La lente tiers-mondisation de la France

Dans ce monde, il semble inévitable que ce qui un jour est monté finira par redescendre, plus ou moins vite. Et si cela est vrai pour les proverbiaux kilo de plomb et kilo de plumes, il en va de même pour la richesse et la grandeur des nations. Depuis quelques décennies, apparemment, la France a entamé son mouvement descendant.

Regardons froidement la situation.

Jusqu’à encore récemment, les Français fanfaronnaient sur leur système de santé efficace et jalousé du monde entier. Certes. Mais actuellement, on observe laconiquement qu’un Français sur trois renonce à se soigner, non parce que la trivialité de leur bobo réveillerait en eux la fibre sociale et ce besoin de parcimonie qu’une économie lourdement administrée finit toujours par réclamer, mais bien parce que, nom d’une pipe, ils n’ont pas les thunes pour le faire. Ironie du sort qu’on devinera, ici, particulièrement chafouin puisque là où les Français sont donc 33% à renoncer aux bienfaits de la médecine, seulement 28% des Américains se placent dans la même situation (leur système est, effectivement, marginalement moins socialiste que le notre, mais la faible différence suffit semble-t-il à dégager 5% d’écart).

Et ce qui est vrai dans le domaine de la santé l’est aussi dans le reste de l’économie : puisque de plus en plus de domaines et de secteurs sont maintenant directement ou indirectement administrés par l’État, les effets ne tardent pas à se faire sentir. Le chômage, dont la courbe devait être bidouillée inversée en un an il y a 13 mois n’a pas vu de changement, ni maintenant ni plus tard. Une fois la propagande nettoyée, les chiffres indiquent très clairement qu’au moins 5.7 millions de personnes sont sans emploi en France. Sur une population active estimée à 29 millions de personnes, cela nous fait un gros 19% de personnes sur le carreau, ou un Français actif sur cinq. Jolie performance.

Cette pauvreté est, finalement, assez peu commentée. Pourtant, le plus inquiétant n’est même pas dans les chiffres bruts, mais dans la tendance qu’on observe d’années en années. S’il y a bien des Français pauvres et si les médias en parlent, si les journalistes, les politiciens l’évoquent et s’en emparent pour former des polémiques et des programmes électoraux, peu en revanche admettent une chose pourtant évidente : ces pauvres sont de plus en plus nombreux. La France s’appauvrit.

Et le pire est que les deux des principales raisons de cet appauvrissement sont, respectivement, la hausse des prix et la hausse des impôts. La première hausse est directement liée à l’inflation ou, alternativement, à la faiblesse de la monnaie, faiblesse entretenue en partie par les jeux d’écritures invraisemblables et incontrôlés des différentes banques centrales. La seconde hausse, celle des impôts, est directement la résultante de la gonadectomie dont ont été victimes les politiciens du pays qui se sont toujours obstinément refusés à baisser les dépenses publiques au profit d’une augmentation des ponctions tous azimuts.

On notera au passage la synthèse fournit par le chroniqueur dans la vidéo ci-dessus :

« Le discrédit des politiciens atteint des profondeurs abyssales (…) mais au fond, les Français sont plus audacieux que leurs élites. »

Ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin : une France qui s’appauvrit ne veut pas forcément dire que ce pays sombre intellectuellement, n’est-ce pas ? Eh bien si. Les récentes enquêtes, PISA ou autres, sont sans appel. Les petits gémissements gênés des autorités devant les résultats catastrophiques de ces études n’y changent rien et corroborent, par contraste, l’ampleur de la déroute. Un adulte français sur cinq présente des difficultés importantes en lecture et en calcul. Sachant que l’EdNat représente la facture la plus salée après les charges de dette, on se demande si ces piscines olympiques de pognon ont été bien employées. Manifestement, non.

Puisqu’on est bien parti, continuons à établir l’état des lieux, par exemple en se penchant sur la « propreté » générale de la société française. Ce n’est pas brillant : je passerai très vite sur la collusion régulière entre l’état et le capitalisme à la française, connivences renouvelées au profit d’une petite élite qui a bien compris qu’il était bien plus aisé de faire des affaires avec la force de l’État derrière soi que sans. Le lobbying, on le comprendra, a de beaux jours devant lui. Mais au-delà de ce capitalisme de connivence somme toute banal dans ce pays, on ne peut pas s’empêcher de constater une corruption rampante à tous les étages.

