si on bossait tous et toutes moins pour réorganiser nos journées, s’occuper de nos enfants, donner plus de temps à nos anciens et donner du boulot à ceux qui n’en n’ont pas ? Mais on veut nous faire bosser plus et plus longtemps, je ne comprends toujours pas pourquoi.

  • Daniel chaudron , 25 juin 2015 @ 15 h 48 min

    Questionnaire à l’école: “Que fait ton Papa? — il est fonctionnaire; Et ta Maman? –Elle fait rien non plus!”.

  • bernique , 25 juin 2015 @ 15 h 56 min

    Vous n’y pensez pas ! Vous allez faire des statistiques ethniques et serez montré du doigts (et même de dix !) au même titre qu’une “mère au foyer” ! ! !

  • Antoine , 25 juin 2015 @ 16 h 28 min

    A ces effets pervers économiques et sociaux, s’ajoutent un effet pervers éducationnel: les parents sont de moins en moins présents pour éduquer les enfants. Étant donné que ceux-ci ne connaissent pas les limites nécessaires pour une bonne conduite en société, ils font n’importe quoi. Malheureusement, l’État a décidé de se porter garant de cette éducation d’où les différents projets prévus par le Ministère de l’Éducation: laïcité, égalité homme-femme qui cache l’idéologie du genre, etc. Au surplus, les valeurs que prônent les hommes politiques et certains lobbies sont contraires au modèle d’éducation traditionnel qui a fait ses preuves par le passé. On peut donc légitimement penser que tout ça a été fait pour endoctriner l’enfant et l’arracher de sa famille.

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