Lettre ouverte à François Hollande d’un manifestant en colère

par Xavier de Bonnaventure*

Monsieur le Président de la République,

Jamais je n’aurais cru prendre un jour la plume pour vous écrire. Mais aujourd’hui, j’ai honte et j’ai mal pour mon pays devant ses images d’enfants et de vieillards gazés à deux pas de l’Arc de Triomphe.

J’appartiens à cette génération qui a vibré au son des discours de Nicolas Sarkozy en 2007, comme vous jadis à la voix de François Mitterrand. Comme vous à mon âge, je me passionne pour notre pays, pour ses valeurs, pour son idéal de liberté et de fraternité.

Pourtant, en moins d’un an, vous avez réussi l’exploit de devenir un repoussoir pour tous les jeunes qui veulent s’engager aujourd’hui, et qui voudront s’engager demain. Vous incarnez en politique ce que notre génération exècre le plus : un art de la synthèse consommé, une formidable capacité à mettre tout le monde d’accord sans jamais rien décider ni même penser ! Vous illustrez parfaitement cette maxime bien connue : « Mieux vaut craindre la mollesse des gentils, que le fer des méchants ».

Mais, Monsieur le Président de la République, je ne vous écris pas seulement pour vous clamer mon mépris. Je vous écris au nom des millions d’anonymes qui manifestent pacifiquement depuis plus de six mois et que votre ministre du « redressement productif » vient de qualifier d’extrémistes. Je vous écris au nom de ces familles qui sont descendues dans la rue sans rien réclamer pour elles-mêmes, mais simplement pour défendre la stabilité de notre société. Je vous écris au nom de cette jeunesse qui respecte ses ainés, vénère ses parents et veut que ses enfants futurs aient une chance de connaître la joie d’un père et d’une mère aimants.

Notre combat vous dépasse car il est celui d’une France silencieuse que vous avez toujours méprisé. Parce qu’elle n’est pas syndiquée, qu’elle se réveille le matin pour travailler et qu’elle se bat pour des valeurs qui dépassent son intérêt personnel, vous êtes incapable de la comprendre. Et pourtant elle est de plus en plus nombreuse à se lever et à vous adresser sa supplique de telle sorte que ce qui n’était qu’un murmure est devenu aujourd’hui un cri d’angoisse assourdissant !

“L’heure est venue pour vous de faire un pas en arrière, sans quoi, demain, c’est la France entière qui descendra dans la rue pour vous demander des comptes, et ce sont des générations entières d’enfants qui se souviendront de vous comme de l’Homme qui a laissé la société les abîmer.”

Alors cette semaine vous avez tout essayé pour l’étouffer. Vous avez tenté de nous interdire l’accès aux Champs-Élysées pour ne pas entendre nos voix résonner sur le pavé parisien. Vous avez laissé quelques-uns de vos CRS se comporter comme des shérifs, et gazer à bout portant des enfants. Vous avez piétiné l’État de droit, marché sur notre idéal de fraternité, vous qui êtes si prompt à l’invoquer lorsqu’il peut vous rapporter quelques poignées d’électeurs. Mais aujourd’hui plus encore que d’habitude vous vous êtes ridiculisé et discrédité. Cette fois-ci la France silencieuse a été la plus forte.

Aujourd’hui, vous ne pouvez plus rester muré dans votre Palais de plexiglass à vous gaver de caviar. Car si vous avez tenté désespérément de minimiser notre nombre, hier vous l’avez révélé au grand jour : vous avez peur ! Peur, non pas pour ce projet de loi auquel vous n’avez profondément jamais cru, mais peur de perdre une nouvelle fois la face aux yeux d’une partie de votre électorat. Pourtant, aujourd’hui, vous ne pouvez plus ignorer l’appel de millions de Français. L’heure est venue pour vous de poser un acte de courage, en sanctionnant les écarts de comportement de vos policiers, en acceptant de mener une véritable politique de concertation avec tous les acteurs associatifs, comme on peut légitimement l’attendre lorsqu’on conduit une réforme de cette ampleur.