Cette corruption, tant financière que morale, transforme la France en une véritable république bananière et touche ainsi autant les syndicats (qui sont devenus de parfaites mafias destinées à directement enrichir leur hiérarchie) — et ce ne sont pas les scandales réguliers qui pourront me démentir — que les politiciens (est-ce utile de détailler, M. Cahuzac, Mme Ghali, M. Guérini, M. Kucheida, etc…).

Et comme toute république bananière, la France dispose maintenant d’une armée devenue risible par des coupes de plus en plus claires, de plus en plus profondes, et de plus en plus délétères tant sur le moral des troupes que sur la bonne tenue générale du matériel. On peut encore, pour le moment, prendre avec une certaine distance les écritsde plus en plus apoplectiques d’une part grandissante des officiers de ce qui fut un jour une grande armée. Après tout, l’armée française en a vu d’autres. On pourra cependant s’interroger sur la lucidité d’un pouvoir qui rogne assez sévèrement sur les institutions chargées d’assurer sa solidité, d’autant que ce qui est vrai avec l’armée est constaté aussi avec la police qui commence à grogner de façon ouverte.

Devant ce tableau fort sombre, certains secteurs économiques pourraient redonner un peu de lumière et de couleur à un pays bien maltraité. La recherche, l’innovation sont, dit-on, en pointe dans notre pays puisque le nombre de brevets déposés est élevé. La réalité est malheureusement là encore sans pitié : la grosse majorité des innovations françaises sont le fait de sociétés multinationales et les résultats des découvertes sont majoritairement utiles … à l’étranger. Dans le détail, c’est essentiellement quelques grandes entreprises françaises qui entrent dans le top 50 des corporations les plus innovantes. Les PME restent, elles, à la traîne.

Si l’on ajoute un taux de natalité que bien des pays occidentaux les plus avancés nous jalousent (sans avoir même besoin d’aller chercher le Japon), une industrie qui s’oriente tous les jours un peu plus vers le tourisme, et des chefs d’état parfois élus avec 70% de voix favorables (hat tip Jacques) tout en étant finalement cordialement détestés par une majorité de la population, chefs d’états qui se comportent comme des monarques, il devient difficile de distinguer la France d’un pays du Tiers-Monde.

Oh, on n’y est pas encore officiellement : nous avons encore de belles infrastructures, de grosses entreprises, de l’électricité, de l’eau courante et du gaz à tous les étages. Mais le résultat de 40 ans de socialisme est évident : la France, jadis dans les pays les plus opulents tant par ses richesses que par les promesses de réussite future, a glissé dans ce ventre mou de la mondialisation. Et alors que cette mondialisation semble profiter à tant de pays qui émergent de la misère, la France, elle, s’appauvrit de plus en plus vite.

Elle s’appauvrit tellement qu’elle se replie sur elle-même, qu’un nombre croissant de ses habitants retourne aux campagnes, se débrouille et bricole, en se construisant des explications ad hoc pour se justifier d’avoir à travailler plus pour obtenir moins, plus difficilement. Dans cette nouvelle France qui recule, l’État, dont on réclame pourtant toujours plus et qu’on dote de prérogatives toujours plus grandes, se comporte alors comme un ennemi personnel.

Pour y échapper, chacun doit alors se contenter du minimum pour passer sous son radar fiscal, taxatoire, festif, éco-citoyen et appauvrissant. Que voilà un projet de société réjouissant !

Heureusement, on sait rire : il y a Leonarda et François Hollande.

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18 Comments

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  • Frédérique , 25 octobre 2013 @ 22 h 57 min

    “Et alors que cette mondialisation semble profiter à tant de pays qui émergent de la misère, la France, elle, s’appauvrit de plus en plus vite.”

    La mondialisation a permis l’élévation du niveau de vie dans les pays dits “émergents” et dans la même période l’augmentation des revenus pour les 10 à 15% de la population qui détient les 75 à 85% de la richesse mondiale.
    Donc elle a profité aux pays les plus pauvres ET aux personnes les plus riches.
    Il faut bien que cette nouvelle répartition de richesse sorte de la poche de quelqu’un. Si les populations des pays les plus pauvres s’enrichissent un peu, si ce n’est pas par “l’appauvrissement” des individus les plus riches de la planète, ça ne peut être que par l’appauvrissement des populations des pays occidentaux, dits “pays riches”.
    La délocalisation de l’outil du travailleur occidental vers les pays pauvres (facteur d’enrichissement pour eux), l’endettement des pays occidentaux pour garder un niveau de consommation que nous ne devrions plus avoir puisque nous avons de moins en moins de travail, fait que les pays occidentaux dont la France s’appauvrissent à vue d’œil.
    Nous ne tenons “debout” encore que grâce au montant considérable de notre épargne qui sert de garantie à l’état pour ses emprunts, mais combien de temps leur faudra-t-il encore avant qu’ils ne fassent main-basse dessus?
    “L’assemblée nationale vote la hausse d’impôt sur l’épargne à effet rétroactif”
    “Chypre, hold-up sur les comptes des particuliers” ……
    Plus très longtemps, je pense.

