Vladimir Poutine, une chance pour la France ?

Obama conseille aux pays européens d’accueillir « leur juste part » de migrants. Mais de quoi se mêle-t-il ? Quand les dirigeants européens vont-ils lui dire gentiment de s’occuper de son golf à Hawaï et de cesser de répandre la chienlit près de chez eux. Car enfin, si les migrants nous viennent en grand nombre de Syrie ou d’Irak, et d’ailleurs, c’est bien parce que la politique américaine a déstabilisé l’ensemble du monde arabo-musulman. Le rétablissement de la paix en Syrie ne viendra ni du triomphe de l’Etat islamique qui veut la victoire totale de l’islam, ni du succès des rebelles « modérés » et plus encore fantômes qui cachent – mal – Al Qaïda. La SYRIE de Bachar Al Assad connaissait la paix et les minorités, chrétiennes en particulier, y étaient protégées. Interviewé par Pujadas, cet ophtalmologiste devenu dictateur par accident, n’a rien du « boucher » que les médias ont caricaturé et dont Fabius, notre calamiteux ministre souhaitait publiquement la mort. Lorsqu’il dit que la Syrie sans être une démocratie comparable aux européennes en est plus proche que l’Arabie saoudite, il met juste le doigt sur l’incohérence occidentale et les alliances douteuses sur lesquelles les Etats-Unis s’appuient. Dans le même entretien, il souligne la perte de tout crédit par le gouvernement français « que plus personne ne prend au sérieux ». Sarkozy avait reçu avec éclat Kadhafi et Bachar Al-Assad lorsqu’il caressait le projet d’union méditerranéenne. Il a ensuite fait tomber le premier en jetant la Libye dans le gouffre islamiste. Celle-ci est maintenant à la fois la plaque tournante du djihadisme en Afrique, et la rampe des passeurs de migrants vers l’Europe. Cette faute magistrale a été commise avec la bénédiction d’Obama ravi de l’offre de sous-traitance. D’une manière générale, le prétendu « printemps arabe » a été déclenché par les Frères Musulmans, financé par l’argent du Golfe et soutenu par l’Amérique et ses alliés, la Turquie, notamment. La gouvernance française, de Sarkozy à Hollande, a collaboré quand elle n’a pas joué le caniche qui aboie et va se coucher quand on lui ordonne. La Russie avait laissé faire en Libye. Vladimir Poutine regrette cette faiblesse et paraît décidé à agir en Syrie. Ce serait là l’occasion inespérée pour la France de retrouver sa liberté et sa dignité de puissance indépendante, de nation souveraine. En se rapprochant des Russes, elle pourrait cesser d’être le vassal des Etats-Unis et le fournisseur bassement intéressé des régimes peu démocratiques du Golfe. La dernière fois, c’était avec Chirac contre l’invasion américaine en Irak. Auparavant, c’était de Gaulle pour dire leur fait aux Américains à Phnom-Penh. La France a toujours appuyé les Etats-Unis quand ils étaient menacés, de l’indépendance à la crise de Cuba, mais elle n’a pas vocation à servir une politique qui va à l’encontre de ses intérêts et de ceux du monde.

Les Etats-Unis ont vaincu le nazisme et ont permis la libération de notre pays. Ils ont préservé l’Europe occidentale du totalitarisme communiste. Il faut leur en être reconnaissant… mais tout en restant lucide. La politique américaine dans le reste du monde a été catastrophique. Victoire communiste en Chine, statu-quo en Corée, désastre indochinois, révolution islamiste chiite en Iran ont jalonné les trente années qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale. Les empires coloniaux se sont effondrés pour donner l’avantage à la fin des années 1970 aux Soviétiques et à leurs alliés en Afrique comme en Asie. Les « succès » américains n’ont nullement été des victoires de régimes démocratiques, mais des coups d’Etat militaires fomentés en partie par la CIA, en Amérique latine, mais aussi en Asie avec le soutien des musulmans, en Indonésie et au Pakistan. C’est aussi en utilisant l’islam que Washington a fini par vaincre Moscou, épuisé par son échec en Afghanistan. Depuis nous subissons les effets de cette « victoire » à la Pyrrhus qui a réveillé un fanatisme assoupi, créé des réseaux, et leur a donné de l’argent et des armes. La politique américaine, au lieu d’incarner comme elle le prétend, la démocratie et les droits de l’Homme, semble poursuivre aveuglément ses guerres précédentes. L’ennemi est toujours la Russie, en Serbie, en Ukraine, en Syrie, et l’allié en Bosnie ou en Syrie, est le sunnisme des alliés turc, saoudien ou pakistanais. En face, la Russie, la Syrie légale, l’Iran chiite et le Hezbollah libanais forment un autre camp qui a décidé de résister. Si Vladimir Poutine intervient comme il semble s’y préparer contre l’Etat islamique, il dévoilera l’imposture des Occidentaux qui prétendent faire la guerre à Daesh. Il pourrait aussi restaurer le régime baasiste de Damas. Les Américains n’ont pas d’alternative politique. Militairement, avec notre complicité, ils forment et ils arment des « rebelles modérés » qui rejoignent de gré ou de force les djihadistes, une fois sur le terrain. Quant aux Chrétiens d’Orient, ils comptent aujourd’hui davantage sur la Russie que sur la France qui, durant des siècles, les avait protégés.

La France, au cours de son histoire, a su procéder aux alliances de revers avec les Turcs contre l’Empire, avec la Russie tzariste contre l’Allemagne. Elle devrait au moins retrouver son indépendance et servir de médiateur avec une Russie qu’on a trop humiliée, qu’on a voulu soumettre quand son histoire et la fierté qu’elle en retire légitimement l’appellent à la résilience. La Russie est notre voisine très complémentaire. Elle partage largement avec nous une identité culturelle. Si elle combat avec plus de vigueur les islamistes que ne le font les nageurs en eau trouble d’Outre-Atlantique, le temps sera venu pour la France de réexaminer des choix contraires à ses intérêts et à sa vocation.

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