L’heure est venue pour vous de faire un pas en arrière, sans quoi, demain, c’est la France entière qui descendra dans la rue pour vous demander des comptes, et ce sont des générations entières d’enfants qui se souviendront de vous comme de l’Homme qui a laissé la société les abîmer.

Vous avez une chance historique de faire preuve, enfin, d’honneur. Ne la ratez pas !

*Xavier de Bonnaventure est chargé d’enseignement en droit public, ancien candidat UMP aux élections cantonales et collaborateur parlementaire.

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95 Comments

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  • 0 / 10
  • CHARLET Anne , 26 mars 2013 @ 11 h 50 min

    TRES BIEN

  • Diex aie ! , 26 mars 2013 @ 12 h 01 min

    Encore un abruti qui “vibre” pour l’UMPS… Donc un responsable de ce que nous vivons actuellement…

  • jejomau , 26 mars 2013 @ 12 h 10 min

    IL FAUT PORTER PLAINTE et ATTAQUER en justice les médias français pour les mensonges répandus !

    Il faut les faire suer ! Il faut que les journaleux qui travaillent dans ces salles de rédac soient mal à l’aise et finissent par cesser de cautionner ce régime marxiste !

    http://www.francetelevisions.fr/contact/ecrire.php

    http://www.rmc.fr/contacts/

    http://www.bfmtv.com/ (aller jusqu’en bas et cliquer sur ” Contacter la Rédaction Web”

    http://www.europe1.fr/Contacts/

    http://www.franceinter.fr/contact

    http://www.acrimed.org/article662.html

  • jean59 , 26 mars 2013 @ 12 h 11 min

    Quelle clarté. C’est d’hommes comme cela qu’il faut vous entourer M.Hollande !

  • Dominique , 26 mars 2013 @ 12 h 13 min

    Ah oui, Xavier de Bonnaventure a vibré quand le gouvernement Fillon a signé le décret n° 2011-795 donnant l’autorisation aux forces de l’ordre de tirer sur les manifestants avec des armes de guerre ? Pas moi ! Mais moi, je ne me prostitue pas avec la république !
    Heureusement pour la droite républicaine, les Français n’ont pas de mémoire, et la république, intouchable, s’en sort ainsi toujours vierge par un jeu de balancier entre la gauche et la droite.
    « La République gouverne mal, mais elle se défend bien », disait Anatole France.
    De plus, « La république est un bloc », hurlait Clémenceau à l’Assemblée nationale. C’est ce régime sanguinaire, issu de la Terreur dont les lois génocidaires sont encore en vigueur (cf. « Du génocide au mémoricide », de Reynald Secher), qu’il faut accuser et remettre en cause. Depuis la dernière législature de 2012, les députés n’ont jamais décidé de faire abolir ce décret assassin du peuple français. Normal, la république, sans Dieu, n’a pas de compte à rendre à Dieu ! Elle est sans conscience ! Elle peut tout se permettre, à l’inverse du Roi Très-Chrétien.
    Arrêtez l’angélisme envers la droite républicaine !
    la gauche et la droite, c’est blanc-bonnet et bonnet-blanc !
    À bas la république !
    Vive le Roi !

  • Diex aie ! , 26 mars 2013 @ 12 h 18 min

    J’AIME ! ! !

  • Tarantik , 26 mars 2013 @ 12 h 18 min

    M.Hollande,

    C’est un terrible avantage que de n’avoir rien fait. Mais il ne faut pas en abuser, disait Rivarol.

    Depuis votre accession fortuite à la plus haute fonction vous abusez de ses prérogatives pour mener une politique délétère de fragmentation et de dissolution de la Société.

    Il vaut mieux sacrifier deux ou trois ministres et retirer votre mauvaise loi, que de continuer à conduire le pays vers des affrontements constants.
    Les opposants n’arrêteront pas jusqu’au retrait de cette loi inique. Je l’ai beaucoup entendu dire dans les rangs de la manifestation et y compris de provinciaux qui venaient de très loin.

    Voyez votre modèle Mitterrand il a préféré se couper un doigt plutôt que se faire arracher le bras.
    En cette occasion il fut (enfin ) sage…
    Recevez mes salutations.

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