  • mariedefrance , 26 octobre 2013 @ 8 h 06 min

    Jean Raspail :
    LA PATRIE TRAHIE PAR LA RÉPUBLIQUE.
    Tribune publiée dans le Figaro du jeudi 17 Juin 2004.

    “””””J’ai tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d’un colis piégé.
    Difficile de l’aborder de front sans qu’il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C’est pourtant l’interrogation capitale. J’ai hésité.
    D’autant plus qu’en 1973, en publiant Le Camp des saints, j’ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n’ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites.

    Car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé,
    parce qu’« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d’une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac),

    parce que la situation est irréversible jusqu’au basculement définitif des années 2050 qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié la plus âgée de la population du pays, le reste étant composé d’Africains, Maghrébins ou Noirs et d’Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l’islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer.

    La France n’est pas seule concernée.

    Toute l’Europe marche à la mort.
    Les avertissements ne manquent pas rapport de l’ONU (qui s’en réjouit), travaux incontournables de Jean-Claude Chesnais et Jacques Dupâquier, notamment , mais ils sont systématiquement occultés et l’Ined pousse à la désinformation.
    Le silence quasi sépulcral des médias, des gouvernements et des institutions communautaires sur le krach démographique de l’Europe des Quinze est l’un des phénomènes les plus sidérants de notre époque.
    Quand il y a une naissance dans ma famille ou chez mes amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l’incurie des « gouvernances » et qu’il lui faudra affronter dans son âge d’homme…

    Sans compter que les « Français de souche », matraqués par le tam-tam lancinant des droits de l’homme, de « l’accueil à l’autre », du « partage » cher à nos évêques, etc., encadrés par tout un arsenal répressif de lois dites « antiracistes », conditionnés dès la petite enfance au « métissage » culturel et comportemental, aux impératifs de la « France plurielle » et à toutes les dérives de l’antique charité chrétienne, n’auront plus d’autre ressource que de baisser les frais et de se fondre sans moufter dans le nouveau moule « citoyen » du Français de 2050. Ne désespérons tout de même pas.

    Assurément, il subsistera ce qu’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français et pas nécessairement tous de race blanche qui parleront encore notre langue dans son intégrité à peu près sauvée et s’obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération. Cela ne leur sera pas facile.

    …/…

    http://www.itinerarium.fr/la-partie-trahie-par-la-republique-jean-raspail/

  • J. Elsé , 26 octobre 2013 @ 14 h 30 min

    Ayant des enfants et petits-enfants, des neveux, nièces et petits-neveux et nièces, je me refuse à baisser les bras car si on laisse faire, ce ne sera même plus “le cercueil ou la valise”, ce sera la mort ou l’esclavage et j’aurais honte de ne pas avoir essayé de me battre pour ma descendance malgré tous les traitres qui nous gouvernent et nous désinforment.
    Laissons le pessimisme aux autres, à ceux qui n’arrivent pas à comprendre que les Français ne veulent pas d’eux, à ceux qui devraient commencer à comprendre que le peuple (j’ai failli dire la race des souchiens) français s’est toujours battu malgré tous les traitres et a toujours gagné.

  • Psyché , 26 octobre 2013 @ 15 h 48 min

    Bernard, il n’y a plus de “francisés”, il n’y a plus que des moutons, qu’ils soient assistés ou non !

  • Psyché , 26 octobre 2013 @ 15 h 50 min

    Il faut la brûler en bucher public

  • Psyché , 26 octobre 2013 @ 15 h 51 min

    Mondialisation ou pas, quand on est gouverné par des traitres, on est gouverné par des traitres !

  • Psyché , 26 octobre 2013 @ 15 h 54 min

    Dans la société que l’on se prépare, un part croissante des naissances aura pour origine, un viol.

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